Paul Bairoch (1930-1999) : Économiste belge (Anvers 1930-Suisse 1999). Docteur en sciences économiques et professeur agrégé à l'université de Bruxelles, il exerça les fonctions de conseiller économique au sein du GATT (organisme préfigurant l'Organisation mondiale du Commerce), avant d'enseigner à l'université Sir-Williams de Montréal. De retour en Europe, il prit la direction des études à l'École pratique des hautes études de Paris et collabora à la faculté des Sciences économiques et sociales de l'université de Genève, avant que le Collège de France lui confie l'une des chaires réservées aux savants étrangers. Considéré comme un des maîtres de l'histoire économique contemporaine, il se passionna pour l'économie régionale, puis consacra l'ensemble de son œuvre à l'analyse des sociétés industrielles (Victoires et déboires, histoire économique et sociale du monde du XVIe siècle à nos jours, 1997) et à l'étude des processus de développement du tiers-monde. Il aborda ainsi l'éventualité d'une transposition du modèle britannique dans d'autres pays (Révolution industrielle, 1963) et s'efforça de combattre les idées fausses, notamment en matière de libre-échange, de croissance et de colonialisme (Mythes et paradoxes de l'histoire économique, 1993), démarche qui lui valut la reconnaissance de ses pairs et du public.
Suzanne Berger : (1939-) est diplômée des Universités de Chicago et de Harvard. Nommée professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Cambridge (Massachusetts, États-Unis), elle est devenue une spécialiste de l’innovation et de la mondialisation. Dans Notre première mondialisation. Leçons d'un échec oublié (2003), Suzanne Berger s’interroge sur la réversibilité de la mondialisation et ses effets sur les démocraties. Elle compare notre mondialisation avec celle de 1870 à 1914 qui transforma l'économie nord-atlantique. Elle rappelle que la «première mondialisation» fut accompagnée de politiques de redistribution (cf. naissance de l’État-providence). La mondialisation n’empêche donc pas l’États d’élaborer des politiques sociales. Ses derniers travaux dans le cadre du MIT International Science and Technology Initiatives (MISTI) se concentrent sur les effets de l’innovation et de la mondialisation sur le travail. Les nouvelles organisations technologiques et industrielles, basées sur les nouvelles technologies numériques (cf. intelligence artificielle, impressions 3D, etc.) invitent à repenser les effets de l’automatisation. Pour Suzanne Berger, il y a une forme d’inertie dans l’adoption des technologies : les mutations sont souvent plus lentes que les appréhensions.
Paul Krugman : Né en 1953, cet économiste américain, a obtenu un prix Nobel d'économie en 2008 pour avoir montré « les effets des économies d'échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l'activité économique ». Constatant l’échec des théories traditionnelles du commerce international (théorie des avantages comparatifs de D. Ricardo prolongée par le théorème HOS) à expliquer la nature nouvelle du commerce international, il décide de dépasser ces théories en intégrant l’hypothèse des rendements croissants dans la théorie des échanges internationaux. Il remarque pour que l'essentiel du commerce international n'est pas un commerce interbranche nord-sud mais intrabranche et nord-nord. Les biens échangés entre nations sont très similaires : la Suède exporte ses Volvo vers l'Allemagne qui lui vend des BMW. Son explication réside selon lui dans la préférence pour la diversité des consommateurs (les produits ne sont pas homogènes mais différenciés) et que la production intègre des économies d'échelle (les rendements d’échelles ne sont pas constants). Cette logique explique pourquoi il y a spécialisation par marque au lieu de spécialisation par produit. Il en résulte alors des flux de commerce nord-nord de produits similaires mais différenciés.
Jean-Louis Mucchielli : Né en 1950, cet économiste français et professeur honoraire des universités en économie (Université Paris 1 Panthèon-Sorbonne) a été parmi les premiers en France à effectuer des recherches sur les échanges appelés "intra-industriel" ou "intra-branche". Il a publié de nombreux articles scientifique sur ce sujet dont en 1979, un article avec B. Lassudrie-Duchêne dans la revue économique. Ces travaux ont conduit aux notions de décomposition internationale des processus productifs (DIPP), repris plus tard dans la littérature anglo saxonne au travers de l'analyse sur la fragmentation internationale de la production et de la chaîne globale de la valeur ajoutée. Ses travaux ont conduit également à rapprocher les théories de l'échange international avec celles de la multinationalisation des firmes, contribuant ainsi au courant de l'économie industrielle internationale.