Action sociale : il s’agit des comportements auxquels les individus attribuent un sens subjectif. Ils s’orientent en fonction du comportement des autres individus, c’est-à-dire de la vie en société. Cela signifie que les faits humains ne sont pas entièrement déterminés, qu’ils ne sont pas soumis à des lois comme le sont les faits de la nature, et qu’ils ne peuvent être expliqués qu’en prenant en compte le sens donné par les acteurs. Max Weber propose quatre idéaux types d’action sociale : rationnelle en finalité, rationnelle en valeur, traditionnelle et affective. Ces idéaux types permettent justement de reconstituer le sens visé par l’acteur.
Communauté (et société) : Elle est caractérisée par une unité qui précède les individus ( le collectif l’emporte sur l’individu). Ses membres sont liés par un mode de vie commun et le partage de valeurs et de sentiments. Max Weber désigne par communalisation les relations dans la communauté bâties sur des liens affectifs voire familiaux et un fort sentiment d’appartenance. Par opposition, la sociation correspond aux relations humaines dans une société composée d’individus indépendants et autonomes, guidés par leur propre intérêt. Par nature, elle met les individus en concurrence. La sociation chez Max Weber consiste en des relations fondée sur des compromis (souvent contractualisés) entre les intérêts de chacun. Les deux termes font référence à l’ouvrage de Ferdinand Tönnies en 1887, dont le titre est précisément :communauté et société.
Holisme : méthode qui consiste pour une science à expliquer les phénomènes comme indivisibles, et de là, à s’opposer au réductionnisme qui avance que le tout peut être expliquer par les parties qui le composent. En sociologie, le holisme considère les phénomènes sociaux comme irréductibles aux motivations et aux décisions des individus. La société doit être étudiée comme un « tout » à partir de ses valeurs et de ses règles.
Idéal - type : outil méthodologique conçu par Max Weber, qui consiste à modéliser les phénomènes sociaux en accentuant leurs principales caractéristiques. C’est donc une simplification abstraite de la réalité qui aide à en saisir la logique.
Identité : elle est constituée par l’ensemble des caractères propres à un individu ou à un groupe d’individus : une classe d’âge (les jeunes), une classes sociale ( les ouvriers), un peuple (les français). Cet ensemble de caractères permet de se définir en tant que personne ou en tant que groupe pour soi même et pour les autres. Un individu appartient à des groupes (la famille, la nation, l’ethnie, l’entreprise) dotés d’une identité collective, qui se combinent pour former son identité personnelle. (Par exemple, être une Française, médecin, célibataire, d’origine vietnamienne). François de Singly (Double je, identité individuelle, identité statutaire, 2017) considère ainsi que l’identité personnelle est constituée par ces identités statutaires, mais hiérarchisées par l’individu qui acquiert ainsi une singularité. Claude Dubar ( La crise des identités, 2010) souligne quant à lui la double dimension de l’identité. Elle est à la fois appartenance commune et singularité. Il distingue alors les identifications attribuées par les autres (identité pour autrui) et les identifications revendiquées par soi-même (identité pour soi). Elles peuvent converger ou diverger.
Individualisme : il est originellement une conception philosophique, qui consiste à considérer l’individu comme une entité indépendante du groupe auquel il appartient, caractérisée par sa liberté et son autonomie morale. La notion d’individu s’oppose à celle de sujet du Roi ou à celle d’enfants de Dieu. Le cogito (René Descartes) est ici considéré comme précurseur. L’individualisme s’impose ensuite pour décrire le changement qui affecte les sociétés occidentales dans lesquelles l’individu devient de plus en plus autonome vis-à-vis de institutions, ce qui lui confère une existence propre qu’il conduit librement, c’est à dire en faisant ses propres choix. Ce changement est positif selon Durkheim qui salue la liberté comme un progrès, mais il peut engendrer des effets pervers quand l’individu devient son propre projet, ne percevant plus le lien entre lui et la société.
Intégration : La sociologie durkheimienne consiste à examiner les conditions de l’intégration sociale en tant que caractéristiques de la société. Une société est intégrée si ces membres, possèdent d’une part une conscience commune qui les amène à partager les mêmes sentiments, les mêmes croyances et pratiques, s’ils sont d’autre part en interaction les uns avec les autres et qu’ils se sentent animés par des buts communs.
Lien social : il désigne l'ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'une même société ( ou d’un même groupe social). La sociologie est née à la fin du XIXème siècle d’une interrogation : qu’est ce qui relie les individus dans un contexte d’individualisation croissante ? La réponse à cette question aboutit toujours à une opposition : communauté – société chez Ferdinand Tönnies, solidarité mécanique – solidarité organique chez Emile Durkheim, communalisation – sociation chez Max Weber. Ces trois sociologues indiquent que le changement social a transformé le lien social. Dans un communauté, il est fondé sur le partage des mêmes règles et valeurs dans une système de relations locales voire familiales construit sur l’interconnaissance. Dans une société, les forces et contraintes qui relient les individus les uns aux autres, nécessitent qu’il y ait une conciliation entre des intérêts individuels en concurrence. Cette conciliation repose sur la complémentarité issue de la division du travail, qui crée un système de droits et de devoirs selon Durkheim, ou sur la recherche de compromis pour Max Weber. Depuis Durkheim, la sociologie s’interroge sur les risques de rupture du lien social. Dans son ouvrage L’anomie, ses usages et ses fonctions dans la discipline sociologique depuis Durkheim (1987), le sociologue Philippe Besnard met en évidence la double dimension du lien social telle qu’elle apparaît dans Le suicide (1897). Le lien social est fondé sur un double attachement : attachement au groupe avec l’intégration et attachement aux règles avec la régulation.
Rationalité : c’est la caractéristique des comportements humains guidés par la raison. Ainsi, on oppose ce qui est rationnel à ce qui est passionnel. L’usage de cette notion en économie permet d’expliquer et de décrire les choix individuels de l’homo oeconomicus. En l’occurrence, celui – ci compare les moyens dont il dispose et les buts qu’il cherche à atteindre, ce qui lui permet de choisir la situation optimale, c’est-à-dire la meilleure possible, compte tenu des contraintes économiques qu’il subit. Max Weber considère que les sociétés occidentales suivent un processus de rationalisation, ce qui signifie un recul des comportements fondés sur la tradition ou portés par l’affection, et une progression des comportements rationnels. Cependant, avec Max Weber, l’application du principe de rationalité se complexifie, puisqu’il distingue aussi, en plus de la rationalité en finalité des économistes, une rationalité en valeur. L’individu agit alors en fonction des valeurs et des croyances auxquelles il adhère, parfois en contradiction avec ses intérêts matériels. L’usage de la notion s’est encore précisé avec les travaux de l’économiste Herbert Simon. Lui considère que la rationalité utilisée dans leur raisonnement par les économistes néo classiques, qu’il qualifie de substantive, repose sur l’hypothèse que l’information est parfaite, hypothèse qui à elle seule, explique pourquoi le choix des agents économiques est toujours le meilleur choix dans l’absolu. Or, en réalité, l’information est toujours imparfaite et incomplète. Dés lors, la rationalité est limitée par cette situation, elle ne peut donc être que procédurale, en ce sens que l’individu met fin à sa recherche d’informations quand il a trouvé une solution qui lui convient. Celle – ci n’est probablement la meilleure possible, mais l’individu ne peut pas le savoir, en raison justement des limites de l’information. « La raison est pleinement instrumentale, elle ne peut nous dire où aller, mais seulement comment y aller » écrit Simon. Raymond Boudon ( La rationalité, 2009) lui attribue une définition encore plus extensive en abandonnant la rationalité instrumentale aux économistes pour adopter une rationalité cognitive et axiologique. Cela signifie qu’un comportement est rationnel si l’individu a de bonnes raison d’agir comme il le fait, soit parce que une théorie fausse n’a pas été encore clairement infirmée ( rationalité cognitive), soit parce que l’individu agit en fonction de ses valeurs et de ses croyances (rationalité axiologique). Ainsi, l’utilisation du concept de rationalité peut s’étendre à tous les comportements sociaux, y compris à ceux qui s’explique pour Max Weber, par la tradition ou l’affection. Il peut être rationnel de danser pour faire venir la pluie parce que l’on a de bonnes raisons de le faire.