PIB : modes de calcul : nous avons en fait trois optiques pour le calcul du PIB. Le PIB au prix de marché est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes de tous les secteurs institutionnels (y compris celles des administrations et associations) + la TVA + les droits de douanes – les subventions aux à l’importation : c’est ce que l’on appelle l’optique de production. On peut aussi le calculer selon l’optique du revenu et dans ce cas on écrit : PIB = rémunération des salariés + EBE (excédent brut d’exploitation) + revenus mixtes + impôts à la production – subventions d’exploitations reçues. L’EBE est la mesure du profit qui correspond au solde du compte d’exploitation dans la comptabilité nationale. Il s’agit du solde qui mesure ce qui reste au secteur institutionnel après rémunération des salariés (salaires bruts + charges sociales) et versement des impôts sur la production (nets de subventions). On peut enfin calculer le PIB selon l’optique de la demande et dans ce cas, le PIB = consommation finale + FBCF + variations des stocks + exportations – importations.
Le PIB potentiel : en réalité, la théorie économique décline plusieurs façons d’appréhender un PIB potentiel car le statisticien se heurte à quelques difficultés. Le plein emploi ne correspond pas forcément à un chômage nul. En effet, il faut tenir compte de l’effet de flexion. On peut également considérer qu’il existe un taux de chômage « naturel » ou non accélérateur d’inflation (l’acronyme NAIRU ou Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment), concept créé par M Friedman et E Phelps. C’est lui qui correspondrait au véritable plein emploi pour ces deux prix Nobel d’économie. De même, si l’on teste une fonction de production de type « Cobb-Douglas », pour mettre en relation le PIB avec l’utilisation des facteurs de production, il faut intégrer le progrès technique. La manière la plus simple est d’utiliser un progrès technique neutre au sens de J Hicks, c’est-à-dire que qui laisse le rapport K/L (avec K la quantité de capital et L celle de travail) inchangé tout en améliorant la productivité globale des facteurs de production. Pour réaliser des comparaisons internationales, on peut calculer le PIB/habitant en divisant le montant du PIB d’une année donnée par la population totale de cette année. Notons que l’on peut aussi chercher à déterminer le PIB potentiel en ajoutant au PIB observé un lissage des évolutions chronologiques des PIB antérieurs mais, dans ce cas, on parle plutôt de PIB tendanciel.
Une critique du PIB tel qu’il est conçu : ainsi, le PIB va « monter », et donc créer de la « croissance », en cas d'attentat ou de pollution massive. « Après une catastrophe, il y a souvent un surcroît d'activité ce qui montre que le PIB comptabilise de la même manière ce qui est bénéfique à la société (ex les médicaments) et ce qui lui porte préjudice (ex les industries polluantes). Les critiques du PIB, présentes dès l'origine de la comptabilité nationale mais limitées à un cercle de spécialistes, trouvent un écho dans les années 1970, avec la remise en question de la société de consommation. Vingt ans plus tard, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), conscient que le PIB ne peut mesurer le bien-être et encore moins le bonheur, construit et popularise des indicateurs, comme l'Indicateur de développement humain (IDH), qui agrège la croissance économique avec l'espérance de vie et le niveau d'instruction des citoyens d'un pays) ou l'indice de pauvreté humaine (IPH). Un calcul non réduit aux seules valeurs marchandes comme l’IDH bouscule la hiérarchie mondiale de la richesse. Le bien-fondé de la critique du PIB et l'intérêt de travailler avec de nouveaux indicateurs sont reconnus par un nombre croissant d'institutions internationales, dont le Parlement européen, le Conseil de l'Europe, l'OCDE et la Banque mondiale, qui multiplient, depuis peu, colloques et expérimentations sur le sujet. Les crises rendent encore plus nécessaires le recours à de nouveaux indicateurs, estiment J Gadrey et F Jany-Catrice dans leur ouvrage Les Nouveaux Indicateurs de richesse, car ces crises sont la conséquence de la défaillance de la régulation financière, mais aussi du creusement des inégalités sociales et de la crise écologique. « Garder les yeux rivés sur la croissance est le plus sûr moyen d'enchaîner les crises. On a besoin d'indicateurs et de repères nouveaux pour guider les politiques et fixer un autre cap : celui de la cohésion sociale et du bien-être, plutôt que celui du toujours plus. », affirment-t-ils.
Le taux d’épargne et la capacité de financement : le taux d’épargne est donné par le rapport entre l’épargne brute (EB) et le revenu disponible brut (RDB) soit EB/RDB ; le taux d’épargne financière est le rapport entre la capacité de financement (CF) et le RDB soit CF/RDB ; le taux d’épargne non financière est le rapport entre la formation brute de capital fixe (FBCF) et le RDB soit FBCF/RDB.
Pour les entreprises, l’épargne brute correspond au profit retenu qui sera disponible pour l’autofinancement, ce qui conduit à mesurer le taux d’autofinancement par le rapport EB/FBCF. L’épargne nette est égale à l’épargne brute moins l’amortissement économique. La capacité de financement est le solde positif du compte capital d’un secteur institutionnel (en cas de solde négatif, il s’agit d’un besoin de financement. Un agent enregistre une capacité de financement lorsque son épargne est supérieure à ses investissements. Les agents qui bénéficient d’une capacité de financement-généralement les ménages (non compris les entreprises individuelles), les institutions de crédits et les entreprises d’assurance-peuvent prêter cet excédent aux agents qui ont un besoin de financement. De la même façon, la capacité de financement de la nation correspond à un besoin de financement du Reste du monde.
Epargne et ses interprétations théoriques : au sens courant, c’est l’action de faire des économies, de mettre en réserve. C’est la partie du revenu qui, pendant une période donnée, n’est pas consacrée à la consommation. Toutefois l’interprétation néoclassique différente de l’interprétation keynésienne. Pour les néoclassiques, l’épargne est une consommation différée dans le temps : l’individu accepte de renoncer à une consommation immédiate parce que l’épargne ainsi réalisée lui permettra d’accroître son revenu futur, donc son pouvoir d’achat. Cet arbitrage entre consommation présente et consommation future dépend de l’évolution prévisible du revenu durant la vie de la personne, de son degré de préférence pour le présent et du taux d’intérêt. En revanche, pour les keynésiens, l’épargne apparait comme un résidu et son montant dépend de l’importance du revenu.
Propension à épargner et préférence pour la liquidité : cette relation entre l’épargne et le revenu est mesurée par deux propensions, la propension moyenne à épargner (PME) et la propension marginale à épargner (Pme). La propension est la part prise dans le revenu par une affectation à l’épargne ou à la consommation ; elle traduit la tendance à épargner ou à consommer des ménages. La PME est le rapport entre l’épargne et le revenu soit la PME = E/R ; et la Pme est le rapport entre la variation de l’épargne (∆E) et la variation du revenu (∆R) : donc la pme = ∆E/∆R.
Plus on s’enrichit et plus la part de l’épargne dans le revenu est importante. Les ménages partagent leur revenu courant entre la consommation et l’épargne ; ils décident de la forme que prendra cette épargne. Le montant total de l’épargne étant déterminé, les ménages décident de la part qu’ils souhaitent conserver sous forme d’épargne liquide, c’est-à-dire sous forme d’encaisses monétaires. Ce problème est celui de la préférence pour la liquidité. Cette notion est définie par Keynes. C’est le taux d’intérêt qui incite l’individu à renoncer, en partie ou en totalité, à la liquidité de son épargne. Keynes distingue trois motifs principaux à la demande de liquidité : le motif de transaction : avoirs de trésorerie pour régler les achats courants et les dettes ; le motif de précaution : encaisse pour faire face à des dépenses imprévues ; le motif de spéculation : encaisses en attente de placements rémunérateur. Les deux premiers motifs sont fonction du revenu, le troisième du taux d’intérêt ; la baisse du taux d’intérêt accroît en effet la préférence pour la liquidité. Le rendement de l’épargne en produits de taux est naturellement moins dynamique depuis 2016. « Le très bas niveau des taux d’intérêts en zone euro est un véritable défi pour la gestion de l’épargne » affirmait F. Oudéa, président de la Société Générale en 2018. L’épargne française est abondante, mais nombre d’experts considèrent que ses placements ne sont pas efficacement répartis en termes d’actifs