Document 1. Les agrégats économiques
Selon l’INSEE, en 2017, la France comptait 3.8 millions de PME marchandes non agricoles et non financières, y compris les micro-entreprises. Parmi celles-ci, 3.7 millions sont des MIC, qui emploient 2.4 millions de salariés en équivalent temps plein (ETP) et réalisent 20 % de la valeur ajoutée. 148 000 PME (hors MIC) emploient 3.9 millions de salariés et réalisent 23 % de la valeur ajoutée. Au total, les PME emploient ainsi 6.3 millions de salariés (ETP) et réalisent 43 % de la valeur ajoutée.
Document 2 Les PME : de l’Allemagne au Japon
Les PME : de l’Allemagne au Japon
Le cas allemand : pour évoquer le fossé qui sépare par exemple l'Allemagne (notre premier partenaire commercial) de la France en matière de tissu économique, il suffit de regarder la structure des PME de chaque pays (J.M Holz, Les très riches heures de l’histoire économique allemande : 2017). 92,3% des entreprises françaises comptent moins de 10 salariés, contre seulement 83,1% en Allemagne. Du coup, les entreprises comprises entre 10 et 49 salariés sont en proportion deux fois plus importantes en Allemagne : 14,1% de l'ensemble des entreprises contre 6,5% en France. Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI), celles qui qui comptent de 250 à 5 000 salariés, la situation est aussi révélatrice des différences au sein de pays, à priori semblable : il n'y a aujourd'hui en France que 5 153 ETI contre 10 428 en Allemagne. Et en plus d'être plus nombreuses, elles sont aussi plus grandes que chez nous. Une enquête d'ESCP Europe relève qu'une ETI moyenne en France occupe 768 salariés et génère 217 millions d'euros de chiffre d'affaires... contre 989 salariés et 368 millions d'euros en Allemagne.
Le cas du Japon : fin 2009, l’Agence pour les petites et moyennes entreprises, organisme appartenant au ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI), recensait dans le pays 4,69 millions de PME, soit plus de 99 % des entreprises, près de 70 % des emplois et plus de 50 % du PIB du Japon. Les PME constituent l’un des piliers majeurs de l’économie japonaise, et jouent un rôle fondamental dans les régions, en particulier en matière d’emploi. Après la Seconde Guerre mondiale, les PME japonaises ont longtemps été considérées comme des entités faibles et les mesures adoptées à leur égard visaient à les protéger. En 1999, la révision de la loi consacrée aux PME (Small and Medium Enterprise Basic Law) marque un tournant avec un objectif qui est désormais de promouvoir la mobilité, la flexibilité et la créativité, pour que les PME s’affirment comme une source dynamique de création d’emplois. Ichiro Takahara, directeur de l’Agence pour les PME au sein du METI, indique que « le gouvernement considère les PME comme le moteur de l’économie japonaise ». « Si on regarde l’histoire de firmes globales telles que Sony, Honda et Toyota, il est clair que les PME recèlent un grand potentiel. Elles sont perçues comme des entités extrêmement constructives, dans le sens où elles développent de nouveaux produits et services, créent une nouvelle concurrence et favorisent l’innovation 5 ». Publié depuis 1997 par l’Agence pour les PME, un livre blanc analyse sur un rythme annuel la conjoncture des PME japonaises. Celles-ci ont été durement affectées par la crise économique de 2008. À la fin du mois de septembre 2008, le Japon entre officiellement en récession après que, pour la première fois depuis sept ans, le taux de croissance du PIB avait baissé pendant deux trimestres consécutifs. Du point de vue financier, les PME japonaises ont dû faire face à l’augmentation du prix du pétrole et des matières premières, ainsi qu’à l’appréciation du yen, dans un contexte de baisse des ventes sur le marché intérieur ainsi qu’à l’exportation. Les faillites se multiplient et la détérioration des performances commerciales des PME les contraint à diminuer leurs coûts de main-d’œuvre, ainsi que leurs investissements en capital.
Document de SES Melchior : les PME en Allemagne et en France en 2017
Questions (à partir du document 1 et 2) :
1) Le capitalisme de groupes industriels et financiers s’accompagne d’un maintien voire d’un développement des petites et des moyennes entreprises : comment peut-on expliquer ce phénomène qui semble contraire à la loi de la concentration du capital ?
2) Dans tous les pays capitalistes développés, les PME ont gardé une place non négligeable : cependant, des différences sensibles demeurent selon les pays. Quelles sont celles qui caractérisent l’Allemagne aujourd’hui par rapport à la France ?
3) A partir de recherches personnelles et du document 2, note-t-on encore des différences entre les PME en Europe et celles au Japon ?
Document 4 : La création des entreprises en France en 2019
En 2019, 815 257 sociétés ont vu le jour, une augmentation de 17,9 % par rapport à 2018. Parmi ces affaires nouvelles, un peu moins de la moitié ont le statut de microentreprises (47,4 %), mais on compte aussi 201 287 sociétés et 181 885 entreprises individuelles classiques. Les derniers chiffres de l’INSEE font état d’un total de 4 495 383 entreprises en France en 2019. Ces chiffres ont été rendus possibles grâce aux mesures mises en place par les gouvernements successifs dans le but de dynamiser les initiatives entrepreneuriales. Ainsi, la création d’entreprise s’en est trouvée grandement facilitée et n’est désormais plus seulement réservée aux plus fortunés. L’entrepreneuriat se démocratise avec derrière la volonté de lutter contre les crises économiques, le chômage et la faiblesse des salaires mais aussi le besoin d’indépendance de nombreux français. Aujourd’hui, une entreprise sur trois est créée par un demandeur d’emploi. Toutefois, notons que le créateur d’entreprise est généralement un primo entrepreneur qui dispose de fonds propres limités.
(Usine Nouvelle n° de juin 2019) repris par Melchior en 2019
Question :
4) (doc 3 et doc 4) : Les ménages français sont le plus souvent offreurs de travail sur le marché du travail où ils acquièrent des revenus salariaux leur permettant d’acquérir les biens et services produits vendus par les entreprises. Entreprises et ménages sont ainsi au cœur du fonctionnement de l’économie. Certains se demande parfois si ce schéma correspond encore à la réalité, notamment ceux qui pensent que la France se transforme en nation d’entrepreneurs. La question est donc : qui sont les primo entrepreneurs et que représentent leurs investissements dans l’investissement global des entreprises ?
Document 5 : Le développement du commerce mondial depuis le Seconde Guerre mondiale
A partir de 1950, l’accroissement du volume des exportations mondiales est supérieur à celui de la production de marchandises (respectivement une multiplication par 32.4 et 8.4 entre 1950 et 2007). La part des biens et de services dans le PIB mondial (données des comptes nationaux de la Banque Mondiale pour l’OCDE) était de 13.6 en 1970 et de 30.5 en 2019. Le taux d’ouverture de l’économie française (moyenne des exportations et des importations/PIB) est passé de 13 % à 31.5 % de 1965 à 2017.
Questions :(doc 4, schéma et texte) :
5) Le commerce international est considéré comme un facteur de la croissance économique : justifiez cette affirmation.
6) Les chocs pétroliers et les crises boursières de 1987 et de 2000 n’ont pas affecté les échanges internationaux : quelles peuvent-en être les raisons ?
7)Sur la période 2008-2018, quelle a été le taux de croissance des échanges mondiaux ?
Document 6 : Texte et graphique : PIB et IDH
L'indice de développement humain ou IDH (en anglais, human development index ou HDI) est un indice statistique composite pour évaluer le taux de développement humain des pays du monde. L'IDH se fondait alors sur trois critères : le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance et le niveau d'éducation des enfants de 17 ans et plus. Le concept du développement humain est plus large que ce qu'en décrit l'IDH qui n'en est qu'un indicateur, créé par le PNUD pour évaluer ce qui n'était mesuré auparavant qu'avec imprécision. L'indicateur précédemment utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. Il présente des écarts qui peuvent être très importants avec l'IDH. L'indice a été développé en 1990 par l'économiste indien A. Sen. Pour Sen comme pour le PNUD, le développement est plutôt, en dernière analyse, un processus d'élargissement du choix des gens qu'une simple augmentation du revenu national. Notons enfin qu'il existe un indice dérivé de l'IDH, le GDI (Gender-related Development Index), qui prend en compte les disparités liées au genre, soit les différences de situation de vie entre les hommes et les femmes d'un pays considéré. La formule de calcul de l'IDH a été modifiée en 2010. Dans le Rapport sur le développement humain de 2010, l'indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI) a été introduit. Bien que l'IDH reste utile, il mentionne que « l'IDHI est le niveau réel de développement humain (tenant compte des inégalités) » et que « l'IDH peut être vu comme un indice de développement humain « potentiel » (c'est-à-dire le niveau maximum d'IDHI qui pourrait être atteint en l'absence d'inégalités) ».
Questions :
8) Peut-on établir une corrélation entre le PIB par tête et l’indice de développement humain ?
9) Selon la réponse apportée, quelles sont donc les explications possibles ?
10) Depuis une trentaine d’années, l’IDH est sans cesse complété par de nouveaux indicateurs alternatifs. Quels sont les indicateurs les plus utilisés et qu’apportent-ils de nouveaux ?
Document 9 : Evolution des salaires en France depuis 1950 et la rupture de la fin des années 1960
Nous pouvons étudier la part des salaires dans la valeur ajoutée depuis la seconde guerre mondiale. Toutefois, la comparaison avec les années 1950 apparaît délicate à cause de la salarisation croissante, et du fait des grandes entreprises nationales. Les évolutions de concepts et de champs de la comptabilité nationale brouillent aussi les mesures et les comparaisons. Cependant, si l’on considère un champ hors agriculteurs, corrigé de la non-salarisation, la part des salaires dans la valeur ajoutée aurait cru légèrement passant de 67 % en 1950 à 69 % en 1970, avec de légères fluctuations. L’équilibre entre salaires et profits est complexe à déterminer et il n’existe pas de consensus sur les déterminants de ce partage. Parmi les auteurs néoclassiques, la question du partage de la valeur ajoutée ne génère pas beaucoup d’intérêt. Pour ce courant dominant de la pensée économique, le partage de la valeur ajoutée devrait être stable, déterminé par des paramètres fondamentaux de l’économie, fluctuant autour d’une valeur d’équilibre. De 1960 à 2004, le salaire net annuel moyen (exprimé en euros de 2005) est passé de 9 900 à 22 500 €, autrement dit il a été multiplié par 2,3 en 44 ans. Au cours de cette longue période, l’échelle des salaires est restée très stable puisque le salaire minimum est passé de 4 300 à 12 100 € nets (soit une multiplication par 2,8) et que le seuil du 9ème décile de la répartition des salaires nets (90 % des salariés ont un salaire inférieur à ce seuil) est passé de 16 900 à 36 100 € nets (soit une multiplication par 2,1).
Une vision simple de l’histoire économique (page 47) Revue économique n° 145 1996 : R. Boyer
Selon l’école française de la régulation, dont R Boyer est l’un des représentants, la stabilité de la part des salaires durant les Trente Glorieuses correspond au « compromis fordiste », accord tacite entre les syndicats de salariés et ceux du patronat où les premiers acceptent les méthodes de l’OST et les seconds le partage des gains de productivité. Les conventions collectives américaines des années 1960 ou la politique française de « partage des dividendes du progrès » constituent des exemples d’une contractualisation longue et de la formation du revenu salarial. L’augmentation relative des salaires des ouvriers et des employés s’est produite après 1968 jusqu’au début des années 1980 et correspond à la crise sociale du fordisme et à ses dysfonctionnements du régime d’accumulation. Le « néo-fordisme » (élargissement et enrichissement des tâches, groupes semi-autonomes) s’est accompagné d’une requalification ouvrière source de hausses des salaires. Le SMIC, institué en 1970, a provoqué une tendance à la hausse des salaires. Nous assistons aussi à une accélération inhabituelle des salaires et des prix industriels au lendemain du premier choc pétrolier qui se fit au détriment de l’EBE. Les années 1970 marquent ainsi une rupture forte ; la croissance se ralentit nettement, les salaires continuent de croître aux rythmes antérieurs, mais sans les gains de productivité correspondants. L’inflation, plus nette depuis la fin des années 1960 est alimentée par le choc pétrolier, s’accompagne d’une hausse du chômage (stagflation) et d’une déformation inédite du partage des richesses. Le développement des systèmes de protection sociale, alourdis par le chômage, augmente le poids des charges pesant sur le travail, ce qui contribue aussi à déformer le partage de la valeur ajoutée. La décennie 1970-1980 ne constitue pas une référence pour le partage de la valeur ajoutée car la part élevée des salaires coïncide avec des déséquilibres forts : taux d’intérêt réel négatifs, inflation à deux chiffres, nouvelle structure des prix relatifs, contrôle de change et gains salariaux réels supérieurs aux gains de productivité du travail.
Macroéconomie financière : M. Aglietta et N. Valla (édition Repère La découverte 1995) p 46 (résumé par C. ELLEBOODE dans SES Melchior)
Document 11 : Taux d'investissement
Questions (à partir des documents 7, 8, 9, 10 et 11) :
11) Qu’elles sont les différentes périodes historiques que nous pouvons distinguer dans les documents 7, 8, 9 et quelles sont les raisons possibles d’une telle évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée ? Sachant que le taux de marge des entreprises est le rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, quel lien peut-on établir entre la part des salaires dans le PIB et le taux de marge ?
12) Dans le document 10, analysez les corrélations possibles entre les deux ratios donnés et justifiez votre réponse en vous appuyant sur le cours et les connaissances générales.
13) Comment expliquer, au début des années 1980, qu’en France, la remontée sensible du taux de marge des entreprises ne s’accompagne pas d’une hausse similaire des investissements productifs ?
14) Helmut Schmidt, chancelier de la R.F.A en 1975, est à l’origine du dicton : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Cette citation a été reprise par le premier ministre français de 1976 à 1980, R. Barre. Que penser de ce vieux dicton en ce qui concerne la France sur la période donnée dans le document 8 particulièrement ?
15) Peut-on établir une relation entre le taux de marge des entreprises, le taux d’investissement et le taux d’autofinancement ?
Document 13 : Solde du commerce extérieur (balance commerciale) rapporté au PIB pour la France et l’Allemagne
Questions
18) Comment expliquer au lendemain de l’éclatement de la bulle internet, l’écart de situation entre la France et l’Allemagne ?
19) Le document 2 donne-t-il des informations supplémentaires pour comprendre l’écart noté dans le document 11 ?