Mécanisme développé par Ragnar Nurske et résumé par la formule selon laquelle les pays « sont pauvres parce qu’ils sont pauvres ». Pour Nurske, le « non-développement » fonctionne comme un cercle vicieux duquel les pays ne parviennent pas à sortir en particulier de leur faible accumulation de capital. Il met en évidence plusieurs cercles vicieux tels que : la pauvreté fait que les revenus sont faibles, ce qui conduit à ce que l’épargne est faible. Cette faible épargne crée un faible investissement, qui fait que peu de capital est accumulé. La faiblesse du capital induit une faible productivité qui génère de faibles revenus. De la même manière, de faibles revenus ont des répercussions en termes de santé et d’alimentation, qui créent une faible productivité, ce qui ne permet pas de hausses de revenus…
Les politiques de développement doivent donc viser la rupture de ces cercles vicieux, qui peut prendre la forme d’un investissement public en capital, un apport extérieur de ressources ou encore un soutien à la demande. Ce modèle est ainsi complémentaire à celui de Rostow sur les étapes de la croissance puisqu’il se penche sur les éléments qui entravent le décollage.
Indice de développement humain se base sur trois dimensions :
* celui d’une vie longue et en bonne santé, objectivé par l’espérance de vie à la naissance. Sur cette dimension, comme sur les autres, un maximum et un minimum sont fixés, de manière à construire un indice allant de 0 à 1, par comparaison à ces valeurs extrêmes. Dans le rapport 2020 sur le développement humain, il est indiqué que le niveau minimal est fixé à 20 ans, sur la base du fait qu’aucun pays n’a connu une espérance de vie plus basse que 20 ans tout au long du 20e siècle et le maximum est fixé à 85 ans, valeur qui paraît accessible pour les pays les plus avancés. À partir de ces valeurs, l’indice est calculé comme le rapport entre l’écart entre la valeur actuelle de l’espérance de vie et la valeur minimale au numérateur et l’écart entre la valeur maximale et la valeur minimale au dénominateur. L’indice de l’espérance de vie prend alors une valeur allant de 0 à 1 : plus l’espérance de vie est proche de 85 ans et plus l’indice s’approche de 1.
* celui des « connaissances », ou du capital humain est calculé à partir de deux données : la durée moyenne d’éducation de la population adulte et la durée projetée des études pour la population en âge scolaire. Dans ces deux dimensions, la durée minimale est fixée à 0, la durée de scolarisation moyenne a pour maximum 15 ans, alors que la scolarité projetée a pour maximum 18 ans, ce qui correspond à un diplôme de Bac +5. Le fait de prendre ces deux dimensions est justifié par le fait que de nombreux pays ont une faible durée moyenne de scolarité, mais développent rapidement la scolarité des jeunes générations. Il serait alors inefficace de choisir ou bien la durée moyenne des études (ce qui sous-estimerait l’investissement en éducation qui est fait) ou bien la durée projetée des études (ce qui négligerait la faible accumulation de capital humain pour les génération sur le marché du travail). Pour chacune des deux dimensions, un indice, allant de 0 à 1 est calculé et l’indice des « connaissances » est la moyenne géométrique de ces deux indices. Plus la valeur de cet indice des connaissances est proche de 1 et plus le capital humain est développé dans le pays
* celui des conditions de vie décentes. Il est calculé à partir du RNB par habitant (PPA). Là aussi, un indice est calculé avec pour minimum 100 dollars et pour maximum 75 000 dollars (seuil à partir duquel le bien-être n’augmente plus selon une étude de Daniel Kahneman et Angus Deaton).
L’IDH est alors la moyenne géométrique des trois indices calculés, il prend une valeur allant de 0 à 1.
Ensemble de mesures formulées par le FMI et la Banque mondiale à destinatin des pays en difficultés financières, censées accroître leur efficacité économique et les rendre aptes à connaître rapidement une forte croissance économique et à dégager des capacités de remboursement. L’expression « consensus de Washington » a été formalisée par John Williamson.
Ce « consensus » correspond à la mise en place de mesures de libéralisation, de politiques d’austérité et de politiques structurelles.
Du point de vue du budget de l’État, ce « consensus » prône une forte discipline budgétaire notamment par la réduction des dépenses publiques et l’arrêt d’un grand nombre de subventions publiques, ainsi qu’un allègement fiscal. Il s’oppose aux politiques budgétaires de relance, jugées inefficaces sur le moyen terme. À côté de ça, une politique monétaire de contrôle de l’inflation est recommandée.
Les États sont aussi sommés de libéraliser leur économie, tant au niveau national (déréglementations) qu’international (ouverture commerciale et aux mouvements internationaux de capitaux).
Enfin, des réformes structurelles (on parle d’ailleurs de « plans d’ajustement structurels ») sont mises en place, notamment des réformes juridiques de protection des droits de propriété. Lire à ce propos
Courbe tracée par Simon Kuznets établissant une relation entre le niveau des inégalités dans un pays et le développement de ce pays. Kuznets indique, sur la base de données empiriques, qu’à partir d’un certain niveau, le développement conduit à une réduction des inégalités dans un pays, mais que dans un premier temps, au contraire, le développement est plus favorable à certaines catégories de la population qu’à un autre et il creuse les inégalités. La courbe de Kuznets prend alors la forme d’un U inversé, ou d’une courbe en cloche. Cette courbe est largement discutée, notamment sur son aspect déterministe.
Stratégie de développement, formalisée notamment par G. de Bernis et appliquée, sous son conseil, par l’Algérie suite à son indépendance. Cette stratégie se présente comme la volonté de mettre en place une « structure industrielle cohérente », c’est-à-dire comme une économie dans laquelle de nombreuses industries sont en relation entre elles et ne dépendent pas de l’extérieur. Cette structure se met en place par le développement d’industries « industrialisantes », c’est-à-dire d’industries qui accroissent la productivité du travail dans l’ensemble de l’économie et entraînent le développement de nombreuses industries. Selon Bernis, il y a trois grands types d’industries industrialisantes :
- celles qui fournissent du capital productif aux autres secteurs : équipement industriel, machines-outils, outillage et moteurs
- l’industrie chimique : engrais, produits plastiques, caoutchouc synthétique…
- industries de production d’énergie
Il s’agit de 8 grands objectifs définis par l’Onu au début du millénaire et arrivés à expiration en 2015, ils étaient censés fournir un guide d’action pour les politiques de développement. Ces objectifs étaient : éliminer l’extrême pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies, préserver l’environnement, mettre en place un partenariat pour le développement. On y retrouve les principales dimensions du développement. Ces objectifs ont été complétés et ont cédé la place aux « Objectifs du développement durable », qui prennent également en compte des objectifs environnementaux et sociaux (inégalités par exemple).
Politique de développement de la production agricole, appliquée dans de nombreux pays en développement et visant à accroître les rendements de la production agricole. Cette stratégie repose principalement sur la mise en place d’une agriculture intensive, par l’introduction de techniques de production modernes (engrais, pesticides, machines agricoles...) et la sélection de céréales à haut rendement. Cette révolution verte, qui suit la voie de la modernisation agricole empruntée par les pays riches, s’est étendue à de très nombreux pays à partir des années 1960, avec pour objectif de lutter contre la famine. Elle a eu des effets positifs importants dans ce domaine, mais a aussi eu de fortes conséquences négatives, dont une forte pollution, l’affaiblissement de la biodiversité ou encore la dégradation des sols.
Stratégie de développement qui se base sur un protectionnisme « éducateur », tel qu’il a été formalisé par Friedrich List au 19e siècle et appliqué en Allemagne à la même période. Ce protectionnisme est vu comme temporaire, il permet au pays de développer son secteur industriel et de se passer des produits importés en les réalisant lui-même, avant de s’insérer dans les échanges internationaux. Cette stratégie a aussi été adoptée par le Japon sous l’ère Meiji et a été une stratégie de développement choisie par plusieurs pays d’Amérique du sud (en particulier le Brésil) à partir des années 1950.
La stratégie se fait en plusieurs étapes :
- réduction des importations par une politique protectionniste (barrières douanières par exemple)
- développement d’une industrie locale permettant de couvrir la demande locale de biens de consommation et impulsant une première industrialisation
- développement des industries lourdes et ouverture aux échanges internationaux
Ces politiques ont pu connaître certaines réussites, mais elles rencontrent des limites du fait de la faiblesse de la demande nationale et de la faible compétitivité des entreprises locales. Ces entreprises ont également besoin d’importer des machines et autres biens de production, ce qui creuse le déficit commercial et peut mettre en difficulté la monnaie nationale.
Modèle de développement économique formalisé par le japonais Kaname Akamatsu dans les années 1930. Ce modèle est assez proche sur certains aspects de celui des industries industralisantes et de la substitution des importations, mais il s’en distingue. Il s’agit d’un modèle de développement pensée comme une stratégie de remontée de filières (ou montée de gammes). Dans un premier temps, le pays est massivement importateur et se spécialise dans des productions à faible valeur ajoutée, nécessitant principalement de la main-d'oeuvre abondante (typiquement, le textile). Peu à peu, le pays abandonne cette production pour se spécialiser dans une production industrielle à plus forte valeur ajoutée, la production délaissée est alors investie par d’autres pays, « moins en avance » dans leur développement. Le pays passe par plusieurs étapes du même type, jusqu’à devenir spécialisé dans des secteurs de pointe et être une économie innovatrice au niveau mondial (situé à la « frontière de production »). Ce modèle a été appliqué au Japon puis dans de nombreux pays asiatiques à partir des années 1960.