Economiste franco-égyptien né en 1931 et décédé en 2008, spécialiste du développement. Dans une perspective marxiste, il théorise le « développement inégal », qui est le titre de l’un de ses ouvrages principaux, publiés en 1973. Pour lui, dans le cadre du capitalisme, les pays du « centre » (les pays les plus riches du Nord) exploitent ceux de la « périphérie » (les pays pauvres du Sud) pour s’enrichir et croître. Cette exploitation s’est d’abord faite dans le cadre du colonialisme, puis du « néocolonialisme ». Les pays de la périphérie entrent alors dans une situation de « dépendance » vis-à-vis des pays du centre en ce qui concerne leur développement. Samir Amin prône alors un développement « autocentré », c’est-à-dire un processus de développement qui rejette les échanges internationaux et repose sur l’investissement national. Tout au long de sa carrière, il a mené de front ses travaux de recherche, l’enseignement et des activités politiques et militantes, en dirigeant notamment le bureau africain du Forum Tiers-Monde.
économiste américano-britannique né en 1945, prix Nobel d’économie en 2015, connu pour ses travaux sur la consommation et l’économie du bonheur. Sur le thème du développement, il a notamment publié La grande évasion, en 2016, ouvrage dans lequel il montre les bienfaits du développement pour les individus des pays qui l’ont connu, mais aussi le caractère inégalitaire de ce développement. Plus récemment, avec Anne Case, il a publié Morts du désespoir, livre dans lequel les auteurs s’interrogent sur les conséquences négatives des inégalités sur la santé et le bien-être. Il est l’un des économistes à l’origine de la notion de seuil de pauvreté et a fourni des travaux importants sur la mesure de la discrimination de genre. Il a également montré l’inefficacité de l’aide au développement telle qu’elle est envisagée quand elle est versée aux gouvernements.
Economiste française, lauréate du Prix Nobel d’économie en 2019. Elle fait partie du « J-Pal » (Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab) de Cambridge aux États-Unis, notamment avec Abhijit Banerjee, son époux et co-lauréat du Prix Nobel en 2019. Ses travaux sur le développement portent notamment sur la recherche des mesures adaptées pour favoriser le développement des pays. Ces mesures doivent être, selon elle, testées avec la méthode des essais randomisés. Cette démarche, largement utilisée en médecine ou en biologie consiste, en le fait de faire deux groupes (ou plus) : l’un qui subit une modification de son environnement, l’autre non, de manière à tester les effets de cette modification de l’environnement. Il faut alors tirer au sort les membres des deux groupes et tenter de constituer des groupes à partir de personnes étant dans une situation similaire. La comparaison de la situation de ces deux groupes permet de vérifier l’efficacité de la mesure testée. L’approche s’écarte alors des modèles théoriques et des grands principes politiques pour viser des réformes à petite échelle telles que des campagnes de communication, la fourniture de certains aliments ou équipements, ou encore la mise en place de certaines formes d’organisation.
Economiste né en 1932 et décédé en 1991, de nationalité sainte-Lucienne (et britannique). Il a obtenu le prix Nobel d’économie en 1979 pour ses travaux sur l’économie du développement. Sa contribution la plus notable dans ce domaine est sa théorie du « dualisme » selon laquelle l’économie d’un pays peut être schématisée comme comportant deux secteurs : un secteur de subsistance, avec une main-d’oeuvre abondante et peu coûteuse et un secteur moderne, capitaliste. Le développement d’un pays correspond à l’expansion du secteur moderne (qui dépend de la capacité de financement des industriels et de la politique menée par l’État). Cette expansion permet l’embauche de la main-d'oeuvre surabondante dans le secteur de subsistance, ce qui accroît les salaires et nourrit la demande. Le dualisme disparaît progressivement. En parallèle de ses travaux de recherche, Lewis a occupé des postes tels que conseiller économique du gouvernement du Ghana au moment de l’indépendance de ce pays, en 1957 ou encore directeur de la Banque de développement des Caraïbes.
Economiste serbo-américain né en 1953 (à Paris). Il a longtemps été économiste pour la Banque mondiale pour laquelle il a notamment travaillé sur la transition du socialisme au capitalisme et est un spécialiste reconnu sur la question des inégalités économiques. Il est connu pour sa « courbe de l’éléphant » et l’interprétation qu’il en donne, mettant l’accent sur le rattrapage des classes moyennes des pays riches par celles des pays émergents (en particulier la Chine et l’Inde). Cette courbe montre aussi que les personnes les plus riches des pays riches ont vu leur revenu croître fortement sur la période étudiée, allant de 1988 à 2008. Tout ceci se produit, selon Milanovic, notamment sous l’effet de la mondialisation. Dans Le capitalisme, sans rival publié en 2020, il montre que la plupart des pays ont adopté le système capitaliste, avec deux grands modèles capitalistes : le capitalisme politique (celui de la Chine) et le capitalisme libéral (celui des États-Unis). Selon lui, les deux sont sujets à des dérives : le premier celui de la corruption, le second celui de la « ploutocratie ». Pour lui, le capitalisme peut permettre un développement harmonieux, mais seulement en l’associant à une politique de réduction des inégalités.
Economiste et démographe français né en 1898 et décédé en 1990. Sur le thème du développement, il est le fondateur de la notion de Tiers-Monde, regroupant l’ensemble des pays n’appartenant ni au bloc occidental, ni au bloc soviétique et qui est comme « laissé pour compte » dans la dynamique économique mondiale. Par cette appellation, il veut souligner l’importance qu’il faut accorder à ces pays et les inviter à se regrouper pour se faire entendre, par une autre voie que le rattachement à l’un ou l’autre des deux blocs qui sont en conflit. Par ailleurs, il est l’un des principaux fondateurs de l’Ined (Institut national des études démographiques) et connu pour sa théorie du déversement, indiquant qu’au fil du développement d’un pays, la main-d'oeuvre tend à passer du secteur primaire au secteur secondaire puis de celui-ci au secteur tertiaire.
Economiste indien né en 1933 et Prix Nobel d’économie en 1999. Il a travaillé sur la question du développement à partir du concept de « capabillités » qui désigne la capacité des individus à faire des choix, à choisir leur vie. Pour lui, le développement correspond à l’augmentation de ces capabilités pour les individus et, en retour, l’augmentation de ces capabilités permet le développement. Cette approche l’a conduit à proposer avec Mahbub Ul-Haq l’Indice de développement humain dans le cadre de travaux pour le PNUD, indicateur synthétique qui vise à mesurer le développement sur la base d’une dimension économique, de la santé et de l’éducation, trois dimensions indispensables à la réalisation des capabilités individuelles. Ses travaux s’inscrivent dans le domaine de la théorie des choix sociaux et il a une approche de l’économie selon laquelle elle est une science « morale » et doit intégrer les questions d’ordre moral à ses développements théoriques et pratiques.
Economiste et homme politique pakistanais né en 1934 et décédé en 1998. Il a occupé plusieurs responsabilités politiques au Pakistan, étant chef économiste du commissariat au plan dans les années 1960, puis ministre des finances de 1985 à 1988. Il a travaillé à la Banque centrale, y exerçant le poste de directeur des politiques de planification de 1970 à 1982, puis dirigeant la commission en charge de la rédaction du premier rapport sur le développement humain. C’est dans ce cadre qu’à la tête d’une équipe comprenant entre autres personnes Amartya Sen, il a forgé l’IDH, indice de développement humain, qu’il percevait comme un indice à même de concurrencer le PIB par sa simplicité et sa lisibilité, tout en étant plus riche qu’un simple indicateur de revenus.