Allais. M (prix Nobel en 1988) : il s’inscrit dans le cadre du courant de l’équilibre général, mais dans une approche différente de celle du modèle Arrow-Debreu. Pour lui, la soumission aux données de l’expérience est la règle d’or qui domine toute discipline scientifique. Il est guidé par le principe que l’économie n’est qu’une partie d’un tout, et que toute décision économique concrète n’a pas seulement un caractère quantitatif, mais qu’elle offre également un aspect humain et procède d’un contexte historique. Pour Allais, on ne peut pas donner de solution valable aux problèmes économiques concrets à partir de la seule théorie économique et des seuls aspects quantitatifs de la vie sociale. La préoccupation d’une conception synthétique de tous les phénomènes économiques et sociaux consiste pour lui le soubassement de toute pensée. Il n’y a de science que là où existent des régularités susceptibles d’être analysée et d’être prédites. L’économie est une science mais une théorie dont ni les hypothèses ni les conséquences ne peuvent être confrontées avec le réel est dépourvue de tout intérêt scientifique.
Böhm-Bawerck. E : selon cet économiste néoclassique, le capital est l’ensemble des biens indirects ou intermédiaires qui, à travers des détours de production féconds et moyennant une dépense de temps, ont la vertu de rendre plus productif le travail. Fabriquer des machines demande du temps et du travail et repousse à plus tard la production de biens de consommation qui auraient pu être immédiatement disponibles, mais ce détour de production permet d’obtenir par la suite une quantité supérieure de ces biens de production. Il y a un arbitage intertemporel entre la consommation présente et la consommation future.
Edgeworth. F.I : cet économiste néoclassique irlandais forge, quant à lui, des outils fondamentaux pour l’économie du bien-être tels que les courbes d’indifférence, l’équilibre des consommateurs dans l’échange et l’équilibre contractuel. La carte d’indifférence d’un consommateur est formée de l’ensemble des courbes d’indifférence qui définit entièrement le système de préférence donc les goûts des individus. Il est célèbre pour la construction de ce qu’on appelle la boite d’Edgeworth : une représentation graphique qui décrit les échanges entre deux consommateurs dotés chacun de leurs cartes d’indifférence. L’approche d’Edgeworth a suscité l’intérêt des économistes parce qu’elle n’implique pas, comme chez Walras, l’existence d’un « commissaire-priseur, fictif qui fixe les prix par rapport auxquels chacun se détermine. Les agents au cours d’une négociation envisagent des transactions. L’intérêt personnel des négociateurs conduit chacun d’eux à proposer des modifications qui tendent à améliorer l’utilité totale des transactions envisagées. Il est considéré ainsi comme le précurseur de la théorie des contrats.
Keynes. J.M : resté célèbre pour ses positions iconoclastes sur l’équilibre général néoclassiques, ses analyses forment un système qui a donné son nom à tout un courant de pensée : le keynésianisme. Il aboutit à des résultats totalement différents de ceux du modèle standard. Le fonctionnement d’une économie ne peut être déduit de l’agrégation des comportements individuels. La monnaie n’est pas neutre. L’Etat doit intervenir pour pallier les défaillances de l’économie de marché. Les anticipations des agents ne sont pas entièrement rationnelles et le futur reste incertain. Le chômage est involontaire est possible et même dans une phase de croissance économique. Sa remise en cause de plusieurs hypothèses de la théorie classique aboutit à un résultat contradictoire. Le libre jeu d’une économie de marché va conduire à un équilibre, mais il n’y a aucune raison pour que cet équilibre soit de plein emploi des facteurs de production. Cet équilibre de sous emploi peut être stable et, le seul moyen d’arriver à relancer l’activité économique est de faire intervenir une force extérieure au marché : les pouvoirs publics.
Leontief. W (prix Nobel 1973) : il puisera dans l’œuvre de Quesnay l’idée de ses matrices input-output La longévité du concept de circuit sera sa principale gloire de théoricien. Il affirme que la méthode de Quesnay permet une extraordinaire simplification puisque des milliards de flux sont entre producteurs et consommateurs sont ramenés à quelques relations entre « agrégats sociaux ». En cela, nous pouvons penser, dit-il, que le tableau constitue l’ancêtre de la comptabilité nationale. La production et la distribution apparaissent comme deux faces d’un seul et même processus : la masse de des revenus se forment au cours des transactions qui constituent la production au sens économique et non plus technique du terme. Leontief propose une première formulation claire de l’équilibre économique et montre l’interdépendance de tous les secteurs et de tous les éléments du processus économique.
Marshall. A : surnommeé « l’archevêque de l’économie », c’est par sa méthode qu’il devient le pilier central de la « cathédrale néoclassique » anglosaxonne. Il est le trait d’union entre la pensée classique et celle des néoclassiques. Comme Smith, il ne réduit pas la valeur à une seule de ses composantes ; pour lui, il y a une symétrie entre la valeur estimée comme un coût de production en termes d’efforts et la valeur utilité qui mesure une satisfaction obtenue en contrepartie du travail réalisé. Tandis que Walras avait déjà proposé l’analyse de l’équilibre général sur tous les marchés considérés comme interdépendants, lui, moins ambitieux dans son propos, avance une analyse plus approfondie d’équilibre seulement partiel et se contente de raisonner sur la base de l’hypothèse, « toutes choses égales par ailleurs ». Il distingue courte et longue période : la courte période ne permet pas aux producteurs d’introduire des changements importants dans l’offre face à une demande variable. Dans la longue période, l’acte des forces économiques a tout le temps de s’exercer de manière plus complète et les rendements d’échelle permettent de réduire les coûts unitaires lorsqu’on produit plus. Marschall étudie aussi le monopole et propose une théorie moderne de la consommation et plus particulièrement des demandes de consommations intermédiaires des producteurs.
Walras. L : au défi que constitue la théorie de la valeur travail pour la pensée libérale, les néoclassiques vont opposer une autre explication de la valeur, celle de la valeur-utilité où la valeur d’un bien se fonde sur le jugement subjectif de chaque individu quant à l’utilité de la détention de ce bien, et sur la rareté de ce même bien. L. Walras dans Eléments d’économie politique pure en 1874, se pose la question : « Pourquoi le travail vaut-il et s’échange-t-il ? Voilà la question qui nous occupe…Or, si le travail vaut et s’échange, c’est parce qu’il est à la fois utile et limité en quantité, parce qu’il est rare ». La valeur vient donc de la rareté, et toutes les choses qui sont rares vaudront et s’échangeront comme le travail. Le critère de JB Say de l’utilité n’est pas rejeté par Walras, mai intégré dans une conception plus complexe qui prend en compte l’utilité et la rareté. Walras écrit : L’utilité seule, quelque réelle qu’elle soit, ne suffit pas pour mettre un prix aux choses, il faut encore considérer leur rareté, c’est-à-dire la difficulté que l’on a de se procurer ces choses, et qui fait que chacun ne peut pas s’en procurer autant qu’il en veut ».