Sujet : Rôle et place de la politique monétaire dans les pays dévéloppés à économie de marché depuis le début des années 1980
Mots clés
La politique monétaire est un élément fondamentale de la politique économique, même si, comme le montre les crises, elle montre ses limites. La politique monétaire est un ensemble cohérent de mesures destinées à atteindre un ou des objectifs hierarchisés. Les objectifs peuvent être réels lorsque les décideurs publics considèrent que la monnaie est active. Ils peuvent être nominaux lorsque la monnaie est considérée comme passive : désinflation.
Pour atteindre ses objectifs, la politique monétaire peut utiliser divers instruments, au premier rang desquels le taux d’intérêt de la Banque centrale et la masse monétaire en circulation. Les caractéristiques institutionnelles du système monétaire, l’indépendance ou non de la Banque centrale, la transparence de sa politique et sa responsabilité jouent un rôle important dans l’efficacité de ces instruments.
La politique monétaire produit ses effets suivant des canaux de transmission qui peuvent évoluer lorsque les structures économiques changent. Ce fut le cas avec la montée en puissance des marchés financiers.
Le sens du sujet et la problématique
Les missions de la politique monétaire ont évolué à la suite de la stagflation des années 1970. De nouveaux objectifs et de nouveaux moyens d’action s’imposent. Le rôle de la politique monétaire est redéfini : la désinflation, puis la stabilité des prix deviennent des objectifss principaux. De même, les politiques quantitatives traditionnelles laissent la place aux interventions sur un marché monétaire ouvert aux entreprises (open market). Cependant la crise des subprimes conduit à une remise en cause de ce modèle. D’une part, la politique monétaire est accusée d’avoir contribuée à la montée des déséquilibres financiers. D’autre part, cette politique révèle ses limites dans la lutte contre la crise réelle et le risque de déflation. De nouvelles politiques sont mises en œuvre comme celle du quantitative easing (politiques non conventionnelles). Le choc d’offre lié à la crise du covid en 2020 a engendré une très forte monétisation de la dette publique qui remet au premier plan le rôle des Banques centrales. La base monétaire des pays de l’OCDE qui était de 3000 milliards de dollar en 2007 est passée à 14000 milliards en 2019 et à plus de 25000 en 2021.
La problématique peut se formuler en trois questions successives : quels sont les objectifs finals de la politique monétaire depuis 50 ans, quels instruments privilégie-t-elle et enfin, quelle importance occupe-t-elle dans les policy mix engagés pour réduire les déséquilibre macroéconomiques ?
Plan de la dissertation
I : en réponse à la stagflation des années 1970, un nouveau modèle de politique monétaire s’impose dans les années 1980-1990.
A : un nouvel objectif prioritaire : la stablité des prix
B : de nouveaux instruments
C : de nouveaux canaux de transmissions
II : le modèle des années 1980-1990 connaît des variations nationales et doit s’adapter pour faire face à de nouveaux besoins
A : avec la crise des subprimes la politique monétaire a été utilisée pour relancer la croissance et éviter la déflation
B : les modèles américains et européens se différencient et la coopération monétaire reste insuffisante
C : la politique monétaire a dû utiliser des politiques non conventionnelles pour faire face aux risques de crise
Eléments de correction
Introduction
La conception de la monnaie neutre ou active est au cœur des controverses de politique monétaire.
La politique monétaire se définit par ses objectifs et ses instruments. Les instruments traditionnels à la disposition de la Banque centrale agissent sur la masse monétaire et sur les taux d’intérêt.
La politique monétaire constitue l’un des leviers essentiels de la politique économique et elle doit résoudre les tensions entre les trois fonctions de la monnaie
Les années 1980 ont conduit à une redéfintion du rôle et de la place de la politique monétaire.
Problématique : objectifs donc la politique monétaire, instruments choisis et articulation avec les autres politiques économiques
Plan
I
Introduction partielle : annonce des trois sous-parties
A : depuis le début des années 1980, la politique monétaire ne s’inscrit plus dans la lecture keynésienne. Friedman a montré que les agents économiques sont victimes de l’illusion monétaire. Les Banques centrales vont affecter la politique monétaire à un objectif interne prioritaire, la désinflation puis la stabilité des prix.
B : de nouveaux outils : les taux d’intérêt directeurs du marché monétaire deviennent les instruments privilégiés. Exemple, la BCE détermine le taux principal de refinancement. En Europe, J.P. Fitoussi parlera de croissance molle pour l’UEM en raison des taux d’intérêt réels positifs jusqu’à la création de l’euro.
C : les canaux de transmission de la politique monétaire : le canal traditionnel agit par l’intermédiaire de l’effet prix (la hausse des taux d’intérêt freine la demande de crédit). Les politiques monétaires restrictives agissent sur l’économie réelle. Le canal moderne de la finance joue pour sa part très rapidement lorsque la Banque centrale devient essentielle. Les variations des taux directeurs constituent des signaux à destination des agents, qui vont dès lors modifier leurs anticipations. La politique monétaire change de nature. On parle de credibilité de la Banque centrale
II
Annonce des trois sous-parties
A : la crise de 2008 a fait ressurgir le risque de déflation lié au risque systémique. La déflation par la dette a été analysée par I. Fisher. H. Minsky a mis en évidence le paradoxe de la tranquillité. La politique monétaire doit jouer un rôle préventif afin d’éviter la constitution de bulles spéculatives. La Banque centrale doit pour cela effectuer une veille macroprudentielle et relever les taux d’intérêt suffisamment tôt pour limiter la spéculation. La politique inadéquate peut entretenir des déséquilibres réels et financiers. Sans doute que la politique monétaire américaine a été trop laxiste entre 2003 et 2007 et l’abondance monétaire a nourri la bulle des subprimes. Il convient donc de renforcer la surveillance macroprudentielle. Le crédit crunch de 2008 fait que la Banque centrale doit jouer son rôle de prêteur en dernier ressort afin d’éviter le risque systémique. Quand le multiplicateur joue à la baisse, les Banques centrales doivent conserver durablement des taux directeurs très faibles.
B : la lutte contre la crise de 2008 a combiné la politique monétaire et la politique budgétaire dans un policy mix conjoint. Si la BCE a pour rôle la stabilité des prix, la Fed doit à la fois assurer la stabilité des prix et le plein emploi. Le double objectif de la Fed explique qu’elle soit plus réactive que la BCE qui n’a baissé ses taux que tardivement. Les faibles taux d’intérêt aux Etats-Unis ont permis aux entreprises américaines de gagner en compétitivité et l’écart de taux entre l’Europe et les Etats-Unis a provoqué une dépréciation du dollar qui a favorisé les exportations. En l’absence de coordination, la politique monétaire peut provoquer une guerre des monnaies.
C : les Banques centrales ont donc du innover. Les accords de Bâle III s’inscrivent dans cette logique. La surveillance microprudentielle portant sur chaque établissement bancaire est doublée d’une d’une surveillance macroprudentielle du système financier pour repérer les bulles et prévenir les risques. Les politiques monétaires quantitatives ont pris le relais et les Banques centrales ont racheté des titres à risques des banques commerciales. En Europe, la BCE a du s’adapter à la nouvelle situation. La crise de la dette en Europe a montré qu’un degré de solidarité budgétaire est nécessaire pour éviter que les pays endettés ne soient confrontés à une dette insoutenable.
Conclusion
Les crises du début du XXIe siècle ont remis en cause le modèle de politique monétaire né des années 1980. La politique budgétaire avait perdu la place prédominante qu’elle occupait durant les Trente Glorieuses. La politique de taux d’intérêt a permis de vaincre l’inflation : toutefois, les chocs récessifs et les crises financières ont élargi le champ d’action de la politique monétaire et conduit à l’utilisation de nouveaux instruments.
Pour faire de la stabilité monétaire un bien public mondial, il est nécéssaire de coordonner les politiques des grandes Banques centrales.
A
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- Entreprises et entrepreneurs au 19ème siècle ?
- Répartition de la valeur ajoutée et croissance économique
- A quoi sert la comptabilité nationale ?
- L’équilibre emplois-ressources
- Intérêts et limites de la comptabilité nationale comme représentation de l’économie ?
- Pourquoi les grandes entreprises n’ont-elles pas fait disparaître les petites ?
- Les entrepreneurs sont-ils rationnels ?
- Les évolutions de l’entreprise entre les deux premières révolutions industrielles ?
- Le PIB est-il un bon indicateur des performances économiques et sociales ?
B
- Est-il rationnel de détenir de la monnaie ?
- La monnaie n’est-elle qu’un moyen d’éviter le troc ?
- Les enjeux de la neutralité de la monnaie ?
- Pourquoi demande-t-on de la monnaie ?
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- Les crédits font-ils les dépôts ?
- Comment se différencient les institutions financières ?
- Finance directe-finance indirecte : il y a-t-il un intérêt à privilégier un mode de financement ?
- Actualité de la théorie quantitative de la monnaie
- Les transformations de la Banque de France du milieu du XIXe siècle aux années 1980 ?
- Quels sont les canaux de transmission par la politique monétaire ?
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- L’indépendance des Banques centrales est-elle nécessaire aujourd’hui ?
- Le taux d’intérêt, prix de la renonciation à la consommation ou à la liquidité ?
C
- La valeur travail chez les classiques
- Qu’est-ce qu’un économiste classique ?
- Production agricole et rente foncière chez les économistes classiques ?
- Marx était-il un économiste classique ?
- Pensée classique et révolution industrielle
- Smith et la naissance du libéralisme
- La loi de Say est-elle encore d’actualité ?
- La main invisible : de quoi s’agit-il ?
- D’où vient le profit ?
- L’accumulation primitive du capital : une condition préalable à la révolution industrielle ?
- Apports et limites du marginalisme pour la science économique
- Les individus sont-ils des homo oeconomicus ?
- Unité et diversité du courant néoclassique à la fin du 19ème siècle
- L’analyse keynésienne de l’intérêt et de la monnaie
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- Hayek ou le refus du discours néoclassique
- Existe-t-il un arbitrage travail-loisir ?