Aglietta. M et Orléan. A : comme nous expliquent M. Aglietta et A. Orléan dans La Violence de la monnaie, la monnaie est l’un des moyens d’exorciser cette violence et de substituer l’échange marchand à la prédation. La monnaie serait en fait « la richesse par excellence » puisqu’elle ne permet plus de capturer l’autre, mais seulement les richesses.
Friedman. M (prix nobel 1976) : fondateur du courant monétariste, il s’oppose à l’économie keynésienne. dans La Théorie quantitative de la monnaie : un nouvel énoncé en 1956, renoue avec la relation formulée par Fisher. Il considère que la monnaie est neutre à terme dans le sens où elle ne parvient pas à modifier les comportements des agents économiques. Elle n’aura aucune influence sur l’activité réelle (production et emploi). Toute politique monétaire laxiste qui a pour objectif de relancer l’économie se traduit par plus d’inflation et un niveau de chômage équivalent en raison des anticipations des agents. Friedman dans Inflation et système monétaire, incrimine directement les Banques centrale accusées de prendre leurs décisions en fonction de théories erronées ; « Elles pensent qu’elles doivent s’occuper des taux d’intérêt alors que leur tâche consiste en fait à contrôler la quantité de monnaie ». L’Etat ne doit donc pas utiliser la monnaie comme arme de politique économique. La croissance de la masse monétaire doit être annoncée et connue à l’avance (règle du k %). Ce taux « k » doit être choisi par les autorités monétaires le plus voisin possible de la croissance du PIB et il doit être le plus stable possible de période en période. A la différence d’I. Fischer, il concède cependant qu’une émission monétaire peut avoir un effet provisoire de stimulation de l’activité économique tant que les individus sont victimes de l’illusion monétaire (parle ici d’une « dichotomie faible »). En revanche, dès qu’ils réalisent qu’il y a eu perte du pouvoir d’achat, ils adaptent leurs anticipations.
Girard. A : comme le montre cet auteur, la monnaie remplit encore des fonctions symboliques. Véritable exutoire de la violence, l’argent fait écran entre les biens convoités et le rival qui les possède. La monnaie a été dans l’histoire l’instrument pour détourner des pulsions collectives vers des fins capables de la canalise. M. Albertini dans Des sous et des hommes, montre comment, la monnaie étant l’objet de convoitise, les autorités s’en sont emparé.
Keynes. J.M : Keynes désigne la demande de monnaie par le terme « préférence pour la liquidité » et affirme que celle-ci est complexe, car elle résulte de trois motifs : celui de transaction mais aussi celui de précaution et de spéculation. En ce qui concerne le motif de spéculation, on thésaurise en vue d’un placement ultérieur plus rémunérateur que ne sont les placements du moment. Cette épargne est fonction du taux d’intérêt : en effet, les spéculateurs gardent leurs liquidités tant qu’ils estiment que les placements sont insuffisamment rémunérateurs. Ainsi, lorsque les taux d’intérêt baissent, le cours des obligations précédemment émises à un taux plus élevé tend à augmenter et la préférence pour la liquidité s’accroît. Keynes suggère l’idée qu’il existe un taux d’intérêt plancher, au- dessous duquel se manifeste une préférence absolue pour la liquidité ; c’est ce qu’il appelle la « trappe à liquidité », « trappe à monnaie » dit P. Davidson. On assiste alors à un comportement d’attente, car les acteurs n’achèteront des titres que si le taux d’intérêt augmente et provoque du même coup la chute des cours des obligations.
Marx. K : pour Marx, la monnaie est un équivalent général et sa valeur d’usage propre consiste à exprimer la valeur de toutes les autres marchandises. A ce titre, elle incarne le travail social sous sa forme la plus générale et reflète les rapports de production entre les producteurs des différentes marchandises. La monnaie masque un rapport social et ce qui représente le résultat d’un rapport de force.
Mill. J. S : celui-ci affirme en 1848 : « Il n’est pas dans l’économie quelque chose de plus insignifiant que la monnaie, si on la considère autrement que comme un mécanisme pour faire vite et commodément ce qu’on ferait moins vite et moins commodément si elle n’existait pas. » Les monétaristes reprendront cette approche dichotomique.
Minsky. H : dans le cadre de son analyse de l’instabilité financière, Hyman Minsky propose dans les 80 l’idée du « Paradoxe de la tranquillité », mécanisme économique reposant sur le caractère endogène des crises (notamment des crises financières) et l’endettement. La crise est le fruit du fonctionnement même du système financier : plus les investisseurs sont confiants, plus ils vont adopter un comportement de financement risqué. Le paradoxe de la tranquillité de Minsky a été vérifié plusieurs fois dans l’histoire économique. Il permet notamment d’expliquer la crise de 2007-2008 qui a frappé les Etats-Unis et les pays Européens.
Shiller. M (prix Nobel 2013) : ce chercheur américain a montré que les cours boursiers fluctuent davantage que les dividendes de sociétés même si dans le long-terme, à l'horizon de plusieurs années, les cours boursiers finissent par rejoindre les dividendes. Shiller est devenu célèbre pour avoir prédit à deux reprises, quelques années auparavant, deux des plus importantes crises de l'histoire financière : la crise boursière de 2000 et la crise immobilière de 2007.
Testart. A : dans Aux origines de la monnaie, affirme que la monnaie n’a pas pour origine les échanges de biens, mais a été conçu pour se libérer d’une dette (« dettes de vie »), s’acquitter d’une obligation (paiement du mariage, droit de toucher des indemnités pour adultère, etc.).