Esther Duflo : Née en 1972, Esther Duflo est une économiste française dont les travaux portent sur les moyens de lutter contre la pauvreté dans le monde. Dans le cadre de ses recherches, elle recourt aux méthodes basées sur les expérimentations de terrain. Elle est diplômée de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée en sciences économiques et sociales et docteur en économie de l’Institut de Technologie du Massachusetts (MIT), où elle enseigne en tant que professeur depuis 2004. Elle obtient le prix du meilleur jeune économiste de France en 2005 et le « prix Nobel » d’économie en 2019 conjointement avec son mari, Abhijit Banerjee, et l’universitaire américain Michael Kremer. Les travaux d’Esther Duflo portent sur les domaines de l’économie du développement et en particulier de la santé, de l’éducation ou de l’accès au crédit dans les pays en développement. Elle recourt à l’approche des expériences aléatoires, qui consiste à évaluer les effets d’une mesure particulière de politique économique sur un groupe d’individus choisis au hasard par rapport à un autre groupe d’individus auxquels elle n’est pas appliquée. Par exemple, grâce aux résultats de ses travaux, de nombreux pays ont décidé de financer d’importantes actions de santé préventive et plus de 5 millions d’enfants en Inde ont pu bénéficier de programmes de soutien scolaire.
Jagdish Natwarlal Bhagwati : Né le 26 juillet 1934, cet économiste indo-américain s'est intéressé au développement, aux nouvelles théories du commerce international et au libre-échange. Il a notamment mis en exergue la notion de « croissance appauvrissante » comme fruit de la dégradation des termes de l'échange, théorisé par l'économiste argentin Raul Prebisch. Après le libre commerce des marchandises, l'intérêt de Bhagwati s'est porté sur les flux de capitaux, de main d’œuvre, et plus largement sur la mondialisation.
Jean Bodin : Il est né en 1529 à Angers (France) et mort en 1596, à Laon, Jean Bodin est un juriste, philosophe et économiste français qui s'inscrit dans le courant des mercantilistes. Il étudie et enseigne le droit à Toulouse avant de devenir avocat au Parlement à Paris en 1561. Nommé procureur en 1570, il se rapproche du Duc d'Anjou, frère du roi Henri III. En 1576, il publie Les six livres de la République, ouvrage qui le rend célèbre, et devient député du tiers état. À la mort de son protecteur, il se retire à Laon où il exerce les charges de procureur du roi. Il y meurt en 1596. Bodin est le premier économiste à mettre en évidence une relation entre la hausse de la quantité de monnaie en circulation et l'augmentation des prix, connue aujourd'hui sous le nom de "théorie quantitative de la monnaie" et reprise notamment par Milton Friedman au XXe siècle. Contrairement à ce dernier, il pense toutefois que l'inflation est positive pour la croissance car elle favorise les emprunteurs et pénalise les rentiers.
James Buchanan : Né en 1919 et décédé en 2013, Prix Nobel d’économie en 1986, il est largement à l'origine d'une renaissance de l'économie politique dans le champ universitaire dès les années 1960. Il souligne que l'économie publique ne peut plus être vue seulement en termes de redistribution mais doit toujours se préoccuper des règles du jeu qui engendrent des normes d'échange et de distribution. L'apport de Buchanan se fait via La Théorie des choix publics, dont il est l'un des principaux fondateurs. Pour comprendre la problématique dans laquelle s'inscrit cette dernière, il faut comprendre que Buchanan commence sa carrière au moment où les économistes mettent l'accent sur les défaillances de marché et avec la question posée de l'intervention opportune ou non de l'État. Buchanan, qui considère que les marchés tout comme l'État reposent sur des institutions, estime que les modèles politiques doivent être analysés avec la même rigueur analytique que les marchés. En effet, il considère qu'en politique comme en économie, les agents une fois les règles fixées, vont tenter de les utiliser au mieux en vue de leurs intérêts.
Edward Chamberlin : Né en 1899, Edward Hastings CHAMBERLIN est un économiste américain. Il obtint sa thèse en 1927 à l'université de Harvard aux Etats-Unis qu'il ne quittera plus jusqu'à sa retraite. Sa contribution principale aux sciences économiques a été publiée en 1933 sous le titre "The Theory of Monopolistic Competition" ("Théorie de la concurrence monopolistique"). Sa théorie a deux ambitions : expliquer le comportement individuel d'entreprises concurrentes quand des éléments de différenciation existent, et souligner la façon selon laquelle un équilibre de marché s'établit entre elles.
Jean-Baptiste Colbert : Né le 29 août 1619 à Reims et mort le 6 septembre 1683 à Paris, il est d’abord un homme d'État français. À partir de 1665, il est l'un des principaux ministres de Louis XIV, en tant que contrôleur général des finances (1665-1683), secrétaire d'État de la Maison du roi et secrétaire d'État de la Marine (1669-1683). Soucieux de favoriser les exportations et de faire affluer les métaux précieux dans le royaume – c'est ce qu'on appelle le mercantilisme ‑, Jean-Baptiste Colbert, l'un des principaux ministres de Louis XIV, fonde la Compagnie des Indes orientales en 1664 et la Compagnie du Levant en 1670. Inspirateur et promoteur d'une politique économique interventionniste et mercantiliste, ultérieurement appelée « colbertisme », il favorise le développement du commerce et de l'industrie en France par la création de fabriques et l'institution de monopoles royaux.
Nicolas Kaldor : Né en 1908 et décédé en 1986, Nicolas Kaldor est un économiste britannique connu pour ses travaux sur la théorie de la répartition et l’explication des cycles économiques d’inspiration post-keynésienne. Comme J. M. Keynes, il considère que le protectionnisme peut justifier.
Paul Krugman : Né en 1953 à Long Island (États-Unis), Paul Krugman est un économiste américain néokeynésien, célèbre pour ses interventions dans le débat public. Après des études d'histoire à l'université de Yale, puis un doctorat d'économie au Massachusetts Institute of Technology, il est professeur d'économie et de relations internationales à l'université de Princeton. Connu du grand public pour ses ouvrages de vulgarisation et ses articles virulents dans le New York Times contre la politique de George W. Bush, il obtient le "prix Nobel" d'économie en 2008 pour la nouvelle théorie du commerce international qu'il a contribué à développer. Ses travaux partent du constat que la théorie traditionnelle de l'échange international proposée entre autres par Ricardo ne permet pas d'expliquer l'intensité des échanges de produits similaires entre pays développés. Il analyse alors l'importance des goûts différenciés des consommateurs et des économies d'échelle dans la production pour comprendre le commerce international moderne et la localisation des firmes.
Friedrich List : Né en 1789 à Reutlingen (Allemagne actuelle) et mort en 1846 à Kufstein (Autriche actuelle), Friedrich List est un économiste allemand qui appartient à l'école historique allemande, une école de pensée qui a remis en question les théories des classiques. Successivement employé d'administration, professeur, député, entrepreneur, consul, journaliste, il a vécu en Allemagne, en Angleterre, aux États-Unis et en France. Cofondateur en 1819 de la Société allemande d'industrie et de commerce, il est l'un des théoriciens et initiateurs du Zollverein (union douanière et commerciale entre les États allemands) de 1834. Son œuvre majeure, Le système national d'économie politique, paraît en 1840. Critique des théories libre-échangistes d'Adam Smith et de David Ricardo qu'il juge adaptées seulement au cas de l'Angleterre, Friedrich List défend la thèse du "protectionnisme éducateur". Identifiant la puissance d'une nation à son industrie, il préconise l'utilisation temporaire des droits de douane pour favoriser l'éclosion d'industries nationales qui, une fois compétitives, pourront concurrencer les entreprises anglaises.
John Maynard Keynes : Né en 1883 à Cambridge (Royaume-Uni) et mort en 1946 à Firle, John Maynard Keynes est un économiste britannique dont l'œuvre a initié un courant de pensée soulignant les déficiences des marchés et la nécessité de les réguler. Professeur d'université formé à Cambridge, journaliste, Keynes travailla pour l'État pendant la Première Guerre mondiale et fut un des négociateurs du Traité de Versailles, dont il dénonça les impasses dès 1919. Anobli en 1942, il conduisit la délégation britannique lors de la Conférence de Bretton Woods de 1944, qui a notamment créé le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, mais ses propositions ne furent pas retenues. Parue en 1936, sa Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie a une influence profonde sur la pensée économique jusqu'à aujourd'hui, au point de servir de référence à tout un courant de pensée. Raisonnant en termes macroéconomiques, Keynes y réfute l'idée selon laquelle une économie de marché s'autorégule pour atteindre le plein emploi, et préconise l'intervention conjoncturelle de l'État pour soutenir la demande en stimulant l'investissement en période de récession économique.
David Ricardo : Né en 1772 à Londres (Royaume-Uni) et mort en 1823 à Gatcombe Park, David Ricardo est un économiste anglais qui, en approfondissant les apports de Smith, a posé les fondements de l'approche classique en économie. Dès l'âge de 14 ans, il s'initie avec son père au fonctionnement de la finance. Suite à un conflit familial, il fonde sa propre affaire d'agent de change et devient vite fortuné. Découvrant l'économie politique et la pensée d'Adam Smith, il publie une série d'articles sur la dépréciation de la monnaie et entre au parlement britannique où il défend le libre-échange et l'abrogation des réglementations sur le commerce des céréales. Autodidacte de la pensée économique, Ricardo publie en 1817 Des principes de l'économie politique et de l'impôt où il énonce les grands principes de l'école classique : la valeur provient du travail ; la monnaie est neutre sur la production ; les marchés s'équilibrent grâce aux mouvements de prix ; l'accumulation du capital soutient la croissance, mais celle-ci stagne progressivement ; le libre-échange permet de repousser ces limites en permettant à un pays de se spécialiser dans sa production la plus efficace.
Adam Smith : Né en 1723 à Kirkcaldy (Écosse) et mort en 1790 à Édimbourg, Adam Smith est un philosophe et économiste écossais, considéré comme l'un des pères fondateurs de la science économique. Il obtient à 27 ans la chaire de logique de l'université de Glasgow puis plus tard celle de philosophie morale. En 1765, il séjourne brièvement en France où il côtoie des économistes comme Quesnay et Turgot (également ministre de Louis XVI). Son ouvrage le plus influent, les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, paraît à Londres en 1776. Considéré comme le père du courant classique en économie, Smith montre que la richesse des nations naît de la division du travail. Penseur du libre-échange, il explique qu'un pays a intérêt à se spécialiser dans les productions qu'il réalise à moindres coûts et à importer les autres produits. Il décrit le fameux mécanisme de « la main invisible » : selon lui, dans une économie de marché, chacun, en suivant son intérêt individuel, contribue à l'intérêt de tous.
Paul Samuelson : Né en 1915 à Gary (États-Unis) et mort en 2009 à Belmont, Paul Samuelson est un économiste américain qui a tenté une synthèse entre les approches keynésienne et néoclassique. Lors de ses études à Harvard, il écrit dès l'âge de 22 ans l'essentiel de son ouvrage Foundations of economic analysis qui constituera sa thèse. Il devient professeur au MIT en 1940, puis publie Economics en 1948, un manuel d'économie qui a servi de référence à des générations d'étudiants. Il reçoit le "prix Nobel" d'économie en 1970. Il fut également conseiller économique du président John F. Kennedy. Samuelson est un des derniers "généralistes" en économie, de la théorie de la croissance à celle du commerce international. Il est l'un des initiateurs de la "synthèse néoclassique", un mouvement qui cherche des fondements microéconomiques à la macroéconomie. Ainsi, il dépasse le clivage entre keynésiens et néoclassiques et promeut une science économique cohérente et unifiée, appuyée sur des modèles mathématiques et des données empiriques.
Léon Walras : Léon Walras est né en 1834 à Évreux (France) et mort à Clarens (Suisse) en 1910, Léon Walras est un économiste français et l'un des fondateurs du courant néoclassique. Après un passage à l'École des mines de Paris, il s'essaye aux carrières de publiciste et critique d'art, puis se tourne vers l'économie politique sur les pas de son père Auguste. Il est nommé professeur à l'Université de Lausanne à partir de 1870. Parmi ses nombreux écrits, ses Éléments d'économie politique pure publiés en 1874 font partie des livres qui ont initié la "révolution marginaliste". Sur la forme, Walras pense l'économie comme une science qui démontre mathématiquement ses énoncés. Sur le fond, il est à l'origine de la théorie de l'équilibre général : il montre que dans un monde parfaitement concurrentiel, la confrontation de l'offre et de la demande sur chaque marché permet progressivement d'atteindre des prix d'équilibre qui égalisent l'offre et la demande sur ces marchés. La convergence repose sur la présence d'un commissaire-priseur qui annonce aux agents économiques de nouveaux prix tant que l'équilibre n'est pas atteint.
Vilfredo Pareto : Né en 1848 et décédé en 1923, cet économiste et sociologue italien, est le successeur de Léon Walras sur la chaire d’économie à Lausanne. Il a donné plusieurs concepts centraux à l’analyse économique (utilité ordinale, optimum) ainsi qu’à la sociologie et la science politique. Pareto a quarante-huit ans lorsqu'il écrit à Lausanne son premier livre, le Cours d'économie politique, paru en deux volumes, en 1896 et 1897. Il y soutient que l'économie doit être étudiée selon les mêmes critères que la physique. Les actions des hommes présentent des uniformités. Certaines actions se proposent en effet de procurer une sensation agréable ; d'autres, de procurer certaines conditions de santé, de développement du corps et de l'intelligence ; d'autres encore, de procurer ces conditions à tout un agrégat et d'en assurer la reproduction. Les qualités qui se rapportent aux deux derniers types d'action prennent le nom d'utilité. La qualité du premier genre d'action est appelée ophélimité, notion qui « exprime le rapport de convenance par lequel une chose satisfait un besoin ou un désir, légitime ou non ». Grâce à cette notion, il est possible d'isoler certaines propriétés permettant de construire des modèles abstraits. Ceux-ci rendent possible ensuite l'explication de phénomènes concrets et complexes.