Avantages absolus (la Loi des) : Pour A. Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), les individus se caractérisent par des habiletés différentes : ils n’ont donc pas intérêt à tout produire eux-mêmes, mais à diviser le travail puis échanger ce qu’ils n’ont pas consommé contre ce qu’ils n’ont pas produit. Le même principe est valable entre les nations : si un pays étranger produit un bien à un plus faible coût que nous, il vaut mieux que nous lui achetions le bien plutôt que de le produire nous-mêmes. Ainsi, la loi des avantages absolus postule que chaque pays doit se spécialiser dans les secteurs pour lesquels il est le plus productif et abandonner les autres productions. L’habileté justifie la spécialisation internationale, qui elle-même renforcera par la suite les différences d’habileté initiales. Cependant, un pays qui produit toutes les marchandises plus cher que ses concurrents sera exclu de cette division du travail. Ainsi, Smith n’aurait pas totalement atteint son objectif : montrer que tous les pays ont intérêt à participer au commerce international.
Avantages comparatifs (La loi des ) : D. Ricardo (Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817) entend donc compléter les premières intuitions de Smith pour parvenir à démontrer que tous les pays ont intérêt à participer au commerce international. Il montre que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il dispose du meilleur avantage comparatif ou du plus faible désavantage comparatif. La loi des avantages comparatifs nécessite bien sûr que les facteurs de production soient parfaitement mobiles à l’intérieur de la nation, mais parfaitement immobiles entre nations. La nation est donc définie comme étant le cadre géographique à l’intérieur duquel les facteurs de production se déplacent de façon parfaitement libre. Si les facteurs de production sont immobiles au niveau international, les biens eux se déplacent librement d’un pays à l’autre. Ainsi, les nations ne s’échangent pas de facteurs de production, mais s’échangent les biens produits. Ricardo est resté relativement flou quant à l’origine des avantages comparatifs. C’est globalement l’accès inégal des pays à la technologie qui les explique. Les différences de fertilité du sol, de climat, etc. sont à l’origine de différences de coût de production. Les avantages comparatifs sont donc globalement donnés, notamment par la nature ; ils sont exogènes. Ricardo n’envisageait pas qu’un pays puisse intervenir pour se construire des avantages comparatifs. Il montre que, grâce à la spécialisation internationale, la production globale sera plus importante et le libre-échange peut même permettre de retarder l’échéance de l’état stationnaire. En effet, il permet de se procurer du blé moins cher, ce qui évite l’augmentation des salaires et la chute des profits. Le commerce international est bien conçu comme étant une arme contre la rareté. Ricardo milita donc logiquement contre les Corn Laws , qui faisaient obstacle aux importations de blé et qui seront supprimés en 1846. Si l’on exclut les premières réflexions sur le protectionnisme éducateur d’Hamilton et List, on assiste donc à la promotion du libre-échange par les économistes classiques.
Théorème HOS : Théorie énoncée par Heckscher, Ohlin et Samuelson (« International Trade and the Equalization of Factor Prices », in The Economic Journal, 1948), pour former ce qu’on appelle le théorème HOS. L’approche ricardienne est étendue à l’utilisation de plusieurs facteurs de production. Les facteurs de production restent toujours mobiles au sein de la nation (cadre de la concurrence pure et parfaite), mais immobiles entre les nations. Pour chaque bien, et c’est la principale différence avec le modèle de Ricardo, il existe une et une seule technologie, disponible pour tous les pays. Autrement dit, les différences de productivité sont remplacées par des différences de dotations factorielles : les pays possèdent des stocks de facteur travail et de facteur capital différents, donc les prix de ces facteurs de production sont différents d’un pays à l’autre en fonction de leur plus ou moins grande rareté. La rareté des facteurs détermine leur prix, qui lui-même détermine le prix des produits. Dans ce contexte, les pays ont intérêt à se spécialiser dans la production de biens utilisant le plus intensivement le facteur de production dont ils sont le mieu pourvus. Les pays, ne pouvant s’échanger des facteurs de production immobiles, s’échangent donc les produits issus de l’usage de ces facteurs. L’échange international de biens remplace alors l’échange international de facteurs de production. L’échange international conduira à terme à une égalisation du prix relatif des facteurs et du prix relatif des biens.
Théorème Stolper-Samuelson : Le théorème de Stolper-Samuelson est énoncé par Wolfgang Stolper et Paul Samuelson prolonge en 1941 la théorie des avantages comparatifs de Ricardo et le modèle HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson). Le théorème explique l'augmentation ou la réduction des inégalités économiques à la suite de l'ouverture des économies des pays à la concurrence internationale. En prenant l’exemple d’un pays spécialisé dans un produit à haute technologie et à main d’œuvre qualifiée qui échange avec un pays spécialisé dans un produit à faible valeur ajoutée et nécessitant une main d’œuvre peu qualifiée. En conséquence, les inégalités salariales internes ont tendance à se creuser dans le pays spécialisé dans le produit à haute technologie. Les salaires des travailleurs peu qualifiés ayant tendance à baisser relativement à ceux des travailleurs plus qualifiés. A l’inverse, un pays spécialisé dans un produit nécessitant une main d’œuvre peu qualifiée devrait voir un rattrapage du salaire des travailleurs peu qualifiés par rapport aux plus qualifiés. La conclusion du théorème est que l’échange international modifie la répartition interne des revenus. Il profite aux détenteurs du facteur abondant, qui est plus fortement demandé du fait de l’exportation. Ceux-ci voient leur revenu réel s’élever par rapport à l’autarcie. À l’inverse, les détenteurs du facteur rare verront leurs revenus réels s’abaisser, puisque ce facteur est rendu moins rare par l’importation. Ce résultat théorique peut justifier, au nom d’un « principe de compensation », des mesures de redistribution en faveur de ceux que l’échange a appauvris selon Stolper et Samuelson.
Théorie de l’état stationnaire : Théorie de Ricardo selon laquelle les rendements décroissants de la terre entraînent une augmentation du prix des blés, qui oblige à augmenter les salaires et les rentes, ce qui réduit les profits. L’incitation à investir et donc la croissance ralentissent puis se tarissent. Seules l’ouverture des économies et la libre importation de blé peuvent ralentir le phénomène.
Théorie des jeux : La théorie des jeux introduite par Von Neumann et Morgenstern en 1945 est l’étude du comportement des individus dans des situations d’interactions stratégiques. Par « stratégie », il faut comprendre une situation dans laquelle chaque individu ayant une décision à prendre doit nécessairement s’intéresser à la réaction des autres individus relativement à sa décision.
Croissance appauvrissante : situation théorique où la croissance économique pourrait avoir pour conséquence qu'un pays se trouve dans une situation moins favorable qu'avant la croissance. Les atouts du libre-échange suggérés par la théorie classique du commerce international sont questionnés dans les années 1950 et 1960. Dans ce sens, c’est Jagdish Bhagwati (1958) qui démontre que la croissance peut être paradoxalement « appauvrissante ». Il assigne ce paradoxe aux grands pays pauvres de l’époque, exportateurs de matières premières : la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. Il montre qu’une croissance économique fortement biaisée à l’exportation peut entraîner une telle détérioration des termes de l’échange du pays exportateur qu’il se retrouverait dans une situation moins préférable qu’en l’absence de croissance. Jagdish Bhagwati spécifie les trois hypothèses justifiant l’existence d’une croissance appauvrissante : une grande part de marché mondiale, une demande mondiale faiblement élastique pour le produit considéré, une croissance fortement biaisée vers ce produit exportable. Dans le cas où le pays considéré est « petit », sa croissance n’a aucune influence sur les termes de l’échange. Si ces hypothèses sont respectées, le supplément d’offre doit provoquer une baisse du prix mondial telle que la croissance des exportations en volume ne suffit plus à empêcher leur dégradation en valeur. Ici, la situation d’un pays serait pire après la croissance qu’avant. Pour le dire autrement, le pays produit plus mais gagne moins : la croissance est appauvrissante.
Mercantilisme : Le mercantilisme est une doctrine économique qui prône le développement économique de la nation par le commerce extérieur, en considérant celui-ci comme un « jeu à somme nulle », ce qui a pour conséquence l’adoption de politiques protectionnistes.
Nouvelle théorie du commerce international : Très schématiquement, on distingue d’une part les « premières » théories du commerce international, qui se situent dans le cadre de la concurrence pure et parfaite et démontrent la supériorité du libre-échange (Loi des avantages absolus, Loi des avantages comparatifs, Théorème HOS) et, d’autre part, les « nouvelles théories du commerce international ». Ces dernières se positionnent globalement dans le cadre de la concurrence imparfaite et aboutissent à des conclusions beaucoup plus nuancées concernant l’optimalité du libre-échange. Helpman et Krugman ont bien montré que les transformations du commerce international rendaient moins pertinentes les théories du commerce international traditionnelles, qui postulaient une absence de mobilité internationale des facteurs de production. Cette hypothèse n’est plus tenable dans un monde où le facteur capital et, dans une moindre mesure, le facteur travail se déplacent rapidement et presque librement.
Optimum économique au sens de Pareto : état de la société dans lequel on ne peut pas améliorer le bien-être d’un individu sans détériorer celui d’un autre. Dans un cadre de concurrence pure et parfaite, l'équilibre est un « optimum de Pareto ». Cela signifie que, lorsque l'économie se trouve en équilibre concurrentiel, il n'est pas possible d'augmenter simultanément les niveaux d'utilité de tous les consommateurs. Tout changement qui améliore la situation d'un agent détériore nécessairement celle d'au moins un autre agent.
Paradoxe de Leontief : En 1954, l'économiste américain (d'origine Russe) Vassili Leontief (1905-1999) formule une critique à la théorie HOS à travers l'étude des exportations des Etats-Unis. En analysant cinquante industries américaines, Leontief découvre que les Etats-Unis, considérés comme abondant en facteur capital, importent des biens intensifs en capital et que leurs exportations sont plus riches en facteur travail que leurs importations. Ce cas illustre une situation contradictoire avec les enseignements de la théorie HOS qui postule que les États-Unis sont censés exporter des biens intensifs en capital (puisqu'ils en sont bien dotés), et importer des biens intensifs en travail (facteur moins abondant). De ce constat empirique invalidant a priori la théorie HOS est né le paradoxe de Leontief.