Question 1 : Comment s'organise la vie politique?

Sommaire

Quelles sont les principales spécificités du pouvoir politique ?

Le pouvoir, lorsqu’il est envisagé comme une relation, suppose l’existence d’un rapport déséquilibré dans lequel un individu ou un groupe parvient à se faire obéir d’un autre individu ou groupe (document 1).

Mais toutes les relations de pouvoir ne relèvent pas du domaine politique. La "cité" désigne un ensemble d’individus partageant un espace délimité et entretenant entre eux des relations régulées. Par extension, est politique ce qui est en rapport avec le gouvernement d’un groupe, à savoir, ce qui permet d’encadrer l’organisation des activités sociales d’une communauté d’individus sur un territoire donné (document 2). Donc, tout ce qui consiste à conquérir des postes permettant d’édicter des règles s’imposant au groupe, tout ce qui implique de concevoir ces règles ou d’en influencer l’élaboration relève du domaine politique. Par contre, la décision d’un chef d’entreprise de ne pas augmenter la rémunération d’un salarié ou encore le choix de parents d’interdire les écrans à leurs enfants avant un certain âge font certes intervenir des relations de pouvoir, mais non politiques.

La notion de pouvoir politique implique entre autres que les institutions ou les individus en charge de ces fonctions de régulation sociale ont les moyens de faire respecter leurs décisions par l’ensemble de la communauté. En effet, il ne peut y avoir de pouvoir politique sans capacité de coercition et donc, de contrainte. L’État est une forme particulière d’organisation du pouvoir politique, caractérisée par l’existence d’un ensemble d’organes spécialisés concentrant entre leurs mains le monopole de la violence légitime (document 2).

En quoi consiste la séparation des pouvoirs ?

Comment s’assurer que les institutions en charge du pouvoir politique n’en abusent pas ? Cette question préoccupe la philosophie politique dès le XVIIème siècle et amène à théoriser la nécessité de « séparer les pouvoirs » (document 3).

En quoi consistent ces pouvoirs ? Selon une division traditionnelle inspirée de Montesquieu, on distingue :

  • Le « pouvoir législatif » : la faculté à fabriquer les lois
  • Le « pouvoir exécutif » : la faculté à faire appliquer les lois
  • Le « pouvoir judiciaire » : la faculté à sanctionner les infractions aux lois

« Séparer les pouvoirs » consiste à éviter qu’un organe dispose du monopole de ces trois fonctions. Il s’agit donc de s’assurer que plusieurs instances différentes concourent à l’exercice des trois pouvoirs susmentionnés. Attention ! « Séparer les pouvoirs » ne signifie pas forcément confier chaque fonction à un organe spécifique.

Par exemple, la fonction législative peut être assumée à la fois par le Parlement et, à titre accessoire, par le Gouvernement. Mais, pour éviter les dérives tyranniques, il ne faut en aucun cas que pouvoir exécutif et pouvoir législatif soient confiés dans leur intégralité à la même institution !

Quelles sont les principales institutions de la Cinquième République française ?

Sous le régime de la Cinquième République, trois grandes institutions se partagent les pouvoirs exécutif et législatif. Le Président de la République et le Gouvernement sont les organes exécutifs. Le Parlement, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, est l’organe législatif.

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La Constitution de la Cinquième République met en place une séparation souple des pouvoirs : ainsi les organes exécutifs et législatif coopèrent et se contrôlent mutuellement. Le Président de la République peut ainsi prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale, tandis que le Gouvernement dispose de l’initiative législative au même titre que les parlementaires. Pour équilibrer la relation entre organes exécutifs et législatif, l’Assemblée nationale peut quant à elle mettre en jeu la responsabilité politique du Gouvernement et le renverser (document 4).

Comment les modes de scrutin déterminent-ils la représentation politique et structurent-ils la vie politique ?

Les modes de scrutin sont des techniques de transformation des voix obtenues lors d’une élection en sièges.

On oppose traditionnellement deux grands types de modes de scrutin (dans la réalité, il existe aussi des scrutins mixtes) :

  • Le scrutin majoritaire : le candidat ou la liste qui obtient le plus de voix dans une circonscription donnée emporte l’ensemble des sièges de la circonscription.
  • La représentation proportionnelle : le nombre d’élus de chaque liste est calculé en fonction des suffrages obtenus par celle-ci (document 5).

Le scrutin majoritaire tend à favoriser l’émergence de majorités relativement stables mais au prix d’une faible représentativité. La représentation proportionnelle permet de remédier à cela, mais parfois en créant une dispersion des sièges propice à l’instabilité politique (document 6).

Quels sont les différents acteurs contribuant à la vie politique ?

Les partis politiques, nés avec l’extension du suffrage universel au cours du XIXème siècle, sont des acteurs incontournables de la vie politique. En effet, ces structures agrègent des soutiens populaires en vue d’accéder aux postes de pouvoir politique. Il est ainsi devenu particulièrement difficile de prétendre aux plus hautes fonctions électives sans recevoir l’investiture d’au moins un parti (document 7).

Pour autant, ce ne sont pas les seules organisations investies dans l’activité politique. À leurs côtés, une société civile organisée composée d’une multitude de groupes d’intérêt divers et variés (syndicats, associations, etc.) agit en faisant pression sur les institutions disposant du pouvoir politique, grâce à diverses stratégies (influence, coopération, protestation) (document 8).

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L’activité des médias a elle aussi des répercussions sur la vie politique. Si l’impact n’est que limité sur le comportement électoral, en revanche, le traitement médiatique d’un certain nombre de sujets peut avoir des conséquences sur la perception qu’en a le public. Ont été ainsi mis en évidence l’existence d’effets de mise sur agenda, d’effets de cadrage et d’effets d’amorçage (document 9)

Documents et exercices

Document 1. Qu'est ce qu'une relation de pouvoir ?

Facile

Michel Crozier, sociologue français contemporain, s’est intéressé au début des années 1960 à l’organisation de la SEITA (entreprise publique française productrice de tabac, aujourd’hui remplacée par Altadis). Il observe les relations entre différents groupes professionnels : les ouvrières de production, les ouvriers d’entretien (chargés entre autres de réparer les machines) et les chefs d’atelier*.

Michel Crozier s’emploie à montrer que les relations entre ces trois groupes professionnels sont des relations de pouvoir dont la manifestation la plus aiguë est produite par l’événement qui les met fonctionnellement en rapport, à savoir les pannes. Celles-ci constituent le seul événement important qui ne peut être prévu à l’avance et pour lequel on n’est pas complètement parvenu à élaborer des règles impersonnelles impératives.

Par ailleurs, de par la compétence technique qu’ils détiennent, les ouvriers d’entretien sont les seuls, au sein de l’atelier, à pouvoir traiter cet événement. Les ouvrières de production et les chefs d’atelier sont donc dépendants de leur bon vouloir. De plus, les règles existantes viennent encore renforcer cette dépendance dans la mesure où elles prévoient que si la panne dure plus d’un certain temps, les ouvrières seront affectées à des tâches de manutention rétribuées à un salaire inférieur. II en résulte un climat d’incertitude, d’autant plus important que l’on se situe dans un univers où tout est, par ailleurs, prévu dans les moindres détails. Les seuls susceptibles de tirer profit de ces incertitudes sont les ouvriers d’entretien qui disposent, dès lors, d’une source de pouvoir non négligeable. En effet, les ouvrières de production, mais aussi les chefs d’atelier, vont s’efforcer d’obtenir d’eux le meilleur traitement possible. Les relations hiérarchiques habituelles s’en trouvent court-circuitées.

Source : Claudette LAFAYE, La sociologie des organisations, Paris, Nathan, 1996.

*Note de l’auteure

Questions : 

 

1. En situation routinière (habituelle), qui a la possibilité de se faire obéir de qui ?

2. Comment se transforme la relation dans le cas de pannes ? Qui détient alors le pouvoir ? Pourquoi ?

3. Pourquoi peut-on dire que le pouvoir peut être considéré comme une relation ? Quelles sont les caractéristiques de cette relation ?

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1. En situation routinière (habituelle), qui a la possibilité de se faire obéir de qui ?

En situation routinière, ce sont les chefs d’atelier qui ont la possibilité de se faire obéir des ouvriers et ouvrières.

2. Comment se transforme la relation dans le cas de pannes ? Qui détient alors le pouvoir ? Pourquoi ?

En cas de pannes, les relations hiérarchiques habituelles sont perturbées. Ce sont les ouvriers d’entretien qui détiennent le pouvoir car ce sont les seuls qui disposent de la compétence technique nécessaire aux réparations. Les deux autres groupes (chefs d’atelier et ouvrières de production) deviennent dépendants des ouvriers d’entretien.

3. Pourquoi peut-on dire que le pouvoir peut être considéré comme une relation ? Quelles sont les caractéristiques de cette relation ?

Le pouvoir peut être considéré comme une relation déséquilibrée entre des individus ou des groupes, un ou plusieurs d’entre eux disposant de la possibilité de se faire obéir des autres.

Document 2. Quelles activités peuvent être considérées comme politiques ?

Facile

L’étymologie grecque indique une référence [au mot « politique »] : ce qui touche à la Cité c’est-à-dire, par extension, ce qui désigne le gouvernement du groupe […].

Comme adjectif le mot politique entre dans une série d’oppositions éclairantes : décision politique/décision technique, ou encore : institution politique/institution administrative mais aussi promotion politique/promotion fondée sur le mérite. Dans l’ordre international surtout, on notera l’antinomie : solution politique/solution militaire et, plus largement, solution de force. Tous ces emplois montrent que le terme renvoie à une activité spécialisée de représentants ou de dirigeants d’une collectivité publique, et, tout particulièrement, de l’État.

Comme substantif, le mot fonctionne au féminin aussi bien dans le langage courant que dans le langage savant. On peut passer en revue diverses significations banales :

  • La politique comme espace symbolique de compétition entre les candidats à la représentation du peuple (entrer en politique)
  • La politique comme activité spécialisée (faire de la politique) 
  • La politique comme ligne de conduite, c’est-à-dire enchaînement de prises de positions et séquence cohérente d’actions et de comportements (la politique gouvernementale…) 
  • Une politique (publique), par dérivation du sens précédent, désigne cette activité délibérée appliquée à un objet particulier (la politique de santé, du logement…). Au masculin, le substantif est d’usage plus restreint, demeurant surtout l’apanage de la littérature scientifique. Le politique renvoie à ce champ social dominé par des conflits d’intérêts régulés par un pouvoir lui-même monopolisateur de la coercition légitime.

Source : Philippe BRAUD, Sociologie politique, Paris, LGDJ, 2000 (5ème édition).

Questions : 

1. En quoi peut consister la « coercition légitime » ?

2. Comment peut s’exercer, dans un État moderne, cette « coercition légitime » ?

3. D’après les éléments apportés par le texte, quelles caractéristiques doit avoir une activité pour être considérée comme politique ?

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1. En quoi peut consister la « coercition légitime » ?

La coercition désigne la possibilité pour un individu ou un groupe de se faire obéir des autres par la contrainte. La coercition est considérée comme légitime lorsqu’elle est reconnue et acceptée dans une société donnée.

2. Comment peut s’exercer, dans un État moderne, cette « coercition légitime » ?

Dans un État moderne, la coercition légitime prend la forme de l’appareil de maintien de l’ordre et de l’appareil judiciaire. Les forces de l’ordre et les tribunaux voient leurs décisions acceptées dans la mesure où ils font appliquer des règles qui ont été adoptées dans des conditions reconnues comme conformes au droit. Ainsi, les tribunaux peuvent légitimement décider de l’emprisonnement d’un individu, dans la mesure où cette décision de relève pas de l’arbitraire, mais se fait en vertu de l’application de règles juridiques précises.

Document 3 Quelques extraits de la Constitution de la Cinquième République française.

Facile

 


Titre II : Le Président de la République

Article 5: Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités.

Article 6: Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs […].

Article 8: Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur la proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions.

Article 10: Le Président de la République promulgue les lois dans les quinze jours qui suivent la transmission au Gouvernement de la loi définitivement adoptée. Il peut, avant l'expiration de ce délai, demander au Parlement une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette nouvelle délibération ne peut être refusée.

Article 11 : Le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux assemblées, publiées au Journal officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent, ou tendant à autoriser la ratification d'un traité qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des incidences sur le fonctionnement des institutions.

Article 12 : Le Président de la République peut, après consultation du Premier ministre et des Présidents des Assemblées, prononcer la dissolution de l'Assemblée nationale […].

Titre III : Le Gouvernement

Article 20: Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. Il dispose de l'administration et de la force armée. Il est responsable devant le Parlement dans les conditions et suivant les procédures prévues aux articles 49 et 50.

Article 21: Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement. Il est responsable de la Défense nationale. Il assure l'exécution des lois […].

Titre IV : Le Parlement

Article 24: Le Parlement vote la loi. Il contrôle l'action du Gouvernement. Il évalue les politiques publiques. 
Il comprend l'Assemblée nationale et le Sénat :

  • Les députés à l'Assemblée nationale, dont le nombre ne peut excéder cinq cent soixante-dix-sept, sont élus au suffrage direct. 
  • Le Sénat, dont le nombre de membres ne peut excéder trois cent quarante-huit, est élu au suffrage indirect. Il assure la représentation des collectivités territoriales de la République […].

Titre V : Des rapports entre le Parlement et le Gouvernement 

Article 39: L'initiative des lois appartient concurremment au Premier ministre et aux membres du Parlement […].

Article 45: Tout projet ou proposition de loi est examiné successivement dans les deux Assemblées du Parlement en vue de l'adoption d'un texte identique […].

Lorsque, par suite d'un désaccord entre les deux Assemblées, un projet ou une proposition de loi n'a pu être adopté après deux lectures par chaque Assemblée ou, si le Gouvernement a décidé d'engager la procédure accélérée sans que les Conférences des présidents s'y soient conjointement opposées, après une seule lecture par chacune d'entre elles, le Premier ministre ou, pour une proposition de loi, les présidents des deux assemblées agissant conjointement, ont la faculté de provoquer la réunion d'une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion.

Le texte élaboré par la commission mixte peut être soumis par le Gouvernement pour approbation aux deux Assemblées. Aucun amendement n'est recevable sauf accord du Gouvernement.

Si la commission mixte ne parvient pas à l'adoption d'un texte commun ou si ce texte n'est pas adopté dans les conditions prévues à l'alinéa précédent, le Gouvernement peut, après une nouvelle lecture par l'Assemblée nationale et par le Sénat, demander à l'Assemblée nationale de statuer définitivement. En ce cas, l'Assemblée nationale peut reprendre soit le texte élaboré par la commission mixte, soit le dernier texte voté par elle, modifié le cas échéant par un ou plusieurs des amendements adoptés par le Sénat.

Article 49: Le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage devant l'Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement sur son programme ou éventuellement sur une déclaration de politique générale.

L'Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une telle motion n'est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l'Assemblée nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu'à la majorité des membres composant l'Assemblée […].

Le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale sur le vote d'un projet de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l'alinéa précédent. Le Premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session […].

Article 50: Lorsque l'Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu'elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du Gouvernement, le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement.

Source : Constitution de la Cinquième République, (3 avril 2019). [consulté le 23 mai 2019]

Questions : 

1. Cliquez iciCe lien vous permet d’accéder au texte de la Constitution de la Quatrième République française. Comparez l’ordre des titres à celui de la Constitution de la Cinquième République. Qu’en déduisez-vous quant à l’évolution du statut des différentes institutions politiques entre la Quatrième et la Cinquième République ?

2. Montrez en quoi le Président de la République peut être considéré comme l’institution politique centrale de la Cinquième République.

3. Montrez en quoi les pouvoirs du Parlement sont particulièrement encadrés sous la Cinquième République.

4. Remplissez le tableau suivant à l’aide des informations fournies par le document :

    Voir la correction

    1. Cliquez sur le lien suivant : https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-constitutions-dans-l-histoire/constitution-de-1946-ive-republique. Ce lien vous permet d’accéder au texte de la Constitution de la Quatrième République française. Comparez l’ordre des titres à celui de la Constitution de la Cinquième République. Qu’en déduisez-vous quant à l’évolution du statut des différentes institutions politiques entre la Quatrième et la Cinquième République ?

    Sous la Cinquième République, le titre consacré au Président de la République précède le titre consacré au Gouvernement, qui lui-même précède le titre consacré au Parlement.

    Sous la Quatrième République, le titre consacré au Parlement est le deuxième, celui consacré au Président de la République est le cinquième, le titre consacré au Conseil des ministres (l’équivalent du Gouvernement sous la Cinquième République) est le sixième. Sous la Quatrième République, le Parlement apparaît comme l’institution la plus importante.

    Sous la Cinquième République, c’est le Président de la République qui semble avoir la place prépondérante, devant le Gouvernement, qui lui-même se voit traité avant le Parlement. Il apparaît que la Cinquième République réhabilite le rôle des organes exécutifs, au détriment de l’organe législatif.

    2. Montrez en quoi le Président de la République peut être considéré comme l’institution politique centrale de la Cinquième République.

    Le Président de la République apparaît comme l’institution politique centrale de la Cinquième République.

    • En premier lieu, il assure les fonctions traditionnelles de chef de l’État : il est le garant de la Constitution, de l’indépendance nationale, il assure la continuité de l’État.
    • En second lieu, il dispose de pouvoirs importants sur le Gouvernement : il nomme le Premier ministre et les ministres, met fin à leurs fonctions.
    • En troisième lieu, il prend aussi l’ascendant sur le Parlement. Il peut dissoudre l’Assemblée nationale. Il dispose d’une légitimité démocratique très forte, puisqu’il est élu directement par les citoyens, à l’échelle de tout le territoire. Cela lui garantit une indépendance politique par rapport aux parlementaires, alors que, sous la Quatrième République, il était élu par eux. Il peut enfin proposer des projets de lois à référendum, ce qui lui permet concrètement de contourner les prérogatives du Parlement.

    3. Montrez en quoi les pouvoirs du Parlement sont particulièrement encadrés sous la Cinquième République.

    Sous la Cinquième République, les pouvoirs du Parlement sont fortement encadrés.

    Cela apparaît à l’article 45. Pour accélérer la procédure parlementaire d’examen des lois, le Gouvernement peut engager une procédure accélérée : après une lecture par chacune des chambres parlementaires, une commission mixte paritaire (composée d’autant de députés que de sénateurs) est réunie en vue d’élaborer un texte commun et le texte est soumis au vote des deux Assemblées. Si aucun texte n’est adopté par la commission mixte paritaire, le Gouvernement peut demander à l’Assemblée nationale de statuer définitivement.

    L’article 49 prévoit d’autres moyens encore plus expéditifs pour permettre au Gouvernement d’accélérer le processus législatif. Il s’agit d’engager la responsabilité du Gouvernement sur un texte devant l’Assemblée nationale. Cela consiste à proposer à l’Assemblée nationale un choix radical : adopter le texte présenté par le Gouvernement, tel qu’il est, ou aboutir à la démission du Gouvernement tout entier. Il s’agit d’une forme de « chantage » qui réduit considérablement les marges de manœuvre des parlementaires en matière d’élaboration des lois.

    4. Remplissez le tableau suivant à l’aide des informations fournies par le document :

    Document 4 : Qu’appelle-t-on « séparer les pouvoirs » ?

    Facile

    Née dans les conflits constitutionnels de l’Europe du XVIIème siècle, la séparation des pouvoirs passionne les révolutions de la fin XVIIIème siècle aux États-Unis et en France, et inspire notamment l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de constitution ». Autrement dit, pour être valable, une constitution doit assurer une séparation des pouvoirs.

    L’origine de la séparation des pouvoirs est la description faite par Locke de la constitution anglaise. Dans L’esprit des lois, Montesquieu en fait une théorie générale qui permet de découvrir des principes applicables à toute constitution. Il part d’une conception pessimiste de la relation de l’homme au pouvoir : « c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites ». L’enjeu est donc de limiter le gouvernement, de faire en sorte qu’il se trouve modéré afin de préserver la liberté : « la liberté politique ne se trouve que dans les gouvernements modérés ». Or précise Montesquieu, « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir ». Montesquieu en observant le fonctionnement de l’Etat remarque qu’ « il y a, dans chaque État, trois sortes de pouvoir » :

    • la puissance législative
    • la puissance exécutrice
    • la puissance judiciaire

    Pour assurer la liberté, il faut que chaque puissance soit séparée l’une de l’autre et puisse ainsi s’équilibrer et se contrebalancer.

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    La théorie de la séparation des pouvoirs est donc une doctrine constitutionnelle qui divise le pouvoir de l’État en trois grandes fonctions (législative, exécutive et judiciaire) afin d’éviter qu’une seule autorité les cumule toutes. Le pouvoir législatif correspond à la puissance suprême dans l’Etat, celle de faire les lois. Le pouvoir exécutif est l’autorité qui fait exécuter la loi. Le pouvoir judicaire assure la sécurité des citoyens en jugeant la transgression de la loi : le juge ne crée pas la loi, il n’est pour Montesquieu que « la bouche de la loi ». La séparation de ces trois fonctions assure un équilibre entre les pouvoirs. Elle évite les dérives despotiques d’un gouvernement et garantit l’indépendance de la justice.

    Selon Montesquieu, la séparation des pouvoirs concerne les fonctions de l’État, mais pas les organes de l’État. Il faut donc se prémunir de l’ambivalence de la notion de pouvoir. Ce mot peut en effet renvoyer à un organe de l’État (le Parlement, le Gouvernement). Mais dans l’esprit de Montesquieu, le mot pouvoir ne renvoie pas à un organe, mais à une fonction, autrement dit à une faculté d’action permettant à l’État par exemple d’adopter une loi ou de la faire appliquer. Par exemple, en France sous la Vème République, le Gouvernement peut faire un projet de loi et le soumettre au Parlement. Deux organes, le Gouvernement et le Parlement, concourent donc au pouvoir législatif, mais celui-ci est bien séparé de l’exécutif, car le Président de la République, a lui seul, le pouvoir de promulguer les lois (art.10 C). La séparation des fonctions n’entraîne pas la suppression de relations entre les différents organes et à leur concours à la fonction à titre accessoire.

    Ainsi, la séparation des pouvoirs permet différentes répartitions des fonctions entre les organes de l’État. Selon que cette séparation est stricte ou souple, il est possible de distinguer deux régimes principaux :

    • le régime présidentiel 
    • le régime parlementaire.

    Le régime présidentiel se fonde sur une stricte séparation des pouvoirs, exécutif, législatif, et judiciaire. Le régime présidentiel par excellence est celui des Etats-Unis d’Amérique. Le pouvoir exécutif est entre les mains du chef de l’État, à savoir le Président, qui n’est pas responsable devant le Parlement. Par conséquent, le Gouvernement ne peut pas être renversé par lui. De la même manière, le pouvoir exécutif n’a pas la capacité de dissoudre le Parlement. Quant au pouvoir judiciaire, il joue un rôle particulièrement important et peut être amené à arbitrer les différends entre les deux autres pouvoirs.

    Le régime parlementaire se fonde au contraire sur une séparation souple des pouvoirs. Le Gouvernement qui incarne le pouvoir exécutif, peut être renversé par le Parlement devant lequel il est politiquement responsable. Les membres du gouvernement ne sont pas élus, mais issus de la majorité parlementaire. Le pouvoir de renversement peut être réciproque lorsque l’exécutif dispose du pouvoir de dissoudre le parlement, ce qui incite les deux pouvoirs à collaborer. Lorsque c’est le cas, c’est-à-dire si le Gouvernement est responsable à la fois devant le Parlement et devant le président, on qualifie le régime parlementaire de dualiste (la France notamment, mais aussi la Russie). En revanche, le régime parlementaire est moniste si le Gouvernement n’est responsable que devant le Parlement ([…] Japon, Inde, Canada par exemples).

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    Source : site Le Politiste, http://www.le-politiste.com/la-theorie-de-la-separation-des/ [consulté le 4 avril 2019]

    Questions : 

    1. Selon le texte, à quelle période historique émerge la notion de « séparation des pouvoirs » ?

    2. Quels sont les trois pouvoirs décrits par Montesquieu ?

    3. Pourquoi ne faut-il pas confondre « fonction » et « organe » ?

    4. Selon Montesquieu, en quoi consiste la séparation des pouvoirs ?

    1. Selon Montesquieu, pourquoi faut-il séparer les pouvoirs ?

    2. Expliquez la phrase en caractère gras

    3. Montrez, à l’aide du document 3, que la séparation des pouvoirs sous la Cinquième République peut être qualifiée de « souple ».

    4. Remplissez, à partir des informations fournies par le texte, le tableau suivant :

    Voir la correction

    1. Selon le texte, à quelle période historique émerge la notion de « séparation des pouvoirs » ?

    La notion de « séparation des pouvoirs » émerge au XVIIème siècle.

    2. Quels sont les trois pouvoirs décrits par Montesquieu ?

    • Pouvoir législatif : pouvoir de faire les lois.
    • Pouvoir exécutif : pouvoir de faire exécuter la loi.
    • Pouvoir judiciaire : pouvoir de punir les transgressions à la loi.

    3. Pourquoi ne faut-il pas confondre « fonction » et « organe » ?

    Un organe est une instance spécifique (le Parlement, le Gouvernement). Une fonction est une capacité d’action.

    4. Selon Montesquieu, en quoi consiste la séparation des pouvoirs ?

    Pour Montesquieu, séparer les pouvoirs consiste à éviter que les trois pouvoirs soient confiés à un seul et même organe.

    5. Selon Montesquieu, pourquoi faut-il séparer les pouvoirs ?

    Selon Montesquieu, il faut séparer les pouvoirs car sinon, une autorité disposant de l’entièreté de ceux-ci en abuserait. Il faut que « le pouvoir arrête le pouvoir » : en séparant les pouvoirs entre différents organes, chaque organe va s’assurer que les autres n’outrepassent pas leurs attributions.

    6. Expliquez la phrase soulignée.

    Séparer les pouvoirs signifie qu’un organe ne doit pas exercer tous les pouvoirs. Cela ne signifie pas confier un pouvoir à un organe exclusivement. Un pouvoir peut être exercé conjointement par plusieurs organes, tout comme un organe peut exercer l’entièreté d’un pouvoir et intervenir ponctuellement dans l’exercice d’un autre.

    7. Montrez, à l’aide du document 3, que la séparation des pouvoirs sous la Cinquième République peut être qualifiée de « souple ».

    -Gouvernement et Parlement disposent conjointement de l’initiative législative

    -Le Gouvernement est responsable devant le Parlement. Il émane de la majorité à l’Assemblée nationale. Il peut être renversé suite au rejet de la confiance ou au vote d’une motion de censure par l’Assemblée nationale

    -L’Assemblée nationale peut être dissoute par le Président de la République

    8. Remplissez, à partir des informations fournies par le texte, le tableau suivant :

    Document 5 Quels effets ont les différents modes de scrutin sur la vie politique ?

    Facile

    Résultats du premier tour des élections législatives de 2017 dans le département de l’Oise*

    Questions : 

    1. Si le mode de scrutin est uninominal majoritaire à un tour (comme pour les élections générales au Royaume-Uni [équivalent des élections législatives en France]), quels seront les résultats obtenus ?

    • Remplissez le tableau suivant en notant le parti du candidat vainqueur dans chaque circonscription :

    • Remplissez le tableau suivant avec le nombre de sièges emportés par chaque parti sur le département

    2. Si le mode de scrutin est le scrutin de liste à la proportionnelle dans le cadre du département (7 sièges étant donc à pourvoir) et si les suffrages obtenus par chaque parti sont ceux que ses candidats auraient obtenus dans un scrutin uninominal majoritaire, calculez le nombre de sièges obtenus par chacun des partis (dans le cadre d’une proportionnelle aux plus forts restes, car il existe aussi une répartition proportionnelle à la plus forte moyenne, que nous n’aborderons pas).

    • Remplissez le tableau suivant avec le nombre de voix obtenues par chaque parti sur l’ensemble du département :

    • Calculez le quotient électoral (sachant que QE = nombre de suffrages exprimés/nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription)
    • Effectuez la première répartition du nombre de sièges par parti

    Déterminez combien de fois chaque parti a obtenu le quotient électorat (divisez le nombre de voix obtenues par chaque parti par le quotient électoral). Prenez uniquement l’entier naturel qui résulte du calcul, cela vous donne le nombre de sièges obtenus dans un premier temps par chaque parti :

    Combien de sièges avez-vous répartis pour l’instant ? Combien de sièges vous reste-t-il à répartir ?

    Déterminez le plus fort reste grâce à la formule suivante :

    Nombre total de voix obtenues par le parti – (nombre de sièges obtenus par le parti lors de la première répartition x quotient électoral)

    Répartissez vos sièges restés vacants aux partis ayant les plus forts restes.

    Remplissez le tableau suivant avec les résultats finaux pour chaque parti. Pour chaque parti, additionnez le nombre de sièges obtenus à la première répartition et à la seconde. Normalement, le total des sièges obtenus par tous les partis doit être égal au nombre de sièges à pourvoir (ici, 7). Sinon, vous vous êtes trompé(e) !

    4. Comparez les résultats obtenus dans le département par chacun des partis en lice, selon le mode de scrutin utilisé. Quels sont les effets du scrutin majoritaire ? Quels sont les effets de la représentation proportionnelle ?

    Voir la correction

    1. Si le mode de scrutin est uninominal majoritaire à un tour (comme pour les élections générales au Royaume-Uni [équivalent des élections législatives en France]), quels seront les résultats obtenus ?

    • Remplissez le tableau suivant avec le parti du candidat vainqueur dans chaque circonscription :

    • Remplissez le tableau suivant avec le nombre de sièges emportés par chaque parti sur le département

    2. Si le mode de scrutin est le scrutin de liste à la proportionnelle dans le cadre du département (7 sièges étant donc à pourvoir) et si les suffrages obtenus par chaque parti sont ceux que ses candidats auraient obtenus dans un scrutin uninominal majoritaire, calculez le nombre de sièges obtenus par chacun des partis (dans le cadre d’une proportionnelle aux plus forts restes, car il existe aussi une répartition proportionnelle à la plus forte moyenne, que nous n’aborderons pas).

    • Remplissez le tableau suivant avec le nombre de voix obtenues par chaque parti sur l’ensemble du département :

    • Calculez le du quotient électoral (sachant que QE = nombre de suffrages exprimés/nombre de sièges à pourvoir dans la circonscription)

    214 648/7 = 30 664

    • Effectuez la première répartition du nombre de sièges par parti

    Déterminez COMBIEN DE FOIS chaque parti a obtenu le quotient électorat (divisez le nombre de voix obtenues par chaque parti par le quotient électoral). Prenez uniquement l’ENTIER NATUREL qui résulte du calcul, cela vous donne le nombre de sièges obtenus DANS UN PREMIER TEMPS par chaque parti :

    Combien de sièges avez-vous répartis pour l’instant ? 5

    Combien de sièges vous reste-t-il à répartir ? 2

    • Déterminez le plus fort reste grâce à la formule suivante :

    Nombre total de voix obtenues par le parti – (nombre de sièges obtenus par le parti lors de la première répartition x quotient électoral)

    Répartissez vos sièges restés vacants aux partis ayant les plus forts restes : un siège de plus pour le Front national, un siège pour la France Insoumise.

    • Remplissez le tableau suivant avec les résultats finaux pour chaque parti

    Pour chaque parti, additionnez le nombre de sièges obtenus à la première répartition et à la seconde. Normalement, le total des sièges obtenus par tous les partis doit être égal au nombre de sièges à pourvoir (ici, 7). Sinon, vous vous êtes trompé(e) !

    3. Comparez les résultats obtenus dans le département par chacun des partis en lice, selon le mode de scrutin utilisé. Quels sont les effets du scrutin majoritaire ? Quels sont les effets de la représentation proportionnelle ?

    Le scrutin majoritaire dégage une majorité très claire en faveur de la République En Marche et défavorise les plus « petits » partis.

    La représentation proportionnelle permet une meilleure représentativité des élus mais ne permet pas de dégager de majorité claire.

    Document 6

    Facile

    Le scrutin majoritaire uninominal à un tour : il invite les électeurs à voter utile et tend à éliminer les partis « tiers ». Il valorise les deux formations les plus puissantes en favorisant la concentration des suffrages sur les deux principaux partis et en renforçant généralement leur représentation en sièges. Le bipartisme, soit la présence de deux partis dominant la scène politique, est donc lié à ce mode de scrutin mais n’y conduit pas systématiquement. L’Inde connaît un parti longtemps dominant (le parti du Congrès) et une multitude de petits partis qui exprime le morcellement et les divisions de la société.

    a

    Le scrutin majoritaire uninominal à deux tours : le principe de ce mode de scrutin est que chacun se compte au premier tour. Au second, l’intérêt est d’appliquer entre partis des accords de désistement réciproque et systématique en faveur du candidat arrivé en tête au premier tour (voire une candidature unique dès le premier tour). Ce mode de scrutin privilégie donc la conclusion d’alliances […].

    Dès lors, ce mode de scrutin favorise les regroupements et structure le système de partis en deux pôles opposés. Ceci n’exclut pas l’apparition de forces politiques situées hors de ces deux blocs et qui, sans alliés ne risquent pas d’être représentés mais pour lesquels les électeurs votent quand même… Le vote « inutile » pour des extrêmes est souvent l’expression d’une contestation du système politique […].

    La représentation proportionnelle favorise la fragmentation politique mais n’est pas toujours synonyme de multipartisme et d’instabilité politique. Dans la mesure où les formations politiques se présentent chacune sous leurs propres couleurs et n’ont donc pas d’intérêt à s’allier, […] la représentation proportionnelle favorise en principe la fragmentation […]. [Mais] malgré la proportionnelle, l’Autriche connaît […] depuis 1919 deux grands partis, le parti socialiste et le parti populaire et un petit parti libéral. En Allemagne où le système « mixte » est à dominante proportionnelle, la situation est analogue.

    Source : Dominique CHAGNOLLAUD, Science politique, Paris, Dalloz, 2010 (7ème édition).

    Questions : 

    1. Qu’appelle-t-on « voter utile » ?

    2. Qu’appelle-t-on « bipartisme » et « multipartisme » ?

    3. Résumez les informations apportées par les documents 6 et 7 dans le tableau suivant :

    Voir la correction

    1. Qu’appelle-t-on « voter utile » ?

    On appelle « voter utile » la tendance qu’ont les électeurs à choisir un parti ou un candidat qui n’est pas celui qu’ils préfèrent, mais celui le plus proche de leurs idées ayant une chance d’accéder au second tour ou de l’emporter.

    2. Qu’appelle-t-on « bipartisme » et « multipartisme » ?

    Le bipartisme est un système dans lequel la vie politique est dominée par deux grands partis politiques.

    Le multipartisme est un système caractérisé par l’existence de nombreux partis.

    3. Résumez les informations apportées par les documents 6 et 7 dans le tableau suivant :

    Document 7. Qu’est-ce qu’un parti politique ?

    Facile
    1. Les partis sont des organisations, relativement stables, qui mobi­lisent des soutiens en vue de participer directement à l'exercice du pouvoir politique au niveau central et/ou local.

    Cette définition renvoie à un certain nombre d'éléments constitutifs déjà largement analysés par diverses écoles scientifiques.

    Organisations, les partis relèvent donc de la notion d'entreprise politique (Weber, Schumpeter). Cela veut dire que des individus mettent en commun des ressources pour agir sur la scène politique. Ces entreprises se donnent un minimum d'institutionnalisation, ce qui conduit à attirer l'attention sur leurs structures juridiques (Duverger).

    Les partis ont une ambition de mobilisation (Oberschall). Ils cherchent en effet à s'imposer comme représentatifs d'une population, ou porteurs d'un projet de société, d'une « grande cause »... Il leur faut donc travailler à faire partager la justesse de leurs vues, convaincre de la valeur de leurs objectifs ou de leur programme. Ce faisant, ils entrent en compétition les uns avec les autres, tout au moins dans les régimes pluralistes. Ils se heurtent aussi à la concurrence d'autres formes d'organisations : syndicales, religieuses, culturelles, etc.

    Les partis se spécifient enfin en ce que leur action est orientée vers l'accès aux institutions politiques. Ils veulent y exercer le pouvoir, seuls ou coalisés avec d'autres. À l'époque moderne, il existe un lien privilégié entre cette activité globale et l'institution du suffrage universel comme mode de désignation des gouvernants. Choisir des candidats, tenter de les faire élire, soutenir et orchestrer leur action, telles sont quelques-unes des fonctions les plus visiblement propres aux partis.

    Source : Philippe BRAUD, Sociologie politique, Paris, L.G.D.J., 2000 (5ème édition)

    Questions : 

    1. D’après le texte, quelles sont les principales caractéristiques des partis politiques ?

    2. Remplissez le tableau suivant :

    a

    Voir la correction

    1. D’après le texte, quelles sont les principales caractéristiques des partis politiques ?

    Les partis politiques sont des organisations plutôt stables, qui ont pour but d’obtenir le soutien de la population de manière à accéder aux postes de pouvoir politique.

    2. Remplissez le tableau suivant :

    Document 8 Comment la société civile organisée contribue-t-elle à la vie politique ?

    Facile

    a

    Questions : 

    1. Montrez qu’une même organisation peut recourir à différentes stratégies pour infléchir l’action des pouvoirs publics dans un sens favorable à sa cause.

    2. Remplissez le tableau suivant :

    Voir la correction

    1. Montrez qu’une même organisation peut recourir à différentes stratégies pour infléchir l’action des pouvoirs publics dans un sens favorable à sa cause.

    Dans le cas de Greenpeace, nous voyons bien qu’il peut y avoir mobilisation, selon les cas, soit d’une stratégie d’influence soit d’une stratégie de protestation.

    D’autres cas d’hybridation existent. Par exemple, du temps de la cogestion de la politique agricole entre les syndicats agricoles et le ministère de l’Agriculture, la FNSEA pouvait à la fois pratiquer la coopération, tout en gardant la possibilité de recourir à la protestation (déversement de purin devant les préfectures, saccages de camions de fruits venant d’Espagne) et à l’influence (lobbying intense, notamment sur les élus locaux).

    2. Remplissez le tableau suivant :

    Document 9 Les médias font-ils l’élection ?

    Facile

    On a longtemps cru que les médias étaient tout-puissants dans les campagnes électorales. Cela venait de croyances relatives à la propagande du début et de la moitié du XXème siècle. Quand les premières études « scientifiques » ont commencé à se développer sous l’impulsion de Paul Lazarsfeld et son équipe (1944), on s’est rendu compte que les médias n’avaient que des effets limités en termes d’influence directe sur le comportement électoral.

    a

    Paradoxalement, c’est au moment où la propagande nazie donnait à plein qu’on s’est rendu compte que les effets des médias n’étaient que limités dans les démocraties représentatives comme les États-Unis. Il est apparu que l’électeur était politiquement avant tout comme il était socialement.

    Mais, à partir des années 1970, on a déplacé la question en s’intéressant plus particulièrement aux effets indirects des médias et, plus précisément, à leurs effets cognitifs, c’est-à-dire sur les connaissances et les représentations des électeurs. Ainsi a-t-on pu mettre en évidence des effets dits d’agenda par lesquels les médias désignent au public les problèmes qu’il doit considérer comme prioritaires.

    D’autre part, des effets de cadrage ont été repérés par lesquels les médias construisent les objets politiques (les hommes, les programmes, les partis, etc…) et donc formatent les perceptions publiques. On a même décelé des effets d’amorçage par lesquels l’information des médias dictent les critères à utiliser pour évaluer les candidats ou les situations politiques […].

    Source : Jacques Gerstlé, « Les médias font-ils l’élection ? », slate.fr, 17 mars 2017. [consulté le 5 avril 2019]

    Questions : 

    1. Expliquez la phrase en caractère gras.

    2. Quels effets peuvent avoir les médias sur les élections ?

    Voir la correction

    1. Expliquez la phrase en caractère gras ?

    La phrase soulignée signifie que Paul Lazarsfeld et son équipe ont montré que le vote était plus influencé par les caractéristiques sociales de l’individu (âge, sexe, profession, religion, etc.) que par les médias.

    2. Quels effets peuvent avoir les médias sur les élections ?

    Les médias ont plutôt des effets indirects sur les élections. En premier lieu, ils peuvent avoir un effet de mise sur agenda : ils tendent à sélectionner les thématiques sur lesquelles ils font porter leur attention, réalisant ainsi un « filtrage » des enjeux politiques du moment. Par exemple, on peut penser que le traitement médiatique régulier des questions climatiques peut avoir particulièrement sensibilisé la population à ces enjeux, et, pourquoi pas, en avoir fait un enjeu saillant lors d’élections (on peut penser notamment à la forte poussée des partis écologistes aux élections européennes de 2019).

    En second lieu, les médias peuvent avoir un effet de cadrage. Leur manière de traiter un sujet semble avoir une influence sur la façon dont le public le perçoit. Ainsi, la pauvreté peut être traitée soit comme le résultat de défaillances individuelles, soit comme un problème social structurel demandant la mise en place de politiques actives.

    Enfin, les médias génèrent parfois un effet d’amorçage. Ils peuvent influencer les critères de jugement du public. Ainsi, un des enjeux de la campagne présidentielle de 2017 en France a été de faire du premier tour la sélection du candidat le plus susceptible de battre Marine Le Pen, dont la présence au second tour ne faisait aucun doute. Les autres candidats ont donc eu tendance à être évalués à l’aune de cette dimension, ce qui a favorisé le « vote utile » au premier tour.

    Exercice 1: Activités politiques

    Facile

    Remplissez le tableau suivant (avec une croix pour les colonnes « oui », « peut-être » et « non », en rédigeant pour la colonne « Justification »).

    Voir la correction

    Remplissez le tableau suivant (avec une croix pour les colonnes « oui », « peut-être » et « non », en rédigeant pour la colonne « Justification »).

    Exercice 2 : Le recours aux ordonnances sous la Cinquième République

    Difficile

    Après le code du travail, c’est la SNCF que le Gouvernement a choisi de réformer par ordonnances […]. Cette méthode reste toutefois très controversée, car elle affaiblit la discussion parlementaire au détriment des choix de l’exécutif […].

    Pour comprendre, il faut rappeler deux principes :

    • La séparation des pouvoirs : le pouvoir législatif (Assemblée nationale et Sénat) n’a pas les mêmes prérogatives que le pouvoir exécutif (Gouvernement et Président de la République). La Constitution, dans son article 34, définit un « domaine de la loi » qui recouvre la très grande majorité des sujets de politique publique : les régimes de retraite, l’assurance-chômage, l’éducation, les impôts, l’immigration et les conditions d’octroi de la nationalité, la fiscalité des entreprises, les emplois publics, les sanctions pénales, le droit du travail, la défense nationale… Toute mesure prise sur ces sujets nécessite donc une loi, votée par les assemblées législatives.
    • La « hiérarchie des normes » : en droit français, il existe plusieurs types de textes qui n’ont pas la même valeur juridique. Un décret, pris par le pouvoir exécutif, ne peut en aucun cas être contraire à la loi, votée par le pouvoir législatif, qui lui est forcément supérieure. Au sommet de cette pyramide, la Constitution, à laquelle tous les textes de droit doivent être conformes.

    L’ordonnance, prévue à l’article 38 de la Constitution, peut être assimilée à un contournement de cette règle. Ce n’est pas une invention de la Vème République puisque des « décrets-lois » existaient déjà durant les IIIème et IVème Républiques (1870-1940 et 1946-1958). Concrètement, avec une ordonnance, le Parlement délègue son pouvoir de légiférer au Gouvernement. Ce dernier est donc autorisé à prendre, « pendant un délai limité », des mesures qui sont normalement du ressort du Parlement… sans passer par le Parlement […].

    Il ne faut toutefois pas considérer les ordonnances comme un pouvoir absolu du Gouvernement et encore moins du président de la République. Ce dernier a seulement le droit de les signer, ou pas, pour décider de leur entrée en vigueur. Son seul pouvoir est donc, en dernier ressort, de bloquer leur mise en application.

    Seul le Gouvernement peut prendre des ordonnances, et seulement avec l’autorisation préalable des assemblées législatives. Les parlementaires votent pour cela une « loi d’habilitation » pour déléguer leur pouvoir dans un domaine précis et pour une durée limitée.

    Mais même une fois appliquée, l’ordonnance doit forcément être « ratifiée », donc votée, par les députés et les sénateurs pour pouvoir devenir une loi. Pour cela, le Parlement, et donc l’Assemblée, fixe préalablement un délai que le Gouvernement doit obligatoirement respecter pour soumettre les mesures prises par ordonnance au vote. A défaut, l’ordonnance devient caduque.

    Il peut aussi arriver que les parlementaires ne la ratifient pas. L’ordonnance continue alors d’exister, mais elle reste un décret. Elle a donc une valeur inférieure à la loi (qu’elle soit déjà en vigueur ou votée par la suite). Autrement dit, l’Assemblée peut, même une fois l’ordonnance signée et ses mesures appliquées, en annuler les effets […].

    Source : Eléa Pommiers, « Gouverner par ordonnance, ça veut dire quoi ? », Le Monde, 28 avril 2017. [consulté le 5 avril 2019].

    Questions : 

    1. Pourquoi peut-on dire que les ordonnances sont une « entorse » au principe de la séparation des pouvoirs ?

    2. Quels sont les mécanismes qui garantissent tout de même une forme de contrôle du Parlement sur les ordonnances ?

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    1. Pourquoi peut-on dire que les ordonnances sont une « entorse » au principe de la séparation des pouvoirs ?

    Les ordonnances sont un mécanisme permettant au Gouvernement, organe exécutif, de légiférer en se passant du Parlement, qui « habilite » le Gouvernement à intervenir dans un domaine qui lui est normalement réservé. Le Gouvernement s’arroge donc une partie du pouvoir législatif dévolu traditionnellement au Parlement.

    2. Quels sont les mécanismes qui garantissent tout de même une forme de contrôle du Parlement sur les ordonnances ?

    En premier lieu, le Gouvernement ne peut décider de son seul chef d’intervenir dans le domaine réservé de la loi. Il faut pour cela une autorisation préalable du Parlement, par le biais d’une loi d’habilitation, qui définit précisément le thème sur lequel le Gouvernement peut intervenir et la durée de cette délégation de pouvoir.

    En second lieu, le Parlement doit « ratifier » les ordonnances pour que celles-ci acquièrent valeur de loi. Sinon, les ordonnances n’ont qu’une valeur de décret.

    Exercice 3 : Connaissez-vous bien les effets des modes de scrutin sur la vie politique ? Un « Vrai-faux » pour vous tester.

    Facile

    Répondez par « Vrai » ou « Faux » aux propositions suivantes. Justifiez vos réponses.

    Le scrutin majoritaire uninominal à un tour génère automatiquement le bipartisme.

    Le scrutin majoritaire à deux tours tend à favoriser les alliances.

    Le scrutin majoritaire à deux tours élimine les partis extrêmes.

    La représentation proportionnelle débouche automatiquement sur le multipartisme et une grande fragmentation politique.

    Le scrutin majoritaire tend à faire émerger des majorités stables tandis que la représentation proportionnelle favorise une plus grande instabilité politique.

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    1. Le scrutin majoritaire uninominal à un tour génère automatiquement le bipartisme.

    Faux.

    Si le scrutin majoritaire uninominal à un tour favorise le bipartisme, il ne le génère pas automatiquement. En Inde par exemple, aux côtés du parti dominant, le parti du Congrès, il existe tout un ensemble de petits partis. De même, au Royaume-Uni, ce mode de scrutin n’a pas empêché l’émergence de partis tiers, tels que les Lib-Dem ou UKIP.

    2. Le scrutin majoritaire à deux tours tend à favoriser les alliances.

    Vrai.

    Ce mode de scrutin favorise la conclusion d’alliances entre le premier et le second tour, voire, parfois, avant le premier tour (la « gauche plurielle » en 1997).

    3. Le scrutin majoritaire à deux tours élimine les partis extrêmes.

    Faux.

    Ce mode de scrutin n’empêche pas l’émergence de partis extrêmes qui incarnent souvent une forme de vote « anti-système ». Le cas du Front national, puis du Rassemblement national, en France, en est une bonne illustration.

    4. La représentation proportionnelle débouche automatiquement sur le multipartisme et une grande fragmentation politique.

    Faux.

    Ce mode de scrutin tend à favoriser le multipartisme, mais ne le génère pas automatiquement. En Autriche, l’utilisation de la représentation proportionnelle n’a pas empêché la vie politique de se structurer pendant longtemps autour de l’affrontement entre le parti socialiste et le parti populaire.

    5. Le scrutin majoritaire tend à faire émerger des majorités stables tandis que la représentation proportionnelle favorise une plus grande instabilité politique.

    Vrai.

    Le scrutin majoritaire, en accordant une « prime » aux partis et candidats arrivés en tête, permet généralement, quoique pas automatiquement, de faire émerger des majorités assez stables. Il existe pour autant des contre-exemples : ainsi, entre 1988 et 1993, la France a connu une période d’assez forte instabilité ministérielle, alors même qu’elle venait de revenir au principe du scrutin majoritaire à deux tours après avoir expérimenté la proportionnelle en 1986.

    De même, si la représentation proportionnelle tend à générer de l’instabilité politique (c’est par exemple le cas en Italie), cela n’est pas non plus automatique.

    Exercice 4 : Les actions de Greenpeace contre BP.

    Difficile

    La police britannique a arrêté le 20 mai 2019 les dix militants de Greenpeace qui avaient bloqué l'entrée du siège de BP à Londres pour réclamer au géant pétrolier l'arrêt de l'exploration pétrolière et gazière […]. Dans la journée, des militants de l'organisation écologiste avaient pris place dans cinq conteneurs, installés au cours de la nuit et équipés de nourriture, boissons, toilettes, lumière, livres et jeux pour permettre à leurs occupants de tenir au moins quelques jours. Des lettres formant les mots « Urgence climatique » ont également été accrochées sur les fenêtres par des militants descendus en rappel le long de l'immeuble de la major britannique, situé sur la très chic place St. James […].

    a

    Cette action est intervenue à la veille de l'assemblée générale annuelle de BP à Aberdeen, en Écosse, le 21 mai. Greenpeace souhaite que le groupe passe à des énergies purement renouvelables, ou cesse ses activités : « Nous bloquons le siège de BP parce qu'il n'est tout simplement pas possible de faire comme si de rien n'était », a déclaré Paul Morozzo, un militant qui avait pris place à l'intérieur d'un conteneur, cité dans un communiqué. « BP nourrit une urgence climatique qui menace des millions de vies et l'avenir du monde vivant. C'est scientifiquement prouvé : nous devons cesser de chercher de nouveaux gisements de pétrole et de gaz si nous voulons une planète vivable. BP doit faire le ménage ou dégager », a-t-il ajouté […].

    Source : « 10 militants de Greenpeace arrêtés lors d’une action contre le siège BP à Londres », Sciences et avenir, 21 mai 2019, [consulté le 23 mai 2019]

    Questions : 

    1. Quel est l’objectif que les militants de Greenpeace poursuivent en menant cette action ?

    2. À quelle stratégie se rattache cette action : l’influence, la protestation ou la coopération ? Justifiez votre réponse.

    Voir la correction

    1. Quel est l’objectif que les militants de Greenpeace poursuivent en menant cette action ?

    Les militants de Greenpeace cherchent à faire pression sur l’entreprise BP pour qu’elle cesse de pratiquer l’exploration pétrolière et gazière.

    2. À quelle stratégie se rattache cette action : l’influence, la protestation ou la coopération ? Justifiez votre réponse.

    Cette action se rattache à la stratégie de protestation. Les militants de Greenpeace recourent à l’action directe pour infléchir la position de BP et interpeller l’opinion publique.

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