Pierre Bourdieu (1930-2002), sociologue français. Bourdieu mobilise le concept de « champ » qui renvoie à un ensemble d’activités sociales pour montrer qu’à l’intérieur de chaque champ les agents sont en lutte pour acquérir une position dominante. Selon Bourdieu, les rapports de domination portent sur des enjeux symboliques bien plus qu’économiques. Ainsi dans le champ culturel, les classes favorisées cherchent à imposer leurs pratiques culturelles comme étant les pratiques légitimes, ce qui leur permet d’assurer la reproduction de l’ordre social. Selon Bourdieu, la légitimation de la culture dite « savante » relève d’un arbitraire culturel. L’espace social est alors découpé en culture légitime et culture illégitime et une logique de distinction et d’imitation se met en place entre les différentes classes sociales. Les différents styles de vie sont hiérarchisés comme les groupes sociaux dont ils ne sont que le reflet.
Ernst Engel (1821-1896) : Statisticien et économiste allemand qui a mené des études empiriques sur les budgets ouvriers qui lui ont permis de mettre en évidence quatre propositions :
Plus le revenu augmente, plus la part des dépenses consacrées à l’alimentation diminue (cette proposition vérifiée par de nombreux travaux empiriques correspond à ce que l’on appelle la loi d’Engel).
La proportion de dépenses de vêtements reste approximativement la même, quel que soit le revenu.
La proportion de dépenses pour le logement, le combustible et l’éclairage reste approximativement la même pour toutes les catégories de revenu.
Plus le revenu est élevé plus grande est la proportion de dépenses diverses.
Ces trois dernières propositions ne sont pas érigées en lois car elles ne sont pas toujours confirmées par les résultats empiriques.
Maurice Halbwachs (1877-1945), sociologue français, remet en cause la relation linéaire qu’Engel établit entre le niveau de revenu et la structure des dépenses de consommation. En s’appuyant sur la comparaison des budgets des ouvriers et des employés, Halbwachs fait apparaitre que malgré des niveaux de revenus proches, ces deux groupes ont des budgets de consommation assez différents. Les ouvriers dépensent une plus grande part de leur budget à la nourriture que les employés, alors que les employés consacrent une plus grande part de leur budget au logement que les ouvriers. Le revenu agit bien sur le budget selon Halbwachs, mais pas de façon directe, l’action du revenu s’exerce à travers ce qu’Halbwachs appelle les « représentations sociales », c’est-à-dire la prise en compte des contraintes imposées par les conditions d’existence et de travail, les traditions familiales, la culture locale, le système de valeurs…
Adolphe Landry (1874-1956) dans son ouvrage la Révolution démographique qui paraît en 1934 propose le concept de régime démographique. Landry distingue trois régimes démographiques distincts :
Le régime démographique ancien ou primitif qui établit une relation étroite entre le nombre d’individus et la quantité des subsistances. La régulation de la population se fait donc par la mortalité.
Le régime démographique intermédiaire qui traduit l’adaptation de la population aux subsistances s’effectue par le contrôle de la nuptialité, le contrôle social joue alors un rôle très important puisque les couples ne se forment qu’avec l’assentiment du groupe et l’assurance qu’ils pourront élever leur descendance.
Le régime démographique contemporain correspond à une situation où les couples eux mêmes contrôlent leur fécondité en vue d’assurer à leur descendance des conditions de vie confortables.
Thomas Robert Malthus (1766-1834), économiste britannique de l’école Classique. Il rédige tout d’abord de manière anonyme un pamphlet sur le principe de population puis face au succès et aux polémiques suscitées par le texte, Malthus le remanie et le publie en 1803 sous le titre : Essai sur le principe de population ou exposé de ses effets sur le bonheur humain dans le passé et le présent avec des recherches sur nos perspectives de supprimer ou de diminuer à l'avenir les maux qu'il occasionne. Plusieurs éditions seront ensuite publiées (jusqu’en 1826) avec des modifications par rapport à cette édition de 1803.
C’est dans cet ouvrage que Malthus explique que la population croît selon une progression géométrique alors que les denrées alimentaires augmentent selon une progression arithmétique. Ce sont des lois naturelles qui expliquent ces évolutions à des rythmes différents. La croissance de la population est liée à la « passion réciproque entre les sexes » alors que la croissance de la production alimentaire est soumise à la loi des rendements marginaux décroissants mise en évidence par Turgot en 1768. Dès lors, pour éviter les catastrophes démographiques, Malthus préconise la limitation volontaire des naissances obtenue grâce à des contraintes morales : les couples prévoyants doivent retarder l’âge du mariage et doivent concevoir un nombre d’enfants adapté à leurs capacités financières. Malthus préconise également de cesser l’aide aux pauvres qui ne permet pas de résoudre l’insuffisance des denrées alimentaires et entretient les nécessiteux dans l’illusion de la possibilité de se reproduire. Le malthusianisme désigne alors une politique volontariste de réduction des naissances.
Thorstein Bunde Veblen (1857-1929) américain, d’origine norvégienne, même s’il a proposé des contributions en économie, c’est en tant que sociologue que nous retenons son nom dans ce chapitre. C’est donc ouvrage Théorie de la classe de loisir paru en 1899 qu’il décrit les comportements de consommation de l’élite au XIXe. Afin de montrer sa position sociale, ce groupe social affiche sa puissance par son temps libre : en effet la capacité à s’affranchir de tout travail productif demeure un privilège réservé à l’élite. De même la consommation matérielle ou immatérielle vient renforcer cette position sociale : les individus consomment non pas dans le but de satisfaire des besoins mais pour afficher leur position sociale : c’est la consommation ostentatoire. Celle ci se manifeste dans la connaissance des langues mortes, mais aussi dans l’habillement, dans la pratique sportive, dans la possession d’animaux d’ornement comme des chiens de race ou des chevaux de course, etc.
Cela conduit à la mise en évidence en économie de l’effet Veblen attaché à la consommation de certains biens qui ne réponde pas à la loi de la demande : ces biens à effet Veblen sont d’autant plus consommés qu’ils sont onéreux.