Luc Boltanski (né en 1940) : Sociologue français, il est directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Il a initié avec Laurent Thévenot un courant pragmatique, appelé aussi « économies de la grandeur » ou « sociologie des régimes d'action ». Ses premiers travaux sont influencés par le cadre théorique bourdieusien. Il participe d’ailleurs à la fondation de la revue bouridieusienne Actes de la recherche en sciences sociales. Cependant, au milieu des années 1980, il se désinvestit de l'équipe encadrée par Bourdieu. Cela tient à sa conception alternative de la sociologue critique : il se détache de la sociologie du « dévoilement » qui enquête sur les contraintes pesant inconsciemment sur les agents, pour se pencher davantage sur les pratiques communicationnelles et relationnelles qui rendent possible un accord conscient et reconnu comme tel. Il s’est intéressé aux spécificité du capitalisme contemporain dans Les cadres : La formation d'un groupe social en 1982, dans Le nouvel esprit du capitalisme, rédigé avec Ève Chiapello, en 1999, et plus récemment dans Enrichissement. Une critique de la marchandise publié avec Arnaud Esquerre en 2017.
Robert Castel (1933-2013) : sociologue et philosophe français, il était spécialiste de sociologie du travail et de la problématique de l’exclusion sociale. En 1999, il publie Les métamorphoses de la question sociale qui analyse la constitution de la société salariale, son effritement à partir des années 1970 et les conséquences de cette dernière sur le lien social. Il approfondie la question dans L'insécurité sociale : qu'est-ce qu'être protégé ?, 2003 et dans La montée des incertitudes : travail, protections, statut de l'individu, 2009. Il a également travaillé sur la question de La discrimination négative, 2007.
Marie Duru-Bellat (née en 1950) : Sociologue française, professeur de sociologie à Sciences Po Paris depuis 2007. Elle est particulièrement connue pour ses travaux sur les inégalités sociales et sexuées à l'école. Elle remet notamment en cause la démocratisation du système éducatif français. Ses ouvrages majeurs sur la question sont L'école des filles : quelle formation pour quels rôles sociaux ? 1990 Les inégalités sociales à l'école, 2002 ; L'inflation scolaire, 2006 ; Les sociétés et leur école. Emprise du diplôme et cohésion sociale, publié avec François Dubet et Antoine Vérétout, 2012. Par ailleurs, elle s’est intéressé plus largement à la problématique de la justice sociale, dans Le mérite contre la justice, 2009 et plus récemment, dans Pour une planète équitable. L'urgence d'une justice globale, 2014.
Emile Durkheim (1858-1917) : Sociologue français, il est considéré comme le fondateur de la sociologie. Après des études philosophiques, il rédige une thèse intitulée De la division du travail social (1983). Il devient, en 1906, le premier universitaire à occuper une chaire de sociologie. Il fonde la méthode sociologie (Les règles de la méthode sociologique 1895), mais l’essentiel de son œuvre porte sur les différents problèmes liés à l’intégration sociale (Le Suicide 1987 ; Les formes élémentaires de la vie religieuse 1912). Pour établir les fondements de la sociologie, il met en avant l’existence, dans une société, de faits sociaux, un fait social étant un phénomène social régulier et presque prévisible, comme le montre l’illustration des taux de suicide selon les pays. Cette régularité est l’indice d’une certaine action de la société (pays, classe, religion), exercé sur les individus et leurs conduites, que les sociologues ont pour tâche d’élucider.
Gosta Esping-Andersen (né en 1947) : Economiste et sociologue danois, il s’intéresse particulièrement aux inégalités sociales et à manière dont elles sont prises en charges par les différents systèmes de protection sociale. Sa théorie la plus connue en France est exposée dans son ouvrage The Three Worlds of Welfare Capitalism publié en 1990. Il y distingue trois systèmes de protection sociale : le régime libéral, le régime social-démocrate et le régime corporatiste ou conservateur.
Antony Giddens (né en 1938) : sociologue britannique, professeur de sociologie à l’université de Cambridge. Il est connu pour ses travaux visant à proposer sa propre conception de la sociologie et pour son analyse de l’impact de la modernité sur la vie personnelle et sociale. Il développe sa théorie de la structuration, analyse de l'agent et de la structure, dans laquelle la primauté n'est reconnue à aucun des deux (voir son ouvrage traduit La constitution de la société, 1984). Il formule une critique de la postmodernité, discutant d'une troisième voie « utopique réaliste » en politique, exposée dans Les conséquences de la modernité, publié en 1990 ; La Transformation de l'intimité en 1992, et dans La troisième voie : le renouveau de la social-démocratie en 1998.
Richard Hoggart (1918-2014) : universitaire britannique socialiste de littérature anglaise et de sociologie, il est connu pour sa méthode ethnographique d’étude des milieux culturels, avec un intérêt marqué pour la culture populaire britannique. Il est l’un des fondateurs des « cultural studies » nées d'un refus des hiérarchies culturelles académiques, d'une hiérarchisation entre la « bonne » et la « mauvaise » culture. En 1957, il publie son principal ouvrage, La culture du pauvre qui sera publié en France en 1970. Ce livre, en partie autobiographique, est une analyse de la culture populaire en Angleterre « de l’intérieur ».
Karl Marx (1818-1883) : Philosophe et militant révolutionnaire allemand. Son œuvre majeure est Le Capital (1867), qui est resté inachevée. Il est à l’origine d’un ensemble de thèses assemblée sous le terme « marxisme ». La diversité des travaux de K. Marx, historiques, économiques, politiques, philosophiques, témoignent du caractère ouvert de ses réflexions. Le marxisme a cependant donné une place particulière à l’économie dans l’analyse de l’évolution politique, historique et sociale. Ce schéma a reçu le nom de matérialisme historique. Il s’agit d’abord d’un matérialisme, car ce sont les conditions matérielles, c’est à dire la base économique de la société, qui expliquent le mouvement de l’histoire. Ce ne sont pas les idées qui mènent le monde, mais les contradictions qui naissent au sein du mode de production de chaque société.
Serge Paugam (né en 1960) : Sociologue français, Serge Paugam est directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique et directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, il est l'auteur d’ouvrages désormais classiques sur la pauvreté et la précarité. Il a notamment élaboré le concept de disqualification sociale (La disqualification sociale : essai sur la nouvelle pauvreté, 1991) et mené des programmes de recherche comparative sur les formes élémentaires de la pauvreté dans les sociétés modernes (Les formes élémentaires de la pauvreté, 2005). Son dernier ouvrage est Ce que les riches pensent des pauvres, 2017.
Karl Polanyi (1886-1964) : Economiste austro-hongrois, spécialiste d'histoire et d'anthropologie économique. Son ouvrage majeure est La grande transformation (1944), dans lequel il dénaturalise les concepts de marché, d’homo oeconomicus et de compétition. Le « d’encastrement de l’économie » a conduit à les considérer comme des phénomènes naturels ou universels, alors qu’ils résultent de l’autonomisation de l’économie vis-à-vis de toutes les lois sociales.
Pierre Rosanvallon (né en 1948) : historien et sociologue français, il occupe depuis 2001 la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France et est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Il est spécialiste d'histoire de la démocratie et du modèle politique français, mais également du rôle de l’Etat social et de la justice sociale dans les sociétés contemporaines. Il a écrit de nombreux classiques comme La Crise de l’État-providence, 1981 ; La Question syndicale : Histoire et avenir d'une forme sociale, 1988 ; Le Nouvel Âge des inégalités (avec Jean-Paul Fitoussi), 1996 ; La Nouvelle Question sociale : Repenser l’État-providence, 1995 ; La Contre-démocratie : La Politique à l'âge de la défiance, 2006 ou encore La Société des égaux, 2011.
Alexis De Tocqueville (1805-1859) : Ecrivain et homme politique français, issu d’une famille de noble royalistes, De Tocqueville s’est consacré à son œuvre et à sa réflexion après une courte carrière en politique. Ses deux ouvrages principaux sont De la démocratie en Amérique (1835) et L’Ancien Régime et la Révolution (1856), qui analyses les conséquences du processus de démocratisation des société et ses évolutions. Pour lui, la démocratie n’est pas uniquement une modalité d’exercice du pouvoir politique mais aussi un état social, marqué par l’égalité toujours grandissante des conditions. La « passion pour l’égalité » conduit à un renversement des barrières d’ordres et de classe et à la fin de l’hérédité des positions sociales. Son objectif est de comprendre comment elle peut être compatible avec la préservation de la liberté.
Alain Tourraine (né en 1925) : Sociologue français spécialiste de l’action sociale et des nouveaux mouvements sociaux, il est ancien directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Dans ses premières recherches, il est suivi par Georges Friedmann, le père de la sociologie du travail en France. Son premier livre, L'Évolution du travail ouvrier aux usines Renault (1955), qui relate l’évolution du travail et de la condition ouvrière, fait figure d'analyse désormais classique en sociologie. Il s'intéresse aux phénomènes sociaux du début des années 1970, désignés sous le terme de NMS, c'est-à-dire « nouveaux mouvement sociaux » (mouvements féministes, régionalistes…), et se demande s'ils peuvent être perçus comme de nouveaux acteurs en lutte contre les éléments de domination actuels. Sa conclusion est qu'on ne saurait les considérer comme les acteurs fondamentaux de la société post-industrielle (Mouvements sociaux d'aujourd'hui : acteurs et analystes, 1983). Il expose sa conception de la sociologie notamment dans Le Retour de l’acteur (1984), très critique envers la sociologie bourdieusienne alors dominante : il estime que la sociologie doit se débarrasser du concept de social.