Document 1. Les marchés sont encadrés par des règles juridiques
Le marché n’est pas un fait naturel, il n’émerge pas spontanément, mais il est le résultat d’une construction par les acteurs sociaux : il a besoin qu’un certain nombre de règles soient définies pour fonctionner correctement. C’est en cela que le marché est une institution. Ainsi, pour choisir de vendre un bien, il faut que celui-ci nous appartienne, c’est-à-dire qu’il existe des règles juridiques nous définissant comme propriétaire du bien, et garantissant cette propriété. Il ne peut donc y avoir d’échange marchand sans détermination de droits de propriété, c’est-à-dire d’un ensemble de droits permettant d’user librement d’un bien économique dans les conditions déterminées par la loi et le droit. Les brevets, par exemple, sont des droits de propriété sur des innovations : ils permettent d’assurer l’exclusivité de l’usage d’une invention. Sans la définition juridique des brevets, il ne pourrait y avoir de vente de brevets sur un marché. Pour que l’économie de marché fonctionne, il faut également élaborer des contre-pouvoirs au marché, notamment pour limiter les effets néfastes d’une concurrence sans limite : il faut garantir les droits des participants aux échanges (les droits de propriété, les droits des consommateurs, des travailleurs sur le marché du travail, etc.), mais aussi garantir le respect des règles de la concurrence. On voit que l’économie de marché ne peut se passer de solides institutions qui en garantissent le bon fonctionnement. L’existence d’institutions et le respect des contrats sont ainsi nécessaires pour qu’offreurs et demandeurs puissent se rencontrer et s’accordent sur les conditions d’échange (par exemple en matière de contrat de travail entre l’employeur et le salarié).
Toutes les ressources peuvent-elles être gérées par le marché ? Le degré et les choix de « marchandisation » évoluent dans le temps et d’une une société à l’autre. Les valeurs morales et les choix politiques engendrent des règles juridiques qui déterminent ce qui relève ou non de l’échange marchand. Par exemple, la France interdit la vente d’organes. L’échange d’organes est géré par l’État dans un cadre non marchand. Aujourd’hui, la plupart des pays du monde condamnent la chasse et le commerce de la viande de baleine lorsque d’autres, comme la Norvège ou l’Islande, y consacrent une activité économique légale au nom de traditions ancrées profondément dans les mœurs. Si la loi limite l’extension du domaine marchand dans certains domaines, elle n’empêche pas pour autant le développement de certains commerces illicites, drogues ou armes par exemple.
Source : Laurent Braquet, Mention TB au bac, les SES en Première, Ellipses, 2019.
Questions
1) En quoi peut-on dire que le marché repose sur des règles juridiques ?
2) Pourquoi faut-il élaborer des contre-pouvoirs au marché ?
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1) En quoi peut-on dire que le marché repose sur des règles juridiques ?
Le marché repose sur des règles juridiques afin de protéger les consommateurs et les producteurs dans la concurrence, de faire respecter les droits de propriété et les contrats, et de fixer des limites à cette concurrence, et notamment de borner les échanges par des choix éthiques et moraux.
2) Pourquoi faut-il élaborer des contre-pouvoirs au marché ?
Il s’agit d’élaborer des contre-pouvoirs au marché afin d’empêcher que certaines activités ne dépendent de la sphère de l’échange, comme les organes du corps humain par exemple.
Document 2. Concurrence et innovation technologique
La concurrence fait baisser les prix pour les consommateurs, et elle a également pour vertu d’inciter les entreprises à l’innovation. Pour échapper à la concurrence, il faut, en effet conquérir des parts de marché grâce au marketing, à la publicité, en différenciant ses produits. Les entreprises sont engagées alors dans une rivalité dynamique, une activité sans fin qui ne peut conduire à un état statique de l’économie. Il s’agit aussi d’un processus permettant la diffusion des innovations à travers la rivalité des entre les entreprises. Des innovations déstabilisent les positions des différents acteurs, dont certains disparaissent, et se diffusent par un processus d’imitation. Il s’agit ici de se concurrencer, d’être en compétition permanente sans qu’un prix d’équilibre puisse apparaître pour arrêter le mouvement. L’économiste Joseph Schumpeter insiste sur le fait que la vraie concurrence, loin de s’attaquer uniquement aux marges bénéficiaires en faisant baisser les prix, s’attaque à l’existence même des firmes présentes sur le marché. Définie ainsi, la concurrence sur le marché ne dépend plus du nombre de participants sur le marché ni de leur incapacité à influencer le prix du produit en concurrence pure et parfaite, mais de l’existence d’une concurrence potentielle, d’une liberté d’entrée et de sortie sur le marché pour n’importe quelle entreprise. Chaque entreprise détient ainsi un petit monopole sur un produit qui n’a pas de substitut parfait (effet de la marque, de l’innovation) mais fait face à la concurrence de tous les produits qui lui sont plus ou moins substituables. Pour une entreprise, il est plus confortable de reproduire les mêmes biens, voire de les faire évoluer marginalement : si on innove, c’est donc que l’on y est contraint par la pression des consommateurs, par l’accélération du progrès technique, par l’exigence perpétuelle de nouveauté sur les marchés. Grâce à l’innovation, le producteur va pouvoir vendre plus cher un produit différent des autres, ce qui va accroître son profit, jusqu’à ce que de nouveaux producteurs viennent contester l’entreprise innovante. L’innovation est donc est donc guidée par la recherche de l’élimination des concurrents et l’obtention d’une rente de monopole.
La concurrence est donc un moteur précieux pour l’économie de marché, qui conduit à la maximisation du bien-être de tous, mais constitue aussi un puissant facteur de croissance à long terme.
Source : Source : Laurent Braquet, L’Essentiel pour comprendre l’économie de marché, Gualino, 2014.
Questions
1) En quoi la concurrence est-elle censée favoriser les intérêts du consommateur ?
2) Pourquoi la concurrence incite-t-elle les entreprises à l’innovation ?
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1.En quoi la concurrence est-elle censée favoriser les intérêts du consommateur ?
La concurrence doit favoriser la baisse des prix sur le marché dans l’intérêt du consommateur, et de leur permettre d’avoir accès à une variété de biens et services et de qualité.
2.Pourquoi la concurrence incite-t-elle les entreprises à l’innovation ?
La concurrence incite les entreprises à l’innovation pour conquérir des parts de marché et préserver leurs marges, notamment en améliorant leur compétitivité hors prix.
Document 3. Le modèle théorique de référence des marchés : le marché « concurrentiel »
Un « marché concurrentiel » désigne un marché sur lequel la pression concurrentielle est forte. Le concept de concurrence est souvent associé à celui de compétition. Un marché en situation de concurrence pure et parfaite est un modèle théorique, volontairement simplifié, qui remplit cinq conditions :
- La condition d’atomicité : il doit exister une multitude d’acheteurs et de demandeurs, de taille comparable, de telle façon qu’aucun d’entre eux ne puisse influencer la détermination du prix du bien (le prix est une variable endogène au système économique mais exogène à chaque agent). Les acheteurs et les vendeurs sont alors preneurs de prix
- La condition de fluidité : il faut qu’il y ait une libre entrée et une libre sortie du marché. Tout agent doit pouvoir, à tout moment et sans contrainte, formuler une offre et une demande.
- La condition d’homogénéité : les produits disponibles sur le marché doivent être parfaitement standardisés.
Ces trois premières conditions définissent la concurrence pure ; deux autres sont nécessaires pour qu’elle soit parfaite :
- La condition de transparence : les offreurs et les demandeurs disposent d’une information parfaite et gratuite sur les conditions du marché et notamment sur les prix des biens.
- L’hypothèse de mobilité des facteurs : ils doivent pouvoir, à tout moment, se déplacer du marché d’un bien à celui d’un autre bien.
Ce modèle se présente, on le voit, comme un mécanisme de marché pur, « sans frottements » comme dans le cas des physiciens qui étudient le déplacement d’un objet dans le vide. De fait ce modèle reste très théorique dans la mesure où dans la réalité, ces conditions sont rarement réunies. Un marché concurrentiel est donc un marché sur lequel aucun acteur n’est en mesure d’influencer le niveau du prix auquel le bien s’échange. On dit qu’aucun acteur n’a de « pouvoir de marché » et tous sont price taker, c’est-à-dire « preneurs de prix ». Un marché sur lequel une entreprise est en situation de monopole (seule à vendre le bien) et sans concurrents potentiels n’est pas un marché concurrentiel car l’entreprise peut y imposer ses prix. Un autre cas de marché non concurrentiel est celui où un acheteur est si important qu’il est en mesure d’imposer un prix d’achat aux offreurs (exemple souvent cité des supermarchés vis-à-vis de leurs fournisseurs). Les marchés concurrentiels sont en général des marchés sur lesquels il y a de nombreux offreurs et demandeurs ; il peut aussi s’agir de marchés sur lesquels il y a, par exemple, seulement une ou deux entreprises, mais où il existe une forte menace d’entrée de nouveaux concurrents (la concurrence y est potentielle). Le degré de concurrence d’un marché dépend de multiples facteurs, et notamment de facteurs juridiques : par exemple, le fait que les taxis doivent disposer d’une licence pour circuler limite la concurrence (difficulté d’entrée pour les nouveaux concurrents).
Source : Laurent Braquet, L’Essentiel pour comprendre l’économie de marché, Gualino, 2014.
Questions
Résumer dans le tableau suivant la logique de chaque condition de la concurrence pure et parfaite (CPP) :
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Résumer dans le tableau suivant la logique de chaque condition de la condition pure et parfaite (CPP) :
Document 4. Comment les marchés convergent-ils vers le prix d’équilibre ?
Nous pouvons maintenant combiner les analyses de la demande et de l’offre pour montrer de quelle manière les prix et les quantités de produits achetés et vendus sont déterminés sur les marchés libres. Considérons le marché des pommes de terre (voir le tableau ci-dessous).
Sur ce marché, quelle sera la quantité de pommes de terre échangée et à quel prix ? Si le prix est de 20 cents le kilogramme, la demande excède l’offre de 600 000 tonnes (A-a). Une grande partie de la demande n’est pas satisfaite. Les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour être servis. Si le prix passe à 40 cents le kilo, le même scénario se reproduit. Il y a toujours une pénurie (la demande excède l’offre de 300 000 tonnes), et les prix montent encore. On constate donc que l’effet d’une pénurie se traduit par une augmentation des prix. Cependant cela tend à résorber ladite pénurie puisque l’offre s’accroît et la demande diminue quand les prix augmentent. Que se passe-t-il si le prix est à un niveau beaucoup plus élevé, 100 cents le kilogramme. Dans ce cas c’est l’offre qui excède la demande de 600 000 tonnes (e-E). Ce surplus conduit les prix à la baisse, les producteurs diminuant leur prix afin d’écouler leurs excédents. La même chose se produit lorsque l’on est à 80 cents le kilogramme. Un excès d’offre a comme conséquences de faire baisser les prix.
Le seul prix stable est celui pour lequel il n’y ni excès d’offre ni excès de demande. C’est le prix pour lequel l’offre est égale à la demande. Dans l’exemple, cet équilibre entre offre et demande est atteint au prix de 60 cents : la quantité offerte est égale à la quantité demandée (350 000 tonnes). Il n’y a ni pénurie ni excédent, et il n’y a pas de pression sur le prix du marché, ni à la baisse ni à la hausse. Le prix pour lequel l’offre est égale à la demande est appelé prix d’équilibre du marché.
L’équilibre du marché correspond à la situation où les intérêts conflictuels des consommateurs et des producteurs se compensent parfaitement. En ce point, la quantité que les consommateurs demandent est égale à la quantité que les producteurs offrent. Or, le mécanisme régulateur des prix assure que ce point d’équilibre est automatiquement atteint. Les lois de l’offre et de la demande font converger le prix du marché vers le prix d’équilibre.
John Sloman, Principes d’économie, 6ème édition, Pearson Éducation, 2006.
Questions.
1) A quoi correspond le prix d’équilibre du marché ?
2) Qu’appelle-t-on une situation de pénurie et une situation d’excédent ? (Utiliser les notions d’offre et de demande dans votre réponse)
3) Dans ce modèle de marché, que se passerait-t-il si l’État fixait lui-même le prix sur le marché à 50 euros ? Et s’il le fixait à 70 euros ?
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1) A quoi correspond le prix d’équilibre du marché ?
Sur ce marché, l’équilibre est de 60 centimes d’euro (350 milliers de tonnes offertes et 350 milliers de tonnes achetées).
2) Qu’appelle-t-on une situation de pénurie et une situation d’excédent ? (Utiliser les notions d’offre et de demande dans votre réponse)
La pénurie existe quand la demande est supérieure à l’offre sur le marché, tandis que la situation d’excédent implique une offre supérieure à la demande sur le marché.
3) Dans ce modèle de marché, qu’adviendrait-il si l’État fixait lui-même le prix sur le marché à 50 centimes d’euros ? Et s’il le fixait à 70 centimes d’euros ?
Si l’État fixe le prix à 50 centimes d’euros, la quantité demandée sera supérieure à la quantité offerte. S’il est fixé à 70 centimes d’euros, la situation inverse se présentera : la quantité offerte sera supérieure à la quantité demandée. L’intervention de l’État est donc créatrice de déséquilibre sur le marché.
Document 5. Le marché du café
Supposons que le marché mondial du café détermine un prix de 3 (en milliers de dollars la tonne, soit 3000 dollars) qui équilibre l’offre et la demande.
Voici les offres et les demandes en fonction du prix.
Questions
1) En quoi le marché est-il une institution ?
2) Quelle est la conséquence d’une fixation du prix à 2000 dollars par les pouvoirs publics ?
3) Quelle est la conséquence s’il était fixé à 4000 dollars ?
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Questions
1. En quoi le marché est-il une institution ?
Le marché est une institution car il repose sur des règles juridiques qui encadrent la concurrence et le fonctionnement des activités économiques (droits de propriété, limites éthiques et morales aux échanges, etc.)
2. Quelle est la conséquence d’une fixation du prix à 2000 dollars par les pouvoirs publics ?
La demande de café sera alors plus forte que l’offre et il en résultera une pénurie sur le marché.
3. Quelle est la conséquence s’il était fixé à 4000 dollars ?
L’offre de café sera alors supérieure à la demande et il en résultera un excédent sur le marché.
Document 6. La loi de l’offre et de la demande (1)
Le concept de repas au restaurant recouvre évidemment une réalité très hétérogène, du bistrot du coin au « trois étoiles » du Guide Michelin (…) Pour simplifier encore plus l’exposé, je ferai comme si les consommateurs n’envisageaient de prendre qu’un repas au restaurant par semaine, celui du dimanche midi par exemple.
Sur ce marché, il y a des demandeurs -les consommateurs qui vont au restaurant- et des offreurs – les restaurateurs. Les demandeurs sont prêts à payer une somme très variable pour un repas au restaurant. Comme ils peuvent se nourrir en faisant la cuisine chez eux ou en se faisant inviter chez des amis, cette somme peut par exemple dépendre de leurs capacités culinaires ou le nombre de leurs amis ; elle dépend naturellement aussi de leurs revenus et des habitudes de leur groupe socioculturel. Quoi qu’il en soit, on peut imaginer de dénombrer, pour n’importe quel niveau de prix des repas au restaurant, les consommateurs qui sont prêts à acquitter cette somme. C’est ce qu’on appelle « demande de repas au restaurant ». Supposons que pour une semaine donnée, cette demande soit de 2 millions de repas à 20 euros. Si le prix montait à 30 euros, certains de ces consommateurs décideraient de renoncer au restaurant et de faire la cuisine eux-mêmes. La demande ne serait plus, par exemple, que d’un million de repas au restaurant. Lorsque le prix augmente, la demande diminue. Ainsi, elle ne serait plus peut-être que de cinq cent mille repas si le prix s’élevait jusqu’à 40 euros.
Les restaurateurs, eux, font face à des coûts variables ; il est possible que M. Martin fasse des bénéfices en vendant un repas à 20 euros, tandis que le prix doit monter à 40 euros pour que Madame Dupont y trouve son compte. Pour un prix donné, le nombre de repas au restaurant que la communauté des restaurateurs est prête à préparer est appelée « offre ». Si cette offre est de cinq cent mille repas à 20 euros, elle sera plus élevée si le prix monte, puisque l’activité de restauration deviendra rentable pour un plus grand nombre d’entreprises. L’offre pourra être ainsi d’un million de repas à 30 euros, et de deux millions à 40 euros. Le tableau ci-dessous résume l’offre et la demande de repas au restaurant.
Comme j’ai supposé que la qualité des repas offerts par les différents restaurants était homogène, ils doivent également pratiquer le même prix : un restaurant qui vendrait les repas plus cher que ses confrères verrait rapidement ses clients le quitter. Supposons pour commencer que ce prix commun soit de 20 euros. A ce prix, les consommateurs désirent acheter deux millions de repas, mais les restaurateurs ne sont prêts à en préparer que cinq cent milles. La demande est donc supérieure à l’offre. Mais parmi les 1,5 millions de consommateurs insatisfaits, il s’en trouve qui seraient alors disposés à payer 30 ou 40 euros pour un repas au restaurant. Une telle situation ne pourra perdurer ; certains restaurateurs augmenteront leurs prix pour servir ces consommateurs.
Source : Bernard Salanié, L’économie sans tabou, Le Pommier, 2011.
Questions
1) Qu’appelle-t-on la loi de la demande ?
2) Quels sont les déterminants de la demande ?
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1) Qu’appelle-t-on la loi de la demande ?
Une courbe ou fonction de demande représente, toutes choses égales par ailleurs, la relation entre prix et quantité demandée. Autrement dit, on cherche à isoler l’effet des variations du prix sur la quantité demandée d’un bien donné. Cela ne veut aucunement dire qu’on pense que seule la variation du prix est déterminante de la quantité demandée. C’est pour cela que, pour être rigoureux, on devrait toujours préciser que l’on raisonne « toutes choses égales par ailleurs » ou ceteris paribus. Notez bien les termes utilisés. Nous parlons de demande pour désigner la courbe ou la fonction. En revanche, nous relions le prix à la quantité demandée en chaque point de la courbe. Demande et quantité demandée ne désignent pas la même chose ! Les confondre peut conduire à des raisonnements complètement erronés et à des conclusions fausses !
Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée diminue. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien diminue, la quantité demandée augmente. Toutes choses égales par ailleurs, le long de la courbe de demande, prix et quantité demandée varient en sens contraire. Ou encore, lorsqu’on se déplace le long d’une courbe de demande, la quantité demandée d’une marchandise varie en fonction inverse (sens inverse) de son prix. Notez bien que le long de la courbe, donc toutes choses égales par ailleurs, la causalité va de la variation du prix à la variation de la quantité offerte !
2) Quelles sont les autres déterminants de la demande ?
On peut citer :
- Le revenu : un revenu plus faible réduit la quantité demandée d’un bien normal. Ceci est surtout vrai pour un bien dit normal, c’est-à-dire un bien pour lequel, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du revenu conduit à une augmentation de la demande, quel que soit le niveau de prix. Mais tous les biens ne sont pas des biens normaux, et l’effet des variations du revenu peut changer selon le type de bien. Il peut exister des biens dits inferieurs pour lesquels la demande augmente, ou ne diminue pas, malgré la hausse des prix, même si le revenu diminue. Un bien inférieur est un bien pour lequel, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du revenu provoque une baisse de la demande
- Les prix des biens proches : les prix des biens proches peuvent affecter les quantités de biens que nous demandons, soit par qu’ils sont substituables (autrement dit l’un peut remplacer l’autre), soit parce qu’ils sont complémentaires (autrement dit, l’un ne va pas sans l’autre).
- Les préférences et les goûts des consommateurs sont des déterminants subjectifs mais incontournables pour expliquer les variations de la demande. Peu importe le prix, si nous n’aimons vraiment pas un bien, la demande sera nulle. De plus, la hausse du prix n’affectera pas ou peu la quantité demandée.
- Les anticipations que nous pouvons formuler sur l’avenir en ce qui concerne notre emploi, nos revenus… peuvent influencer notre demande de biens ou de services aujourd’hui. L’incertitude inhérente à l’avenir peut peser plus ou moins lourd dans nos choix, et peu importent les variations de prix.
Par exemple, si vous vous attendez à percevoir un revenu plus élevé le mois prochain, vous pourriez être tenté de dépenser une partie de votre épargne actuelle. Pour prendre un autre exemple, si vous anticipez que le prix de la glace baissera demain, vous seriez peut-être moins tenté d’en acheter un cornet au prix d’aujourd'hui.
- Le nombre d’acheteurs va déterminer la demande globale (soit la somme des demandes individuelles) sur un marché. Or, quand, pour diverses raisons, le nombre d’acheteurs augmente, le bien peut devenir rare et son prix peut augmenter.
Document 7. La loi de l’offre et de la demande (2)
Inversement si le prix était de 40 euros, l’offre serait supérieure à la demande. Certains des restaurateurs dont l’établissement resterait vide seraient également prêts à ouvrir à des prix plus bas ; là encore, leurs prix finiront par s’ajuster, à la baisse cette fois. Le seul prix qui peut représenter un équilibre stable du marché est donc celui qui égalise l’offre et la demande, à 30 euros et avec un million de repas servis. Bien entendu, des circonstances extérieures peuvent venir perturber cet équilibre. Une réduction du temps de travail, par exemple, peut laisser plus de temps aux ménages pour faire la cuisine eux-mêmes, et donc les inciter à manger chez eux. Au prix de 30 euros, ils ne demanderont peut-être plus que huit cent mille repas au restaurant. ; la demande deviendra inférieure à l’offre, et le prix devra baisse. Un engouement accru pour la cuisine française à l’étranger peut stimuler les prétentions salariales de nos chefs cuisiniers ; en réduisant le nombre de restaurants rentables à 30 euros, il rendra l’offre inférieure à la demande et poussera le prix à la hausse. On voit bien la loi générale qui se dégage de ces exemples : tout ce qui vient stimuler la demande augmente le prix, et tout ce qui accroît l’offre réduit le prix.
Source : Bernard Salanié, L’économie sans tabou, Le Pommier, 2011.
Questions
1) Qu’appelle-t-on la loi de l’offre ?
2) Quels sont les déterminants de l’offre ?
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1.Qu’appelle-t-on la loi de l’offre ?
La courbe d’offre ou fonction d’offre représente, toutes choses égales par ailleurs, la relation entre prix et quantité offerte. Sur une courbe d’offre, la quantité offerte d’une marchandise s’élève quand son prix augmente et réciproquement. Autrement dit, lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’offre, la quantité offerte d’une marchandise varie en fonction directe (même sens) de son prix.
Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité offerte augmente. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix d’un bien diminue, la quantité offerte diminue. Toutes choses égales par ailleurs, le long de la courbe d’offre, prix et quantité offerte varient dans le même sens. Ou encore, lorsqu’on se déplace le long d’une courbe d’offre, la quantité offerte d’une marchandise varie dans le même sens que son prix.
2.Quels sont les autres déterminants de l’offre ?
De nombreuses variables sont à l’origine du déplacement de la courbe d’offre. Voici les plus importantes : le prix des facteurs de production, la technologie, les anticipations et le nombre de vendeurs.
- Les prix des facteurs de production. Pour produire, nous le savons, nous devons utiliser différents moyens de production. Du capital circulant faisant l’objet de consommations intermédiaires et du capital fixe. Toutes choses égales par ailleurs, la hausse du coût de l’un de ces facteurs doit se traduire par une hausse du coût de production. Or, lorsque le prix de l’un ou plus de ces facteurs augmente, l’entreprise devient moins compétitive et produire risque de devenir moins rentable (pour un prix inchangé). Si la hausse du prix d’un facteur est importante, elle peut même conduire l’entreprise à la faillite. Ainsi, on peut observer une relation négative entre le prix des facteurs et l’offre de biens. La courbe d’offre se déplace vers la droite en cas de baisse des coûts et vers la gauche en cas de hausse des coûts.
- Le progrès technique, tel que nous l’avons défini, peut modifier radicalement la capacité de production et donc l’offre d’une entreprise. Par la réduction des coûts de production qu’il peut entraîner, le progrès technique peut se traduire par une forte hausse de la production, car l’entreprise devient plus compétitive. La courbe d’offre se déplace vers la droite.
- Les anticipations vont aussi influencer les offreurs et donc les quantités offertes, quels que soient les niveaux des prix. Si les dirigeants d’une entreprise sont optimistes, pour des raisons objectives ou subjectives, ils vont augmenter leur offre (avec hausse simultanée des stocks). La courbe d’offre se déplace vers la droite. Cette abondance pourrait faire baisser les prix. A contrario, s’ils sont pessimistes, ils vont déstocker au lieu de produire davantage. La courbe d’offre se déplace vers la gauche. La rareté va augmenter et pourrait produire une hausse des prix.
- Le nombre de vendeurs sur un marché va avoir un effet sur la quantité globale produite et offerte. Si le nombre de vendeurs augmente et se traduit par une hausse de l’offre, l’effet d’abondance qui en découle peut se traduire par une baisse des prix, en raison de la concurrence. La courbe d’offre se déplace vers la droite. Si le nombre de vendeurs baisse et se traduit par une baisse de l’offre, l’effet de rareté qui en découle peut se traduire par une hausse des prix, en raison de la plus faible concurrence. La courbe d’offre se déplace vers la gauche.
Document 8. Concurrence parfaite et efficience
Pour simplifier, supposons que notre marché soit composé de seulement 7 acheteurs et de 7 vendeurs, tous preneurs de prix. Chacun veut vendre un iPhone d’occasion d’Apple, en excellent état.
Madeline, Katie, Sean, Dave, Ian, Kim et Ty sont des acheteurs sur le marché, et chacun de leurs prix de réserve (égal au consentement à payer) est donné dans le tableau suivant. Le prix de réserve est le prix auquel une personne est indifférente entre acheter ou ne pas acheter. Selon ce tableau, Madeline est prête à payer 70 euros maximum pour un iPhone, Katie 60 euros et Ty 10 euros. Tom, Marie, Jeff, Phil, Adam, Matt et Fiona sont tous des vendeurs sur le marché, et chacun connaît son prix de réserve – consentement à vendre à hauteur des coûts marginaux. On constate que Tom est prêt à céder son iPhone pour 10 euros minimum, Mary pour 20 euros, jusqu’à Fiona qui ne vendra pas le sien pour moins de 70 euros.
Questions
1) Qu’est-ce que le prix de réserve ?
2) Quel est le prix d’équilibre de ce marché ?
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1.Qu’est-ce que le prix de réserve ?
Le prix de de réserve est le prix auquel une personne est indifférente entre acheter ou ne pas acheter.
2. Quel est le prix d’équilibre de ce marché ?
Dans cet exemple le prix d’équilibre est donc de 40 euros
Document 9. L’échange sur le marché
L’efficacité du marché repose largement sur une confiance mutuelle. La division du travail, l’expansion du commerce et des marchés créent autant d’opportunités d’investissement et d’échanges qui constituent les sources de la croissance du revenu. Pour que ces opportunités puissent se réaliser, un minimum de confiance doit unir les partenaires de l’échange. En effet, Il existe très souvent une différence d’information, un laps de temps ou une distance géographique qui peuvent donner l’opportunité à l’une des parties de profiter de l’échange aux dépens de l’autre. Les dispositions à commercer avec les autres, qu’il s’agisse de fournir un travail, d’investir ou d’acheter un bien dont la qualité n’est pas immédiatement vérifiable, sont coordonnées par la croyance en ce que les autres honoreront leurs contrats. Les relations marchandes ne pouvant pas être entièrement régulées par des clauses formelles, un grand nombre de règles sont non écrites et non vérifiables par une tierce personne.
Source : Yann Algan, Pierre Cahuc, La société de défiance, Éditions Rue d’Ulm, 2007
Questions
1) En quoi le marché du travail repose-t-il nécessairement sur la confiance ?
2) Quel est le principal problème à la base de tout échange marchand selon le texte ?
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1) En quoi le marché du travail repose-t-il nécessairement sur la confiance ?
Le marché du travail repose sur des échanges qui ne peuvent être intégralement formalisés et contrôlés par des contrats écrits : un employeur peut embaucher un salarié, mais il ne peut contrôler tous ses faits et gestes, et il dispose donc dans certains cas de moins d’informations sur l’investissement et les efforts de son salarié.
Le marché du travail suppose donc dans de nombreux cas un rapport de confiance au sein des entreprises et des administrations.
2) Quel est le principal problème à la base de tout échange marchand selon le texte ?
Le problème principal de l’échange est ici le fait que les personnes qui échangent sur les marchés ne disposent pas forcément du même niveau d’information : les contrats sont toujours incomplets et ne peuvent tout codifier, par exemple lorsque l’on achète un produit sur internet ou que l’on fait réparer sa voiture, et il faut donc accepter un certain niveau de confiance dans les échanges sur les marchés. Ce texte rappelle donc que le marché est une institution qui doit être encadré par des règles juridiques (formelles) mais que les relations sociales ne peuvent pas être intégralement contrôlées.
Document 10. La Playstation 5
Dans un rapport publié ce 14 février 2020, le site d’information Bloomberg explique avoir pu interviewer des employés Sony proches du développement de la PlayStation 5. D'après le média, le coût de fabrication de la console s'élève à 450 dollars. Dans ces conditions, la firme nippone devrait commercialiser la PS5 à un prix avoisinant les 470 dollars (à peu près 470€) afin de ne pas perdre d'argent au lancement. Selon les informations de Bloomberg, le prix de fabrication élevé de la PS5 est notamment dû au prix de la DRAM et de la mémoire flash NAND utilisée dans le SSD. La demande pour ces deux composants est en effet en hausse. Le média pointe aussi du doigt le coût de production du système de refroidissement de la PS5 (une poignée de dollars par unité). Pour baisser le coût total, Sony aurait même abandonné certaines fonctionnalisées liées à la caméra de la console. Au vu de ces informations, la PS5 ne pourrait donc pas être commercialisée à 399 euros, comme la PS4 en 2013. Pour rappel, le coût de fabrication de la PlayStation 4 ne dépassait pas les 381 dollars. Cette stratégie tarifaire très agressive, face à une Xbox One à 499€, a permis à la console de connaître un immense succès. La PS4 est d'ailleurs la console la plus vendue de la décennie aux États-Unis.
Source : JournalduNet.com, 2020.
Questions
1) A quoi est dû le prix de fabrication relativement élevé de la PS 5 ?
2) Quelle serait la marge du constructeur sur chaque console vendue ?
3) Pourquoi le constructeur peut-il tout de même espérer accroître ses profits ?
4) Pourquoi dès lors, peut-on dire que pour une entreprise, la fixation du prix est essentielle sur les marchés ? (Éviter un prix trop bas ou un prix trop élevé) ?
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1) A quoi est dû le prix de fabrication relativement élevé de la PS 5 ?
Le coût de fabrication de la PS 5 est élevé car le produit intègre le coût des innovations technologiques (mémoire, nouvelles puces informatiques, système de refroidissement, etc.) qui font augmenter les coûts de production. Le texte mentionne également le fait que la demande des autres constructeurs augmente aussi pour ces nouveaux systèmes, ce qui en fait monter le prix d’achat pour Sony.
2) Quelle serait la marge du constructeur sur chaque console vendue ?
Sur chaque console vendue, les experts prévoient une marge de : 470 dollars (prix de vente estimé – 450 dollars (coût de fabrication), soit une marge de 20 dollars par appareil.
3) Pourquoi le constructeur peut-il tout de même espérer accroître ses profits ?
Le constructeur peut espérer accroître ses profits car il va jouer sur le volume des ventes réalisées : même si la marge est faible par unité vendue, l’accroissement des volumes des ventes devrait soutenir les profits.
4) Pourquoi dès lors, peut-on dire que pour une entreprise, la fixation du prix est essentielle sur les marchés ? (Éviter un prix trop bas ou un prix trop élevé) ?
La fixation des prix est essentielle pour une entreprise qui cherche à maximiser ses profits : elle doit tenir compte de ses coûts de production et de leur évolution, de la marge bénéficiaire qu’elle souhaite obtenir, mais aussi résoudre un dilemme :
- Si elle fixe un prix relativement élevé, elle peut espérer accroître ses recettes sur chaque unité vendue, mais elle prend le risque que la demande des consommateurs soit plus faible.
- Si elle fixe un prix relativement faible, elle verra sans doute une réduction de sa marge par unité vendue, mais elle peut escompter accroître le volume de ses ventes et capter une clientèle à plus faible pouvoir d’achat, et donc maintenir ses profits.