Définition :
les PCS désignent les professions et catégories socioprofessionnelles, qui correspondent à un outil élaboré par l’Insee, permettant de classer les individus en catégories socialement homogènes, principalement selon leur profession, on parle aussi de la nomenclature des PCS (une nomenclature est une liste de catégories (d’ensembles) créées pour étudier un domaine particulier).
L'essentiel :
En 1954, l’Insee élabore la grille des CSP (catégories socioprofessionnelles), celle-ci sera refondue en 1982 pour devenir la grille des PCS (professions et catégories socio professionnelles), puis rénovée en 2003 et enfin en 2020. C’est la grille de 2020 que nous allons détailler.
L’élaboration des CSP en 1954 est rendue nécessaire par des raisons pratiques : à partir de l’immédiat après-guerre, les enquêtes portant sur un grand nombre d’aspects de la vie sociale et utilisant les nouvelles méthodes de sondage se multiplient rapidement, tant dans les organismes publics que privés. En France ces études utilisent pour trier et interpréter leurs résultats la nomenclature des CSP élaborée par l’Insee pour le recensement de 1954. Celle-ci va devenir la grille d’analyse mise en œuvre systématiquement dans presque toutes les enquêtes menées en France.
La nomenclature de 2020 comporte plusieurs niveaux emboîtés les uns dans les autres, comme le montre le schéma suivant

Ainsi,
Au niveau 4, le niveau le plus détaillé de la nomenclature, l’Insee a dressé une liste de 311 professions (repérées par un code à 4 positions comportant deux chiffres, une lettre et un chiffre)
Au niveau 3, les 311 professions ont été regroupées dans un ensemble de 121 professions
Au niveau 2, on trouve 29 catégories socioprofessionnelle repérées par un code à deux chiffres et constituant le niveau intermédiaire de la nomenclature de l’Insee
Au niveau 1 : les 29 CSP ont enfin été ramenées à une liste de six groupes socioprofessionnels repérés par un code à un chiffre
Il faut retenir le niveau 1, soit les six groupes socioprofessionnels d’actifs (dans l’ordre) :
1. Agriculteurs exploitants/ agricultrices exploitantes
2. Artisans/ artisanes, commerçants/commerçantes et chefs/cheffes d’entreprise
3. Cadres et professions intellectuelles supérieures
4. Professions intermédiaires
5. Employés/employées
6. Ouvriers/ouvrières
Dans le tableau ci-dessous, on peut voir la logique d’emboitement entre les groupes socioprofessionnels (niveau 1) et les catégories socioprofessionnelles (niveau 2)

On voit donc par exemple que le groupe 2 artisans/artisanes ; commerçants/commerçantes et chefs/cheffes d’entreprise comporte trois catégories socio professionnelles : artisans/artisanes ; commerçants/commerçantes et assimilés et enfin chefs/cheffes d’entreprise de plus de 10 personnes.
Remarque : les « numéros manquants » (par exemple les 32, 36, 41…) correspondent à un niveau de diffusion intermédiaire du niveau des catégories socioprofessionnelles qui n’est pratiquement plus utilisé aujourd’hui dans la mesure où les échantillons sont plus importants qu’auparavant. Mais on peut toujours le reconstituer (32 = 33 + 34 + 35 ; 36 = 37 + 38 ; etc.) si l’on en a besoin.
Les principes de regroupement dans une même PCS
L’objectif initial de l’Insee était de « classer l’ensemble de la population, ou tout au moins l’ensemble de la population active, en un nombre restreint de grandes catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale », en faisant l’hypothèse que l’homogénéité sociale découle ou du moins va de pair avec la position dans la division sociale du travail.
Cette homogénéité suppose trois éléments :
L’existence de certaines relations entre les personnes que l’on classe dans la même catégorie : relations de voisinage, de fréquentation, éventuellement de mariage, etc.
Ces personnes doivent également avoir des comportements et des opinions analogues : modèles de consommation, comportements culturels, opinions politiques…
Elles doivent enfin témoigner un certain sentiment d’appartenance recueillant, si possible, l’assentiment des autres membres du groupe : « je me considère comme agriculteur, et les personnes de ce même groupe me considèrent effectivement comme tel ». Cette dernière condition n’est pas toujours réalisée, car les enquêtes font confiance à la déclaration de l’intéressé, et le contrôle exercé par le groupe n’est donc pas pris en compte.
Les critères retenus pour atteindre cet objectif :
La nomenclature se veut multidimensionnelle, c’est-à-dire qu’elle prend en compte plusieurs critères :
1/ Un premier critère central : le statut de l’emploi, ce critère permet de distinguer les indépendants des salariés,
Les indépendants sont ici définis dans un sens large, ils correspondent à l’ensemble des personnes à leur compte et /ou qui dirigent de droit une entreprise ou une société (mais attention un indépendant n’est pas forcément un employeur).
Les salariés sont les personnes qui travaillent, aux termes d'un contrat, pour une autre entité résidente en échange d'un salaire ou d'une rétribution équivalente, avec un lien de subordination.
On remarque ainsi que certains groupes socioprofessionnels ne recouvrent que des indépendants (les groupes 1 et 2), d’autres que des salariés (les groupes 5 et 6) et enfin certains groupes socioprofessionnels sont mixtes mais avec une plus forte proportion de salariés (il s’agit des groupes 3 et 4 où par exemple les professions libérales, indépendantes sont classées dans le groupe socioprofessionnel 3 et les sages femmes à leur compte sont classé(e)s dans le groupe socioprofessionnel 4).
2/ Viennent ensuite des critères propres à chaque statut
Deux critères scindent la population des salariés :
La nature de l’employeur (public ou privé)
La classification professionnelle (corps et catégorie hiérarchique d’appartenance dans la fonction publique ou niveau de qualification des conventions collectives dans le secteur privé) cette classification professionnelle hiérarchise les salariés selon leurs qualifications, leurs responsabilités, leur autonomie ou encore leur ancienneté.
Un critère pour les indépendants : la taille de l’entreprise.
Le schéma ci-dessous résume ces différents critères :

Remarque sur la hiérarchie des critères :
Dans la logique de production de la nomenclature, on scinde d’abord par le statut puis par la qualification. Mais dans la logique de diffusion, on scinde d’abord par le niveau de qualification (qui va permettre de distinguer les groupes socioprofessionnels entre eux, par exemple la distinction entre les ouvriers/ employés et les professions intermédiaires et les cadres renvoient à des niveaux de qualification différents) puis par le statut (qui va permettre de distinguer les catégories socio-professionnelles entre elles : par exemple, on distingue ainsi la CSP 45 professions intermédiaires de la fonction publique de la CSP 46 professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises).
A ces grands clivages s’ajoutent des distinctions plus transversales :
Le secteur d’activité : La classification de l’économie en trois secteurs principaux selon la nature de l’activité est issue des travaux menés par l’économiste anglais Colin Clark, (1947) puis repris par le théoricien français Jean Fourastié. Il s’agit de regrouper les unités de production en fonction de leur activité principale. On distingue trois secteurs d’activité :
Le secteur primaire regroupe l’ensemble des activités dont la finalité repose sur l’exploitation des ressources naturelles : agriculture, pêche, forêts, mines, gisements (le groupe socioprofessionnel 1 : agriculteurs exploitants/ agricultrices exploitantes relève du secteur primaire)
Le secteur secondaire regroupe l’ensemble des activités consistant en une transformation plus ou moins élaborée des matières premières (industries manufacturières, construction).
Le secteur tertiaire regroupe l’ensemble des unités de production qui n’ont pu être classées dans le secteur primaire ou secondaire. Il s’agit essentiellement des services.
Les groupes socioprofessionnels 2 à 6 relèvent du secondaire ou du tertiaire.
La distinction activités industrielles et artisanales est par ailleurs utilisée pour différencier certaines catégories d’ouvrier.
Ces différents critères interviennent à des degrés différents dans la structure de la grille.
⚠Attention, contrairement à une idée reçue, le niveau de revenus ne figure pas parmi les critères de classement. Le revenu moyen par PCS est le résultat du découpage et non à la base du découpage. Par exemple, le niveau relativement élevé du revenu des cadres supérieurs résulte de leurs statuts socio-économique, de leur classification professionnelle, mais ce n’est pas un revenu élevé qui confère le statut de cadre.
Depuis 2020 la nomenclature des PCS est complétée par d’autres regroupements qui fournissent des grilles de lecture actualisée de la société.
1/ « Le schéma des classes d’emploi rend compte des inégalités liées à la structure des emplois et propose une grille de lecture stratifiée de la société, complémentaires aux groupes et catégories historiques.
Concrètement, ce schéma définit 4 niveaux de qualification pour les indépendants et les salariés depuis les emplois occupant les positions les moins élevées jusqu’à ceux de niveau supérieur.
- Le niveau de qualification des emplois salariés correspond à celui de la profession exercée, il est estimé à partir d’une notion composite mêlant
diplôme requis,
position occupée
et niveau de rémunération
Chaque sous classe d’emplois salariés donne à voir des lignes de clivage jusqu’alors absentes de la nomenclature selon
le type de contrat de travail (à durée limitée ou non)
et la nature de l’employeur (fonction publique ou secteur privé)
- Pour les emplois indépendants, la hiérarchisation s’appuie sur
le niveau de qualification des professions salariés équivalentes
et la taille de l’entreprise.
En conséquence, le schéma de « classes d’emploi » ne s’emboîte pas avec la nomenclature PCS, ne serait‐ce que parce qu’il redécoupe certaines professions pour tenir compte, en leur sein, de la situation différente des salariés et des indépendants (par exemple dans les domaines de la santé, du droit, des arts, etc.)

Par exemple les sages femmes (GS4) se répartissent entre les sous classes I1 et A2 ou A4 selon qu’ils/elles sont indépendant(e)s, en CDI, fonctionnaires ou en emploi à durée limitée.
2/ La PCS ménage permet d’analyser la société non plus seulement du point de vue des individus, mais aussi des ménages. Jusqu’à présent « les études de stratification sociale attribuent [usuellement] aux membres du ménage la classe sociale du chef du ménage, qui est presque toujours un homme » (Milan Bouchet-Valat et Cyril Jayet [2019, p. 323],), occultant ainsi l’inégalité entre les femmes et les hommes au sein du couple et du marché du travail [Acker, 1973]. Or, depuis 1954, l’accès des femmes au marché du travail s’est considérablement développé et la bi-activité est devenue la norme statistique au sein des couples.
« La PCS ménage propose donc une nomenclature de position sociale des ménages qui ne donne la priorité ni au sexe ou à l’âge, ni à la position économique d’un seul de leurs membres. Elle rend compte de la situation de plusieurs adultes du ménage :
Le classement des ménages permet, à l’inverse, de les hiérarchiser
selon l’homogamie sociale
et la mono- ou bi-activité.
La PCS « ménage », qui classe l’ensemble des ménages en sept groupes et seize sous-groupes, définit une nouvelle nomenclature qui combine les informations sur la composition du ménage et sur la situation socioprofessionnelle de ses membres »[Amossé et Cayouette-Remblière, 2022].
Dans ce classement des ménages, les couples hétérogames contribuent au flou des frontières entre les classes qui les traversent logiquement, sinon sociologiquement.
Modalités de la PCS Ménage :

Cette grille s’avère particulièrement pertinente pour observer certains phénomènes, comme par exemple les inégalités scolaires.
3/ Les catégorisations ad hoc
Les catégorisations ad hoc permettent d’étudier des domaines professionnels spécifiques. Ces catégorisations sont construites par regroupement de libellés de professions : elles ne s’emboitent donc pas forcément avec le niveau fin de la PCS 2020. Quatre regroupements ad hoc ont été élaborés à l’occasion de la rénovation, qui pourront être complétés par d’autres à l’avenir :
La catégorie des enseignants
La catégorie de professions du numérique
La catégorie des métiers verts
La catégorie des dirigeants et professionnels de haut niveau
Ainsi, la PCS 2020, avec ses catégories historiques et ses innovations, entend répondre aux critiques formulées et attentes des utilisateurs : « après le crépuscule une aube nouvelle » !