Individualisme méthodologique

Définition :

L’individualisme méthodologique est une méthode des sciences sociales qui vise à expliquer les phénomènes sociaux en partout de l’individu, ses motivations, ses actions.

L'essentiel :

En sciences sociales, l'individualisme méthodologique est une manière d’analyser la société qui repose sur l’idée selon laquelle les phénomènes collectifs doivent être expliqués à partir des actions des individus. En ce sens, il s'oppose au holisme qui postule que les comportements des individus ne peuvent réellement être compris qu’en les reliant à la société dans laquelle ils se pratiquent.  Dans le cadre de l’individualisme méthodologique, les individus sont les moteurs réels des sociétés et la dimension collective émane de l’addition de ces comportements. L’individualisme méthodologique n’a donc rien à voir avec l'individualisme, défini comme un comportement déterminé par les seules motivations personnelles et l’intérêt individuel.

Cette méthode d’analyse repose sur des postulats selon lesquels seuls les individus ont des buts et des intérêts, la société ; ce sont des acteurs sociaux. Le système social, et ses changements sont donc les fruits de l'action des individus. Les phénomènes sociaux, collectifs peuvent donc s’expliquer, par la somme des comportements individuels eux-mêmes déterminés par les croyances, les motivations, les représentations et les relations entre individus. Ce sont donc ces comportements qu’il faut comprendre.

L’opposition entre le holisme méthodologique et l’individualisme méthodologique a marqué l’histoire des sciences sociales, à la fois en sociologie et en économie.                                                

En sociologie, c’est Max Weber (1864-1920) qui a posé le cadre de l’individualisme méthodologique. Il fonde une « sociologie compréhensive » très éloignée de l’analyse de Durkheim, qui prône une démarche holiste.  La méthode de Max Weber consiste à partir des individus et à « comprendre » le sens des actions qu’ils mènent. Pour étudier la société, il faut donc d’abord s’intéresser aux motifs des actions individuelles et ensuite expliquer, par phénomènes d’agrégation, les phénomènes sociaux qui en résultent. Le travail du sociologue consiste alors à représenter les comportements des agents sociaux sous la forme de catégories, d’« idéaux-types » (terme de Max Weber pour désigner une représentation simplifiée et schématisée d’un comportement social tel que l’« éthique protestante »). C’est cette étape qui amène le sociologue à expliquer, non pas un simple comportement individuel mais un comportement social. La sociologie de Max Weber est une sociologie individualiste, les parties (les activités sociales) vont permettre de comprendre le tout (la société). Cette « sociologie compréhensive » consiste donc à reconstruire les relations de causalité. Comme dans le cas du holisme, l’individualisme méthodologique suppose une neutralité axiologique : le sociologue s’interdit tout jugement de valeurs. 

En France c’est le sociologue français Raymond Boudon (1930-2013) qui a largement développé l’individualisme méthodologique en particulier dans l’analyse des inégalités scolaires, c’est-à-dire des différences de probabilité d’accès aux différents niveaux d’étude en fonction de l’origine sociale des individus. Dans la lignée de Max Weber, Boudon décrit un « homo sociologicus » qu’il distingue de l’« homo oeconomicus ».  En effet, dans son ouvrage La logique du social, publié en 1979, il explique que l’ « homo sociologicus » peut obéir à une rationalité limitée, agir en fonction de ses rôles sociaux et ses choix peuvent largement dépendre de ses expériences. Tout cela est bien loin du cadre théorique de la rationalité économique retenue par les économistes néo classiques.  Selon Boudon, les phénomènes sociaux s’analysent comme la conséquence de l’agrégation des actions individuelles. Mais, il montre aussi que l’agrégation des choix individuels peut avoir des effets collectifs non voulus, des effets pervers. Il illustre cela dans l’analyse de la mobilité sociale dans L’inégalité des chances, publié en 1973, en s’appuyant notamment sur le paradoxe d’Anderson.

En économie, l’individualisme méthodologique est à la base de toute une partie de l’analyse économique. C’est le cas des économistes néo-classiques qui, en réduisant l'individu au modèle d'un agent économique maximisateur, fait de cette méthode le point de départ de la modélisation des activités économiques. Là aussi, l’économie globale est comprise comme une agrégation d’actions individuelles. 

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