Les entreprises françaises face à l’augmentation du prix de l’énergie

Les entreprises françaises face à l’augmentation du prix de l’énergie

Présentation

Melchior vous propose le décryptage de cet article qui permet à vos élèves de comprendre comment la hausse du prix de l’énergie se répercute différemment sur les entreprises françaises, et comment celles-ci ont prévu d’y faire face au cours de l’année 2023.

INSEE, Refroidissement, Note de conjoncture, 15 décembre 2022.

 

Résumé

En novembre 2022, l’INSEE a interrogé dans ses enquêtes de conjoncture les entreprises du secteur de l’industrie (de plus de 20 salariés) et des services (quelle que soit leur taille) sur les caractéristiques de leurs contrats d’énergie (électricité et gaz), l’évolution passée et anticipée des prix de l’énergie auxquels elles font face ainsi que leurs réactions face à cette hausse des prix.

L’impact de la crise énergétique dépend du type de contrat dont dispose chaque entreprise. Dans l’industrie, la majorité des entreprises ont soit un contrat dont le prix est fixé sur une durée contractuelle ou indexé sur le prix de gros, aussi bien au niveau de la fourniture de gaz que d’électricité. Dans les services, on trouve à peu près la même chose au niveau du gaz (Mais l’utilisation du gaz est beaucoup moins fréquente dans les services que dans l’industrie ; elle est surtout concentrée dans les secteurs de la restauration et des services immobiliers), cependant en matière d’électricité, on a beaucoup plus affaire à un tarif réglementé. Cette hétérogénéité des contrats implique des variations anticipées des prix de l’énergie très contrastées selon les entreprises. Si on considère par exemple l’évolution anticipée du prix de l’électricité sur 2023, on observe que la hausse médiane prévue est de 90% pour l’industrie et de 20% pour les services.

 

Type de contrats d’énergie des entreprises selon le secteur d’activité en fin d’année 2022

Source : INSEE, Refroidissement, Note de conjoncture, page 10.

Dans ce contexte, les réactions des entreprises sont assez différentes.

 

Réactions des entreprises face à la hausse des prix de l’énergie

Source : INSEE, Refroidissement, Note de conjoncture, page 12.

Dans l’industrie, on prévoit beaucoup plus que dans les services de répercuter la hausse des prix de l’énergie sur les prix de vente (65% dans l’industrie, 31% dans les services). Une part assez faible, mais non négligeable (8% dans l’industrie, 3% dans les services) prévoit de réduire l’activité. La diminution anticipée de la production industrielle serait de l’ordre de -1,5%). Et un nombre significatif d’entreprises, aussi bien dans l’industrie que dans les services (à peu près 35% dans l’industrie et un peu moins de 20% dans les services) prévoit également une compression des marges bénéficiaires.

Retrouvez l'article complet sur le site INSEE

Les termes clés :

  • Tarif réglementé : Les tarifs réglementés sont fixés par les pouvoirs publics. Avant l’ouverture du marché à la concurrence (1er juillet 2007), c’était la seule offre disponible. Aujourd’hui, le tarif réglementé est commercialisé uniquement par les fournisseurs historiques d’électricité (EDF) et gaz (ENGIE). En ce qui concerne le gaz, le tarif réglementé sera supprimé au 1er juillet 2023.

 

  • Tarif fixé sur une durée contractuelle : Une offre à prix fixe d’un opérateur garantit un prix inchangé pour la fourniture de gaz ou d’électricité sur toute la durée du contrat.

 

  • Prix de gros et prix de marché :  Avant d’être proposé sur le marché de détail aux clients finaux (particuliers, collectivités, entreprises), l’électricité est négociée sur le marché de gros. Par exemple, en ce qui concerne l’électricité, le marché de gros assure l’équilibre entre l’offre des producteurs d’électricité (centrales) et la demande des fournisseurs qui l’achètent à des fins de commercialisation pour leurs clients. Au niveau du marché de détail interviennent les fournisseurs œuvrant sur le territoire (EDF, fournisseurs alternatifs, et entreprises locales de distribution). Un client final peut souscrire auprès d’un fournisseur un contrat basé sur le prix de marché, qui évolue selon le prix du marché de gros. Par exemple, au début de l’année 2021, le prix de gros de l’électricité était de 50 euros/ MWh. Il est passé à 222 euros/MWh en décembre 2021, et au cours de l’été 2022 il a pu monter jusqu’à 700 euros.

Le point théorique : Pourquoi le prix de l’électricité explose-t-il ?

Il existe plusieurs moyens de produire de l’électricité, à savoir l’éolien, le solaire, le nucléaire, le charbon ou le gaz.

La fixation du prix de l’électricité se détermine encore actuellement par la dernière centrale appelée, dont les coûts de production sont les plus élevés. C’est ce que l’on appelle une tarification au coût marginal dont le mécanisme était déjà bien expliqué à son époque par Ricardo.

 

==> Lire la notion Rente

 

Cette fixation au coût marginal conduit actuellement à une montée en flèche du prix de l’électricité. Le prix de gros (que paient notamment les fournisseurs d’électricité aux producteurs) a fortement augmenté au cours de l’été 2022, avec notamment une augmentation de 58% entre juin et juillet. Ce prix n’était que de 85 euros le MWh un an auparavant, soit à peu près dix fois moins. Et c’est l’augmentation des prix du gaz, dont une partie est utilisée pour produire de l’électricité, qui conduit à ce résultat.

Pour de nombreux observateurs, il y a une urgence absolue à découpler le prix du gaz de celui de l’électricité. En effet, les coûts de production des centrales nucléaires sont restés stables. En théorie donc, les consommateurs français pourraient bénéficier d’une électricité à un coût modéré. Mais avec le fonctionnement décrit plus haut, les producteurs d’énergie s’alignent sur le prix des centrales les plus chères, au gaz ou à charbon.

Ce mécanisme conduit à des surprofits très importants, puisque comme le solaire ou l’éolien bénéficient d’une énergie quasiment gratuite au moment de la production, les entreprises qui produisent une énergie peu chère profitent du système en la revendant sur le marché du gros au prix le plus élevé de l’électricité provenant de centrales à gaz ou à charbon. Et EDF profite également de ce système en raison du faible coût de production du nucléaire.

Une des pistes de réforme du mode de fixation des prix de l’électricité est de scinder le marché en deux : un premier marché regrouperait les moyens de production verts et bas-carbone, et si ce marché ne couvre pas toute la demande, on ferait appel à un second marché qui regrouperait les énergies fossiles. L’idée serait ensuite d’agréger les deux blocs dans le prix payé par le consommateur, au lieu qu’il soit seulement déterminé par le coût de production le plus élevé. Reste à savoir qui paierait pour la différence entre le prix vendu par le producteur à partir des énergies fossiles et le coût de production de son électricité.

Les plus de l’article :

  •  Une explication claire des mécanismes qui gouvernent le prix de l’énergie.
  •  Un exposé des différents contrats qui lient les fournisseurs d’énergie à leurs clients.

Ce qui fait débat :

  •  Faut-il organiser différemment le marché de l’énergie en Europe ?
  •  La hausse du prix de l’énergie doit-elle au bout du compte essentiellement à la charge du consommateur ?

Lien vers le cours de classe préparatoire : Module 4

A consulter sur le même sujet :

Voir l’étude de cas « L’Europe, l’ouverture des marchés et le paquet énergie-climat : EDF, un acteur engagé »

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