SAINT-GOBAIN ET L’HABITAT DURABLE

Introduction

 

S’il reste beaucoup à faire dans le domaine des transports pour réduire son impact environnemental, le bâtiment n’est pas en reste. En effet, le secteur est le plus énergivore avec plus de 40% de l’énergie finale consommée en France, tant pour sa construction qu’au cours de son utilisation. 

 

Le bâtiment émet également chaque année plus de 120 millions de tonnes de dioxyde de carbone, soit environ le quart des émissions nationales françaises. Dans ces conditions, le chantier des économies d’énergie est vaste pour les logements individuels et collectifs, de même que pour les industries et les entreprises tertiaires.

 

L’habitat durable promeut une dimension écologique visant à diminuer son impact sur la planète avec l’emploi de matériaux et de ressources renouvelables, une bonne gestion des déchets, une meilleure performance énergétique, le respect de la faune et de la flore. 

 

Cependant, à la dimension écologique s’ajoute la dimension économique puisque l’habitat durable privilégie l’économie de proximité en misant sur les ressources humaines et matérielles locales, en intégrant l’économie circulaire par le réemploi de matériaux recyclés.

 

 Et il ne faut pas oublier la dimension sociale puisque en abritant des humains sous son toit, l’habitat durable prend nécessairement en compte les relations de voisinage, professionnelles ou utilitaires de ses habitants. Il peut donc s’agir d’un vecteur de cohésion sociale, particulièrement au sein des habitats groupés. La santé de ses habitants demeure aussi primordiale (limitation des allergènes, substances cancérigènes, ondes électromagnétiques, ...). Ainsi l’habitat durable n’est pas simplement une construction figée en dur, mais bien un système « vivant » et évolutif, en interaction constante avec son milieu.

 

 

La mise en œuvre de la rénovation énergétique est au cœur des préoccupations de l’Etat face au réchauffement climatique. C’est ainsi qu’en ce qui concerne les logements, une série de lois ont été votées, comme le Plan de rénovation énergétique de l’habitat (PREH) en 2013, suivi de la Loi sur la transition énergétique par la croissance verte (TECR) en 2015. L’Etat a par ailleurs déployé le Plan climat en 2017 et les dispositifs pour accélérer les chantiers ont été renforcés en 2020 avec le Plan de relance en faveur de la transition énergétique. Enfin, la loi Climat et résilience a été votée le 22 août 2021, avec la finalité d’accélérer la transition énergétique dans plusieurs domaines : le logement, la consommation, les déplacements, le travail et la production. 

 

L’action des pouvoirs publics se traduit par la mise en place d’aides financières et fiscales pour les ménages telles que la subvention « MaPrimeRénov », indispensables pour rénover massivement les « passoires thermiques » tout en ayant des conséquences positives sur le pouvoir d’achat des Français et la transition écologique. Le dernier plan de relance en faveur de la transition énergétique a engagé près de 7 milliards d’euros dont 2 milliards d’euros d’aides de l’Etat, alors que le budget initial de 2020 prévoyait une enveloppe initiale de 800 millions d’euros. 

Dans une conjoncture économique difficile, le budget de « MaPrimeRénov » a été réduit en 2024 alors qu’un 

« Plan Marshall » de la rénovation énergétique serait nécessaire avec 5 à 10 milliards d’euros dédiés en priorité à mieux isoler les « passoires thermiques » pour réduire les émissions de CO2 et les coûts de chauffage en améliorant les conditions de vie des habitants.

 

Comme on le verra en première partie, cette action des pouvoirs publics est la conséquence d’un nouveau paradigme apparu progressivement à partir des années 1970, qui invitait à passer « d’un habitat qui protège de la nature à un habitat qui protège la nature ».

 

Mais l’action en faveur de l’habitat durable est aussi le fait de l’entreprise, comme en témoigne le groupe Saint-Gobain, leader de la construction durable, qui s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (deuxième partie).

 

Enfin, la dernière partie visera à illustrer l’action des différents acteurs de l’habitat durable à partir de la rénovation des logements collectifs, en évoquant les enjeux d’aujourd’hui et de demain concernant ce type de logements.

Voir la mise en activité, en partenariat avec France stratégie, « Quelle rentabilité économique pour les rénovations énergétiques des logements ? »

I- Petite histoire de l’habitat durable

A- Un nouveau paradigme

Le débat sur le développement durable commence avec l’édition des travaux du Club de Rome en 1972 « The Limit of Growth », publiés par le MIT, qui n’a rien d’un refuge d’écologistes antiprogressistes, et sa traduction française « Halte à la croissance », qui diffuse un autre message s’inspirant plus ou moins des théories de la décroissance, embryonnaires à l’époque, mais qui connaissent une certaine vigueur de nos jours. D’un côté, on trouve ceux qui pensent que le développement durable est une contrainte (que l’on peut surmonter de deux manières contraires : soit nier les problèmes environnementaux en affirmant que le progrès technique permet de surmonter toutes les difficultés sans qu’une action volontariste soit nécessaire, soit défendre l’idée selon laquelle seul le retour à un mode de vie plus frugal permettra d’assurer la survie de l’humanité) et de l’autre côté ceux qui voient cette contrainte environnementale comme une source d’innovations technologiques, économiques, sociales et politiques. 

 

Selon Pascal Picq, paléoanthropologue, toutes les sociétés humaines ou animales ont toujours été confrontées à ce dilemme. Face à une crise, on peut se recroqueviller, protéger ses acquis en demandant des mesures protectionnistes, ou au contraire s’engager dans une stratégie qualitative d’adaptation au milieu. C’est cette stratégie qualitative qui a permis aux grands singes actuels et passés de survivre face à l’expansion des autres singes, et c’est la même stratégie qui permet d’aller de l’avant face aux enjeux climatiques que nous connaissons maintenant.

 

Fort heureusement, depuis la campagne présidentielle de 2017, et l’initiative du Pacte écologique de Nicolas Hulot, l’écologie est au cœur des enjeux politiques de la société. Le Grenelle de l’environnement a permis des échanges entre des acteurs qui s’ignoraient jusque-là, le grand changement vient du fait que l’environnement n’est plus perçu de manière négative. Dans cette vision du changement, le Grenelle de l’environnement apparaît comme un ensemble d’opportunités pour construire des habitats de haute qualité environnementale, et donc de revaloriser et de faire évoluer des métiers en leur assignant de nouvelles compétences. Cette vision nouvelle contribue par exemple à faire évoluer le métier d’architecte. Il ne suffit plus de faire beau et audacieux sans considérer les impacts sur l’environnement. Comme le dit Pascal Picq, le développement durable accouche d’une nouvelle éthique de la responsabilité.

B- Quelques points de repère sur l’habitat durable

Contrairement à ce que l’on pense généralement, depuis que l’homme a commencé à bâtir, il a toujours fait preuve, sauf sur la période récente, d’un grand sens du développement durable. L’architecture dite vernaculaire est toujours en phase avec les besoins de celui qui la conçoit : ses caractéristiques sont adaptées au climat, au lieu et au milieu où elle est mise en place. On construit avec les matériaux disponibles à moindres frais et nécessitant le moins d’efforts dans un milieu donné. On construit aussi en fonction du climat, avec des matériaux locaux et naturels pour répondre aux besoins de l’usager. Cette architecture vernaculaire est la méthodologie constructive qui est à l’origine du bâti français depuis la nuit des temps jusqu’au siècle dernier.

C’est au XIXème siècle, au moment de la révolution industrielle, que l’urbanisation, combinée à l’industrialisation, provoque le début de la densification à grande échelle de l’habitat et de la première grande dégradation du rapport entre l’habitant et son milieu. Cette dégradation s’amplifie à la suite de la seconde guerre mondiale, avec la reconstruction, l’exode rural et la fin de la guerre d’Algérie, où s’applique la politique des « grands ensembles ». A l’époque, les impératifs économiques prévalent, et les matériaux industriels sont devenus moins chers et plus simples à mettre en œuvre, la standardisation augmentant encore les performances. Et cela d’autant plus que le coût et la disponibilité de l’énergie ne sont pas encore un problème (jusqu’en 1973, le baril de pétrole s’échange aux environs de trois dollars et les travaux du géophysicien Hubbert, bien que datant de 1965, sont peu connus jusqu’au début des années 1970). 

C’est dans ces années 1970 que commence à apparaître le phénomène de la « ruralisation », dans lequel les individus aspirent au logement individuel et à une meilleure qualité de vie.  C’est le temps du lotissement avec ses problèmes de mitage (étalement urbain), qui ne permet pas non plus d’aboutir à des constructions satisfaisantes, si l’on envisage les choses sous l’angle écologique. Le « pavillon » répond à son cahier des charges qui exprime toutes les contraintes économiques des constructeurs, mais sacrifie largement l’aspect environnemental et architectural du bâti ainsi produit.

La prise de conscience écologique apparaît progressivement à partir de la fin des années 1960, avec la volonté de certains groupes de la population désireux de sortir d’un modèle de société qui ne leur convient pas, et de se désolidariser notamment de son aspect énergétique, représenté par le monopole d’EDF devenu insupportable pour ceux qui dénoncent le choix du « tout nucléaire ». La renaissance de l’architecture durable est donc d’abord due à des préoccupations politiques de choix de société et de rejet de la « société de consommation ». 

Très vite, les impératifs de recyclage, répondant au problème de la pollution et de l’épuisement des ressources de matières premières, viennent enrichir la réflexion sur les matériaux de construction. Par exemple, c’est dans les années 1990 que des labels sont produits (FSC en 1993 et PEFC en 1999 afin de mieux gérer la ressource en bois). Et plus récemment comme on l’a vu en introduction s’impose progressivement les défis des bâtisseurs actuels qui sont de maîtriser les aspects environnementaux, sociaux et économiques des constructions. Ce n’est qu’en prenant en compte tous ces aspects que l’on peut véritablement parler de construction durable.

II- L’engagement des professionnels du secteur : l’exemple emblématique de Saint-Gobain

A- Une entreprise qui s’inscrit dans la longue durée

L’histoire de Saint-Gobain commence en 1665, à l’initiative de Louis XIV et de Colbert pour protéger le royaume de France des importations vénitiennes de verre. Progressivement, cette entreprise s’est ouverte, d’abord à l’Europe au XIXème siècle, puis au reste du monde à partir du XXème siècle. 

 

Le groupe Saint-Gobain est aujourd’hui présent dans 76 pays, avec 160 000 collaborateurs, dont 3 sur 4 hors de France, il a réalisé un chiffre d’affaires de 47,9 milliards d’euros en 2023.

 

Dès 2020, avec l’affirmation de la raison d’être de l’entreprise « Making the world a better home », Saint-Gobain s’est engagé dans une nouvelle perspective de développement pour devenir le leader mondial de la construction durable en contribuant à améliorer la vie de tous et le confort de chacun. 

 

Dans ce cadre, s’appuyant sur plus de 360 ans d’histoire, Saint-Gobain s’engage à répondre aux enjeux de la décarbonation du monde de la construction et de l’industrie, de la préservation des ressources et de l’urbanisation rapide, en se donnant comme perspective d’être à zéro émission nette de CO2 à l’horizon 2050. 

Voir l’étude de cas « Saint-Gobain : Une entreprise toujours en phase avec son temps »

B- Les grandes orientations actuelles de l’entreprise

La raison d’être de Saint-Gobain recouvre une approche holistique déclinée en 4 axes.

 

  • « Home to live in » - « La maison à vivre »,

  • « Home to last » - « L’habitat dans la durée »,

  • « Home to care » - « L’habitat pour le développement » 

  • « Home to share » - « L’habitat pour partager »

 

1. « Home to live in » ou « Maison à vivre », concerne l’amélioration de l’habitat pour le rendre moins consommateur de ressources, plus économe en énergie, plus confortable et plus résistant au changement climatique. Saint-Gobain a participé en 1998 à la création et au développement d’EuroACE, avec d’autres grandes entreprises européennes du secteur, pour aider les Etats-membres de l’Union européenne à mettre en œuvre une politique d’efficacité énergétique des bâtiments. 

En 2011, alors que jusque-là les directives européennes ne concernaient que le parc immobilier neuf, EuroACE a lancé une campagne politique « Renovate Europe », soutenue par plus de 45 organisations de l’industrie et de la société civile et 17 partenaires nationaux, dont l’objectif est de réduire de 80% la demande en énergie de l’ensemble du parc immobilier de l’Union européenne, afin d’atteindre la norme « presque zéro énergie des bâtiments » (nZEB) d’ici 2050 grâce à une législation et à des programmes de rénovation ambitieux. 

Le taux de rénovation du parc immobilier reste modeste, mais la Commission européenne a lancé en 2020 « Renovation Wave », une stratégie visant à au moins doubler le taux des rénovations énergétiques au cours des 10 prochaines années. Cette ambition rejoint pleinement l’action de Saint-Gobain qui développe des solutions et des matériaux permettant d’offrir des maisons plus confortables, des écoles avec des environnements plus sains pour les enfants, et des économies sur les factures d’énergie pour les hôpitaux et les entreprises. Saint-Gobain est par ailleurs membre de la Global ABC (Global Alliance for Buildings and Construction), créée en 2011 dans le sillage de la COP 21, qui œuvre pour un secteur du bâtiment et de la construction zéro émission, efficace et résilient.

 

2. « Home to last », ou « Habitat dans la durée », vise à bâtir des conditions de vie stables et solides sur le long terme. Le logement n’est pas seulement un toit, mais la pierre angulaire de la santé, la dignité, la sécurité, l’inclusion et le bien-être des habitants de la planète.

Dès 2010, Saint-Gobain s’est fixé comme objectif de devenir la référence de l’habitat durable, en phase avec ONU-Habitat, dont la mission est de promouvoir le développement sur le plan social et environnemental, ainsi que l’accès à un logement pour tous. Il s’agit en effet d’offrir des bâtiments plus sains et plus confortables à une population mondiale de plus en plus urbanisée, et qui passe 80% de son temps à l’intérieur. 

Saint-Gobain développe des solutions qui contribuent au confort thermique et acoustique des habitants, améliorent la lumière naturelle et la qualité de l’air à l’intérieur, tout en réduisant les consommations énergétiques des bâtiments. Ces solutions préservent aussi les ressources naturelles et ont une empreinte carbone réduite, notamment par l’allègement, l’incorporation de matières recyclées et le recyclage en fin de vie. 

Saint-Gobain agit en collaboration avec d’autres institutions et entreprises, afin de faire la promotion de la construction durable, d’en expliquer l’importance, d’en démontrer la faisabilité, et par là-même, d’accélérer la transformation du marché. C’est le sens de son partenariat avec le World Green Building Council, dont Saint-Gobain soutient la campagne « Better Places for People ».

 

3. « Home to care », ou « Habitat pour le développement » doit garantir à ses habitants un accès plus équitable à la santé et à l’éducation, en concertation étroite entre les associations, les entreprises et les acteurs de terrain. Ensemble, les associations, les communautés locales et les entreprises peuvent relever certains grands défis comme la lutte contre la précarité et l’insertion professionnelle des jeunes sans formation ou sans emploi. Les entreprises ont la capacité d’amplifier l’action des associations dont elles connaissent les terrains d’action, qui sont aussi leurs propres marchés, et parce qu’elles sont connectées aux acteurs clés de l’écosystème pour développer une activité durable. 

A titre d’illustration, on peut citer le partenariat de Saint-Gobain avec l’IECD (Institut européen de coopération et de développement) association présente dans 15 pays qui soutient le développement humain et économique par le biais de l’éducation, de la formation et de l’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes et à l’entrepreneuriat.

Lorsqu’il s’agit de causes mondiales, Saint-Gobain collabore avec des institutions et organismes internationaux. Pour répondre à des besoins plus spécifiques, l’entreprise s’appuie sur des acteurs de terrain. Le rôle joué par la Fondation Saint-Gobain est très important pour le financement des projets locaux d’insertion ou d’amélioration du logement à destination des personnes en situation d’exclusion.

 

4. « Home to share », ou « Habitat pour partager », vise à inventer des villes plus économes en énergie et en ressources, qui favorisent le lien à l’échelle locale, et repensent la notion de bien commun et d’espace partagé. C’est ce que l’on appelle « la ville frugale », qui permet de concilier l’ambition écologique, la satisfaction des besoins des habitants, et des coûts maîtrisés. 

Cette vision de la ville nouvelle est pleinement en accord avec les engagements de Saint-Gobain d’être une entreprise citoyenne dont l’implantation dans une communauté doit favoriser une création de valeur locale, inclusive et durable. De la conception à la production et distribution de matériaux et solution pour la construction, les métiers de Saint-Gobain sont locaux, en liaison étroite avec les bassins d’emploi où l’entreprise est implantée. 

III- Une illustration : la rénovation des logements collectifs

A- Définition et place du logement collectif en France

Selon l’INSEE, un logement collectif (ou appartement) fait partie d’un bâtiment dans lequel sont superposés plus de deux logements distincts ne disposant pas d’accès privatif. Au sein de ces logements collectifs, on distingue les logements sociaux et les copropriétés.

 

Les logements sociaux représentent 4,7 millions de logements habités par 15% des ménages français. 450 organismes (OPH, ESH, Coop HLM) sont dédiés à la gestion, regroupés au sein de l’Union Sociale pour l’Habitat. Restant la propriété de bailleurs sociaux, le parc de logements sociaux bénéficie d’une gestion à long terme assez favorable à sa rénovation. En témoigne sa consommation énergétique plus vertueuse que la moyenne du parc de logements français, et son faible nombre de passoires énergétiques (classes F et G du DPE ; voir plus bas). Par ailleurs, ce parc social est relativement récent, puisque 50% de celui-ci a été construit il y a moins de 50 ans. Or, avant 1974, aucune norme n’encadrait la performance énergétique des bâtiments. Ainsi, 55% de l’ensemble des logements achevés avant cette date ont une étiquette DPE E, F ou G, contre 16% de ceux construits depuis 2000, et cela parce que plusieurs réglementations thermiques avec des objectifs renforcés ont été mises en application depuis l’année 2000.

 

Quant aux copropriétés, elles concernent plus de 10 millions de logements (7,5 millions de résidences principales, 1,3 million de résidences secondaires, 1 million de logements vacants) qui sont répartis dans 750 000 copropriétés, essentiellement de petite taille (7 millions de logements situés dans des immeubles de moins de 10 logements). Le parc de copropriétés est plus ancien que le parc de logements sociaux. 27% de ce parc a été construit avant 1948, et seuls 41% des logements datent d’après la première réglementation thermique. Les copropriétés affichent encore aujourd’hui un nombre élevé de passoires thermiques : 1,5 million de ces logements sont classés F ou G, soit plus de 18% des appartements mis en location et 14% des appartements occupés par des propriétaires. Cela s’explique par le coût des travaux, les difficultés de financement, le manque d’anticipation, et la difficulté d’accorder les intérêts individuels au sein d’un ensemble.

 

Qu’il s’agisse de logements sociaux ou de copropriétés, le XXIème siècle demande un investissement inédit dans la gestion du parc des bâtiments existants. L’objectif est de l’adapter aux enjeux de demain, tout en prenant en compte les spécificités architecturales qui font la richesse du patrimoine immobilier. Quatre enjeux doivent être relevés qui recoupent les dimensions écologique, économique et sociale de l’habitat durable.

 

 

B- Les enjeux de la rénovation

Le premier enjeu est bien sûr celui de la rénovation énergétique, d’abord parce que le parc de logements existants représente une part considérable de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre en France, et ensuite parce que la précarité énergétique s’accélère en France. 785096 ménages ont subi une intervention d’un fournisseur d’énergie en 2021 pour donner suite à des impayés (en augmentation de 17% par rapport à 2019), 10,5% des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8% de leurs revenus pour payer les factures énergétiques de leur logement en 2020, et 60% des Français déclarent avoir restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir des factures trop élevées. 

 

Les mesures prises ces dernières années (fonds de travaux en copropriété, audits énergétiques, isolation obligatoire en cas de ravalement de façade ou de réfection de toiture) ne suffisent plus. L’engagement pris par la France notamment au sein de la Stratégie Nationale Bas Carbone est de rénover massivement le parc existant jusqu’à atteindre en moyenne le niveau énergétique Bâtiment à Basse Consommation et la neutralité carbone en 2050. 

 

Dans cette perspective, outre la lutte contre les passoires énergétiques à très court terme, les bailleurs sociaux doivent établir un Plan Stratégique de Patrimoine (PSP) qui permet de définir les travaux que l’organisme doit entreprendre en fonction de sa stratégie patrimoniale (réhabilitation, traitement du patrimoine énergivore, vente,…), dans le but d’avoir une vision à long terme des travaux à entreprendre et de pouvoir intégrer dans les comptes de la société les dépenses qui s’y référent. 

 

Et du côté des copropriétés le Plan Pluriannuel de Travaux (PPT), document listant tous les travaux collectifs qu’une copropriété doit réaliser afin d’assurer le bon emploi de ses bâtiments et l’amélioration de leurs performances énergétiques devient progressivement obligatoire (au 01 janvier 2023 pour les copropriétés de plus de 200 lots, au 01 janvier 2024 pour celles comprises entre 51 et 200 lots, et au 01 janvier 2025 pour les petites copropriétés).

 

Le deuxième enjeu est d’adapter les logements aux évolutions des ménages. Le vieillissement de la population annoncé depuis des années est bien là. D’ici 2035, un quart de la population française aura plus de 65 ans et 13,5% auront même atteint ou dépassé 75 ans. 

 

Pour maintenir les personnes âgées à domicile, y compris en cas de perte d’autonomie, il faut adapter les logements existants à cette population croissante. C’est par exemple dans ce cadre que le gouvernement permet dès le 01 janvier 2024 à certains seniors de bénéficier d’un nouveau dispositif baptisé Ma Prime Adapt’. Ce dispositif fait partie des mesures gouvernementales lancées dans le cadre du plan de lutte « anti-chute » des personnes âgées, avec pour objectif à très court terme de réduire le nombre de chutes de 20% chez les seniors d’ici 2025.

 

Le troisième enjeu est d’améliorer les différentes sources de confort des occupants des logements collectifs qui outre le confort thermique (pour profiter d’une température agréable été comme hiver, tout en minimisant les consommations d’énergie), sont le confort sanitaire, (pour améliorer la qualité de l’air intérieur) ,le confort visuel (pour profiter des apports de la lumière naturelle et pour disposer d’un habitat agréable et esthétique), le confort modulable et la sécurité (pour favoriser l’accessibilité et pour favoriser la modularité et la sécurité des espaces), et le confort acoustique (pour réduire les nuisances sonores intérieures et extérieures). 

 

A titre d’illustration, les toitures végétalisées permettent à la fois d’améliorer le confort thermique et acoustique, de renforcer le bien-être et la santé, de protéger la biodiversité, de rafraîchir l’air extérieur dans les villes, et d’assurer la durabilité du toit.

 

Enfin, le dernier enjeu est de penser la ville de demain avec une nouvelle ère pour l’habitat collectif urbain. A cet égard, la surélévation peut être une solution face à la densification. En effet, grâce à la surélévation, les villes peuvent à la fois lutter contre l’artificialisation des sols et laisser plus de place à la nature, tout en augmentant l’offre de logements. 

C- L’urgence actuelle

Les enjeux que l’on vient d’évoquer se heurtent cependant à une conjoncture économique assez difficile. Selon les données de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB), le secteur de la construction neuve accuse une chute de 6,5%, et ceux de l’entretien-rénovation et des Travaux d’amélioration de Performance énergétique du logement sont également en net recul. 

 

 

Cette dernière baisse est particulièrement importante au regard des objectifs nationaux en matière de transition énergétique. C’est la raison pour laquelle la CAPEB appelle à organiser un Grenelle de l’Environnement qui traiterait à la fois de la construction neuve et de la rénovation, puisque selon cet organisme « seule une articulation intelligente de ces deux leviers permettra à chacun de se loger dignement, tout en prenant en compte les enjeux climatiques et environnementaux ». Un tel Grenelle rassemblerait l’ensemble de la filière du bâtiment, les pouvoirs publics et toutes les autres parties prenantes pour définir une stratégie de long terme et mobiliser les leviers disponibles pour atteindre l’objectif de 2050.

Conclusion

Convaincu de faire avancer la cause de la construction durable face aux enjeux climatiques, démographiques et de protection des ressources, Saint-Gobain a lancé en 2023 l’Observatoire de la construction durable. Cet observatoire publie depuis 2023 le Baromètre de la construction durable, étude quantitative menée dans 22 pays auprès de professionnels, d’étudiants, d’élus et de membres d’associations, et dont l’objectif est d’identifier les champs d’action pour accélérer la construction durable.

 

Au niveau de l’ensemble de l’étude, on constate que 95% des répondants s’accordent à dire que la mise en place de constructions plus durables est un enjeu important ou prioritaire. Mais la compréhension de la construction durable est souvent partielle, limitée aux enjeux environnementaux. Sa définition est encore largement associée à la « construction verte » (recherche de l’efficacité énergétique des bâtiments et de la neutralité carbone des constructions), et les notions de résilience et de confort des occupants sont considérées comme secondaires. 

De manière générale, la prise de conscience des enjeux de la construction durable varie selon l’environnement géographique et économique : le clivage est évident entre le « Sud global » et les pays développés, mais aussi entre les régions d’un même pays. Il importe donc maintenant de rendre la problématique de la construction durable accessible à tous.

 

Au niveau français, l’étude qualitative menée par l’Institut CSA révèle que la France est en retard sur ses objectifs en matière de rénovation énergétique alors même que le pays dispose d’un stock de bâtiments à rénover plus important que d’autres pays européens qui ont conçu différemment leur habitat, et notamment les pays scandinaves. Les acteurs interrogés partagent le constat d’une filière rénovation longtemps délaissée au profit de la construction neuve. Toutefois, une transformation semble aujourd’hui à l’œuvre. La rénovation énergétique en est encore à ses débuts, et pour accélérer la transformation, les principaux leviers identifiés par les répondants sont les process et bonnes pratiques à systématiser, une organisation et une industrialisation de la filière ainsi que l’accompagnement des propriétaires. D’ailleurs, comme on a pu voir en introduction, les politiques publiques se sont saisies de ces sujets avec les dispositifs « Ma PrimeRénov » et le programme « Edurenov ».

Partie pédagogique réalisée par Judith Leverbe

QCM sur l'étude de cas SAINT-GOBAIN Habitat durable

Thèmes pédagogiques

Thème 1 Innovation et décarbonation

Document 1

 

Document 2

 

Thème 2 Du développement durable à l’habitat durable

Doc 1 : Les trois piliers de l’habitat durable

Activité

Activité : Relier les propositions suivantes au pilier qu’il vise (social, environnemental, économique) en cochant la case correspondante

Facile

Thème 3 Empreinte carbone et engagements de Saint-Gobain

Doc 1 : Le bilan carbone

Pour réaliser un bilan carbone, les organisations doivent analyser et estimer les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues de leur activité. 

En fonction de leur origine, l’ADEME propose un découpage par périmètre : « Scope 1 / Scope 2 / Scope 3 » qui permet de catégoriser les différentes sources d’émissions de CO2

Cette classification est essentielle pour calculer l’empreinte carbone d’une entreprise, en évaluant toutes les émissions GES qu’elle produit, qu’elles soient directes ou indirectes.

  • Scope 1 : Il correspond aux émissions de gaz à effet de serre (GES) directement émises par les activités de l’entreprise. […]

  • Scope 2 : Il couvre les émissions de GES indirectes associées à la consommation d’énergie, qui surviennent en dehors des installations de l’entreprise. […]

  • Scope 3 : Il inclut les émissions de GES indirectes qui échappent au contrôle direct de l’entreprise, englobant souvent les activités en amont et en aval de la chaîne de valeur. […]

Source : bpifrance

 

Doc 2 :  Les Scopes appliqués à Saint-Gobain

Doc 3 : les objectifs environnementaux de Saint-Gobain

Activité

Activité : Relever dans le document les objectifs environnementaux de Saint-Gobain pour 2030

Facile

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