Il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la socialisation primaire.
Socialisation professionnelle
Le sociologue américain Everett C. Hughes (1897-1983) rappelle que le travail n’est pas seulement une transaction économique où l’individu échange sa force de travail contre un salaire. Le travail est au cœur de la construction de l’identité des individus.
L’engagement professionnel est constitutif d’une présentation de soi et d’un rapport au monde. En effet, avoir une place dans le processus de production c’est bénéficier d’un revenu et d’une couverture sociale ; mais aussi d’un statut, c’est-à-dire une place dans une échelle de prestige qui est déterminée collectivement. La profession exercée ne fournit donc pas seulement des avantages matériels (salaires, primes, avantages en nature) mais aussi des biens sociaux et symboliques.
Pour Everett C. Hughes, le métier choisi (enseignant, boucher, secrétaire, gardien de la paix, expert-comptable, etc.) donne une identification « irrévocable ». L’individu ferait corps avec son métier. De surcroît, dans certaines institutions (médicale, militaire, scolaire, religieuse, agricole), la sphère privée est absorbée par la sphère professionnelle.
La socialisation professionnelle peut se définir comme l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière. Pour reprendre le vocabulaire d’Everett C. Hughes (1897-1983), le profane devient un initié.
Le processus de socialisation professionnelle est donc une transmission de valeurs, de normes et de savoirs propres à une catégorie professionnelle qui suppose aussi une projection de soi dans l’avenir professionnel visé. La socialisation (études, stages, obtention de permis, etc.) prépare les étudiant(e)s à devenir des personnels soignants, des graphistes web, des enseignants, des managers, des artisans, etc.
Notons que les individus acquièrent progressivement les savoirs et les savoir-faire qui seront à l’origine du travail technique et relationnel. Toutefois, ils s’approprient des pratiques, un vocabulaire technique, des gestes communs, etc. et les restituent dans leurs emplois en fonction de leurs propres conceptions de leur métier.
On peut donc définir les identités professionnelles comme « des manières socialement reconnues, pour les individus, de s’identifier les uns les autres, dans le champ du travail et de l’emploi. »
Pour le sociologue français Claude Dubar (1945-2015), la notion d’identité professionnelle ne désigne pas les catégories officielles qui servent à classer les individus (cf. catégories socioprofessionnelles de l’Insee), ni les appellations qui servent à se désigner soi-même car elles sont extrêmement diverses. Ainsi, pour un même poste, une personne peut se désigner comme « prof », « professeur(e) », « enseignant(e) », « instit », « instituteur(rice) », « professeur des écoles », etc.
Il souligne que les identités professionnelles sont des formes identitaires (ou configurations Je-Nous) repérées dans le champ des activités de travail rémunérées.
Ainsi, Claude Dubar invite à penser l’identité autour de trois dimensions : le moi, le nous et les autres. L’identité est donc un processus de construction collectif, c’est le fruit des interactions entre ces trois paramètres (soi, autrui, nous).
Le concept d’identité est caractérisé à la fois par une définition de « soi par soi », et de « soi par les autres ». L’identité professionnelle est une composante de l’identité de la personne. Elle renvoie à trois éléments principaux :
- le monde vécu du travail ou les conditions de travail.
- les relations de travail ou le sentiment d’appartenance à des groupes.
- les trajectoires professionnelles ou la perception de l’avenir.
Socialisation conjugale
Le sociologue François de Singly souligne l'ambivalence des formes de l'individualisme contemporain qui traversent l'institution familiale.
Par exemple, les parents doivent à la fois promouvoir l'épanouissement personnel des enfants (liberté) et imposer les normes d’une réussite scolaire (contrainte). Les familles doivent donc trouver la «bonne distance» entre des relations affectives intenses et une intervention autoritaire.
François de Singly refuse de découpler « socialisation primaire » et « socialisation secondaire » : pour l'adulte, la famille demeure un foyer de socialisation !
Étudiant des jeunes couples de classe moyenne ou supérieure âgés de moins de 30 ans, il interroge les « petites choses de la vie quotidienne » (choix de la musique ou du programme télévisé, utilisation du téléphone portable, partage des espaces communs, etc.) pour identifier une « socialisation par frottement ». Il montre ainsi que les règles de la vie commune qui s’imposent à un moment ne sont ni stables ni définitives : l’habitude n’élimine pas les surprises et les changements !
Il présente donc une société contemporaine qui hésite entre individualisme et vie commune.
François de Singly explore aussi les rencontres amoureuses, la mise en couple, la vie conjugale et les séparations afin de mieux comprendre les conjugalités contemporaines. Il souligne les enjeux identitaires et de reconnaissance de soi qui sont impliqués dans ces expériences.
Pour lui, l’accroissement du nombre des divorces peut ainsi s’expliquer par :
-
la multiplicité et la diversification des attentes des partenaires ;
-
l’installation puis le rejet d’une routine propre à la vie commune ;
-
l’importance de l’injonction sociale de rester soi-même et de penser d’abord à soi.
La vie conjugale contemporaine doit donc être mise en relation avec l’affirmation d’un processus d’individualisation dans la vie privée et le mouvement d’émancipation des femmes.
Notons que ce type d’analyse, qui interroge les modalités de l’expérience féminine de la séparation conjugale, permet de mettre en évidence l’importance de la construction identitaire. Toutefois, elle minore voire occulte les conditions matérielles qui favorisent ou freinent les séparations.
Socialisation politique
La socialisation désigne l’ensemble des processus par lesquels la société construit les individus et l’ensemble des apprentissages qui influencent leurs trajectoires individuelles. Distinguer une socialisation politique comme processus spécifique, c’est prendre en compte des pratiques et des représentations qui s’accomplissent dans un domaine particulier : l’univers politique (ses valeurs, ses pratiques, ses institutions).
Notons que pour comprendre le comportement politique des électeurs (vote partisan, abstention, votes par défaut, vote nul, etc.) on peut privilégier les méthodes quantitatives (cf. exploitation des résultats des élections) ou les enquêtes qualitatives (histoires familiales, études de l’ancrage social des individus).
Les individus voteraient pour des candidats sur des enjeux politiques mais en fonction de leur histoire familiale (socialisation primaire) et de la manière dont ils ont été politisés (socialisation primaire et secondaire). Toutefois, le vote ne résume pas la vie politique française.
La transmission familiale de préférences électorales (candidat(e)s, partis, opinions, identifications partisanes, etc.) et de comportements politiques (voter, s’abstenir, assister à des débats et autres réunions politique, etc.) pendant l’enfance participe à la socialisation politique des individus.
Les travaux de la sociologue Annick Percheron (1937-1992), portant sur l’univers politique des enfants, montrent le poids de la socialisation primaire dans la capacité à ses positionner au sein du clivage gauche/droite. La famille transmet des préférences idéologiques aux enfants et son influence est d’autant plus forte que les deux parents ont les mêmes opinions affirmées.
Dans la France des années quatre-vingt, les parents transmettent des préférences politiques : ce sont d’ailleurs les valeurs qu’ils transmettent le mieux après les valeurs religieuses.
Toutefois, la socialisation politique ne se résume pas à la transmission familiale des préférences électorales. D’abord, si la socialisation primaire a des effets politiques, elle est aussi extra-familiale. L’école, les groupes de pairs, le voisinage instille des normes et des valeurs qui peuvent renforcer ou interroger les visions du monde proposée dans le cercle familial (parents, fratrie).
Ensuite, les expériences de représentation (élection des délégués de classe, participation aux conseils municipaux d’enfants, etc.) ou de vie associative (scoutisme, activités syndicales, etc.) sont des lieux de transmission de dispositions au militantisme et facilitent les « carrières » politiques.
De plus, l’école transmet une culture civique, soit est un type de culture politique qui encourage les élèves à s’impliquer dans la vie publique et avoir confiance dans leurs représentants. Cette culture civique a une dimension affective (cf. minutes de silence lors d’un drame national ou organisation de débats conflictuels en classe), une dimension cognitive (cf. connaissances des institutions républicaines) et une dimension évaluative (jugement sur la capacité des acteurs à remplir leurs objectifs).
Les agents de socialisation secondaire sont essentiellement l’école, les médias, les groupes de pairs, les partis politiques, etc. La socialisation secondaire peut modifier les valeurs ou attitudes politiques acquises dans la socialisation primaire et il reste une marge de décision personnelle lié au libre-arbitre et aux expériences individuelles.
Comprendre le socialisation politique c’est aussi intégrer les socialisations secondaires liés à l’expérience professionnelle, la participation à des mouvements sociaux ou les évènements politiques.
Le sociologue peut alors étudier comment se constitue le sentiment de compétence politique qui influence la participation électorale et l’engagement politique. Il soulignera le rôle de l’âge, du genre, de la classe sociale dans la politisation des individus ou les effets de génération. Selon l’Ined, une génération est un ensemble des individus nés pendant une période donnée, en général une année civile. Ce critère permet de distinguer un processus de socialisation « à » l’engagement ou « par » l’engagement politique.
Toute socialisation est datée. Les événements politiques peuvent transformer durablement les individus : la guerre d'Algérie ou Mai 68 sont deux moments historiques qui ont modifié les valeurs de nombre de leurs contemporains.
Aujourd’hui encore, les événements vécus, comme les manifestations pour la liberté d’expression et contre le terrorisme en janvier 2015 ou les manifestations des « gilets jaunes » à partir de novembre 2018 marquent durablement leurs participants. De même, la participation à des « manifestations pour le climat » aura certainement des effets sur l’engagement politique de certains jeunes.
L’identification partisane, c’est la volonté de se reconnaître à un parti politique. Un partisan peut être un adhérent (membre du parti), un militant (membre actif) mais aussi un simple sympathisant qui peut éventuellement financer le parti, voter pour lui ou reconnaître sa proximité en diffusant certaines de ses idées. En France, les transformations dans la socialisation familiales, la multiplication des formes de socialisation, la hausse du niveau d’éducation, le manque de confiance dans les organisations et le personnels politiques, etc. entraînent une plus grande flexibilité des attaches partisanes.
Plus largement, Olivier Ihl souligne que les expériences politiques (campagnes électorales, mouvement social, intervention militaire, action d’individus charismatiques, etc.) sont des «opportunités de socialisation» dont la compréhension nécessite de prendre en compte les discours et les pratiques des journalistes, des enseignants, des autorités politiques et judiciaires, etc.
La socialisation politique a une dimension locale : les cultures politiques sont enracinées dans un territoire (pays, région, département, commune, quartier).
La socialisation politique est une socialisation nationale comme l’illustre l’importance, en France, du clivage gauche/droite pour se positionner sur l’échiquier politique et qui permet aux individus de s’affirmer/s’opposer politiquement notamment sur une échelle de valeurs fondamentales (cf. liberté/égalité/fraternité) ou d’options politiques prioritaires (création de richesse ou réduction des inégalités).
Lors de la Révolution Française, les membres de l’Assemblée Constituante qui étaient favorables au roi avait pris l’habitude de se placer à droite de l’hémicycle, tandis que ses opposants s’installaient à gauche. Dans d’autres pays, d’autres clivages jouent ce rôle : Démocrates/Républicains, conservateurs/travaillistes, sociaux-démocrates/libéraux, etc.
Enfin toute culture politique est indissociable de l’évolution culturelle. D’une manière générale, la hausse des niveaux d’éducation, la baisse des taux de fécondité, l’affaiblissement des influences directes de la religion, la mondialisation et la démocratisation des flux d’information, ont des effets sur les cultures politiques.
Documents et exercices
Document 12. Socialisation politique (I) : Découvrir les institutions républicaines
Question 1 : Qu’est-ce qu’une commémoration ? Donnez un exemple différent du texte.
Question 2 : Que nous apprend cet exemple de la socialisation politique des jeunes ?
Question 3 : Pourquoi visiter des lieux historiques comme les plages du débarquement de 1944, le cimetière américain de Colleville ou des musées comme le Mémorial de Caen ?
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Socialisation politique (I) : Découvrir les institutions républicaines
Question 1 : Qu’est-ce qu’une commémoration ? Donnez un exemple différent du texte.
Une commémoration est une cérémonie en souvenir d'une personne ou d'un événement.
Une commémoration est une cérémonie officielle organisée pour conserver la conscience nationale d'un événement de l'histoire et servir d'exemple et de modèle.
Généralement, elle engage les pouvoirs publics : représentants élus et hauts fonctionnaires y assistent. Elle est à destination des citoyens qui sont invités à se rassembler autour d’un discours, d’une minute de silence, d’un dépôt de gerbes, etc. afin de réactiver la mémoire collective.
Les commémorations politiques officielles portent souvent sur des événements heureux, comme la fin d'une guerre (Armistice du 11 novembre), l'abolition d'une loi discriminante (commémoration nationale de l'esclavage et de ses abolitions le 10 mai) ou un personnage (bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, 1802-1885).
Question 2 : Que nous apprend cet exemple de la socialisation politique des jeunes ?
L’école a un rôle important dans la socialisation politique. Elle transmet des normes et de valeurs.
L’enseignement civique, les cours d’histoire et de français, les sorties scolaires, etc. participent à l’acquisition de connaissances sur la politique (institutions, procédures électorales, etc.) et à la transmission d’attitudes fondamentales, notamment l’importance de la participation électorale.
Si le principe de neutralité interdit à l’institution d’influencer les opinions politiques, l’école transmet des valeurs (liberté, égalité, fraternité) qui peuvent parfois s’opposer aux préférences politiques des parents.
Question 3 : Pourquoi visiter des lieux historiques comme les plages du débarquement de 1944, le cimetière américain de Colleville ou des musées comme le Mémorial de Caen ?
Colleville-Sur-Mer (200 habitants) est devenu un haut lieu de mémoire : la ville est située au cœur de la plage d’Omaha (Omaha Beach), l’une des cinq plages du débarquement des alliés du 6 juin 1944 en Normandie, et on y trouve le cimetière militaire américain (où reposent 9 387 soldats dont 4 femmes et 307 inconnus décédées le jour du débarquement ou dans les semaines suivantes).
Il s’agit ici de transmettre des valeurs, celle de la paix, aux jeunes générations.
Une autre raison est la proximité géographique ! Petit-Quevilly est en Normandie. Des élèves de départements de l’est de la France iront plus facilement visiter l'ossuaire de Douaumont, monument érigé à la mémoire des soldats de la bataille de Verdun (1916) et les élèves de Marseille son à deux pas du mémorial qui commémore les volontaires marseillais qui chantèrent en 1792 le « le chant de guerre pour l’armée du Rhin » devenu depuis l’hymne nationale, la Marseillaise.
Document 13. Socialisation politique (II) : Age et vote
Les résultats de ce premier tour sont désormais connus et l’étude de sociologie, réalisée par Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France LCP/Public Sénat, RFI-France 24, Le Point et Le Monde, donne de premières indications sur les raisons de ce vote. Concernant les tranches d’âge, Jean-Luc Mélenchon fait le plein chez les jeunes puisque 30% des électeurs entre 18 et 24 ans ont choisi le candidat de la France insoumise. Sur la tranche d’âge supérieure (25-34 ans), c’est Emmanuel Macron qui recueille les meilleurs suffrages (28%) devant Marine Le Pen (24%). Comme lors de la primaire de droite, François Fillon a séduit les retraités : 45% des électeurs de plus de 70 ans ont choisir le candidat malheureux de la droite et du centre.
Question 1 : Qu’est-ce qu’un « primo-inscrit » ?
Question 2 : Pouvez-vous identifier au moins quatre partis politiques derrière le nom des candidats ?
Question 3 : Les jeunes ont-ils les mêmes comportements électoraux que leurs aînés ?
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Question 1 : Qu’est-ce qu’un « primo-inscrit » ?
Les primo-inscrits sur les listes électorales sont ceux qui pourront voter pour la première fois à une élection. Lors de la présidentielle de 2017, il y avait 3,3 millions de nouveaux électeurs potentiels, soit 7,4 % de l’ensemble du corps électoral.
Question 2 : Pouvez-vous identifier au moins quatre partis politiques derrière le nom des candidats ?
Cherchez sur Internet !... le nom des partis peut changer !
Question 3 : Les jeunes ont-ils les mêmes comportements électoraux que leurs aînés ?
Comme les autres électeurs potentiels, les jeunes peuvent voter pour un candidat(e) qui veut réformer ou contester le système, voter blanc, s’abstenir ou voter nul. Ils peuvent aussi défendre l’idée de démocratie directe.
Néanmoins, la sociologue Anne Muxel, souligne que socialisation politique des primo-votant s’établit à partir d’un triptyque défiance - intermittence du vote - protestation. Elle souligne aussi que les primo-votants font leurs premiers pas en politique dans un contexte de profonde recomposition du paysage politique (cf. partis politiques) et de mutations des usages démocratiques (exigence de démocratie directe). Enfin, elle note que les choix de vote recoupent des fractures sociales et culturelles au sein de la jeunesse. Par exemple, le vote pour Marine Le Pen enregistre des écarts importants entre la jeunesse étudiante et la jeunesse au travail, chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes.
A l’inverse, Benoît Hamon attire plus les étudiants que les jeunes actifs.
Seul Emmanuel Macron avait capté en 2017 les voix de primo-votants venant de tous les horizons…
Document 14. Socialisation politique (III) : une jeunesse plus écologique ?
Question 1 : Qui est Greta Thunberg ? Pourquoi cette jeune suédoise est connue en France ?
Question 2 : Les manifestations étudiantes participent-elles à la socialisation politique des jeunes ?
Question 3 : Selon vous, vivre un évènement et/ou appartenir à une génération a-t-il des effets sur la socialisation politique des individus ?
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Socialisation politique (III) : une jeunesse plus écologique ?
Question 1 : Qui est Greta Thunberg ? Pourquoi cette jeune suédoise est connue en France ?
Réponse 1
Greta Thunberg, né Stockholm en 2003 à, est une militante pour le climat. A 15 ans, elle proteste devant le parlement suédois contre l'inaction face au changement climatique et lance, en novembre 2018, la Skolstrejk för klimatet (« grève de l'école pour le climat »).
Le principe d'une grève scolaire le vendredi retient alors l'attention des médias européens et australiens et la jeune suédoise, atteinte du syndrome d’Asperger, bénéficiera de nombreuses tribunes médiatiques :
- conférence TEDx de Stockholm ;
- COP24, le sommet des Nations unies sur les changements climatiques en décembre 2018 ;
- Forum économique mondial de Davos en janvier 2019 ;
- rencontre le pape François en avril 2018 ;
- Chambre des communes (Royaume-Uni) et Parlement européen (Strasbourg) en avril 2019 ;
- Assemblée nationale française en juillet 2019, etc.
« Prophétesse en culottes courtes », « gourou apocalyptique » ou « vigie », « icône nécessaire », la jeune adolescente, atteinte du syndrome d’Asperger, est adulée (ou détestée) par la manière dont elle a choisi de combattre le réchauffement climatique.
Question 2 : Les manifestations étudiantes participent-elles à la socialisation politique des jeunes ?
Réponse 2
La socialisation désigne l’ensemble des processus par lesquels la société construit les individus et l’ensemble des apprentissages qui influencent leurs trajectoires individuelles. La socialisation politique comme processus spécifique qui vise à prendre en compte des pratiques et des représentations qui s’accomplissent dans un domaine particulier : l’univers politique.
La participation à une manifestation (ou le refus de participation) est aussi le moment d’apprendre des codes, des normes, des valeurs, d’acquérir des dispositions… qui renforcent la compétence dans l’univers politique.
Question 3 : Selon vous, vivre un évènement et/ou appartenir à une génération a-t-il des effets sur la socialisation politique des individus ?
Réponse 3
La socialisation politique ne se résume pas à la transmission familiale des préférences électorales. Comprendre le socialisation politique c’est aussi intégrer les socialisations secondaires liés à l’expérience professionnelle, la participation à des mouvements sociaux ou les évènements politiques.
Il existe un processus de socialisation politique « à » l’engagement ou « par » l’engagement politique.
La participation à un évènement (cf. manifestation, grève, débats, etc.) et/ou l’appartenance à une génération a donc des effets sur l’engagement politique des jeunes.
Les sociologues soulignent le rôle de l’âge, du genre, de la classe sociale dans la politisation des individus, ils mettent aussi en avant les effets de génération et le rôle de la socialisation par l’évènement (cf. guerre d’Algérie, Mai 68, etc.).
Document 15. La socialisation professionnelle (I) : quelques concepts
Pour E.C. Hughes, le travail n’est pas une simple transaction économique, il occupe une place centrale dans la constitution de l’identité sur laquelle pèsent à la fois l’organisation matérielle et le prestige symbolique conférés à la profession exercée. À l’instar du lien marital, il estime qu’embrasser un métier crée une identification « irrévocable », tant on fait corps avec lui. E. Goffman ira plus loin en analysant le cas particulier des institutions totales. À l’indissolubilité du soi et du travail, mise en évidence par Hughes, s’ajoute la possibilité d’un enveloppement total : dans certaines institutions (médicale, militaire, scolaire, religieuse, agricole), la sphère privée est absorbée par la sphère professionnelle qui devient un lieu de vie à part entière. Les apprentissages de la socialisation primaire (familiale, scolaire) sont reconfigurés par un processus de dépersonnalisation et de conversion quasi-religieuse qui permet d’acquérir de nouveaux savoirs et par là d’adopter une autre conception du monde.
Il va sans dire que la majorité des métiers policiers – sans être aussi contraignants, en termes de mode de vie, que les métiers militaires, correspondent particulièrement à cette définition interactionniste de l’engagement professionnel comme constitutif de la présentation de soi et du rapport au monde. Dans ce cadre, la socialisation professionnelle peut se définir comme l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière.
La formation professionnelle constitue un moment pivot. S’opère à cette occasion une initiation à la culture professionnelle qui fait passer du statut de profane à celui de professionnel. L’impétrant doit passer de l’autre côté du miroir et perdre – non sans douleur – son regard naïf.
(…)
Alain Marc et Geneviève Pruvost
Police : une socialisation professionnelle par étapes (2011) Déviance et Société 2011/3 (Vol. 35)
Question 1 : Comment les auteurs définissent la socialisation professionnelle ? Illustrez avec l’exemple d’un médecin ou d’un enseignant
Question 2 : Qu’apprend-on dans une « école de police » ?
Question 3 : Selon vous, le monde professionnel des policiers est-il homogène ?
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
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Question 1 : Comment les auteurs définissent la socialisation professionnelle ? Illustrez avec l’exemple d’un médecin ou d’un enseignant
Réponse 1
La socialisation professionnelle peut se définir comme « l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière. ».
Pour un enseignant, ces étapes vont du passage des épreuves du concours (écrits et oraux) à la prise en charge de leur première classe en passant par différents types de stages (théoriques, pratiques, d’observation).
Question 2 : Qu’apprend-on dans une « école de police » ?
Réponse 2
Dans une école de police, on apprend l’usage de la force et de la répression. Mais aussi des enseignements différents, notamment juridiques ou psychologiques.
Pour reprendre une expression du sociologue américain Everett C. Hughes (1897-1983), il y a l’apprentissage de « sales boulots », celui que le commun des citoyens n’exerce pas et qui renforce une solidarité de corps (verbaliser, faire la circulation, etc.).
On y apprend aussi la variété de positionnements/hiérarchies internes, les savoir-faire propres aux spécialisations, les discriminations internes…
Mais, comme dans d’autres professions, la socialisation professionnelle ne s’arrête pas aux principes inculqués à l’école. L’apprentissage théorique doit être validé par la pratique sur le terrain : l’occupation d’un poste précis.
Question 3 : Selon vous, le monde professionnel des policiers est-il homogène ?
Réponse 3
Comme tout univers professionnels, le monde professionnel des policiers n’est pas homogène. Il est composé de sous-groupes professionnels hiérarchisés, parfois en concurrence, qui peuvent se distinguer par des signes distinctifs formels (uniformes, véhicules, etc.) ou informels.
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
Réponse 4
La socialisation professionnelle n’est pas statique. Elle se transforme au cours du temps. D’abord, parce que les professions (enseignants, gardien de la paix, médecins, comptable, etc.) évoluent puisque les missions des salariés, les règles qui encadrent l’activité des entreprises et des administrations et les technologies utilisées par les professionnels changent.
De plus, les salariés peuvent connaître une mobilité géographique et/ou professionnelle qui, si elle ne redéfinie pas en permanente les normes professionnelles influence les normes et les valeurs des actifs.
Document 16. Socialisation professionnelle (II) : Identité et crise des identités selon Claude Dubar
Il faut toutefois souligner que ces « fondateurs » de la sociologie (Norbert Elias, Max Weber et Karl Marx) parlaient peu d’identités. Sauf Norbert Elias et sa dynamique des « identités Je-Nous » passant des formes Nous-je (rebaptisées « communautaires ») aux formes Je-nous (devenues « sociétaires »).
Ce livre cherche à comprendre pourquoi ce passage, à l’échelle macro-sociale comme à l’échelle micro-individuelle, de la domination de Nous à l’omniprésence des Je, a été synonyme de crises d’identité.
On peut désormais mieux distinguer des crises qui affectent des rôles sociaux (par exemple liées aux genres masculin et féminin), des crises qui touchent aux normes juridiques (par exemple liées au droit du travail), des crises qui concernent les croyances (religieuses, politiques ou éthiques) et des crises existentielles, psychiques (personnelles). Toutes ces crises mettent en question le passage d’un monde protégé, contraint, fermé, hérité, à un monde incertain, libre, ouvert et revendiqué. Donc d’une socialisation communautaire (primaire) à une socialisation sociétaire (secondaire). Donc d’identités Nous-je à des identités Je-nous. Donc d’identifications «culturelles» et « statutaires » à des identifications « réflexives » et « narratives ».
Claude Dubar (2010) La crise des identités. Préface à la troisième édition
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité à partir du triptyque proposé par Claude Dubar
Question 2 : Recherchez. Qui est Norbert Elias ?
Question 3 : Comment Claude Dubar explique-t-il ici la crise de l’identité ? (utilisez le terme socialisation)
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
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La socialisation professionnelle (I) : quelques concepts
Question 1 : Comment les auteurs définissent la socialisation professionnelle ? Illustrez avec l’exemple d’un médecin ou d’un enseignant
La socialisation professionnelle peut se définir comme « l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière. ». Pour un enseignant, ces étapes vont du passage des épreuves du concours (écrits et oraux) à la prise en charge de leur première classe en passant par différents types de stages (théoriques, pratiques, d’observation).
Question 2 : Qu’apprend-on dans une « école de police » ?
Dans une école de police, on apprend l’usage de la force et de la répression. Mais aussi des enseignements différents, notamment juridiques ou psychologiques.
Pour reprendre une expression du sociologue américain Everett C. Hughes (1897-1983), il y a l’apprentissage de « sales boulots », celui que le commun des citoyens n’exerce pas et qui renforce une solidarité de corps (verbaliser, faire la circulation, etc.).
On y apprend aussi la variété de positionnements/hiérarchies internes, les savoir-faire propres aux spécialisations, les discriminations internes…
Mais, comme dans d’autres professions, la socialisation professionnelle ne s’arrête pas aux principes inculqués à l’école. L’apprentissage théorique doit être validé par la pratique sur le terrain : l’occupation d’un poste précis.
Question 3 : Selon vous, le monde professionnel des policiers est-il homogène ?
Comme tout univers professionnels, le monde professionnel des policiers n’est pas homogène. Il est composé de sous-groupes professionnels hiérarchisés, parfois en concurrence, qui peuvent se distinguer par des signes distinctifs formels (uniformes, véhicules, etc.) ou informels.
Question 4 : Pourquoi la socialisation professionnelle est un processus dynamique ?
La socialisation professionnelle n’est pas statique. Elle se transforme au cours du temps. D’abord, parce que les professions (enseignants, gardien de la paix, médecins, comptable, etc.) évoluent puisque les missions des salariés, les règles qui encadrent l’activité des entreprises et des administrations et les technologies utilisées par les professionnels changent.
De plus, les salariés peuvent connaître une mobilité géographique et/ou professionnelle qui, si elle ne redéfinie pas en permanente les normes professionnelles influence les normes et les valeurs des actifs.
Document 17. Socialisation professionnelle (II), le cas du métier de policier. Regards croisés des notions relatives au développement identitaire des jeunes adultes et de la socialisation professionnelle
Le passage à la vie adulte, autrefois marqué par des rituels évidents et successifs - la fin de la scolarité, l’accession à un emploi stable, le mariage et la parentalité -, devient aujourd’hui un phénomène aux contours flous et multiples. En effet, la non-linéarité des parcours, l’instabilité, la multiplicité des options et les bifurcations constituent souvent les seules normes discernables d’une transition à la vie adulte de plus en plus prolongée et difficile à appréhender. Dans un tel contexte, les études portant sur cette période de la vie (18-25 ans) soutiennent que certaines tâches développementales, notamment l’exploration et la consolidation de l’identité, se poursuivent au cours de ces années. Parmi les éléments qui contribuent à la définition de soi, notons l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société.
L’intégration des métiers liés au contrôle social et plus précisément le métier de policier, comporte des enjeux particuliers qui sont d’autant plus saillants qu’ils s’inscrivent possiblement à contre-courant de ce que vivent les jeunes adultes de la population générale.
(…)
Le contexte socioéconomique qui prévaut actuellement et qui module différemment la transition à la vie adulte et le développement identitaire apportent des nuances qui permettent d’émettre l’hypothèse que les adultes émergents qui joignent les rangs de la police s’inscrivent parfois en faux contre le mouvement actuel qui exige, à tort ou à raison, des jeunes de s’individualiser en capitalisant principalement sur leurs ressources avec moins de soutien et de balises normatives. Ce décalage entre les jeunes adultes émergents et les recrues policières vient possiblement, dans le contexte actuel du moins, renforcer encore la cloison qui sépare la culture policière et le monde extérieur favorisant ainsi un positionnement dichotomique eux/nous encore plus ancré.
(…)
Nous soulignons l’intérêt et la pertinence d’analyser l’insertion socioprofessionnelle des policiers à travers une lentille élargie où le regard se détache du strict fait policier pour s’étendre aux caractéristiques développementales des jeunes adultes et aux caractéristiques sociétales qui articulent leur passage à la vie adulte.
Regards croisés des notions relatives au développement identitaire des jeunes adultes et de la socialisation professionnelle propre au métier de policier
Julie Marcotte et Alexandra Dion, Déviance et Société 2011/3 (Vol. 35)
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité
Question 2 : Qu’est-ce qu’un rituel ? Pourquoi le passage à la vie adulte est moins un rituel aujourd’hui ?
Question 3 : Expliquez la phrase soulignée (« l’insertion professionnelle qui permet à l’individu d’exprimer sa personnalité sur le mode d’une identité née du sentiment d’avoir sa place dans la société »). Donnez un exemple, en le développant, pour un métier du secteur privé et un métier de la fonction publique (autre que policier).
Question 4 : Selon vous, le processus de socialisation professionnelle (quel que soit le métier concerné) s’exerce-t-il de la même manière sur tous les individus ?
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Socialisation professionnelle (II) : Identité et crise des identités selon Claude Dubar
Question 1 : Proposez une définition du concept d’identité à partir du triptyque proposé par Claude Dubar
Réponse 1
Si en droit, l’identité est l’ensemble données de l'état civil qui permettent de reconnaître une personne au regard de la loi, la sociologie met l’accent sur la production collective de cette singularité.
L’identité peut être pensée comme la définition de soi par soi, de soi pour les autres et de soi par les autres.
Question 2 : Recherchez. Qui est Norbert Elias ?
Réponse 2
Question 3 : Comment Claude Dubar explique-t-il ici la crise de l’identité ? (utilisez le terme socialisation)
Réponse 3
Claude Dubar s’interroge sur une sociologie non pas de l’individu mais des processus de construction et destruction des identités personnelles.
Il identifie une dynamique des identités qui oppose le « Je » et le « Nous ». En passant des formes qui privilégient le «Nous» sur le «je» (ou « communautaires ») aux formes qui privilégient le « Je » sur le «nous» (ou « sociétaires »), l’auteur identifie des crises d’identité.
Il y a donc le passage d’une socialisation communautaire (ou socialisation primaire), dans laquelle les normes et les valeurs sont imposées par le groupe, à une socialisation sociétaire ( ou socialisation secondaire), dans laquelle les normes et les valeurs sont individualisées.
Document 18. Socialisation professionnelle (IV) : Magistrats et jurés
Les jurés d'assises, entre légitimité et contestation du pouvoir des juges
Par Aziz Jellab, Armelle Giglio-Jacquemot
Politix n° 97, 2012/1, pages 149 à 176
Les jurés de cour d’assises se situent à l’arrière-plan des chroniques judiciaires et les médias n’en parlent souvent que pour en évoquer le rôle dans les arrêts prononcés. Pourtant, l’expérience de ces « juges d’un jour » révèle les contradictions d’une justice qui, en faisant appel à des « citoyens » issus du peuple, les oblige à se socialiser à des pratiques judiciaires et à un rôle auquel ils sont peu préparés.
Cette socialisation s’opère sur fond d’interrogations quant à leur légitimité mais aussi d’interactions avec des magistrats dont le statut, les stratégies d’accueil et les manières d’organiser les débats à l’audience comme lors du délibéré, en font des professionnels dominants et au pouvoir susceptible d’être perçu comme démesuré.
Le fait que les jurés sont censés juger des faits tandis que les magistrats jugent selon le droit introduit une hiérarchie subtile où, d’un côté, c’est le « bon sens » et « l’émotion » qui contribueraient à la formation du jugement, tandis que, de l’autre, c’est la « raison » et la « loi » qui seraient à l’œuvre. La contestation du pouvoir des juges et de certaines de leurs pratiques par les jurés est une manière de défendre l’idée que l’on ne peut juger sans un regard « humain » dont on découvre le lien avec l’histoire biographique du citoyen-juge. Cette contestation illustre les paradoxes d’une institution qui maintient la fiction d’une égalité entre citoyens tout en organisant en pratique la perpétuation de certaines formes de domination. Cela amène à s’interroger sur l’héritage « démocratique » que constitue la cour d’assises, sur la « démocratie délibérative » qui la caractérise, et sur les effets sociaux de cette expérience quant à l’engagement des anciens jurés dans l’espace public.
Question 1 : Qu’est-ce qu’une « cours d’assises »
Question 2 : Expliquer la phrase soulignée « se socialiser à des pratiques judiciaires »
Question 3 : Peut-on parler de « socialisation professionnelle » pour les jurés ?
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Réponse 1
La cour d’assises est une juridiction départementale non permanente qui juge les personnes majeures et les mineurs de plus de 16 ans accusées de crime, de tentatives et de complicités de crime (exemple : meurtre, viol, vol à main armée…).
Elle peut aussi juger des délits en lien avec le crime (exemple : la non dénonciation de crime).
Elle est composée de magistrats professionnels et d’un jury constitué de citoyens tirés au sort.
Les audiences de la cour d’assises sont publiques à moins que la publicité ne soit dangereuse pour l’ordre ou les bonnes mœurs ou que l’accusé ne soit mineur au jour de l’ouverture des débats. On parle alors d’un «huis clos».
Question 2 : Expliquer la phrase soulignée « se socialiser à des pratiques judiciaires »
Réponse 2
La socialisation désigne le processus par lequel les individus s’approprient, à travers les interactions qu’ils nouent tout au cours de leur vie, les normes, valeurs et rôles qui leur permettent de vivre en société.
Les jurés doivent apprendre en quelques heures, les normes et valeur de l’institution judiciaire. Notamment identifier les protagonistes des procès, se familiariser avec le vocabulaire juridique (audience, huissier, greffier, juge, président de cours, crime, délit, appel, homicide,
Certes, avant de siéger, ils ont une courte formation pendant laquelle le président de la cour d’assises, un avocat général et un avocat fournissent des explications sur le fonctionnement de la cour d’assises. Voire, dans certains cas, ils ont la possibilité de visiter une prison.
Mais ces rapides explications et le visionnage d’un film présentant les fonctions à assumer le lendemain ne donnent pas tous les « codes », les « normes » pour discuter d’égal avec un magistrat professionnel.
Question 3 : Peut-on parler de « socialisation professionnelle » pour les jurés ?
Réponse 3
Les jurés ont une légitimité démocratique (cf. démocratie participative), mais la courte durée d’exercice du « pouvoir de juger » ne leur donne pas les mêmes compétences que les autres acteurs du procès.
Ils sont socialisés à une expérience, plus qu’à un métier.
Contrairement aux magistrats, ils ont (souvent) une méconnaissance du monde judiciaire, de ses codes (costume d’audience des magistrats, mise à distance du justiciable, etc.), ses normes, ses symboles.
Les jurés ne maîtrisent pas les textes codifiés mais aussi les codes implicites (entre avocats et juges, entre avocats de la défense et des parties civiles, etc.)
Notons qu’Émile Durkheim (1858-1917), dans De la division du travail social soulignait que «le droit pénal est essentiellement religieux à l’origine, mais garde toujours une certaine marque de religiosité », ce dont témoigne le rituel judiciaire (appel des jurés, serment, la lecture de l’acte d’accusation, appel des témoins, retrait dans la salle du délibéré, etc.).
Les jurés doivent néanmoins « jouer le jeu », apprendre et incarner un rôle : devenir et se sentir «juge», magistrat d’un soir ou deux. Il s’agit plutôt d’apprendre le « métier de citoyen» (Yves Sintomer),
Exercice 1. La socialisation est devenue numérique
Questions
1. Selon vous, qu’est-ce que l’illectronisme ?
2. Qu’est-ce qu’une génération ? Illustrer une différence de pratique entre génération à l’aide de ce tableau.
3. Peut-on faire un lien entre socialisation et génération ?
4. Selon vous, l’illectronisme est-il uniquement lié à l’âge ?
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1. Selon vous, qu’est-ce que l’illectronisme ?
L’illectronisme désigne l’incapacité (c’est-à-dire l’impossibilité matérielle ou le manque de compétences) d’utiliser des ressources et moyens de communication électronique.
2. Qu’est-ce qu’une génération ? Illustrer une différence de pratique entre génération à l’aide de ce tableau.
Une génération est l’ensemble des individus nés pendant une période donnée. Selon l’Insee, 2,1% des 15-29 ans n’ont aucune compétence ou utilisation d’Internet en 2017 contre 71,2% des plus de 75 ans.
3. Peut-on faire un lien entre socialisation et génération ?
La socialisation désigne le processus par lequel les individus s’approprient, à travers les interactions qu’ils nouent au cours de leur vie, les normes, valeurs et rôles qui leurs permettent de vivre en société. La connexion d’une partie croissante de la population à Internet modifie les interactions sociales. Les déterminants de l’illectronisme sont liés à l’âge. Selon l’Insee, 2,1% des 15-29 ans n’ont aucune compétence ou utilisation d’Internet en 2017 contre 71,2% des plus de 75 ans. Inversement, Selon l’Insee, 54,5% des 15-29 ans ont des compétences plus que basiques en 2017 contre 2,4% des plus de 75 ans.
4. Selon vous, l’illectronisme est-il uniquement lié à l’âge ?
L’illectronisme ou l’incapacité d’utiliser des ressources et moyens de communication électronique, est lié à l’âge mais aussi au niveau de diplôme (les non-diplômés sont plus touchés que les diplômés du supérieur) ou à la catégorie socioprofessionnelle (10% des ouvriers sont concernés, contre moins de 1% des cadres). Dans une moindre mesure, les autres facteurs sont le type de ménage ou la localisation géographique.
Exercice 2. Les sept familles de métiers du numérique et la socialisation professionnelle
Questions
1. Quel est le lien entre toutes ces professions en matière d’acquisition de savoirs et de savoir-faire
2. Qu’est-ce que la socialisation professionnelle ?
3. Quelles évolutions, en matière de socialisation, peut-on anticiper avec document ?
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Questions
1. Quel est le lien entre toutes ces professions en matière d’acquisition de savoirs et de savoir-faire
Ces professions supposent de restituer dans leur quotidien des savoirs et des savoir-faire liés à l’univers du numérique.
Les individus exerçant ces postes ont acquis des savoirs et les savoir-faire qui seront à l’origine du travail technique et relationnel qu’ils occuperont plus tard. Pour exercer ces professions, il faut qu’ils s’approprient les pratiques, le vocabulaire technique, les gestes communs, etc. du numérique.
2. Qu’est-ce que la socialisation professionnelle ?
La socialisation professionnelle peut se définir comme l’ensemble des étapes qui permettent à un professionnel de le devenir à part entière.
Le processus de socialisation professionnelle est donc une transmission de valeurs, de normes et de savoirs propres à une catégorie professionnelle qui suppose aussi une projection de soi dans l’avenir professionnel visé.
3. Quelles évolutions, en matière de socialisation, peut-on anticiper avec document ?
De « data scientist » (scientifique des données) à « community manager » (animateur de communauté en ligne), le numérique fait émerger de nouveaux métiers. Selon l’OCDE, près de 40 % des emplois créés dans les pays de l’OCDE entre 2006 et 2016 l’ont été dans les secteurs où le numérique tient la place importante. La socialisation professionnelle (ou ensemble des étapes qui permettent de devenir un professionnel) supposera donc de plus en plus la transmission de valeurs, de normes et de savoirs propres à l’univers numérique comme la communication numérique, la gestion des bases de données, la connaissance du codage, etc.