1. Les outils de mesure des inégalités « à l’instant t »
1.1. Les quantiles et le rapport interdécile
L’approche statique de la mesure des inégalités s’appuie sur différents outils qui permettent d’appréhender la dispersion des revenus ou du patrimoine au sein d’une population étudiée. L’utilisation de quantiles permet d’ordonner la population étudiée en groupes égaux par ordre croissant, en fonction de la valeur que prend la dispersion étudiée dans ces derniers. La population est souvent scindée en dix groupes ; on parle alors de déciles. Si l’on étudie la distribution des revenus, le 1er décile (D1) est donc le niveau de revenu qui sépare d’un côté les 10 % des individus ou ménages qui ont les revenus les plus faibles, et de l’autre les 90 % des individus ou ménages qui ont les revenus les plus élevés (Document 1). Il est également possible de partager la population étudiée en centiles : la population étudiée est alors découpée en tranches de 1%. Le dernier centile de la population, appelé le « top 1% », représente les 1% des ménages les plus aisés. (Document 2).
A partir des déciles, il est possible de calculer le rapport interdécile, qui permet de mesurer les inégalités relatives dans une population, c’est-à-dire l’écart entre les plus avantagés et les plus désavantagés. Il s’agit du rapport du 9e décile au 1er décile (D9/D1). Il met en évidence l’écart entre le revenu (ou le niveau de vie) plancher des 10 % des ménages les plus aisés et le revenu plafond des 10 % des ménages les plus modestes. En fonction des documents. En 2015, le rapport interdécile des niveaux de vie était de 3,4 (Document 1). Cela signifie qu’en 2015, les 10% des ménages français les plus riches gagnent environ 3,4 fois plus que les 10% des ménages français les plus pauvres.
1.2. Le coefficient de Gini et la courbe de Lorenz
Le coefficient (ou indice) de Gini permet de mesurer le degré d’inégalité d’une distribution pour une population donnée. Le coefficient de Gini varie entre 0 et 1. Si le coefficient se rapproche de la valeur 0, alors la situation de la population étudiée se rapproche alors d’une égalité parfaite, par exemple une situation où tous les ménages de la population étudiée auraient exactement le même revenu. Si le coefficient se rapproche d’une valeur égale à 1, la situation de la population concernée se rapproche alors d’une inégalité extrême, où un seul ménage concentre l’ensemble des revenus par exemple. (Document 3).
Le coefficient de Gini est calculé au moyen de la courbe de Lorenz (Document 4). Cette courbe associe, à chaque quantile de population, la part que représentent ses revenus ou son patrimoine. La courbe de Lorenz permet ainsi de représenter graphiquement la répartition, plus ou moins égalitaire, des richesses au sein d’une population donnée. Graphiquement, la bissectrice représente la situation parfaitement égalitaire, et plus la courbe de Lorenz est éloignée de la bissectrice, plus les inégalités sont fortes.
Les outils présentés ici permettent de mesurer le niveau des inégalités dans une société, à un « instant t ». Mais face à l’ampleur actuelle des inégalités économiques dans la plupart des pays, les économistes tentent d’adopter une démarche de mesure des inégalités plus dynamique, afin notamment de comprendre pourquoi le problème des inégalités persiste dans le temps.
2. Les outils de mesure de l’évolution des inégalités dans le temps
2.1. La mesure du niveau de corrélation entre les revenus des parents et ceux de leurs enfants
La composition des déciles de niveau de vie selon l’origine sociale des individus révèle une corrélation positive entre les revenus des parents et ceux de leurs enfants. Cette corrélation se confirme lorsque l’on prend en compte la PCS du père. En effet la part des enfants d’ouvriers décroît de manière continue à mesure que l’on progresse dans la hiérarchie des revenus. À l’inverse, les enfants de cadres supérieurs sont surreprésentés parmi les 10 % les plus aisés (document 5).
Le rôle de la famille permet en partie d’expliquer ces inégalités. On observe par exemple une corrélation positive entre le niveau de vie des parents et l’aide financière apportée à leurs enfants étudiants ou jeunes actifs entre 18 et 24 ans : plus le revenu des parents est élevé, plus l’aide apportée aux enfants est importante. (document 6). La corrélation des revenus parents-enfants conduit à s’interroger sur le rôle de la mobilité sociale pour expliquer la persistance des inégalités au fil des générations.
2.2. La mobilité sociale intergénérationnelle, une mesure dynamique des inégalités
Des études récentes de l’OCDE insistent sur cet autre aspect de la question des inégalités, à savoir le rôle de la mobilité sociale. En France, il faut en moyenne six générations pour que les enfants d’une famille située en bas de la distribution des revenus puissent atteindre le niveau de revenu moyen. (document 7).
Un faible niveau de mobilité sociale dans une société serait corrélé à un niveau important d’inégalités économiques ; inégalités statiques et dynamiques seraient donc intimement liées. Ce lien de corrélation est représenté graphiquement par la courbe de « Gatsby le magnifique », qui associe, sur l’axe des ordonnées, la mobilité économique intergénérationnelle, aux inégalités « statiques » de revenus, mesurées par l’indice de Gini, sur l’axe des abscisses. La droite de régression linéaire montre une corrélation positive entre ces deux variables, ce qui signifie que dans un pays où les inégalités économiques sont importantes, les individus ont moins de chance de s’élever dans la hiérarchie de la distribution des revenus par rapport à leurs parents.
Document 1 : Niveaux de vie annuels (en milliers d’euros 2015) et indicateurs d’inégalités de 1996 à 2015
Source : Insee, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux
Questions :
1. Présentez le document, et faites une phrase donnant la signification des deux données entourées.
2. Que représente le « niveau de vie médian » ? Comment a-t-il évolué entre 1996 et 2015 ?
3. Calculez le rapport interdécile en 2010 et en 2015, en complétant les cases manquantes du tableau (arrondir au dixième). Que permet de mesurer ce rapport interdécile ?
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1. Présentez le document, et faites une phrase donnant la signification des deux données entourées.
Ce document est un tableau à double-entrée, qui présente les niveaux de vie annuels en milliers d’euros 2015 et différents indicateurs d’inégalités entre 1996 et 2015 en France, d’après l’enquête Revenus fiscaux et sociaux de l’Insee.
En 2015, le 1er décile de niveau de vie (D1), à savoir les 10% des ménages français ayant les revenus les plus faibles, s’élève en moyenne à 10 900 euros, contre 37 500 euros en moyenne pour les 10% des ménages français ayant les revenus les plus élevés (D9).
2. Que représente le « niveau de vie médian » ? Comment a-t-il évolué entre 1996 et 2015 ?
Le niveau de vie médian est le niveau de vie qui partage la population étudiée en deux effectifs égaux. En 1996, le niveau de vie médian en France s’élevait à 17 300 euros, en euros 2015, et en 2015 il s’élevait à 20 300 euros, soit une hausse de 17,3% en 19 aerdécile ?
En 2010 : D9/D1 = 38,3/11 ≈ 3,5
En 2015 : D9/D1 = 37,5/10,9 ≈ 3,4
Le rapport interdécile permet ici de mesurer les inégalités relatives de revenus entre le premier et le neuvième décile. Ainsi, en 2015, les 10% des ménages français les plus riches gagnent environ 3,4 fois plus que les 10% des ménages français les plus pauvres.
Document 2 : Les très hauts revenus (le « top 1% ») en France en 2015
Questions :
1. Quel critère est utilisé par l’Insee pour définir les « très hauts revenus » en France ?
2. Le document indique que les très hauts revenus « déclarent 30% du total des revenus du patrimoine ». Expliquez de quoi sont constitués ces revenus du patrimoine.
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1. Quel critère est utilisé par l’Insee pour définir les « très hauts revenus » en France ?
Selon l’Insee, en 2015, une personne se situe parmi les 1 % de la population ayant les revenus les plus élevés, catégorie dite des « très hauts revenus », si elle appartient à un ménage dont le revenu mensuel se situe au-dessus de 106 210 euros initial par unité de consommation (UC). Cela correspond à un revenu mensuel de 8850 euros pour une personne seule.
L’Insee utilise le système des unités de consommation pour calculer le niveau de vie des ménages français, en considérant que les besoins d'un ménage ne s'accroissent pas en stricte proportion de sa taille. Ainsi, le premier adulte du ménage compte pour une unité de consommation, chaque individu supplémentaire de plus de 14 ans pour 0,5 UC, et chaque enfant de moins de 14 ans pour 0,3 UC.
2. Le document indique que les très hauts revenus « déclarent 30% du total des revenus du patrimoine ». Expliquez de quoi sont constitués ces revenus du patrimoine.
Les revenus du patrimoine sont les revenus tirés de la propriété des biens immobiliers, financiers et professionnels des ménages.
Les très hauts revenus perçoivent en particulier des dividendes élevés : 92 % d’entre eux en déclarent pour un montant moyen de 36 470 euros.
Document 3.a : l’indice de Gini dans les 28 pays de l’Union européenne en 2016
Document 3.b : l’évolution de l’indice de Gini des niveaux de vie en France depuis 1970
Questions :
1. En 2016, quel est le pays européen où la distribution des revenus est la plus égalitaire ? La moins égalitaire ? Justifiez.
2. Comparez l’indice de Gini de la France à celui des autres pays européens en 2016. Que peut-on en déduire concernant le niveau des inégalités de revenu en France ?
3. Comparez l’indice de Gini en France en 1970 et en 2015. Que peut-on en déduire concernant l’évolution des inégalités de revenu en France ?
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1. En 2016, quel est le pays européen où la distribution des revenus est la plus égalitaire ? La moins égalitaire ? Justifiez.
Parmi les 28 pays de l’Union européenne, la République slovaque est le pays qui dispose de la distribution des revenus la plus égalitaire, tandis que l’on retrouve la distribution des revenus la plus inégalitaire en Lituanie.
En effet, plus l’indice de Gini se rapproche de zéro, plus le pays concerné se rapproche d’une situation parfaitement égalitaire, où tout le monde a le même revenu. Plus l’indice se rapproche de 1, plus le pays se rapproche d’une situation d’inégalité totale, où l’ensemble des revenus est détenu par une seule personne.
2. Comparez l’indice de Gini de la France à celui des autres pays européens en 2016. Que peut-on en déduire concernant le niveau des inégalités de revenu en France ?
En 2016, l’indice de Gini est de 0,291 en France. La France se situe à peu près dans la moyenne des pays européens. La distribution des revenus en France est plus égalitaire qu’au Royaume-Uni (0,351) ou en Espagne (0,341), mais plus inégalitaire que dans les pays d’Europe du nord comme le Danemark (0,261), la Finlande (0,259) ou encore la Suède (0,282).
3. Comparez l’indice de Gini en France en 1970 et en 2015. Que peut-on en déduire concernant l’évolution des inégalités de revenu en France ?
En 1970, l’indice de Gini des niveaux de vie en France est légèrement inférieur à 0,340, et en 2015, il s’élève à environ 0,290, soit une diminution d’environ 15% en 45 ans. Les inégalités de revenu ont donc globalement diminué en France depuis les années 1970, malgré une augmentation durant la décennie 2000-2010.
Document 4 : Courbe de Lorenz du patrimoine immobilier des ménages français
Questions :
1. Quelle part du patrimoine immobilier détenue par les 40% des ménages les plus pauvres ?
2. Quelle part du patrimoine immobilier détenue par les 10% des ménages les plus riches ?
3. Que représente la bissectrice sur ce graphique ?
4. Expliquez comment se déplacerait la courbe si les 40% des ménages les plus pauvres accédaient à la propriété.
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1. Quelle part du patrimoine immobilier détenue par les 40% des ménages les plus pauvres ?
Les 40% des ménages les plus pauvres ne détiennent aucun patrimoine immobilier.
2. Quelle part du patrimoine immobilier détenue par les 10% des ménages les plus riches ?
Les 10% des ménages les plus riches possèdent 40% du patrimoine immobilier, alors que les 90% des ménages les plus pauvres détiennent 60% de ce patrimoine immobilier.
3. Que représente la bissectrice sur ce graphique ?
Elle représente une répartition parfaitement égalitaire du patrimoine immobilier, c’est-à-dire une situation dans laquelle chaque ménage français aurait exactement le même patrimoine immobilier.
4. Expliquez comment se déplacerait la courbe si les 40% des ménages les plus pauvres accédaient à la propriété.
La courbe se rapprocherait alors de la bissectrice.
Document 5 : Composition des déciles de niveau de vie selon l’origine sociale des individus
Sur dix individus nés entre 1970 et 1984, quatre sont enfants d’ouvriers. Un individu sur dix a un père employé, deux ont un père qui exerçait une profession intermédiaire. Parmi les autres, une moitié compte un père artisan, commerçant ou agriculteur ; l’autre moitié un père cadre supérieur ou exerçant une profession intellectuelle supérieure ou encore, beaucoup plus rarement, chef d’entreprise.
On retrouve peu ou prou cette réalité sociologique moyenne si on concentre le regard sur la population située au milieu de l’échelle des niveaux de vie, c’est-à-dire sur la « classe moyenne », plus exactement sur les personnes dont le niveau de vie est proche de la médiane.
En revanche, le diagnostic est tout autre lorsqu’on se déplace en bas ou en haut de la distribution : on touche alors du doigt la réalité de l’« inégalité des chances ». Les enfants d’agriculteurs et d’artisans/commerçants sont une catégorie neutre du point de vue de la mobilité sociale, puisque leur part est stable sur toute l’échelle des niveaux de vie. En revanche, toutes les autres catégories sociales sont sur- ou sous-représentées aux deux extrémités. […]
La part des enfants d’ouvriers décroît de manière continue : majoritaire au sein des 10 % les plus modestes, elle tombe progressivement jusqu’à un quart aux alentours du 9e décile, avant de baisser fortement en haut de l’échelle (un sur six parmi les 10 % les plus aisés). À l’inverse, alors qu’ils pèsent 13 % de la population des trentenaires, les enfants de cadres supérieurs représentent à peine 10 % des personnes dans la moitié inférieure des niveaux de vie. Leur part croît fortement lorsqu’on entre dans la moitié supérieure, jusqu’à 35 % au sein des 10 % les plus aisés.
Questions :
1. Faites une phrase donnant la signification de chacune des deux données entourées.
2. En vous aidant du graphique et du texte, expliquez pourquoi on peut parler d’une sous-représentation des enfants d’ouvriers parmi les hauts revenus.
3. En vous aidant du graphique et du texte, expliquez pourquoi on peut parler d’une surreprésentation des enfants de cadres supérieurs parmi les hauts revenus.
4. Expliquez la phrase soulignée.
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1. Faites une phrase donnant la signification de chacune des deux données entourées.
33% des individus nés entre 1970 et 1984 et résidant en France métropolitaine qui appartiennent au 1er décile (revenus mensuels inférieurs à 1075 euros) ont un père ouvrier qualifié.
35% des individus nés entre 1970 et 1984 et résidant en France qui appartiennent au 10ème décile (revenus supérieurs à 2 950 euros mensuels) ont un père cadre supérieur.
2. En vous aidant du graphique et du texte, expliquez pourquoi on peut parler d’une sous-représentation des enfants d’ouvriers parmi les hauts revenus.
Les enfants d’ouvriers représentent 13% des individus observés, nés entre 1970 et 1984 et résidant en France métropolitaine. Or, ils représentent 35% des individus parmi les 10 % les plus aisés. On peut donc parler d’une surreprésentation des enfants de cadres supérieurs parmi les hauts revenus.
3. En vous aidant du graphique et du texte, expliquez pourquoi on peut parler d’une surreprésentation des enfants de cadres supérieurs parmi les hauts revenus.
Les enfants de cadres supérieurs représentent plus de 40% des individus observés, nés entre 1970 et 1984 et résidant en France métropolitaine. Or, ils ne représentent qu’une personne sur six parmi les 10 % les plus aisés. On peut donc parler d’une sous-représentation des enfants d’ouvriers parmi les hauts revenus.
4. Expliquez la phrase soulignée.
L’ « égalité des chances » est une situation dans laquelle tout individu a les mêmes possibilités, quelle que soit son origine sociale, d’accéder à telle ou telle position sociale. Or, les données de ce document nous montrent qu’un enfant de cadre supérieur a plus de chances qu’un enfant d’ouvrier d’accéder aux déciles les plus élevés.
Document 6 : L’aide financière des parents aux jeunes entre 18 et 24 ans, selon le niveau de vie des parents
Source : Drees-Insee Enquête nationale sur les ressources des jeunes 2014.
Questions :
1. Faites une phrase donnant sens aux données apportées pour les 10% des ménages les plus modestes.
2. Même question pour les 10% des ménages les plus aisés.
3. Comparez les réponses trouvées aux deux questions précédentes.
4. Quel lien statistique peut-on établir entre le revenu des parents et le montant de l’aide apportée aux enfants entre 18 et 24 ans ?
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1. Faites une phrase donnant sens aux données apportées pour les 10% des ménages les plus modestes.
En 2014, les parents de jeunes adultes de 18 à 24 ans appartenant au premier décile, c’est-à-dire aux 10% des ménages les plus modestes, dépensent en moyenne 1 308 euros en aides et achats pour leur enfant, ce qui représente environ 13% de leur revenu disponible.
2. Même question pour les 10% des ménages les plus aisés.
En 2014, les parents de jeunes adultes de 18 à 24 ans appartenant au dernier décile, c’est-à-dire aux 10% des ménages les plus aisés, dépensent en moyenne 7 053 euros en aides et achats pour leur enfant, ce qui représente environ 8 % de leur revenu disponible.
3. Comparez les réponses trouvées aux deux questions précédentes.
Les 10% des ménages les plus modestes (niveau de vie inférieur D1) dépensent cinq fois moins que les 10% des ménages les plus aisés (niveau de vie supérieur à D9), pour un taux d’effort presque 1,6 fois plus important.
4. Quel lien statistique peut-on établir entre le revenu des parents et le montant de l’aide apportée aux enfants entre 18 et 24 ans ?
Il existe une corrélation positive entre le niveau de vie des parents et l’aide financière apportée aux jeunes adultes : plus le revenu des parents est élevé, plus l’aide apportée aux enfants est importante.
D’après l’enquête nationale sur les ressources des jeunes de 2014, l’aide familiale représente environ un tiers des ressources des jeunes de 18 à 24 ans résidant en France. On peut donc parler d’une corrélation entre les revenus des parents et les revenus des jeunes adultes.
Document 7 : Nombre de générations nécessaires pour qu’un individu, issu d’une famille située dans le décile inférieur, atteigne le revenu moyen, selon le pays
Questions :
1. Faites une phrase pour donner la signification de la donnée concernant la France présentée dans ce document.
2. Quelle est la situation en France, par rapport aux autres pays présentés dans ce document ?
3. Expliquez en quoi on peut parler d’une forte corrélation entre les revenus des parents et ceux des
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1. Faites une phrase pour donner la signification de la donnée concernant la France présentée dans ce document.
Actuellement, en France, il faut en moyenne 6 générations à une personne du bas de la distribution des revenus pour en rejoindre la moyenne. Le niveau de mobilité intergénérationnelle est donc faible en France : les déplacements dans la hiérarchie des revenus entre deux générations y sont courts.
2. Quelle est la situation en France, par rapport aux autres pays présentés dans ce document ?
La mobilité économique intergénérationnelle est particulièrement faible en France : seule la Hongrie présente un nombre de générations pour atteindre le revenu moyen plus important. L’Allemagne se situe au même niveau de mobilité sociale que la France. Les pays d’Europe du Nord (Danemark, Norvège, Suède, Finlande) présentent un niveau de mobilité sociale intergénérationnelle particulièrement élevé. L’égalité des chances, à savoir la possibilité d’accéder aux différentes positions sociales indépendamment de son origine sociale, est plus forte dans ces pays.
3. Expliquez en quoi on peut parler d’une forte corrélation entre les revenus des parents et ceux des enfants en France.
Si la mobilité économique intergénérationnelle est faible, cela signifie que la différence des revenus entre deux générations est faible. Si un individu est situé dans le bas de la distribution des salaires, la probabilité que ses enfants soient également dans le bas de la distribution des salaires sera forte.
Document 8 : la courbe de « Gatsby le magnifique » pour expliquer le degré de corrélation des revenus parents-enfants
Notes de lecture :
La mobilité économique intergénérationnelle est mesurée par l’élasticité intergénérationnelle des revenus, comprise entre 0 (les revenus du fils n’ont aucun lien avec ceux du père), et 1 (les revenus du fils dépendent entièrement de ceux du père). Dans ce document, les revenus des parents ont été mesurés dans les années 1960, et les revenus des enfants dans les années 1990.
Les inégalités de revenus sont mesurées par l’indice de Gini, ici compris entre 0 (égalité parfaite) et 100 (inégalité totale).
Questions :
1. Quelle est la nature de ce document ? Expliquez en quoi ce document permet d’établir une relation de corrélation entre les deux variables étudiées.
2. Quelle corrélation est-il possible d’établir d’après ce document ?
3. Selon vous, quelles sont les facteurs qui permettent d’affirmer que cette relation de corrélation s’accompagne d’une relation de causalité ?
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1. Quelle est la nature de ce document ? Expliquez en quoi ce document permet d’établir une relation de corrélation entre les deux variables étudiées.
Ce graphique est un nuage de points. Les points sont concentrés autour de la droite droite ; on peut donc en déduire une relation de corrélation entre les deux variables étudiées.
2. Quelle corrélation est-il possible d’établir d’après ce document ?
La courbe de Gatsby établit une relation inverse entre inégalité économique et mobilité économique intergénérationnelle : plus les inégalités économiques sont fortes dans un pays, plus la mobilité économique intergénérationnelle y sera faible. Cela signifie que dans un pays où les inégalités économiques sont importantes, les individus ont moins de chance de s’élever dans la hiérarchie de la distribution des revenus par rapport à leurs parents. Plus les inégalités économiques sont élevées, plus leur transmission de génération en génération est importante.
En bas à gauche du nuage de points, on retrouve les pays où les inégalités de revenu sont faibles. On y observe une forte mobilité économique intergénérationnelle : le revenu des enfants n’est pas corrélé à celui des parents. A l’inverse, en haut à droite du nuage de points se situent les pays où les inégalités de revenu sont fortes, et où la mobilité sociale est faible : le revenu des enfants est en grande partie déterminé par le revenu des parents.
3. Selon vous, quelles sont les facteurs qui permettent d’affirmer que cette relation de corrélation s’accompagne d’une relation de causalité ?
Un lien de corrélation entre deux variables peut s’accompagner d’un lien de causalité, lorsque l’une des variables est la cause de l’autre.
Les inégalités causent une baisse de la mobilité sociale : plus les inégalités de revenu actuelles sont fortes, plus le revenu des générations futures dépendra du revenu de leurs parents, donc plus la mobilité sociale devient faible. Ce lien de causalité peut s’expliquer par les difficultés rencontrées par les familles les moins favorisées face au système scolaire, sur le marché du travail, ou encore dans leur capacité à se constituer et à transmettre un patrimoine.
Exercice 1 (*) : Retrouvez les outils de mesure des inégalités définis ci-dessous :
- Cet outil permet de représenter graphiquement la distribution des richesses au sein d’une population, par rapport à une bissectrice qui correspond à la situation d’égalité parfaite : ……………………………………………………..
- Cet outil permet de découper une population en dix parts égales, classées par ordre croissant de la part la moins avantagée (D1) à la part la plus avantagée (D10) en termes de revenu, de patrimoine… : ……………………………………………………..
- Cet outil permet de mesurer le degré d’inégalité d’une distribution pour une population donnée. Il varie entre 0 et 1 : ……………………………………………………..
- Cet outil met en évidence l’écart entre le niveau de vie plancher des 10 % des ménages les plus aisés et le niveau de vie plafond des 10 % des ménages les plus modestes : ……………………………………………………..
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- Cet outil permet de représenter graphiquement la distribution des richesses au sein d’une population, par rapport à une bissectrice qui correspond à la situation d’égalité parfaite : la courbe de Lorenz.
- Cet outil permet de découper une population en dix parts égales, classées par ordre croissant de la part la moins avantagée (D1) à la part la plus avantagée (D10) en termes de revenu, de patrimoine… : le décile.
- Cet outil permet de mesurer le degré d’inégalité d’une distribution pour une population donnée. Il varie entre 0 et 1 : le coefficient ou indice de Gini.
- Cet outil met en évidence l’écart entre le niveau de vie plancher des 10 % des ménages les plus aisés et le niveau de vie plafond des 10 % des ménages les plus modestes : le rapport interdécile.
Exercice 2 (**) : Complétez le texte ci-dessous avec les mots suivants :
patrimoine, rentiers, impôt, « Trente Glorieuses ».
Au début du XXème siècle, les hauts revenus concentrent une large part des richesses économiques. On parle alors d’un « âge d’or des …………………………. ». Durant la période 1916-1950, les grandes fortunes sont affectées par les guerres mondiales et la crise économique de 1929. De la sortie de la 2nde Guerre mondiale à la fin des années 1970, la période des ………………………………………. se caractérise par un ralentissement de la progression des hauts revenus. Ce ralentissement peut s’expliquer, en France, par la mise en place et la consolidation d’un ……….……. sur les revenus et sur les successions. Les décennies 1970 et 1980 sont marquées par la progression des hauts revenus et du ………..………. des ménages les plus riches au niveau mondial, et donc par une hausse des inégalités. Suite à la crise économique de 2008, les hauts revenus cessent d’augmenter pendant une courte période, mais ils reprennent à nouveau leur progression depuis les années 2010.
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Au début du XXème siècle, les hauts revenus concentrent une large part des richesses économiques. On parle alors d’un « âge d’or des …………rentiers………………. ». Durant la période 1916-1950, les grandes fortunes sont affectées par les guerres mondiales et la crise économique de 1929. De la sortie de la 2nde Guerre mondiale à la fin des années 1970, la période des ……………… « Trente Glorieuses »………………………. se caractérise par un ralentissement de la progression des hauts revenus. Ce ralentissement peut s’expliquer, en France, par la mise en place et la consolidation d’un ……….impôt………. sur les revenus et sur les successions. Les décennies 1970 et 1980 sont marquées par la progression des hauts revenus et du ………..patrimoine………. des ménages les plus riches au niveau mondial, et donc par une hausse des inégalités. Suite à la crise économique de 2008, les hauts revenus cessent d’augmenter pendant une courte période, mais ils reprennent à nouveau leur progression depuis les années 2010.
Exercice 3 (***) : Rédigez un paragraphe sous la forme A, E, I, afin de montrer qu’il existe un lien de corrélation positive entre les revenus des parents et les revenus des enfants aujourd’hui en France.
Rédigez un paragraphe sous la forme A, E, I, afin de montrer qu’il existe un lien de corrélation positive entre les revenus des parents et les revenus des enfants aujourd’hui en France.
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Affirmer : il existe aujourd’hui une corrélation positive entre le revenu des parents et le revenu de leurs enfants une fois adulte. Cela signifie que les niveaux de vie sont généralement comparables d’une génération à l’autre.
Expliquer : En effet, les enfants issus de familles situées en bas de la distribution des revenus ont tendance à être eux-aussi, une fois adultes, en bas de la distribution des revenus. On parle d’un phénomène de « plancher adhérent ». A l’inverse, les familles situées en haut de la distribution des revenus profitent elles aussi d’un « plafond adhérent » qui leur permet de conserver leur avantage sur plusieurs générations. Il y a donc une corrélation positive puisque les deux variables observées ont tendance à varier dans le même sens : un revenu élevé chez les parents est souvent associé à un revenu élevé chez les enfants, tandis qu’un faible revenu chez les parents est plus souvent associé à un faible revenu chez les enfants.
Illustrer : Selon l’OCDE, en 2019 en France, 35% des hommes dont le père a de faibles revenus d’activité ont eux-mêmes de faibles revenus d’activité une fois adultes. A l’opposé, 40% des personnes dont le père a des hauts revenus ont eux-mêmes des hauts revenus.