Mobilité sociale
Synthèse
Déroulé du chapitre :
Question 1. Qu'est-ce que la mobilité sociale intergénérationnelle ?
Question 2. Comment les tables de mobilité sont-elles construites ?
Question 3. Comment les évolutions de la structure sociale peuvent-elles expliquer la mobilité ?
Question 4. Comment rendre compte des flux de mo Question 5. Comment expliquer la mobilité sociale ?
Question 5. Comment expliquer la mobilité sociale ?
Une partie de la mobilité sociale est structurelle : la structure socioprofessionnelle change d’une génération à une autre, ce qui crée des flux de mobilité sociale. Selon les périodes, la part de cette mobilité structurelle dans la mobilité totale peut varier (elle diminue plutôt au fil du temps). Ainsi, la tertiarisation de l’emploi, la montée des qualifications et la salarisation conduisent à de la mobilité sociale.
Les enfants d’agriculteurs exploitants, puis ceux d’ouvriers ont connu une forte mobilité sociale par rapport à leurs parents du fait du « déversement » des emplois du secteur primaire vers le secteur secondaire, puis du secteur secondaire vers le tertiaire.
De la même manière, la diminution de la proportion de professions indépendantes a conduit les enfants d’artisans, commerçants et chefs d’entreprise à connaître une mobilité sociale vers les professions de salariés. Cela s’est accompagné d’une diminution de la transmission de certains types d’entreprises familiales (petites exploitations agricoles, boutiques, commerces de petite taille).
Un changement important dans la structure des emplois est également la montée des emplois qualifiés : les effectifs de cadres, tout comme ceux de professions intermédiaires ont augmenté. Cette monté a permis une certaine forme d’ascension sociale pour les enfants d’ouvriers et d’employés notamment.
Enfin, la féminisation des emplois a favorisé la mobilité sociale puisque les femmes ont eu tendance à occuper plus fréquemment un emploi que leur mère et à occuper des emplois de plus en plus qualifiés, malgré l’existence d’un « plafond de verre » qui réduit leurs chances d’accès aux postes les plus qualifiés et peut créer un certain déclassement par rapport à leur père.
Cette modification de la structure socio-professionnelle a été accompagnée et favorisée par une montée du niveau d’études et chaque génération a été, en moyenne, plus diplômée que la précédente. Au niveau collectif, cela a favorisé une ascension sociale avec le développement d’emplois qualifiés. Les générations plus diplômées ont donc plus fréquemment pu accéder à des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures dont la proportion a augmenté dans la population active. On retrouve ce phénomène en observant que quelque soit la profession des parents, la proportion de cadres a eu tendance à augmenter.
Le système scolaire favorise aussi l’ascension sociale au niveau individuel. Elle a une fonction méritocratique et cherche à permettre à tous et toutes d’accéder aux postes les plus qualifiés par l’acquisition d’un diplôme. Pour beaucoup d’individus, l’ascension sociale est ainsi la conséquence d’un parcours scolaire réussi qui conduit à l’obtention d’un diplôme recherché sur le marché du travail et permettant d’accéder à des professions intermédiaires ou des professions de cadres par exemple. De la même manière, un enfant d’ouvrier non qualifié qui obtient un baccalauréat professionnel peut accéder à un poste d’ouvrier qualifié. Ce diplôme peut aussi être la première étape d’une carrière professionnelle conduisant à une ascension sociale.
Cette réussite scolaire dépend tout de même des ressources familiales qui jouent, de manière générale, sur les chances de mobilité sociale. Les ressources en capital culturel favorisent la réussite scolaire et peuvent générer de la reproduction sociale, mais elles peuvent aussi jouer dans le sens d’une ascension sociale. C’est un phénomène qu’on peut observer chez les enfants d’immigrés notamment : ceux et celles dont les parents sont diplômés mais ont connu un déclassement suite à leur migration ont plus de chances d’ascension sociale que des individus de même catégorie sociale d’origine mais dont les parents ne sont pas diplômés. Les ressources financières (revenus, patrimoine) peuvent aussi influer sur la mobilité sociale.
La famille influe aussi sur la mobilité sociale par sa configuration. Les aînés peuvent influer sur la réussite scolaire de leurs frères et sœurs par exemple. Des événements familiaux, qui bouleversent la configuration du groupe familial peuvent aussi influer sur les chances d’ascension sociale ou les risques de déclassement. Par exemple, un divorce des parents peut conduire à un plus fort risque d’échec scolaire et donc de déclassement. C’est aussi un facteur qui peut jouer à l’âge adulte : le fait d’être une mère de famille monoparentale réduit les chances d’ascension professionnelle car la carrière peut être incompatible avec la charge d’une famille.
Synthèse
Déroulé du chapitre :
Question 1. Qu'est-ce que la mobilité sociale intergénérationnelle ?
Question 2. Comment les tables de mobilité sont-elles construites ?
Question 3. Comment les évolutions de la structure sociale peuvent-elles expliquer la mobilité ?
Question 4. Comment rendre compte des flux de mo Question 5. Comment expliquer la mobilité sociale ?
Question 5. Comment expliquer la mobilité sociale ?
Quand les sociologues étudient la mobilité sociale intergénérationnelle, ils comparent les positions sociales des individus avec celles de leurs parents.
Cependant, d’une génération à une autre, la société change. Les emplois ne sont plus les mêmes, certains secteurs d’activité se développent, d’autres voient leur poids diminuer dans la société, certains métiers apparaissent, d’autres disparaissent. Ainsi, en France, sur la seconde moitié du 20e siècle, on a pu observer une réduction régulière du poids de l’emploi agricole. L’emploi industriel a connu la même dynamique à partir des années 1970. Dans le même temps, les emplois salariés ont vu leur poids augmenter aux dépends des emplois d’indépendants et il y a eu une montée de la qualification des emplois. Depuis les années 1960, l’emploi se féminise également : la part des femmes en emploi augmente. Ces changements de structure de l’emploi créent automatiquement de la mobilité sociale : les individus ne peuvent pas, mécaniquement, occuper les mêmes emplois que leurs parents. On parle alors de mobilité structurelle pour désigner cette mobilité due aux changements de structure de l’emploi. Elle se mesure en comparant la structure des emplois des individus avec celle de leurs parentsLa mobilité nette est alors la mobilité sociale qui n’est pas structurelle. Cette mobilité nette peut être assimilée à une mobilité davantage liée à l’égalité des chances.
Cependant, pour mesurer plus précisément cette égalité des chances, il est plus pertinent de calculer la « fluidité sociale ». Cette dernière se mesure à l’aide d’odds ratio ou rapport des chances relatives d’accès à une position sociale donnée. Celui qui est calculé le plus couramment est celui qui compare les chances de mobilité des cadres et celles des ouvriers. Dans ce cas, l’odds ratio se calcule en comparant la probabilité des cadres de devenir cadre plutôt qu’ouvrier avec la probabilité des ouvriers de devenir cadre plutôt qu’ouvrier. Pour les cadres, par exemple, cette probabilité se calcule en faisant le rapport entre le nombre (ou le pourcentage) de fils de cadres devenus cadres et le nombre (ou la proportion de fils de cadres devenus ouvriers. Moins la société est fluide et plus cet odds ratio est élevé. À l’inverse, dans une société totalement fluide, ce ratio devrait être de 1 : les enfants d’ouvriers auraient les mêmes chances de devenir cadre plutôt qu’ouvrier que les enfants de cadres. Ces odds ratio peuvent être calculés pour toutes les catégories sociales prises deux à deux et ils permettent de mesurer la mobilité de manière indépendante des évolutions de la structure sociale.
L’intérêt de cette mesure la fluidité est de montrer qu’une société plus mobile ne signifie pas forcément une plus grande égalité des chances. En effet, on peut observer des flux de mobilité qui sont dus à une mobilité structurelle et qui ne signifient donc pas une plus forte égalité des chances. De plus, quand on observe que davantage de personnes issues des catégories populaires accèdent aux positions les plus favorisées, il faut se demander si cet accès plus facile n’est pas aussi présent pour ceux dont les parents appartiennent déjà aux catégories les plus favorisées. On pourrait en effet observer une situation dans laquelle plus d’enfants d’ouvriers deviennent cadres, par exemple, mais où, en parallèle, tous les enfants de cadres deviennent cadres. Dans ce cas, il serait difficile de parler d’égalité des chances… Pour approcher l’égalité des chances, il faut donc non seulement mesurer la mobilité structurelle, mais aussi, par les odds ratio, comparer les chances d’accès aux différentes positions sociales pour les individus des différentes origines sociales. Pour la France, on observe, par exemple depuis la fin des années 1970, une baisse de l’odds ratio calculé pour les cadres et les ouvriers, ce qui montre une plus grande fluidité sociale et donc un accès plus ouvert aux emplois de cadres. Cette montée de la fluidité s’observe également quand on compare les cadres aux autres professions salariées (professions intermédiaires et ouvriers).