Définition :
L’hypothèse de rationalité tient une place centrale dans les fondements de la science économique. Cette notion couvre deux formes de rationalité.
La première est dite cognitive : le consommateur ou le producteur sait exactement à l’avance les conséquences de tous ses choix possibles en termes de satisfaction.
La seconde est dite instrumentale : le consommateur ou le producteur utilise au mieux ses moyens. En combinant ces deux rationalités, l’agent économique fait les meilleurs choix possibles, ceux qui permettent d’éviter tout gaspillage compte tenu de l’objectif recherché, de ses ressources et contraintes.
L'essentiel :
La rationalité économique constitue ainsi l’hypothèse centrale de la théorie économique standard. Elle suppose l’existence d’« homo economicus », terme proposé par V. Pareto, qu’il s’agisse d’individus ou entreprises, agissant de façon réfléchie et calculée c’est-à-dire et recherchant un maximum de satisfaction pour un minimum d'effort matériel et/ou monétaire.
L’hypothèse permet la modélisation des comportements économiques, ce qui constitue la base méthodologique des théories microéconomiques modernes. Ainsi, elle permet de formaliser les comportements des consommateurs et ceux des entreprises pour aboutir à une approche en termes d’équilibre (l’équilibre général walrassien).
Certains économistes ont appliqué l’hypothèse de rationalité des comportements à d’autres champs que celui des comportements économiques. C’est le cas de Gary Becker qui étend la théorie du choix rationnel à des activités sociales telles que l’éducation et la formation (analysée comme un investissement en capital humain), mais aussi les comportements familiaux (mariage, divorce, enfants), aux activités criminelles, etc.
D’autres économistes ont exploré les rapports entre la rationalité et l’incertitude dans le cadre de la théorie des jeux (Oskar Morgenstern et Von Neumann).
Mais l’hypothèse de rationalité des comportements soulève un certain nombre de limites. D’abord, elle suppose que les agents économiques disposent d’une information optimale et de capacités cognitives pour pouvoir prendre une décision rationnelle. C’est ce que conteste
Herbert Simon qui pose l’hypothèse de rationalité limitée. Dans la réalité, les agents économiques n’ont ni les informations, ni les capacités cognitives nécessaires pour prendre la décision optimale, ce qui les amène à une prise de décision compte tenu de ces limites. L’agent adopte donc une rationalité procédurale : il fait au mieux compte tenu de ce dont il dispose.
C’est en particulier dans l’analyse économique des organisations que la rationalité limitée a été largement explorée.
L’économie comportementale, avec les travaux de Kahneman et Tversky a mis l’accent sur l’existence de nombreux biais au calcul rationnel. Leurs travaux montrent la fréquence des émotions et des erreurs de jugement qui constituent autant de limites cognitives perturbant la décision. Ils mettent aussi l’accent sur le poids des normes et des valeurs sociales qui modifient l’analyse et brouillent le calcul purement rationnel. Des économistes contemporains, tels que André Orléan, intègrent l’influence des représentations et des croyances dans l’analyse économique et remettent largement en cause la pertinence de l’homo oeconomicus.
D’autres travaux voient les limites du modèle dans l’absence de prise en compte de l’environnement social, matériel, bref des possibilités concrètes de prise de décision. Ainsi Amartya Sen explique ainsi que les « capabilités » (capabilities) de l’individu rendent son modèle de décision bien plus restreint. Il montre que c’est la liberté réelle de choisir entre des combinaisons, compte tenu de ses ressources et contraintes, qui déterminera le choix que la personne décidera effectivement de faire.
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