Définition :
Ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc.
L'essentiel :
Les théories de la croissance ne se sont intéressés que tardivement au rôle du capital humain. Pour les néoclassiques, la contribution du facteur travail à la production de richesse est restée longtemps exclusivement quantitative comme le traduit la fonction de production de Cobb-Douglas.
C’est dans « Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis » (1964) que Gary Becker définit le capital humain comme : L'ensemble des capacités productives qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire, etc. La notion avait déjà été évoquée auparavant par T.W Schultz qui a montré, en 1959, la place clé du capital humain, à savoir la formation, l'éducation, l’habileté, pour améliorer la productivité agricole, et donc les revenus.
Mais, la mesure du capital humain semble difficile. Une simple analyse des dépenses d'investissement en capital humain, ce qui serait la méthode pour évaluer le capital physique, est insuffisante car il est complexe de distinguer ce qui relève des dépenses de consommation ayant pour objet de satisfaire les besoins des individus et ce qui peut être considéré comme des dépenses d'investissement améliorant la qualité du capital humain.
Si l'approche par la dépense ne permet donc pas de mesurer pleinement l'investissement en capital humain, les économistes vont se tourner vers l’analyse des variables améliorant les capacités des individus et se traduisant par une hausse du salaire des individus concernés sur le marché du travail. Il s’agit des infrastructures et services de santé affectant espérance de vie et santé des individus, de la formation professionnelle (notamment l'apprentissage) organisée par les entreprises mais surtout du rôle du système éducatif et des programmes de formation pour adulte.
Mais le capital humain a une dimension individuelle. Chaque travailleur a un capital propre, qui lui vient de ses capacités personnelles et de sa formation. Ce stock de capital est, par nature, immatériel et peut s'accumuler ou s'user : il augmente quand l’individu investit dans sa formation. Pour des économistes tels que G. Becker, c’est ce qui explique les différences de productivité, et, par hypothèse, de revenu. Dans la logique néoclassique, le capital humain, est donc le résultat d’arbitrages (calculs coût-avantage) entre travailler et suivre une formation. Le capital humain peut de ce point de vue être analysé comme un actif, un patrimoine, un stock susceptible de procurer un revenu. Le salaire est donc considéré comme le rendement du capital humain, la rémunération de l'investissement dans l'éducation.
La théorie du capital humain fait donc de la formation un investissement qui, comme tout investissement, est générateur d'externalités. Mais il semble difficile de déterminer le niveau de formation optimal efficace pour la collectivité d’autant que les externalités issues d'un investissement collectif dans la formation sont diverses : productivité mais aussi accès à l’emploi, intégration sociale.…
Lire à ce propos :
Les études empiriques de Jacob Mincer (1922-2006), dans “Schooling, Experience and Earnings” (1974) ont montré qu'un individu fait des choix d'investissement en capital humain à chaque étape de son cycle de vie. Après la formation initiale, la formation professionnelle peut prendre plusieurs formes. Il peut s’agir d’apprentissage formels (formation, stages). Mais aussi d’apprentissages informels liés à l'expérience (learning-by-doing présenté par Kenneth Arrow).
Ces processus de formation dans la production du type learning-by-doing ont été introduits dans les analyses des sources de croissance à long terme, en particulier dans les théories de la croissance endogène et la liaison entre la croissance économique et les systèmes d’éducation fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus.
Voir le chapitre de terminale « Quelles sont les sources et les défis de la croissance économique ? »
Philippe Aghion et Elie Cohen (Education et croissance, CAE, 2004) ont montré que chaque pays est caractérisé par un niveau technologique (mesuré par son éloignement plus ou moins important par rapport à ce qu’ils appellent la « frontière technologique » déterminée par le niveau des Etats-Unis) qui détermine le système d'éducation le mieux adapté à chaque pays.
Ainsi, un système d'éducation axé sur l’enseignement supérieur favorise la croissance lorsqu’une économie se situe à proximité de la frontière technologique dans la mesure où il encourage à l’innovation. La stimulation de la croissance passe donc par des investissements éducatifs sur le long terme.
Alain Pons : Capital humain au cœur de la croissance de demain ?
Questions à Philippe Aghion (à venir)
1) Comment mesurer le lien entre capital humain et performance économique ?
2) Dans quelle mesure le capital humain conditionne-t-il l’innovation ?
3) Quelle place pour l’Etat dans le développement du capital humain ?