Niveau 1 : Réviser les bases
Exercice 1 : la solidarité et le travail : révisions
1. Complétez le tableau ci-dessous en associant chaque caractéristique à un type de solidarité.
2. Complétez le texte à trous avec les mots suivants : travail ; mécanique ; consciences individuelles ; spécialisation ; similitude ; complémentarité ; conscience collective ; organique ; religion ; modernes ; individualisme
Pour E. Durkheim, les sociétés traditionnelles se caractérisent par la prépondérance de la solidarité ..................................... : les individus sont liés par des liens de .................................., ils ont les mêmes croyances, les mêmes valeurs, les mêmes modes de pensées et de comportement. La .................................................. y est forte. Dans les sociétés ................................., les individus sont différenciés par la ...................................... des fonctions sociales et leurs rapports s’appuient donc sur leur ......................................... : c’est la fonction de la division du ........................ Ils sont donc essentiellement reliés par une solidarité ................................. où chacun a besoin des autres et coopère. La conséquence de cette différenciation est le développement des ........................................................................... Toutefois, la solidarité mécanique ne disparait pas, elle ne domine pas mais persiste dans différents espaces sociaux tels que les associations, la ................................... La montée de l’........................................ ne fait pas disparaitre le lien social mais le transforme.
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Corrigé :
1.
2. Pour E. Durkheim, les sociétés traditionnelles se caractérisent par la prépondérance de la solidarité mécanique : les individus sont liés par des liens de similitude, ils ont les mêmes croyances, les mêmes valeurs, les mêmes modes de pensées et de comportement. La conscience collective y est forte. Dans les sociétés modernes, les individus sont différenciés par la spécialisation des fonctions sociales et leurs rapports s’appuient donc sur leur complémentarité : c’est la fonction de la division du travail. Ils sont donc essentiellement reliés par une solidarité organique où chacun a besoin des autres et coopère. La conséquence de cette différenciation est le développement des consciences individuelles. Toutefois, la solidarité mécanique ne disparait pas, elle ne domine pas mais persiste dans différents espaces sociaux tels que les associations, la religion. La montée de l’individualisme ne fait pas disparaitre le lien social mais le transforme.
Exercice 2 : travail et disqualification sociale
L’accès à un emploi stable favorise l’intégration par le revenu qu’il procure, mais permet aussi d’avoir des relations professionnelles et sociales, de tisser des liens et d’avoir une place reconnue dans des sociétés modernes fondées sur la solidarité organique. La précarité et la perte d’emplois peuvent conduire à la disqualification sociale...
Exercice 3. Disqualification sociale
J'ai élaboré le concept de disqualification sociale dans mes recherches sur les formes contemporaines de la pauvreté dans le prolongement des travaux de Georg Simmel au début du XXème siècle sur le statut des pauvres. L'objet d'étude qu'il propose n'est pas la pauvreté ni les pauvres en tant que tels mais la relation d'assistance entre eux et la société dans laquelle ils vivent. La disqualification sociale correspond à l'une des formes possibles de cette relation entre une population désignée comme pauvre en fonction de sa dépendance à l'égard des services sociaux et le reste de la société.
J'ai par la suite élargi le concept de disqualification sociale au monde du travail en examinant et comparant les formes de l'intégration professionnelle. À partir d'une enquête auprès d'un échantillon diversifié de salariés, laquelle a abouti à la publication du Salarié de la précarité, j'ai pu constater que le processus de disqualification sociale ne commence pas obligatoirement par l'expérience du chômage, mais que l'on peut trouver dans le monde du travail des situations de précarité comparables à l'expérience du chômage, au sens de la crise identitaire et de l'affaiblissement des liens sociaux. Rappelons ici, brièvement, que la précarité des salariés a été analysée en partant de l'hypothèse que le rapport au travail et le rapport à l'emploi constituent deux dimensions distinctes de l'intégration professionnelle, aussi fondamentales l'une que l'autre. C'est ainsi que le type idéal de l'intégration professionnelle a été défini comme la double assurance de la reconnaissance matérielle et symbolique du travail et de la protection sociale qui découle de l'emploi. La première condition est remplie lorsque les salariés disent qu'ils éprouvent des satisfactions au travail, et la seconde, lorsque l'emploi qu'ils exercent est suffisamment stable pour leur permettre de planifier leur avenir et d'être protégés face aux aléas de la vie. Ce type idéal, qualifié d'intégration assurée, a permis de distinguer, par déduction, et de vérifier ensuite empiriquement, trois types de déviations : l'intégration incertaine (satisfaction au travail et instabilité de l'emploi), l'intégration laborieuse (insatisfaction au travail et stabilité de l'emploi) et l'intégration disqualifiante (insatisfaction au travail et instabilité de l'emploi). L'intégration disqualifiante affecte alors les deux sources du lien social : la protection du fait de l'instabilité de l'emploi, la reconnaissance du fait de l'insatisfaction au travail.
«Le lien social : entretien avec Serge Paugam », Entretien réalisé par Anne Châteauneuf-Malclès pour le site ses.ens-lyon.fr, publié le 06/07/2012.
Questions :
1. Qu’est-ce que la disqualification sociale selon Serge Paugam ?
2. En quoi le travail et l’emploi donnent-ils accès à l’intégration assurée d’après Serge Paugam ?
3. Le processus de disqualification sociale ne touche-t-il que des chômeurs ? Pourquoi ?
4. A l’aide du tableau suivant, caractérisez les différents types d’intégration non assurée.
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Réponses :
1. Qu’est-ce que la disqualification sociale selon Serge Paugam ?
La disqualification sociale désigne un ensemble de situations pour lesquelles l’intégration sociale est défaillante. On la définit comme le processus d’affaiblissement ou de rupture des liens sociaux au sens de la perte de la protection et du lien social.
2. En quoi le travail et l’emploi donnent-ils accès à l’intégration assurée d’après Serge Paugam ?
Lorsque le travail et l’emploi donnent accès à une pleine intégration, on parle d’intégration assurée. Cette intégration repose sur la reconnaissance et l’accès à la protection sociale. Pour Serge Paugam, le travail donne accès à une double reconnaissance : d’abord matérielle lorsqu’il garantit un certain niveau de revenu à l’individu et symbolique parce qu’il lui confère un statut social. L’emploi donne lui accès à la protection sociale.
3. Le processus de disqualification sociale ne touche-t-il que des chômeurs ? Pourquoi ?
Serge Paugam met en avant le fait que la disqualification ne concerne pas uniquement les individus exclus du marché du travail ou les chômeurs. Il s’agit d’un processus qui touche les individus dès lors que le travail et l’emploi ne garantissent plus reconnaissance et protection sociale. Ainsi, les individus en situation d’emploi précaire sont également menacés par la disqualification sociale.
4. A l’aide du tableau suivant, caractérisez les différents types d’intégration non assurée.
Niveau 2 : Aller plus loin pour briller en Terminale
Montée des contrats courts, de l’intérim, du télétravail, etc. : la crise de la Covid-19 a mis en lumière et parfois accéléré certaines transformations contemporaines du marché du travail...
Exercice 1 : le Covid-19 et les conditions de l’emploi
Ces transformations affaiblissent le pouvoir intégrateur du travail...
Exercice 2 : une fragilisation de l’intégration par le travail ?
Document 6. Des transformations du marché du travail qui fragilisent l’intégration
Produit de la conjonction structurelle de facteurs multiples (épuisement des gains de productivité, saturation de la norme de consommation, mutations sectorielles, pression internationale, etc.), la crise qui clôt la période des Trente Glorieuses consacre le déclin du régime de croissance fordiste d’après-guerre. Bien qu’elle ne soit pas cumulative comme en 1929, la dépression a des effets directs durables sur le marché du travail. Le chômage entame une course à la hausse à partir de la seconde moitié des années 1970. […] Inégale selon les périodes, la création d’emplois n’a pas été suffisante pour empêcher le chômage de s’installer durablement dans le paysage français. Les études ne manquent pas pour signaler les inégalités selon l’âge, le sexe, l’origine ethnique, le diplôme, la catégorie socioprofessionnelle, la région, etc., face à la privation involontaire d’emploi. Cette dernière a accru par ailleurs les différences de statut et de protection sociale.
Le constat d’ensemble est similaire lorsqu’on observe l’évolution et la morphologie des «formes particulières d’emploi». […] On considère désormais comme typique un emploi à durée indéterminée et occupé à plein temps auprès d’un employeur unique qui est lui-même l’utilisateur direct des compétences du salarié. Les formes particulières d’emploi, l’intérim au premier chef, font leur apparition sur le marché du travail avant, il est vrai, que les symptômes de la grande crise des années 1970 ne s’imposent à toutes et à tous avec la force de l’évidence. Mais, les difficultés économiques persistant, la précarisation de l’emploi gagne du terrain au fil des années et des décennies qui suivent. La part de l’intérim, des contrats à durée déterminée, des stages et contrats aidés par les pouvoirs publics et de l’apprentissage dans l’emploi salarié double ainsi entre 1982 et 2002. Elle atteint son acmé en 2000 avec un taux de 12 % (contre 6 % en 1982). Dix-sept ans plus tard, nous en sommes à plus de 15 %. […] Depuis la fin des années 1970, les formes particulières d’emploi qui ont le plus vivement progressé dans le secteur privé sont l’intérim et les contrats à durée déterminée bien plus encore. En 2017, à elle seule la part des contrats à durée déterminée dans l’emploi salarié atteint 12 %, ceux de moins de trois mois représentant même 5 % du total.
[…] Le travail à temps partiel, qui concerne un peu moins de 19 % de la population active occupée en 2016 (contre 9 % en 1982), a également contribué au mouvement d’érosion de la norme d’emploi fordiste. Aujourd’hui, cette forme d’emploi alimente une partie de la pauvreté laborieuse, situation propre aux personnes en incapacité de tirer du produit de leur travail un revenu suffisant pour subsister.
[…] Que ce soit par le biais du chômage ou de la précarité, le refoulement des personnes aux marges du marché du travail a toujours des effets sur leur mode d’intégration sociale, […] la privation d’emploi se traduit par une déconnexion des intéressés des rythmes dominants de la vie sociale, une privation des points de repères spatiaux de l’existence et une sape de l’identité personnelle. Serge Paugam procède à des constats similaires à l’occasion de son étude sur les salariés de la précarité. Elle dilue non seulement les attaches avec le monde du travail mais elle gâte également les relations conjugales et familiales, elle dégrade les revenus et les conditions de vie, elle incite au repli sur soi et ses proches plutôt qu’à l’engagement associatif ou politique, etc.
Michel Lallement, « Quarante ans d’institution de l’emploi », Travail et Emploi, Dares, 2019.
Questions :
1. Distinguez formes d’emplois typique et atypique.
2. A quelles transformations le marché du travail français fait-il face dès le milieu des années 1970 ?
3. Qu’est-ce que la « pauvreté laborieuse » ?
4. Quelles sont les conséquences de ces transformations du marché du travail ?
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Réponses :
1. Distinguez formes d’emplois typique et atypique.
La notion d’emploi typique désigne le modèle de référence de l’emploi salarié à temps plein, en contrat à durée indéterminée (CDI), offrant des garanties et des perspectives de carrière. A l’inverse, les emplois atypiques regroupent les contrats à durée déterminée (CDD), intérims, apprentissage et contrats aidés. Ces formes particulières d’emploi sont précaires et offrent souvent des rémunérations plus faibles et des garanties sociales moindres.
2. A quelles transformations le marché du travail français fait-il face dès le milieu des années 1970 ?
Le choc pétrolier de 1973 marque la fin des Trente Glorieuses et le début du ralentissement de la croissance économique, qui s’accompagne dès les années 1980 d’une augmentation d’un chômage de masse et de longue durée. En 1993, la barre symbolique des 3 millions de chômeurs est ainsi franchie en France. Par ailleurs, cette même période est marquée par le phénomène de précarisation de l’emploi. La part d’emploi précaire a presque triplé depuis le milieu des années 1980.
3. Qu’est-ce que la « pauvreté laborieuse » ?
La pauvreté laborieuse désigne les travailleurs pauvres, c’est-à-dire les personnes qui tout en ayant travaillé une partie de l’année vivent dans un ménage dont les revenus ne suffisent pas à offrir à ses membres un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté monétaire, généralement fixé à 60% du revenu médian.
4. Quelles sont les conséquences de ces transformations du marché du travail ?
Le développement du chômage de masse persistant et de la précarité remet en question le rôle intégrateur du travail. Non seulement les individus sont davantage exposés au risque de perte de revenus mais ils subissent également une fragilisation du statut social conféré par le travail.