Synthèse
Déroulé du chapitre :
Question 1. Quels sont les rouages des crises financières ?
Question 2. Comment se forment les bulles spéculatives ?
Question 3. Quels sont les mécanismes à l’origine des paniques bancaires ?
Question 4. Comment les effets d'une crise financière se transmettent-ils à l'économie réelle ?
Question 5. Quels sont les principaux instruments de la régulation bancaire et financière ?
Question 6. La crise du coronavirus : un choc historique pour l’économie mondiale
Les crises financières affectent généralement le secteur bancaire, dans la mesure où les banques sont devenues des acteurs majeurs sur les marchés de capitaux. Lors d’une panique bancaire, une fraction importante des déposants peuvent vouloir retirer leurs dépôts au même moment : c’est ce qui s’est passé lors de la crise de 1929, avec à la clé une série de faillites bancaires à la fois aux Etats-Unis et en Europe. Si la banque possède essentiellement des actifs de long terme illiquides, elle peut rencontrer des difficultés pour trouver les fonds nécessaires au règlement de ces retraits. Lorsque la rumeur se répand que la banque est à court de liquidités, davantage de déposants vont essayer de retirer leurs dépôts dans l’espoir d’obtenir autant d’argent que possible. Nous sommes alors en présence d’un phénomène de prophéties auto-réalisatrices.
On peut à ce titre citer l’exemple de la grande crise bancaire américaine de 1907 aux Etats-Unis, qui eut lieu aux Etats-Unis lorsque le marché boursier s'effondra brusquement, perdant près de 50 % de la valeur maximale atteinte l'année précédente. Cette panique se produisit au milieu d'une période de ralentissement de l’activité économique, marquée par d'innombrables retraits de fonds des banques commerciales et des banques d’affaires. La panique bancaire se propagea à tout le pays, de nombreuses banques et entreprises étant acculées à la faillite. Parmi les premières causes de la crise, on peut citer le retrait de liquidités des banques de New York, la perte de confiance des dépositaires et l'absence d'un fonds de garantie des dépôts. En effet, de manière générale, une panique bancaire peut s’auto-entretenir. Un nombre inhabituel de retraits réduit les liquidités de la banque, ce déficit de liquidités engendre encore plus de retraits car les déposants courent retirer leur dépôt. Même une banque qui n’éprouve pas de difficultés particulières peut être en difficulté après avoir perdu beaucoup de ses déposants et avoir été forcée de vendre en urgence ses actifs illiquides. Ce qui aggrave la situation est que la banque n’a pu obtenir un bon prix faute de temps pour trouver des acheteurs prêts à les payer plus cher. La baisse des prix des actifs est alors encore plus violente et la banque peut se retrouver acculée à la faillite.
Les paniques bancaires sont extrêmement nocives pour l’activité économique. En effet, cela conduit la banque à abandonner des investissements de long terme dans du capital physique comme des projets productifs qui soutiennent la croissance économique. De surcroît, les banques étant des acteurs clés des marchés financiers, une panique bancaire peut générer en retour une crise boursière. En 2007, les pouvoirs publics ont dû faire face au risque de panique bancaire, notamment en Angleterre avec Northern Rock. C’est la raison pour laquelle les Etats ont développé, face au risque de paniques bancaires et de ruée vers les guiches (bank run), un fonds de garantie des dépôts afin d’éviter une ruée vers les guichets des banques en cas de perte de confiance soudaine à la suite d’une crise financière.