Document 1 : La chute du PIB et l’explosion du chômage partiel au 1er trimestre 2020
1 .La chute du PIB au cours du 1er trimestre 2020
2. L'explosion du chômage partiel au 1er trimestre 2020
Questions :
1. Expliciter la relation entre la baisse du PIB et la hausse du chômage partiel au 1er trimestre 2020. Quel est est le facteur explicatif ?
2. A l’aide de recherches complémentaires, expliquer en quoi consiste la mesure de chômage partiel mise place par le Président de la République E. Macron.
3. Mesurer le poids des salariés en chômage partiel le 8 mars 2020 puis le 20 avril 2020.
4. A l’aide d’un calcul pertinent, montrer l’explosion du chômage partiel.
5. Discuter : Le chômage partiel augmente-t-il le chômage au sens du BIT ?
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Réponses :
1. Expliciter la relation entre la baisse du PIB et la hausse du chômage partiel au 1er trimestre 2020. Quel est est le facteur explicatif ?
Réponse : La crise sanitaire du Covid 19 a nécessité la mise en place d’une période de confinement qui s’est traduite un chute brutale de l’activité économique et une hausse du chômage partiel.
2. A l’aide de recherches complémentaires, expliquer en quoi consiste la mesure de chômage partiel mise place par le Président de la République E. Macron.
Réponse : Le chômage partiel est une notion synonyme d’activité partielle ou encore de chômage technique. C’est un terme désignant une aide versée aux entreprises par l’État et l’Unedic (l’Assurance chômage), lorsqu’elles sont contraintes de réduire leur activité à cause d’évènements conjoncturels et temporaires (crises économique, pandémie…). Le dispositif mis en place par Emmanuel Macron consiste pour l’entreprise à effectuer une demande de mise en chômage partiel auprès des services régionaux du ministère du Travail, lorsqu’elle est contrainte de réduire ou suspendre temporairement son activité : pandémie, crise économique, sinistres et intempéries… L'employeur est alors chargé du versement de l'indemnité. Cette rémunération, est équivalente pour les salariés à 70% (100% pour les salariés au SMIC et les personnes en formation) de la rémunération brute (84% du salaire net) et ils la reçoivent aux mêmes dates que pour leur salaire. L'État et l'Unedic (Assurance chômage) interviennent seulement a posteriori pour verser une indemnité compensatrice à l'employeur, si la demande de chômage partielle de l'entreprise est acceptée.
3. Mesurer le poids des salariés en chômage partiel le 8 mars 2020 puis le 20 avril 2020.
Réponse :
Le 8 mars 2020, les salariés mis en chômage partiel représentent 0,7% des salariés du privé. Calcul : 15 000/19 700 000
Le 20 avril, ils représentent 49% des salariés du privé. Calcul : 9 600 000/ 19 700 000
4. A l’aide d’un calcul pertinent, montrer l’explosion du chômage partiel.
Réponse : On constate que le nombre de salariés mis en chômage partiel a été multiplié par 640 (Calcul de coefficient multiplicateur =9 600 000/15 000) entre le 8 mars et le 20 avril 2020.
5. Discuter : Le chômage partiel augmente-t-il le chômage au sens du BIT ?
Réponse : Réponse libre, les documents ci-après vous permettront de répondre à cette question.
Document 2 : Une crise qui passe inaperçue dans les données statistiques ?
1. Une baisse en trompe l’œil du chômage au sens du BIT
Au premier trimestre 2020, le nombre de chômeurs au sens du BIT diminue de 94 000, à 2,3 millions de personnes. Le taux de chômage au sens du BIT baisse ainsi sur le trimestre de 0,3 point, à 7,8 % de la population active en France (hors Mayotte), après -0,3 point le trimestre précédent. Il est inférieur de 0,9 point à son niveau du premier trimestre 2019. En France métropolitaine, il s'établit à 7,6 %. Le taux de chômage diminue pour toutes les tranches d'âge, et plus fortement pour les hommes (–0,5 point) que pour les femmes (–0,1 point).
Cette baisse du taux de chômage résulte d'un fort recul du nombre de personnes sans emploi se déclarant disponibles ou en recherche active d'emploi pendant la période de confinement. La période de confinement a en effet fortement affecté les comportements de recherche active d'emploi (pour les personnes sans emploi dont le secteur d'activité privilégié est à l'arrêt par exemple), ainsi que la disponibilité des personnes (contrainte de garde d'enfant par exemple). Au total, le chômage au sens du BIT est donc plus faible pendant cette période de confinement, sans que cela ne traduise une amélioration du marché du travail. […]
Sur la base des observations sur les 11 premières semaines du trimestre, on estime à -0,4 point l'effet du confinement sur le taux de chômage moyen du premier trimestre. Autrement dit, le taux de chômage qui aurait été observé au premier trimestre en l'absence de confinement aurait été quasi stable à 8,2 %.[…]
2. Le taux d’emploi est stable au premier trimestre 2020
En moyenne au premier trimestre 2020, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable, à 66,0 % après une augmentation de 0,7 point fin 2019 ; il progresse de 0,5 point sur un an. Il est stable pour les 15-24 ans et quasi stable pour les 25-49 ans et les 50-64 ans (+0,1 point). Cette stabilité d'ensemble reflète néanmoins de fortes différences entre hommes (+0,3 point) et femmes (-0,3 point).
Le concept d’emploi dans l'enquête Emploi se réfère aux critères internationaux du Bureau international du travail (BIT). Sont comptabilisées dans l'emploi les personnes ayant travaillé au moins une heure rémunérée pendant une période donnée, mais également les personnes n’ayant pas travaillé pour certaines raisons
(congés rémunérés, arrêts-maladie, chômage partiel, etc. - dans certains cas, sous conditions de durée). Dans la période de crise sanitaire que nous traversons, un nombre inédit de salariés se retrouvent en situation de chômage partiel ou d'arrêt de travail pour maladie ou garde d'enfant : ces personnes restent bien considérées comme en emploi.
Source : INSEE, INFORMATIONS RAPIDES, No 119, Paru le : 14/05/2020, « Au premier trimestre 2020, le marché du travail à l’épreuve de la crise sanitaire », Prochaine parution : 13/08/2020 à 07h30 - deuxième trimestre 2020
Questions :
1. La période de confinement a-t-elle provoqué une hausse du chômage au 1er trimestre 2020 ?
2. La période de confinement a-t-elle provoqué une baisse de l’emploi ?
3. Pourquoi cette situation semble-t-elle paradoxale ?
4. A l’aide de vos connaissances et des documents ci-dessus, solutionner ce paradoxe.
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Réponses :
1. La période de confinement a-t-elle provoqué une hausse du chômage au 1er trimestre 2020 ?
La période de confinement n’a pas augmenté le niveau du chômage au sens du BIT au 1er trimestre 2020, le nombre de chômeurs a même diminué de 94 000 au cours de ce trimestre.
2. La période de confinement a-t-elle provoqué une baisse de l’emploi ?
Le taux d’emploi des 15-64 ans est resté stable au cours du 1er trimestre 2020, autour de 66%.
3. Pourquoi cette situation semble-t-elle paradoxale ?
La période de confinement se traduit par une baisse de l’activité économique qui devrait provoquer une hausse du chômage et une baisse de l’emploi.
4. A l’aide de vos connaissances et des documents ci-dessus, solutionner ce paradoxe.
Les personnes en chômage partiel ne sont pas considérées comme chômeuses au sens du BIT car elles sont toujours employées par leur entreprise, elles n’ont pas été licenciées. De fait, un chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT) est une personne âgée de 15 ans ou plus qui satisfait les trois critères suivants : être sans emploi pendant la semaine de référence ; être disponible pour travailler dans les deux semaines à venir ; avoir effectué, au cours des quatre dernières semaines, une démarche active de recherche d’emploi ou avoir trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.
Les personnes en chômage partiel sont toujours comptabilisées dans l’emploi car les personnes n’ayant pas travaillé pour certaines raisons (congés rémunérés, arrêts-maladie, chômage partiel, etc. - dans certains cas, sous conditions de durée) restent incluses dans la définition de l’emploi au sens du BIT.
Document 3 : Confinement et chômage partiel, comment mesurer la situation sur le marché de l’emploi ?
1. Le halo autour du chômage augmente de nouveau au premier trimestre
Parmi les personnes inactives au sens du BIT, 1,7 million souhaitent un emploi sans être considérées au chômage : elles constituent le halo1 autour du chômage. Après déjà une forte hausse le trimestre précédent (+65 000), leur nombre augmente de 43 000 par rapport à fin 2019. L'augmentation du halo concerne principalement les personnes inactives en recherche active d'emploi mais non disponibles (+70 000). La part du halo dans la population des 15-64 ans augmente ainsi de 0,1 point sur le trimestre (+0,5 point sur un an), à 4,1 %, son plus haut niveau depuis que l'Insee le mesure (2003).
En contrepartie principale de la baisse du chômage, le confinement de la population conduit à une forte augmentation du halo en fin de trimestre. Son effet en moyenne sur les trois mois est estimé à +0,2 point de la population des 15-64 ans. Autrement dit, en l'absence de confinement, la part de la population dans le halo aurait baissé de 0,1 point au premier trimestre, à 3,9 %.
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Note 1 : Dans le document, le mot « halo du chômage » est pris au sens strict. Il comprend ici les personnes inactives ayant des situations assez proches du chômage sans en faire partie.
2. Le sous-emploi bondit à un niveau inédit
Questions :
1. Expliciter l’effet du confinement sur le « halo du chômage ».
2. Même question sur le « sous emploi ».
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Questions :
1. Expliciter l’effet du confinement sur le « halo du chômage ».
Le « halo du chômage » au sens strict comprend des personnes qui se trouvent à la frontière entre chômage et inactivité. Il correspond aux personnes sans emploi et souhaitant travailler qui ne sont pas considérées comme chômeurs, mais comme inactives au sens du BIT, car ne satisfaisant pas à au moins un des deux critères (recherche active et disponibilité dans les deux semaines suivant l’enquête). La période de confinement empêche les chômeurs de rechercher activement un emploi et d’être disponible dans les deux semaines.
2. Même question sur le « sous emploi ».
Les personnes en sous-emploi sont des personnes qui se trouvent à la frontière entre emploi et chômage. Il comprend toutes les personnes pourvues d’un emploi salarié ou non, qu’elles soient au travail ou absentes du travail, et qui travaillent involontairement moins que la durée normale du travail dans leur activité, et qui sont à la recherche d’un travail supplémentaire ou disponibles pour un tel travail durant la période de référence. Par conséquent, la période de confinement a nécessité la mise au chômage partiel de près d’un salarié du privé sur 2, ce qui induit une hausse importante des personnes en sous-emploi.
Document 1 : Le dispositif du chômage partiel, une solution pour lutter contre le chômage ?
[ …] Ministre de l’Economie de François Hollande, Emmanuel Macron rappelait souvent à ses interlocuteurs la recette ayant permis à l’Allemagne de surmonter la crise de 2008 : un recours massif au chômage partiel permettant aux entreprises d’éviter d’en passer par des licenciements et donc de garder leur main-d’œuvre au chaud pour préserver le tissu industriel jusqu’au retour des beaux jours économiques. Entre 2007 et 2010, l’Allemagne a ainsi dépensé près de 10 milliards d’euros pour maintenir des millions de salariés avec indemnités («Kurzarbeitgeld») à la maison. Sur la même période, la France de Nicolas Sarkozy avait à peine dépensé plus d’un milliard. Résultat : si les Allemands avaient connu une récession plus importante (un PIB en chute libre à - 5,1 % en 2009 contre - 2,9 % chez nous), ils ont redémarré bien plus fort (+ 4 % en 2010 contre + 2 %) grâce, notamment, aux emplois sauvés : 221 000 en Allemagne contre à peine 18 000 en France. […] Désormais président de la République confronté à une crise économique qui s’annonce bien plus forte, Emmanuel Macron passe aux travaux pratiques. «L’Etat prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints à rester chez eux, a-t-il annoncé le 12 mars lors de sa première intervention sur la crise du Covid-19. Je veux, en la matière, que nous nous inspirions de ce que les Allemands ont su par exemple mettre en œuvre avec un système plus généreux, plus simple que le nôtre.» Jeudi, un décret a rendu un peu plus concret le «mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel» souhaité par le chef de l’Etat. Si le salarié contraint de rester chez lui touchera 84 % de son salaire net (100 % promis pour les salariés au smic), l’Etat supprimera le reste à charge pour l’employeur sur tout salaire inférieur à 4,5 fois le smic. [ …]. Combiné à d’autres mesures, cet «arsenal de protection» doit permettre dans la période de «protéger les compétences des entreprises, les emplois des salariés et le niveau de vie des chômeurs». Et, cela, «quoi qu’il en coûte», comme l’a martelé Emmanuel Macron.
Pour l’instant, le ministère du Travail estime que l’ardoise se chiffre à «près de 4 milliards d’euros» et le ministre de l’Economie prévoit déjà d’atteindre les 8,5 milliards. Plus le confinement dure et plus cette somme sera amenée à augmenter.[…]. «Ce scénario à l’allemande fera que nous aurons une récession plus forte mais beaucoup moins de licenciements», justifie-t-on au ministère du Travail. […]
Source : Lilian Alemagna, « Le modèle allemand du chômage partiel adopté par Macron », www.liberation.fr — 26 mars 2020 à 20:21
Questions :
1. Pourquoi l’Allemagne est-elle considérée comme le modèle à suivre dans le cadre de cette crise du covid-19 ?
2. Par quels mécanismes, le dispositif de chômage partiel offre-t-il une solution au chômage ?
3. Contre quel type de chômage cette mesure permet-elle de lutter ?
4. Quels sont les avantages et inconvénients d’un tel dispositif ?
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Réponses :
1. Pourquoi l’Allemagne est-elle considérée comme le modèle à suivre dans le cadre de cette crise du covid-19 ?
Si les Allemands ont connu une récession plus importante que celle de la France suite à la crise des subprimes (un PIB en chute libre à - 5,1 % en 2009 contre - 2,9 % en France ), leur activité économique a redémarré plus fortement, le PIB augmentant de 4 % en 2010 contre 2 % en France ; grâce, notamment, aux emplois sauvés : 221 000 en Allemagne contre à peine 18 000 en France. L'Allemagne a ainsi réussi à contenir la progression du taux de chômage, qui a augmenté de seulement +0,2 point entre 2008 et 2009, s'établissant à 7,5 %, contre +1,6 point en France avec un taux de chômage de 9,4 % en 2009.
2. Par quels mécanismes, le dispositif de chômage partiel offre-t-il une solution au chômage ?
Le dispositif de chômage partiel vise à éviter les licenciements liés au recul de l’activité provoqué par le confinement mis en place pour contenir la pandémie du Covid-19.
Il s’agit de protéger les salariés du licenciement. Pour inciter les entreprises à placer leurs salariés en chômage partiel plutôt qu’à les licencier, l’Etat indemnise ces salariés à 84% du salaire brut. Le lien contractuel avec le salarié est donc préservé bien que la récession nécessiterait une baisse du volume de l’emploi pour l’adapter aux besoins d’une économie en confinement.
3. Contre quel type de chômage cette mesure permet-elle de lutter ?
Il s’agit de lutter contre un chômage qui résulte d’une baisse de l’activité économique, soit d’un chômage de nature conjoncturel.
4. Quels sont les avantages et inconvénients d’un tel dispositif ?
Il s’agit de protéger les compétences des entreprises et les emplois des salariés. Toutefois, le chômage partiel est un dispositif coûteux pour l’Etat.
Document 2 : Quels sont les arguments économiques justifiant le recours au chômage partiel ?
La littérature économique attribue deux rôles au chômage partiel : c'est un instrument de flexibilité (outil de flexibilité quantitative interne, selon la classification de l'OCDE (1995)) et c'est aussi un dispositif visant la protection de l'emploi. Ces deux objectifs coexistent : la protection de l'emploi est obtenue grâce à la baisse temporaire du temps de travail des salariés.
Trois arguments économiques peuvent être avancés pour justifier le recours au chômage partiel : […]
• […] le chômage partiel peut être analysé comme un outil permettant aux entreprises en difficulté de garder les salariés dont les compétences et les qualifications sont les plus élevées et les moins transférables. Les entreprises dépensant plus dans la formation sont d'autant plus incitées à garder leurs salariés hautement formés pendant les périodes de difficultés économiques temporaires […]) ;
• […]le système d'assurance chômage encourage les licenciements par rapport aux réductions du temps de travail (dont le chômage partiel), les salariés et les employeurs sont engagés dans une négociation bilatérale pour trouver une solution, efficace pour chaque partie et optimisée en fonction du choix de l'autre partie. Le chômage partiel peut alors être vu comme une solution permettant de garder un lien contractuel dans la durée et de partager les risques associés aux aléas conjoncturels […];
• Avec le concept de flexicurité, le chômage partiel peut enfin être appréhendé comme un outil de flexicurité dans la mesure où il donne aux entreprises la flexibilité nécessaire pour faire face à des variations d'activité spécifiques, tout en sécurisant la situation des salariés.
Source : Calavrezo (2010), « Entre flexibilité et sécurité : l'accompagnement des entreprises et des mobilités professionnelles. Essais empiriques de microéconométrie du marché du travail », Thèse (Chapitre 1, section 2) p.41.
Questions :
1. En quoi la mesure de chômage partiel est-elle une forme de flexibilité quantitative interne et non externe comme le licenciement ?
2. Expliciter les arguments économiques justifiant le recours au chômage partiel.
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Réponses :
1. En quoi la mesure de chômage partiel est-elle une forme de flexibilité quantitative interne et non externe comme le licenciement ?
Le chômage partiel est une forme de flexibilité quantitative interne car il s’agit de réduire temporairement les heures de travail des salariés placés en chômage partiel. Le licenciement est au contraire une forme de flexibilité quantitative externe qui permet aux entreprises de réduire le volume d’emplois pour l’adapter au volume de production souhaité pour faire face à l’évolution de la demande.
2. Expliciter les arguments économiques justifiant le recours au chômage partiel.
Le chômage partiel permet aux entreprises de conserver les compétences de leurs salariés et de pouvoir rentabiliser des dépenses de formations spécifiques réalisées avant la récession. Licencier des salariés dont les qualifications ne sont pas transférables dans une autre unité de production n’est pas rationnel économiquement ; car si l’activité repart, les entreprises devront de nouveau embaucher et consentir des dépenses de formation alors que les salariés licenciés n’ont pas pu redéployer ce type de compétences dans d’autres unités de production.
Le chômage partiel permet de conserver l’emploi du salarié et favorise une mutualisation des risques économiques entre l’employeur et le salarié. Il permet au salarié de conserver un revenu et un emploi en période de récession, tout en permettant à l’employeur de réduire le temps de travail rémunéré pour s’adapter à l’évolution de la demande. En revanche, un licenciement fait porter le risque économique sur le salarié (perte d’emploi), quand bien même ce dernier perçoit une indemnité chômage versée par l’Etat en remplacement du salaire (revenu garanti dans les conditions définies par l’assurance chômage).
Le chômage partiel est un dispositif de flexicurité qui combine la flexibilité quantitative interne dont a besoin un employeur pour s’adapter à une récession et la sécurité pour le salarié dont l’emploi et le revenu sont préservés.
Document 3 : Les destructions d’emplois à la fin du 1er trimestre 2020 en France
1- Evolution de l’emploi salarié
2. Evolution de l’emploi salarié en % (données CVS)
Questions :
1. Comment évolue le volume d’emplois salariés à la fin du 1er trimestre 2020 par rapport à la fin 2019 ?
Réponse : À la fin du premier trimestre 2020, l'emploi salarié chute de 2,0 %, soit environ 500 000 destructions d'emplois par rapport à la fin 2019.
2. Quels sont les secteurs les plus touchés par cette évolution ?
Réponse : La baisse concerne presque exclusivement le tertiaire marchand (plus de 490 000 d’emplois détruits) tandis que le tertiaire non marchand perd environ 5000 emplois.
Dans le deuxième document, on constate que l’emploi intérimaire concentre la plus grande part de la chute au premier trimestre 2020, celui-ci baisse de 40,4%. Hors intérim, l'emploi salarié dans le tertiaire marchand baisse de 1,3 %.
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Réponses :
1. Comment évolue le volume d’emplois salariés à la fin du 1er trimestre 2020 par rapport à la fin 2019 ?
À la fin du premier trimestre 2020, l'emploi salarié chute de 2,0 %, soit environ 500 000 destructions d'emplois par rapport à la fin 2019.
2. Quels sont les secteurs les plus touchés par cette évolution ?
La baisse concerne presque exclusivement le tertiaire marchand (plus de 490 000 d’emplois détruits) tandis que le tertiaire non marchand perd environ 5000 emplois.
Dans le deuxième document, on constate que l’emploi intérimaire concentre la plus grande part de la chute au premier trimestre 2020, celui-ci baisse de 40,4%. Hors intérim, l'emploi salarié dans le tertiaire marchand baisse de 1,3 %.
Document 4 : Une progression du chômage limitée en Europe ?
Questions :
1. Mesurer l’évolution du taux de chômage entre 2019 et 2020 à l’aide d’un outil statistique pertinent.
2. Que peut-on en déduire ?
3. Faire des hypothèses explicatives.
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Réponses :
1. Mesurer l’évolution du taux de chômage entre 2019 et 2020 à l’aide d’un outil statistique pertinent.
Entre 2019 et 2020, le taux de chômage augmente de 34% en Espagne, de 18% en Italie, de 14% en France, de 149% aux Etats-Unis, de 76% au Royaume Uni, de 25% en Allemagne.
2. Que peut-on en déduire ?
Les Etats Unis connaissent une plus forte progression du chômage que les pays membres de l’Union européenne (Allemagne, France, Italie, Espagne) et dans une moindre mesure qu’au Royaume -Uni.
3. Faire des hypothèses explicatives.
Les dispositifs de chômage partiel ont permis de limiter la hausse du chômage dans ces pays membres de l’Union Européenne.
Document 5: Le « taux de chômage aux Etats-Unis n’a jamais été aussi élevé depuis la Grande Dépression »
La crise due au Covid-19 a fait passer, en deux mois, le taux de chômage à un niveau digne de la crise des années 1930. Ce sont ainsi 20,5 millions d’emplois qui ont été supprimés au mois d’avril, un niveau record en si peu de temps. En comparaison, 8,6 millions d’emplois avaient disparu pendant les deux années de la crise financière mondiale de 2008. Quant au taux de chômage, qui s’affichait fièrement à 3,5 % en février 2020, il a bondi à 14,7 % [en avril 2020], son niveau le plus haut depuis juin 1940. Au cœur de la Grande Récession de 2009, le taux de chômage avait été de 10,1 %. […] Le nombre de personnes sans emploi est passé de 15,9 millions à 23,1 millions. Par ailleurs, le nombre de personnes qui occupent un emploi à temps partiel pour des raisons économiques a presque doublé, et atteint 10,9 millions. […] Ces chiffres sont « sans surprise » et étaient « attendus », a réagi le président Donald Trump sur la chaîne Fox News.[…]
Mais le mois dernier, le taux de chômage n’était que de 4,4 %, car c’est la situation au 12e jour de chaque mois qui est prise en compte pour le calcul, soit avant la mise en place des mesures massives de confinement, qui ont été progressivement étendues dans le pays au cours de la deuxième quinzaine de mars. Les restaurants, cafés, commerces, avaient alors dû fermer leurs portes, tout comme les écoles. Les femmes de ménage et baby-sitters ont été remerciées. Les taxis et autres chauffeurs n’ont soudainement plus eu de passagers à transporter. Cela fait maintenant sept semaines que les nouveaux inscrits au chômage se comptent en millions, contre 200 000 à 250 000 nouvelles inscriptions hebdomadaires avant la crise. […]Le pic a été atteint fin mars, avec 6,8 millions de nouveaux chômeurs en une semaine. Depuis, la décrue est très lente. […]
Questions :
1. Comment expliquer l’explosion du chômage aux Etats-Unis ?
2. Expliciter le mécanisme économique qui sous-tend les mots de l’actuel président américain : « Ces chiffres sont « sans surprise » et étaient « attendus » ».
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Réponses :
1. Comment expliquer l’explosion du chômage aux Etats-Unis ?
Les entreprises ont licencié le personnel excédentaire pour s’adapter à la baisse de la demande liée à la récession induite par le confinement.
2. Expliciter le mécanisme économique qui sous-tend les mots de l’actuel président américain : « Ces chiffres sont « sans surprise » et étaient « attendus » ».
Aucun dispositif de chômage partiel n’a été mis en place par l’Etat Fédéral américain, l’ajustement des capacités de production à l’activité va prendre la forme d’une flexibilité quantitative externe via l’ajustement de l’emploi. De fait, la progression des inscriptions au chômage a été bien plus massive aux États-Unis que dans les pays européens. La rétention de main-d’oeuvre est donc plus importante en France qu’aux États-Unis (ce qui est historiquement le cas), et le dispositif de chômage partiel facilite cette rétention de main-d’oeuvre en allégeant la masse salariale des entreprises sans que les contrats de travail ne soient massivement rompus à l’inverse des Etats Unis.
Document 6 : Quelles sont les limites de ce dispositif de chômage partiel ?
Les inconvénients du dispositif :
◆ Le coût potentiellement important pour les finances publiques ; un taux de prise en charge inférieur à 100 % limite le coût, d'autant que dans la période actuelle, la consommation est empêchée. Le maintien du salaire net à 100 % au niveau du smic dans le cas français évite de précariser les salariés aux plus petites rémunérations.
◆ Le dispositif crée un effet d'aubaine, les entreprises étant incitées à recourir au dispositif même si elles n’en ont pas besoin.
◆ L'ampleur prise par le dispositif limite les capacités de contrôle ex post, d'autant que la frontière entre travail et chômage peut être floue (y compris pour l'entreprise) lorsque le salarié est en télétravail.
◆ Il limite les réallocations des facteurs de production en retardant les fermetures d'entreprises non rentables.
Bruno Ducoudré et Pierre Madec, « Évaluation au 6 mai 2020 de l'impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur le marché du travail en France », Policy Brief, Sciences Po, OFCE, le 6 mai 2020
Question : Expliciter les inconvénients des dispositifs de chômage partiel.
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Réponse : Expliciter les inconvénients des dispositifs de chômage partiel.
Le dispositif de chômage partiel pèse sur les finances publiques en augmentant les dépenses publiques (revenus de transfert versés par l’Etat aux salariés en chômage partiel) et en baissant les recettes publiques tirées du non-versement des cotisations sociales sur les salariés en activité partielle.
Ce dispositif a des effets d’aubaine, les entreprises étant incitées à recourir au dispositif même si elles n’en ont pas besoin. Des entreprises demanderaient à bénéficier de ce dispositif à 100 %, tout en appelant leurs salariés à télétravailler. Une pratique qui s’apparenterait à du travail illégal. L’employeur profiterait ainsi d’une main-d’œuvre peu coûteuse.
Les possibilités de contrôle public pour limiter l’effet d’aubaine sont limitées car cela suppose la mise en place d’un contrôle coûteux pour l’Etat. Etant donné le nombre d’entreprises ayant recours au dispositif de chômage partiel, il faudrait un nombre important de fonctionnaires pour effectuer les contrôles nécessaires.
Ce dispositif empêche le processus de destruction-créatrice propre à une économie de marché et maintient en vie des activités peu rentables reportant ainsi des restructurations qu’imposerait un fonctionnement plus libre du marché.
Document 7 : Le chômage partiel, un dispositif suffisant pour limiter le chômage ?
L’anticipation d’une chute brutale de l’activité liée à la période confinement et les conséquences sur le marché du travail ont conduit les gouvernements et les banques centrales à prendre des mesures de soutien afin d’amortir le choc de cette crise d’une ampleur et d’une nature inédites. En l’espace de quelques semaines, les plans de soutien budgétaire adoptés par les pays du G20 ont dépassé ceux qui avaient été mis en oeuvre lors de la crise financière entre 2008 et 2010 tandis que les banques centrales réactivaient ou amplifiaient les achats d’actifs ou les prêts au système financier. […]
Au niveau de la politique budgétaire, on peut distinguer trois grands types de mesures : celles qui visent à maintenir le pouvoir d’achat des ménages malgré les arrêts d’activité, celles prises à l’intention des entreprises et qui visent à préserver l’outil de production et enfin celles spécifiques au secteur de la santé.
Concernant les ménages, les mesures prises par les gouvernements ont principalement visé à soutenir leur revenu via notamment le recours massif au chômage partiel comme indiqué précédemment. […] En l’absence de chômage partiel, l’emploi reste peu protégé aux États-Unis et le gouvernement privilégie le soutien aux revenus des ménages par une extension de l’assurance-chômage existant et l’octroi de crédits d’impôts en fonction des revenus […]
Les entreprises, outre les mesures de chômage partiel qui ont permis d’ajuster la masse salariale le temps de la crise tout en préservant l’emploi, ont bénéficié de reports de créances fiscales et sociales1 ainsi que de prêts dont le remboursement est conditionnel au maintien de l’emploi. […] Les gouvernements ont par ailleurs mis en place des garanties publiques sur les nouveaux emprunts, pour faciliter l’accès au crédit des entreprises en déchargeant les prêteurs du risque pris dans des circonstances exceptionnelles où celui-ci s’accroît significativement. […]
Comme lors de la crise financière de 2008-2009, les banques centrales ont été en première ligne pour apporter une réponse à la crise du Covid-19. Elles ont déployé l’ensemble des outils dont elles disposaient afin d’assouplir l’orientation de la politique monétaire, d’éviter une crise de liquidité et le tarissement des financements accordés aux ménages et aux entreprises. L’objectif de ces mesures n’était pas tant de stimuler la demande que d’éviter une amplification financière du choc. La politique d’achats de titres souverains fut également primordiale pour accompagner les mesures budgétaires mises en oeuvre par les gouvernements. […]Les banques centrales ont également annoncé une reprise ou une extension des programmes d’achats d’actifs qui permettent de réduire les taux longs et de faciliter le financement des mesures de politique budgétaire. […]
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Note 1 : Les reports de créances fiscales et sociales correspondent aux dettes dues aux administrations publiques dont le remboursement est reporté dans le temps. Il permet aux acteurs privés de reporter le paiement des impôts et des cotisations sociales dus aux administrations publiques.
Source : Département analyse et prévision de l’OFCE, sous la direction d’Éric Heyer et de Xavier Timbeau, 2020, « Évaluation de l'impact économique de la pandémie de COVID-19 et des mesures de confinement sur l'économie mondiale en avril 2020», OFCE Policy brief 69, 5 juin.
Questions :
1. Quelle est la nature des mesures budgétaires mises en place pour limiter l’impact économique de la pandémie de Covid-19 ?
2. Les banques centrales ont-elles mis en place des politiques monétaires de relance ?
3. Synthétiser : A l’aide du dossier documentaire, construire un paragraphe argumenté qui répond à la question suivante : Comment les gouvernements luttent-ils contre le chômage résultant de la crise du Covid-19 ?
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Réponses :
1. Quelle est la nature des mesures budgétaires mises en place pour limiter l’impact économique de la pandémie de Covid-19 ?
La crise sanitaire du Covid 19 a engendré une crise économique qui a nécessité la mise en œuvre de politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale. Il s’agit de mettre en place des politiques budgétaires de relance :
- soutien aux revenus des ménages pour soutenir la consommation : indemnisation du chômage partiel, extension de l’assurance chômage, crédits d’impôt modulés selon le revenu
- soutien de l’activité des entreprises : une forme de subvention des emplois sauvegardés par le dispositif du chômage partiel, baisse d’impôts et des cotisations sociales à court terme, facilités de crédit pour encourager l’investissement et la sauvegarde d’emploi.
2. Les banques centrales ont-elles mis en place des politiques monétaires de relance ?
Il ne s’agit pas explicitement de mettre en place un politique monétaire de relance de la demande mais d’éviter une crise financière qui amplifierait le recul de l’activité économique à court terme. Il s’agit de mettre en place une politique monétaire dite « accommodante » en facilitant le refinancement des banques commerciales, le financement des dépenses publiques de soutien budgétaire à l’activité économique et de détendre la contrainte de financement des acteurs privés. Les Banques centrales ont effectué des programmes d’achats d’actifs sur le marché monétaire afin de favoriser la baisse des taux d’intérêts longs. Ces mesures visent en premier lieu à éviter une réduction drastique de l’offre de crédit consécutive à une crise de confiance des banques (credit crunch) qui aurait pour conséquence une amplification de la crise économique.
3. Synthétiser : A l’aide du dossier documentaire, construire un paragraphe argumenté qui répond à la question suivante : Comment les gouvernements luttent-ils contre le chômage résultant de la crise du Covid-19 ?
our lutter contre le chômage résultant de la période de confinement nécessaire pour contenir la pandémie du Covid-19, les pays européens ont privilégié la flexibilité quantitative interne à la flexibilité quantitative externe, contrairement aux Etats-Unis. C’est pourquoi, on observe une hausse moins prononcée du chômage dans beaucoup de pays d’Europe. Ces derniers ont mis en place un dispositif de chômage partiel limitant les licenciements et les destructions d’emplois qui en résulteraient. En outre, par ses effets récessifs sur la demande mondiale, la crise du Covid-19 a freiné brutalement et durablement l’activité économique. L’économie mondiale a donc subi un choc de demande négatif lié à la baisse de la consommation, de l’investissement et des exportations mondiales provoquée par la crise économique résultant de la lutte contre la pandémie. Par conséquent, il s’agit aujourd’hui de lutter contre un chômage de nature conjoncturel. Le chômage conjoncturel résulte en effet d’une activité économique insuffisante, donc de l’insuffisance de la demande de biens et services dans une économie. C’est pourquoi, le G20 se tourne vers l’emploi de politiques macroéconomiques de soutien à la demande globale en employant les deux instruments de la politique conjoncturelle : politique budgétaire et politique monétaire.