QUESTION 4. COMMENT COMPRENDRE LA VOLATILITE ÉLECTORALE?

Sommaire

1. Le phénomène de la volatilité électorale

L’expression est empruntée au vocabulaire de la chimie, qui désigne l’aptitude d’une substance à passer d’un état à un autre, par exemple de l’état liquide à l’état gazeux. Appliquée au comportement électoral, elle désigne une variation de l’expression des préférences partisanes pendant ou entre des élections de même nature et successives ou bien concomitantes, et traduit un phénomène d’hésitation d’un grand nombre d’électeurs. Or, l’analyse de celle-ci se révèle complexe, car l’acte de voter, de plus en plus privatif, imbrique des ressorts à la fois affectifs (sensibilité aux personnalités et aux discours) et rationnels.

Volatilité électorale, l’une des formes du désengagement politique

Ce changement des préférences exprimées dans le comportement électoral peut être considéré comme l’une des deux formes de l’abstentionnisme en général, qui touche les démocraties occidentales depuis les années 1970. Alexis de Tocqueville observait dans De la démocratie en Amérique que les citoyens de sociétés ayant connue une révolution violente avaient plus tendance (la France plus les USA) à se décharger de leurs engagements politiques sur l’État. Mais la volatilité électorale aujourd’hui prend un autre sens que l’abstention électorale : établir une distance par rapport au vote et une faible loyauté à l’égard des partis politiques, c’est autre chose que décider de ne pas voter. 

Volatilité et abstentionnisme : deux profils différents

L’abstention électorale peut reposer sur trois motifs très différents : la passivité (désintérêt pour la politique et méfiance à l’égard de la classe politique), le combat politique (comportement de « gladiateur » selon la terminologie des politistes de l’École du Michigan) ou bien un haut degré de satisfaction vis-à-vis du régime politique tel qu’il est incarné. Les enquêtes menées depuis le début des années 1980 ont montré cependant que les profils majoritairement associés à l’abstentionnisme (passivité, méfiance et faible capital culturel) et à la volatilité électorale (compétence politique revendiquée, cohérence idéologique) étaient très contrastés.

 

2. Les formes variées de la volatilité électorale

Cette hésitation de l’électeur contemporain, individualiste et informé, prend des formes multiples.

L’indécision pendant une campagne électorale

Une enquête publiée par le CEVIPOF (14 août 2018) a montré que lors de l’élection présidentielle de 2012, 51% des électeurs avaient changé au moins une fois d’avis au cours des six derniers mois de la campagne. Cette tendance s’est amplifiée lors de l’élection présidentielle de 2017 (document 2).

L’intermittence du vote

Le vote intermittent consiste à passer d’un vote actif à l’abstention, soit une tendance à aller plus loin dans le désengagement politique. On retrouve ici, le temps d’une élection, les motifs potentiels de l’abstentionniste, qui selon la formule de Daniel Gaxie reste, après analyse de l’offre politique « dans le jeu » ou bien bascule à moyen terme « hors-jeu ». Au cours des quatre derniers scrutins nationaux, la part du vote intermittent est passée de 40% à 50% des inscrits (document 1).

Le changement des préférences électorales

L’érosion des préférences partisanes peut se traduire par un changement de comportement entre deux scrutins successifs de même nature, ou entre des scrutins concomitants mais de nature différente. Dès 1990, le politiste Georges Lavau observe que l’identification partisane se transmet moins fréquemment que naguère de génération en génération. Sur une période de quinze à vingt ans environ, les deux tiers des électeurs ont au moins une fois changé leur vote. Récemment en France, les électeurs ont successivement voté pour des candidats de centre droit aux élections municipales, exprimé un vote de conviction fragmenté au premier tour de la présidentielle et un « vote utile » au second tour, choisi l’abstention par rejet des institutions et voté largement « hors-système » et écologiste aux européennes.

 

3. La volatilité électorale, reflet de l’affaiblissement d’un vote de classe

La baisse du sentiment d’appartenance collective et de l’identification partisane

L’évolution du vote ouvrier aux élections présidentielles en France (document 3) illustre bien ce double processus. Traditionnellement orienté à gauche, avec une forte corrélation entre classe ouvrière et vote communiste, et classes moyennes salariées et vote socialiste, il bascule durablement à droite après les élections nationales de 1995. Le déclin de la mobilisation partisane s’explique par le fait que le vote devient plus individualisé et moins associé à des intérêts socialement identifiés, après l’effondrement de grandes institutions partisanes et religieuses comme les mouvements de jeunesse catholiques ou le Parti communiste.

La recomposition de certaines variables sociopolitiques

Le déclin de la loyauté partisane et l’augmentation de la volatilité électorale s’expliquent en partie par la baisse de pertinence, mais aussi la recomposition de certaines « variables lourdes » socioéconomiques dégagées par le modèle de l’université de Columbia dans les années 1940 (documents 4). Ainsi, le lieu d’habitation, le statut socioéconomique et la religion expliquaient dans ce contexte américain la stabilité du vote. Aujourd’hui, les travaux des démographes Hervé le Bras et Emmanuel Todd montrant que l’habitat groupé accentuant le sentiment de promiscuité et ceux du géographe Christophe Guilly sur l’habitation en zone péri-urbaine expliquent en partie le glissement vers un vote d’extrême-droite.

L’épuisement progressif du clivage idéologique Gauche/Droite

Progressivement depuis les années 1990, le clivage traditionnel gauche/droite, qui existe depuis la Révolution, est remis en cause. De nombreuses enquêtes depuis une quinzaine d’années montre qu’une majorité de Français rêvent d’une vie politique plus consensuelle, d’où l’hésitation face à une offre politique clivante car structurée par le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Une enquête sur la base d’un sondage réalisé par Viavoice publié par Libération un mois avant l’élection présidentielle de 2017 a dégagé un paradoxe apparent : 29 % des Français s’autopositionnent à gauche, 36% à droite, et 22% ni à gauche, ni à droite, ni au centre ; cependant 66% considèrent que le clivage gauche-droite n’est plus pertinent. Autrement dit, l’ancrage profond dans les valeurs de gauche ou de droite demeure, mais le positionnement partisan est considéré comme obsolète. Les travaux menés depuis 30 ans par Gérard Grunberg ont montré que l’instabilité concerne un électeur sur deux mais se traduit essentiellement par l’hésitation entre participation et l’abstention, alors que l’ensemble des transferts entre la gauche et la droite ne concerne qu’environ 5% des électeurs inscrits.

 

4. La volatilité électorale, reflet d’une montée en puissance de l’électeur stratège

L’adaptation des électeurs aux modes de scrutin

Le déclin des institutions partisanes et religieuses conjugué au développement de l’individualisme ont conduit la plupart des politistes à observer l’avènement d’un électeur éduqué, éclairé et capable d’une mise en cohérence idéologique de ses infidélités partisanes. Les modèles explicatifs successifs (ceux – holistiques – des Écoles de Columbia puis du Michigan analysant la stabilité du vote par des déterminismes socio-économiques et liés à la socialisation politique ; ceux – stratégiques – critiquant le déterminisme des « variables lourdes » qui orienteraient un électorat passif) se sont adaptés à ces mutations.

Le « vote sur enjeu » brouille les clivages partisans

Les variables contextuelles d’un vote tiennent à la perception des enjeux et au type d’élection. Le vote comme acte individuel a été analysé par des modèles « stratégiques » traduisant la capacité des électeurs à évaluer les avantages qu’ils pourraient tirer de la victoire d’un candidat plutôt qu’un autre, et à décrypter les enjeux du moment. Ainsi, lors d’une campagne électorale, ils sont présumés analyser correctement la mise sur agenda de grand thèmes (l’insécurité lors de l’élection présidentielle de 2007), les grilles de lecture du moment (lutter contre les inégalités sociales VS restaurer la compétitivité des entreprises) et le filtrage opéré par les médias de critères de performances (faire de la « politique autrement » en 2017, document 6).

Document 1. Évolution du vote intermittent en France de 2002 à 2017

Facile

Questions

1. Quelles sont les élections qui servent de base à la comparaison dans le temps des comportements électoraux dans ce document ?

2. Quel critère de l’intermittence est utilisé pour caractériser le vote dans le document ?

3. Comment ont évolué les trois composantes du comportement électoral?

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Questions

1.Quelles sont les élections qui servent de base à la comparaison dans le temps des comportements électoraux dans ce document ?

Ce sont les élections nationales en France (présidentielles + législatives) lors de quatre scrutins successifs, qui ont débouché sur les quinquennats respectifs de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron.

2.Quel critère de l’intermittence est utilisé pour caractériser le vote dans le document ?

Les inscrits ayant voté pour les deux tours des élections présidentielles et législatives sont considérés comme des « votants systématiques », et ceux qui n’ont pas voté à tous les tours comme des votants intermittents.

3.Comment ont évolué les trois composantes du comportement électoral?

L’abstention systématique est relativement stable, aux alentours de 10% de l’électorat ; le vote systématique est en baisse continue (sauf pour les élections de 2007, fortement mobilisatrices) ; mais surtout le vote intermittent a augmenté d’une part de 40% à 50% des inscrits.

Document 2. Les changements de préférences de vote. L’exemple de l’élection présidentielle de 2012

Facile

La mobilité électorale est devenue le phénomène central de toute élection. En effet, une part grandissante d’électeurs franchissent allégrement la barrière séparant la gauche de la droite. Les candidats de ces deux bords politiques drainent de moins en moins d’électeurs, et la mobilité reste l’enjeu déterminant tout au long d’une campagne électorale. Lors de la présidentielle de 2012, le panel réalisé par ipsos pour le Centre d’Études sur la Vie Politique Française (CEVIPOF, Panel électoral français 2012) ainsi montré que 51% des électeurs avaient changé au moins une fois d’avis au cours des six derniers mois de la campagne : soit ils avaient envisagé de ne plus voter alors qu’ils pensaient le faire, soit ils avaient décidé d’aller voter après avoir voulu s’abstenir, soit ils avaient changé de candidat.

Source  : Brice Teinturier, vie-publique.fr, 14/08/2018.

Questions

1. En quoi les données chiffrées de ce document corroborent-elles le constat fait dans le document 1 ?

2. Quelles sont les formes de la volatilité électorale ?

3. Quel est le mouvement de fond, perceptible dans les attitudes politiques des Français, qui explique en grande partie l’augmentation de la volatilité électorale ?

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1.En quoi les données chiffrées de ce document corroborent-elles le constat fait dans le document 1 ?

La volatilité électorale, identifiée dans le document précédent à travers le vote intermittent, représente environ 50% des inscrits.

2.Quelles sont les formes de la volatilité électorale?

On peut déduire du texte de Brice Teinturier qu’il existe deux grandes formes de volatilité électorale : le vote comportant un changement de parti et le passage d’un comportement de votant actif à abstentionniste (et réciproquement).

3.Quel est le mouvement de fond, perceptible dans les attitudes politiques des Français, qui explique en grande

partie l’augmentation de la volatilité électorale?

C’est la remise en question du clivage traditionnel gauche/droite, qui existe depuis la Révolution. De nombreuses enquêtes depuis une quinzaine d’années montre qu’une majorité de Français rêvent d’une vie politique plus consensuelle, d’où l’hésitation face à une offre politique clivante car structurée par le mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Document 3. L’affaiblissement d’une variable socio-politique: le basculement à droite du vote ouvrier

Facile

Questions

1. À partir de quand le vote ouvrier passe-t-il d’un vote majoritaire à gauche à un vote majoritaire à droite ?

2. Depuis 2002, comment se répartissent les votes ouvriers entre la gauche, la droite modérée et l’extrême droite?

3. Quelle est la fraction, au sein de la classe ouvrière, la plus encline à voter pour l’extrême droite ?

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1.À partir de quand le vote ouvrier passe-t-il d’un vote majoritaire à gauche à un vote majoritaire à droite ?

À partir des élections nationales de 1995 (premier mandat de Jacques Chirac), le vote ouvrier bascule durablement à droite. Le vote à gauche entre 1988 et 1995 perd près de 11 points, en passant de 59,2% à 48,5%.

2.Depuis 2002, comment se répartissent les votes ouvriers entre la gauche, la droite modérée et l’extrême droite?

Les votes en faveur de la gauche et de la droite modérée sont relativement stables. En revanche, la part des votes d’extrême droite augmente fortement (30,9% en 2012). Au final, le vote ouvrier est extrêmement fragmenté.

3.Quelle est la fraction, au sein de la classe ouvrière, la plus encline à voter pour l’extrême droite ?

Ce sont les électeurs les mieux intégrés socialement, propriétaires de leur logement, qui défendent leur statut contre le danger perçu d’un déclassement social.

Document 4. La recomposition du poids de certaines variables : le lieu de résidence et le sexe

Facile

Document 4. La recomposition du poids de certaines variables : le lieu de résidence et le sexe

Des « variables lourdes » du comportement électoral, comme le lieu de résidence et le sexe, ont vu leur influence se modifier sans pour autant diminuer. D’une part, les fondamentaux (autour d’un milieu social : statut socio-économique, lieu de résidence, religion) du modèle de l’Université de Columbia, mis en avant dans la période d’après-guerre par l’équipe de Paul Lazarsfeld (The People’s Choice, 1944) résistent et gardent leur pouvoir explicatif. Ainsi, en France, les catholiques pratiquants votent très nettement à droite, et les sans religion et les musulmans à gauche, alors que les professions indépendantes votent régulièrement à droite. Mais les travaux récents des démographes et sociologues Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, ainsi que du géographe Christophe Guilluy ont montré l’importance croissante de l’habitat groupé et de l’habitation dans des zones péri-urbaines pour expliquer la poussée de l’abstentionnisme et du vote à l’extrême droite à l’intérieur de la classe populaire. D’autre part, si le vote féminin a longtemps été plus abstentionniste et conservateur que le vote masculin (effet « Tingsten », Cf. Supra, Question 1 : Interpréter les taux de participation électorale), l’écart s’est progressivement réduit depuis les années 1970, et a disparu aujourd’hui.

Source  : S. d’Ornano, Melchior.

Questions

1. Quelles variables sociologiques privilégiait le modèle de l’Université de Columbia dans les années 1940 aux États-Unis, et en quoi les hypothèses de ce modèle gardent-elles leur pouvoir explicatif aujourd’hui ?

2. Pour quelles raisons aujourd’hui certaines formes d’habitat et de lieux d’habitation sont fortement corrélés avec un vote d’extrême-droite?

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1.Quelles variables sociologiques privilégiait le modèle de l’Université de Columbia dans les années 1940 aux États-Unis, et en quoi les hypothèses de ce modèle gardent-elles leur pouvoir explicatif aujourd’hui ?

Trois variables, structurant un milieu social, le lieu d’habitation, le statut socio-économique et la religion ont été mises en avant dans les enquêtes menées dans l’État de l’Ohio. Certes, le contexte américain avait sa singularité (poids de la religion), cependant, on voit dans le texte que les composantes du modèle sont encore pertinentes dans la France d’aujourd’hui pour expliquer les comportements électoraux.

2.Pour quelles raisons aujourd’hui certaines formes d’habitat et de lieux d’habitation sont fortement corrélés avec un vote d’extrême-droite?

Les travaux en sociologie électorale d’Hervé Le Bras et d’Emmanuel Todd ont montré que « l’habitat groupé », que l’on trouve notamment dans de nombreuses communes populaires du Nord et du Sud-est, accentue le sentiment de promiscuité et la tendance à la xénophobie en période de fort taux de chômage et de dégradation du marché de l’emploi, d’où une poussée vers le vote d’extrême-droite. Une même tendance est observée dans les travaux du géographe Christophe Guilluy, dans les zones péri-urbaines loin des infrastructures communicationnelles et culturelles des grandes villes.

Document 5. Modifications de l’identification partisane et volatilité électorale

Facile

À côté de la recomposition du vote de classe, certaines variables (communément désignées sous le terme de « variables lourdes » par la sociologie électorale française) autrefois déterminantes pour les choix de vote des électeurs perdent aujourd’hui de leur pouvoir explicatif. Les illustrations de ce phénomène sont multiples. Parmi elles, on peut citer l’âge du corps électoral, qui ne permet plus d’associer clairement, comme par le passé, un vote à gauche pour les plus jeunes électeurs (moins de 40 ans). La répartition des préférences partisanes de cette catégorie d’âge met en évidence une érosion permanente depuis trente ans du socle de votes à gauche, passés de 58 % en 1988 à 33 % en 2017. À l’inverse, le Front national continue d’attirer progressivement une proportion de plus en plus élevée de jeunes électeurs (28 % en 2017) ou entrés récemment sur le marché du travail. Outre cette transformation, il est important de souligner le faible score obtenu par le candidat socialiste sur d’autres dimensions sociodémographiques. Alors que 33 % des personnes titulaires du « baccalauréat et plus » avaient voté François Hollande en 2012, elles n’ont plus été que 7 % à porter leur suffrage sur la candidature de Benoît Hamon en 2017. Simultanément, cette même catégorie de diplômés s’est massivement tournée vers l’extrême gauche (23 %) et le Front national (17 %).

Source : vie-publique.fr, 25 juin 2018

Questions

1. Quelles sont les variables socio-politiques mentionnées dans ce texte, dont la transformation accentue la volatilité électorale ?

2. En quoi la transformation de ces variables est-elle significative d’un déclin de l’identification politique traditionnelle ?

3. A qui profite principalement cette tendance ?

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1.Quelles sont les variables socio-politiques mentionnées dans ce texte, dont la transformation accentue la volatilité électorale ?

Ces deux variables sont l’âge et le niveau de diplôme. Traditionnellement, les jeunes votent à gauche ; or, cette part est passée de 58% à 33%, alors qu’une part croissante (28% en 2017) des suffrages jeunes va au RN (anciennement front National). L’électorat fortement diplômé (baccalauréat et plus) votait traditionnellement pour la Gauche modérée (33% de vote Hollande en 2012), or lors de la présidentielle de 2017, cet électorat est fragmenté (seulement 7% pour le candidat du parti socialiste Benoît Hamon, 23% pour l’extrême gauche et 17% pour le Front National). Au final, ces deux transformations accentuent la volatilité électorale.

2.En quoi la transformation de ces variables est-elle significative d’un déclin de l’identification politique traditionnelle ?

La jeunesse et le haut niveau de diplôme éloigne les électeurs du processus d’identification partisane, tel qu’il s’est progressivement constitué depuis la III° République.

3.A qui profite principalement cette tendance ?

Elle renforce le vote en faveur des extrêmes. Indirectement, l’élection d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017 comme « vainqueur de Condorcet » (Cf. Supra Question 3 : Le vote acte individuel ou collectif ?) est une conséquence de l’affaiblissement des grands partis traditionnels associé à une baisse de l’identification partisane.

Document 6. Le renforcement du poids de variables contextuelles : la moralisation de la vie publique

Facile

Les lois ordinaire et organique « pour la confiance dans la vie politique » ont été promulguées le 15 septembre 2017. Promesse de campagne d’Emmanuel Macron, il s’agit des deux premières grandes lois du quinquennat.

Elles viennent compléter les mesures progressivement adoptées, en particulier depuis 2013, en matière de transparence. Elles contiennent des dispositions sur la "moralisation" intéressant l’ensemble des responsables publics. Elles traitent, par ailleurs, du financement de la vie politique. Elles se décomposent en quatre axes :

- l’exemplarité et la probité des élus
- la prévention des conflits d’intérêt
- la transparence de la vie politique
- le financement des partis politiques et des campagnes électorales
Ces deux lois ne sont que la première étape de la réforme de "confiance". Une révision des institutions est prévue en 2019. Elle doit notamment porter sur la limitation du cumul des mandats dans le temps et la réduction du nombre des parlementaires.

source : vie-publique.fr, la moralisation de la vie publique, 18 février 2019

Questions

1. En vous rapportant au document travaillé dans le cadre de la question 2 (Cf. Supra Doc.5/ Qestion 2 : Comment comprendre la participation électorale ?/ Les variables contextuelles du vote/ Brice Teinturier, vie-publique.fr, 14 août 2018), quel lien pouvez-vous établir entre la chute de 10 points de François Fillon dans les intentions de vote entre novembre 2016 et février 2017, pendant la campagne pour l’élection présidentielle et les lois « pour la confiance dans la vie publique » promulguées le 15 septembre 2017 ?

2. Rappelez ce que sont les variables contextuelles du vote et en quoi la moralisation de la vie publique fait partie de ce contexte du vote comme acte individuel.

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1.En vous rapportant au document travaillé dans le cadre de la question 2 (Cf. Supra Doc.5/ Qestion 2 : Comment comprendre la participation électorale ?/ Les variables contextuelles du vote/ Brice Teinturier, vie-publique.fr, 14 août 2018), quel lien pouvez-vous établir entre la chute de 10 points de François Fillon dans les intentions de vote entre novembre 2016 et février 2017, pendant la campagne pour l’élection présidentielle et les mois « pour la confiance dans la vie publique » promulguées le 15 septembre 2017 ?

Le contexte de la campagne présidentielle de 2017 a été brutalement modifié par l’incursion d’un enjeu réactivé par les révélations du Canard Enchaîné sur les emplois fictifs présumés de sa femme, celui de la moralisation de la vie publique. Celui-ci s’était déjà constitué en tant que tel suite à l’affaire Cahuzac (décembre 2012) sous le quinquennat de François Hollande et à une première législation sur la transparence de la vie politique, introduite en 2013.

2.Rappelez ce que sont les variables contextuelles du vote et en quoi la moralisation de la vie publique fait partie de ce contexte du vote comme acte individuel.

Les variables contextuelles d’un vote tiennent à la perception des enjeux et au type d’élection. Le vote comme acte individuel a été analysé par des modèles « stratégiques » traduisant la capacité des électeurs à évaluer les avantages qu’ils pourraient tirer de la victoire d’un candidat plutôt qu’un autre, et à décrypter les enjeux du moment. Ainsi, lors d’une campagne électorale, ils sont présumés analyser correctement la mise sur agenda de grand thèmes (l’insécurité lors de l’élection présidentielle de 2007), les grilles de lecture du moment (lutter contre les inégalités sociales VS restaurer la compétitivité des entreprises) et le filtrage opéré par les médias de critères de performances (faire de la « politique autrement » en 2017). La moralisation de la vie publique est devenue un enjeu supplémentaire lors des scrutins d’avril-mai 2017

Exercice 2.* Évolution du vote ouvrier et volatilité électorale

Facile

Questions

1. Quelle tendance relative au comportement électoral des ouvriers peut être observée dans ce document par rapport à celle observée précédemment dans le document 3 ?

2. Comment la volatilité électorale du groupe social ouvrier a pu contribuer à cette évolution ?

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1. Quelle tendance relative au comportement électoral des ouvriers peut être observée dans ce document par rapport à celle observée précédemment dans le document 3 ?

En 2012, le vote ouvrier en faveur du FN était de 30,9%, nettement inférieur à celui en faveur de la gauche (40,1%). En 2017, les électeurs ouvriers votant FN ont été historiquement plus nombreux que ceux votant à gauche.

2. Comment la volatilité électorale du groupe social ouvrier a pu contribuer à cette évolution ?

La forte volatilité électorale du groupe ouvrier favorise la montée des extrêmes. Les deux candidats pour lesquels ces électeurs ont le plus voté à la présidentielle de 2017 ont été respectivement Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Exercice 3. *** En vous basant sur vos connaissances et sur le dossier documentaire ci-dessous relatif au thème du rôle joué par la modification de l’offre politique dans l’augmentation du phénomène de volatilité électorale, répondez aux questions.

Difficile

Doc.1 l’adaptation stratégique des citoyens aux modifications de l’offre politique

Quand on les interroge, les électeurs donnent d’ailleurs du sens à leur mobilité. « Les électeurs sont de plus en plus éduqués, ils réfléchissent à leurs choix et ils ne sont pas totalement déboussolés : ils ont une cohérence idéologique, même si les fidélités partisanes ne sont pas au rendez-vous, constate le politologue Bruno Cautrès. Un électeur socialiste qui décide de voter pour Christiane Taubira au premier tour de la présidentielle de 2002 manifeste son mécontentement à l’égard du gouvernement de Lionel Jospin tout en continuant à affirmer ses convictions de gauche. Le vote n’est pas un jeu de hasard : c’est un geste anthropologique qui exprime les valeurs que l’on porte et les places que l’on occupe dans la société. » (…)

Si cette recomposition est aujourd’hui aussi puissante, ce n’est pas seulement parce que les électeurs ont changé : c’est aussi parce que le paysage politique s’est profondément transformé. Lorsqu’un parti disparaît, lorsque les alliances se déplacent, lorsque le clivage droite-gauche perd de sa pertinence, l’électeur n’a guère le choix : il lui faut épouser les nouveaux contours de la vie politique en se déplaçant, lui aussi, sur l’échiquier. L’instabilité, estime Gérard Grunberg, n’est donc pas seulement le fait du citoyen : elle relève, « au moins partiellement, de son adaptation stratégique aux modifications de l’offre politique ».

Dans ce domaine, la France fait preuve, depuis trente ans, d’une imagination très fertile. « Nous assistons à de vastes mouvements de fond du paysage politique, poursuit Gérard Grunberg. Ce fut d’abord, dans les années 1980, l’agonie du Parti communiste, qui a pourtant représenté, à la fin des années 1970, le quart de l’électorat. Ce fut ensuite, à partir du milieu des années 1990, la montée du Front national. Et c’est aujourd’hui la crise entre les deux gauches “irréconciliables”, selon le mot de Manuel Valls. Ces secousses créent un mouvement brownien, un “désalignement” pour reprendre le terme du chercheur Pierre Martin, qui accentue les phénomènes de mobilité. 

Source : Anne Chemin, Abstention, indécision. Comment expliquer la volatilité grandissante des électeurs ?, Le Monde, 30 mars 2017

Doc.2 Ampleur et caractéristiques de l’attitude populiste chez les électeurs français

Doc.3 Distribution de l’attitude populiste dans l’électorat de 2017

Questions

1. Montrez que la volatilité électorale peut être en partie analysée comme l’adaptation stratégique des citoyens aux modifications de l’offre politique.

2. Montrez que le populisme est une composante importante de la modification de l’offre politique, et que cette attitude se distribue différemment dans l’électorat.

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  1. Montrez que la volatilité électorale peut être en partie analysée comme l’adaptation stratégique des citoyens aux modifications de l’offre politique.

Les modifications de l’offre politique sont structurelles et peuvent apparaître sous des traits spécifiques selon l’élection. En France, on a plusieurs tendances concomitantes :

- une fragmentation accrue de la vie politique, visible notamment à travers l’explosion du nombre de listes et de candidatures aux élections nationales et européennes.

- une fragmentation et un déclin des grands partis républicains représentant respectivement la Gauche et la Droite.

- la montée en puissance de l’offre politique populiste (Rassemblement National, La France Insoumise, Debout la France…) caractérisant des partis se revendiquant « hors système », exposant une vision souvent simplifiée d’enjeux complexes, et semblant non seulement partager le rejet de la classe et des élites politiques exprimé par des franges populaires et défavorisées de la population, mais également trouver les mots pour y faire écho.

- la montée en puissance du parti EELV issu de la Gauche, qui s’autonomise à travers une offre politique perçue comme de plus en plus adéquate à la montée des périls environnementaux.

- L’accès au pouvoir d’un parti centriste, libéral et pro-européen (LREM) se réclamant d’un dépassement du clivage multiséculaire Gauche-Droite, et qui a su instaurer une hégémonie sur la vie parlementaire, sur la base d’une improbable position de « vainqueur de Condorcet » acquise au printemps 2017 lors de l’élection présidentielle.

- Il en résulte que l’offre politique est à la fois fragmentée, mais paradoxalement stabilisée par l’institution centrale de la V° République, le scrutin majoritaire uninominal à deux tours, qui permet à une majorité présidentielle de maintenir une position forte sur la base d’un nouveau clivage idéologique : l’opposition entre l’ouverture à une globalisation multilatérale et la posture nationaliste.

Face à ces modifications structurelles, certains politistes insistent sur une double capacité de cohérence idéologique et stratégique d’un grand nombre d’électeurs. Ainsi, pour Bruno Cautrès les différentes modalités de la volatilité électorale traduisent bien un vote entier, un «geste anthropologique qui exprime les valeurs que l’on porte et les places que l’on occupe dans la société. Pour Gérard Grunberg, le déplacement des choix électoraux des français garde une cohérence : il ne fait que s’adapter à la nouvelle donne d’un déclin du clivage Gauche-Droit et l’émergence de nouvelles alliances (doc. 1).

 

  1. Montrez que le populisme est une composante importante de la modification de l’offre politique, et que cette attitude se distribue différemment dans l’électorat.

Le populisme, défini dans la réponse à la question précédente (deuxième caractéristique des modifications de l’offre politique), constitue tout à la fois une offre et une demande politiques : le vote permet l’expression d’un questionnement indigné sur les contraintes et injustices perçues comme accrues dans le contexte d’un capitalisme globalisé créateur d’externalités négatives et sur le rôle joué par les élites politiques.

L’offre populiste va émaner de partis et leaders classés à l’extrême gauche (LFI) ou à l’extrême droite (RN) sur l’échiquier politique.

Du côté de la demande, les enquêtes mobilisées dans l’analyse du politiste Gilles Ivaldi livrent trois enseignements :

- une proportion importante des électeurs français est susceptible d’adhérer au discours des partis populistes.

- Les présupposés populistes les plus largement partagés par les français sont respectivement que les hommes politiques doivent suivre la volonté du peuple ; que les différences entre citoyens ordinaires et élites sont plus grandes qu’entre les citoyens ; que les hommes politique parlent trop et n’agissent pas assez (doc. 2).

- La distribution de l’attitude populiste au sein des électorats des différents candidats à l’élection présidentielle de 2017 est inégale. L’électorat du vainqueur de la Présidentielle face à Marine Le Pen est celui qui a le moins de dispositions populistes, suivi par ceux des deux candidats représentants les partis de gauche (Benoît Hamon) et de droite (François Fillon) classiques. Logiquement, on trouve une plus forte adéquation entre les présupposés des électorats du RN, de LFI et de DLF et leurs offres politiques respectives (doc.3).

Exercice 4.*** Traitez la question ci-dessous en vous appuyant sur l’extrait proposé du politiste Vincent Tiberij, ainsi que sur le dossier documentaire (sensibilisation) et le cours.

Difficile

Certes, les générations récentes manifestent et pétitionnent plus, mais elles sont aussi marquées par une citoyenneté distante . Leurs membres ne sont pas nécessairement indifférents aux affaires de la cité, mais ils se méfient plus des responsables politiques et de la démocratie représentative, et leur rapport aux partis s’est considérablement distendu. Dans ce cadre, nous supposons que leur rapport au vote est décentré. Pour ces citoyens, au mieux le vote est un moyen parmi d’autres d’actions politiques et pas forcément le plus efficace quand il s’agit de se faire entendre. Leur rapport à cet acte est plus marqué par le vote de droit : je vote si ça m’intéresse. Dans ce cadre, on est au-delà de « l’abstention dans le jeu » qu’Anne Muxel avait repéré à partir des élections législatives de 1997. Elle la définit comme le résultat « d’une insatisfaction face à l’offre électorale proposée [...] un symptôme visible de la crise de la représentation politique, dont on peut penser que, bien qu’elle persiste depuis une bonne vingtaine d’années, elle est circonstancielle et périodique». Nous suggérons que pour les générations post-baby- boom, l’acte de vote n’a plus l’importance ou la charge normative qu’il avait pour les générations précédentes. Leur abstention n’est donc plus simplement un refus du choix qu’on leur propose à un moment donné, elle est devenue plus banale que cela. (…)

En résumé, nous formulons trois hypothèses : 1/ L’électeur ne vote pas seul et une partie des différences entre cohortes tient à des effets d’entourage. 2/ Les générations anciennes votent, même en n’étant pas intéressées par la politique, par devoir et remise de soi, tandis que les cohortes récentes votent de manière intermittente, quel que soit leur intérêt pour la chose publique, et n’accordent plus au vote la centralité qu’il a pour les cohortes anciennes. 3/ Ce changement de rapport au vote dépasse les années de jeunesse et va devenir durablement une donnée du rapport aux urnes parmi ces générations et donc ne peut s’assimiler à un effet conjoncturel.

Source : Vincent Tiberj , Le vote décentré ? Renouvellement générationnel et rapport à la participation électorale en France, Revue française de science politique, Presses de Sciences Po, 2018/5 Vol. 68


Question : Montrez en quoi l’analyse générationnelle de l’auteur remet simultanément en cause deux explications de la volatilité électorale, celle d’une recomposition de variables sociologiques lourdes (doc.5) et celle d’une montée en puissance de l’électeur stratège.

SUJET DE BAC 1

Facile

PREMIÈRE PARTIE (10 points) : mobilisation de connaissances et traitement de l’information

Question 1. Mobilisation de connaissances : vous montrerez comment en France sont calculés les résultats électoraux dans des élections nationales.

Question 2. Traitement de l’information : calculez 1) le pourcentage des différentes catégories d’électeurs par rapport aux inscrits. 2) Le pourcentage des bulletins blancs, des bulletins nuls et des suffrages exprimés. Puis, présentez de deux manières différentes les résultats de chaque parti politique.

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Question 1. Mobilisation de connaissances : vous montrerez comment en France sont calculés les résultats électoraux dans des élections nationales.

On peut logiquement, dans le cadre du système électoral français, dissocier sept catégories de citoyens concernés par l’élection présidentielle : 1) les votants potentiels (qui remplissent les conditions de voter). 2) Les inscrits sur les listes électorales, soit les votants potentiels qui ont effectué avec succès cette démarche. 3) Les abstentionnistes. 4) L’ensemble des votants. 5) Les votants ayant rendus un bulletin blanc. 6) Les votants ayant rendus un bulletin nul. 7) Les votants ayant accompli un vote valide selon l’état actuel du code électoral).

Le taux d’abstention constitue la part des inscrits qui n’a pas voté. Les suffrages exprimés représentent le nombre de votants auxquels on a retranché le nombre de bulletins blancs et nuls. Les résultats électoraux étant proclamés sur la base des suffrages exprimés, les opinions des votants ayant remis un bulletin blanc ou nul ne sont pas prises en compte.

Question 2. Traitement de l’information : calculez 1) le pourcentage des différentes catégories d’électeurs par rapport aux inscrits. 2) Le pourcentage des bulletins blancs, des bulletins nuls et des suffrages exprimés par rapport aux votants. Puis, présentez de deux manières différentes les résultats de chaque parti politique.

Sujet BAC 2 (2ème partie)

Facile

DEUXIÈME PARTIE (10 points) : raisonnement appuyé sur un dossier documentaire

Sujet : Vous montrerez que le vote peut être analysé comme un acte individuel ou comme un acte collectif.

Document 1

Il faudrait rappeler que les élections produisent aussi des électorats, agrégats mis en équivalence par des partis nationaux, lorsqu’ils existent, qui investissent des candidats et additionnent abstraitement les suffrages et contribuent ainsi à la nationalisation de la vie politique. La compétition dans chaque circonscription ne s’impose que progressivement. Outre les partis, des agents administratifs locaux y contribuent, qui renseignent le gouvernement sur l’état de l’opinion, avant (prédiction), pendant (intervention) et après (commentaire)l’élection conçue comme un « recensement ». C’est bien sûr le travail des commentateurs et des fondateurs d’une science politique de l’élection qui expliquent ainsi pourquoi les électeurs ont voté pour tel ou tel parti.

Car l’acte de voter peut se décliner en trois postures : voter, c’est voter pour le vote ; voter, c’est voter pour des raisons les plus multiples en son for intérieur ; et voter, c’est encore avoir voté pour les enjeux que ceux qui ont la maîtrise du commentaire définiront au vu des résultats agrégés du vote. C’est enfin, pour certains catholiques, voter pour son salut sous le regard de Dieu.

Source : Michel Offerlé, article élections, Encyclopédie historique de l’Europe (Christophe Charle, Daniel Roche dir.), Actes Sud, 2018, p. 1725.

Document 2

Élections présidentielle et législative de 2017 – Vote et critères socioéconomiques
Les non-diplômés et les plus modestes votent moins

 

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Sujet : Vous montrerez que le vote peut être analysé comme un acte individuel ou comme un acte collectif.

Michel Offerlé distingue trois dimensions concomitantes du vote : comme rituel et institution démocratique il réunit les citoyens en un collectif ; comme acte fondé sur des émotions et des raisons multiples, il est essentiellement individuel ; comme agrégation de ces comportements individuels, il est interprété par différents spécialistes (doc.1). On peut donc distinguer les comportements de vote vécus par les électeurs, et les modèles interprétatifs élaborés par les politistes. Dans les deux cas, l’accent peut être mis sur la dimension individuelle ou collective.

Max Weber a d’abord distingué de façon compréhensive trois types principaux de comportements électoraux. Avec le vote de transaction, l’électeur stratège et utilitariste évalue les avantages respectifs des offres disponibles sur le marché électoral. Le vote identitaire communautaire affirme l’appartenance à une famille politique ou un à parti, alors que le vote identitaire de conviction traduit un attachement à des valeurs constitutives de l’image de soi. Le premier et le troisième type correspondent au vote comme acte individuel, le second modèle au vote comme acte collectif.

Les travaux des politistes – surtout américains - ont de leur côté développé des modèles interprétatifs, qui ont diversement privilégié ces deux dimensions du vote: durant la période comprise entre les années 1940 aux

années 1960, caractérisée par une stabilité de l’offre et des comportements politiques, des modèles écologiques, traduisant des déterminismes socioéconomiques (doc.2) ont été mis en avant. Puis à partir des années 1970, le comportement électoral plus volatile des électeurs a constitué un terrain favorable à une modélisation de l’électeur stratège.

Nous étudierons donc successivement les analyses écologiques du vote insistant sur les appartenances collectives, puis les analyses stratégiques centrées sur la rationalité de l’électeur, avant de conclure à la complémentarité des deux approches.

 

  1. Les analyses écologiques : le vote comme phénomène collectif

Le caractère collectif du vote a pu être mis en évidence à travers des modélisations successives insistant sur les appartenances sociales objectives ou subjectives, décrites à partir de variables lourdes, expliquant la permanence de comportements.

  1. L’importance des facteurs géographiques et socioéconomiques

- Le modèle écologique-géographique d’André Siegfried (Tableau de la France de l’Ouest, 1913) a dissocié des comportements électoraux orientés à droite (la Vendée du nord granitique) et à gauche (la Vendée du sud calcaire) en combinant trois données : la nature du sol, le mode d’habitation et le régime de propriété. Aujourd’hui, les travaux des démographes Hervé Le Bras et Emmanuel Todd ainsi que du géographe Christophe Guilly montrent l’importance de l’habitat groupé et de la résidence en zones périurbaines comme variables explicatives du vote d’extrême droite.

- Selon le modèle de Columbia (Paul Lazarsfeld et alii, The People’s Choice, 1944), le statut socio-économique associé au lieu de résidence (rural ou urbain) permet d’identifier des groupes sociaux dont les comportements électoraux sont prédictibles.

  1. L’importance de la socialisation politique

- Pour le modèle du Michigan (The American Voter, 1960), c’est l’identification à des valeurs - via la socialisation familiale- qui détermine une identification partisane durable.

- En France, des enquêtes du CEVIPOF ont montré dans les années 1980 (Guy Michelat et Michel Simon) deux fortes corrélations, entre culture ouvrière et vote communiste, et entre catholicisme pratiquant et vote à droite.

 

  1. Les analyses stratégiques : le vote comme phénomène individuel

En réaction aux modèles antérieurs qui campaient un électeur passif subissant un déterminisme socioéconomique ou psychologique, d’autres modélisations centrées sur le vote comme acte individuel rationnel et éclairé ont rendu compte de la complexification des sociétés post-industrielles à partir des années 1970.

  1. Le modèle de l’électeur stratège

Face à l’offre électorale, le modèle d’Anthony Downs (An Economic Theory of Democracy, 1957) présente l’électeur comme un homo oeconomicus qui cherche à maximiser le profit économique et symbolique qu’il peut retirer du vote : parfaitement informé, il est capable d’évaluer et de hiérarchiser les bénéfices personnels qu’il pourra en tirer.

  1. Le « vote sur enjeux »

Dans le prolongement du modèle de Downs, les universitaires américains Norman Nie, Sydney Verba et John Petrocik (The Changing American Voter, 1976) ont produit le modèle du « vote sur enjeux », conçu comme une remise en question du modèle de Michigan, qui était centré sur l’identification partisane et la socialisation primaire. Au contraire, les électeurs effectueraient de plus en plus leurs choix en fonction des débats du moment, étant capables de décrypter l’offre politique et de formuler des préférences.

 

  1. La complémentarité des deux approches

  2. Le « paradoxe de Condorcet » : calcul individuel et résultat collectif

Condorcet (1743-1794), partant de l’égalité des citoyens résultant du Contrat social de J.-J. Rousseau, explore les difficultés concrètes de mise en œuvre de ce principe en s’intéressant à l’organisation du vote en démocratie : si chaque humain a une voix, comment réaliser le Un (l’unité politique de la nation) à partir du multiple ? Suffit-il d’un calcul arithmétique des suffrages pour qu’on puisse affirmer que le vote est bien la source de la volonté générale ? Selon le paradoxe, sur un plan strictement logique, la préférence collective exprimée peut contredire les préférences individuelles agrégées ; tout dépend du mode d’expression des préférences structuré par un mode de scrutin. Ainsi, François Bayrou a été le « vainqueur de Condorcet » des élections présidentielles de 2007 et 2012 (il aurait vaincu deux à deux chacun des autres candidats) sans passer le cap du second tour, principalement à cause du mode de scrutin majoritaire à deux tours, et Emmanuel Macron a été le « vainqueur de Condorcet » en 2017, malgré ce mode de scrutin.

  1. La complémentarité des deux approches selon les types de comportements observés

Les modèles holistes rendent mieux compte de phénomènes récurrents (« bastions géographiques », ainsi l’Ouest vote à gauche, l’Est à droite ; spécificité de comportements de certains groupes sociaux, par exemple le vote conservateur des travailleurs indépendants), et les modèles stratégiques expliquent plus facilement les phénomènes de volatilité électorale.

SUJET DE BAC 2

Facile

PREMIÈRE PARTIE (10 points) : mobilisation de connaissances et traitement de l’information

Question 1. Mobilisation de connaissances : Vous présenterez les différentes formes de l’abstention électorale.

Question 2. Traitement de l’information : Montrez comment sont calculés les taux d’abstention dans le graphique, puis dégagez méthodiquement les grandes tendances.

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Question 1. Mobilisation de connaissances : Vous présenterez les différentes formes de l’abstention électorale

L’abstentionnisme est permanent seulement pour une minorité d’électeurs, notamment ceux que Daniel Gaxie dans son ouvrage classique Le cens caché désigne comme étant « hors-jeu », c’est-à-dire qui s’auto-excluent de la participation politique par défaut de capital culturel et de politisation. Mais il est en général épisodique et concerne surtout les élections européennes.

On peut distinguer l’abstention passive, sociologique, qui traduit un manque d’intérêt pour la politique associé à un sentiment d’incompétence, et une abstention active, idéologique, qui témoigne d’une hostilité à l’égard d’un gouvernement ou bien un scepticisme devant la valeur ou la légitimité de la procédure électorale.

Cependant, depuis les années 1980, on observe une tendance générale à la montée de l’abstention dans les vieilles démocraties européennes ou américaines, avec des records en Suisse (« votations » régulières) et aux États-Unis (crise tocquevillienne de la représentation). Cette tendance a gagné la France, où le taux d’abstention aux élections législatives a doublé en 40 ans.

 

Question 2. Traitement de l’information : vous montrerez comment sont calculés les taux d’abstention dans le graphique. Puis dégagez méthodiquement les grandes tendances observées.

Les taux d’abstention, dans le système électoral français, sont calculés par rapport au nombre d’inscrits sur les listes électorales, alors qu’aux États-Unis ce calcul s’effectue par rapport aux votants potentiels, ce qui a pour effet d’augmenter légèrement le taux.

On peut observer trois niveaux de taux différents et deux types d’évolution.

  •  
    • Le taux d’abstention des élections européennes est toujours très élevé (compris entre 40% et 60%)

    • Celui des élections municipales et législatives se situe à un niveau moyen (entre 22% et 42%)

    • Celui des élections présidentielles, au cœur de la vie politique française, est plus bas (entre 15% et 28%)

Par ailleurs, si le taux d’abstention aux élections présidentielles est stable (aux alentours de 20%), celui des autres élections augmente constamment ; la plus forte progression concerne les élections législatives (taux de variation d’environ +91%). Ce phénomène significatif d’une « crise de la représentation » s’explique aussi par des facteurs aggravants comme l’introduction du quinquennat en 2000 et la proximité avec le scrutin présidentiel.

SUJET DE BAC 2 (2ème partie)

Facile

Sujet : Vous montrerez que l’augmentation de la volatilité électorale est en partie due au processus d’affaiblissement du clivage gauche-droite.

Document 1

En 2000, les politologues Nonna Mayer, Daniel Boy et Marc Swyngedouw prennent le relais en comparant, cette fois, les législatives de 1993, la présidentielle de 1995 et les législatives de 1997. Ils constatent que les transferts gauche-droite sont plutôt rares – environ 10 % des électeurs –, mais que beaucoup d’électeurs hésitent entre le vote et l’abstention, voire entre deux partis issus de leur camp : 49,9 % des électeurs modifient leur choix entre 1993 et 1995, 47,5 % entre 1995 et 1997. « La mobilité électorale n’a rien d’exceptionnel, concluent-ils. À deux ans d’intervalle, pour les deux paires d’élections étudiées, près de la moitié des électeurs inscrits a modifié son vote. »

Une dizaine d’années plus tard, l’enquête « Présidoscopie 2012 » montre que la moitié des électeurs a changé d’avis pendant la campagne présidentielle. « La fidélité partisane n’est plus ce qu’elle était », résume alors le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. « En amont du vote, il y a de plus en plus d’itinérances qui contribuent à fragiliser le vote, confirme Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris. Il est de moins en moins investi, de plus en plus fragile, de plus en plus réversible. » Avec des taux d’indécision très élevés, la campagne électorale de 2017 suit le même chemin.

Si le nomadisme électoral est de plus en plus répandu, est-il pour autant une forme de trahison, de légèreté, de confusion ou d’immaturité ? Pas forcément. Pour nombre de politologues, cette fluidité est un signe de liberté : l’électeur discipliné d’hier a fait place, selon eux, à un électeur éclairé.

« La mobilité électorale signe l’avènement d’un électeur éduqué et surtout autonome, estime Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite CNRS au Centre d’études européennes de Sciences Po. Il est né après l’effondrement des grandes institutions partisanes et religieuses qui encadraient les citoyens de la naissance à la mort, comme les mouvements de jeunesse catholiques ou le Parti communiste. L’électeur d’aujourd’hui est plus informé, plus critique et plus exigeant que ses aînés. »


 

Source : Anne Chemin, Abstention, indécision. Comment expliquer la volatilité grandissante des électeurs ? Lemonde.fr, 31 mars 2017

Document 2 : Résultats de l’élection européenne de mai 2019 en France

La fragmentation de l’offre politique

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Sujet : Vous montrerez que l’augmentation de la volatilité électorale est en partie due au processus d’affaiblissement du clivage gauche-droite.

 

La volatilité électorale correspond à la baisse de loyauté des électeurs à l’égard des partis politiques, à une hésitation et une prise de distance qui prennent principalement deux formes, celle du passage du vote actif à l’abstention (vote intermittent) et celle du changement de préférences partisanes.

Le clivage gauche-droite renvoie à une opposition profonde entre deux « visions du monde » héritée d’un épisode de la Révolution française, lorsqu’en 1791 louis XVI faisait face à deux composantes antagonistes de l’assemblée constituante, les partisans conservateurs de l’Ancien régime et les défenseurs d’une démocratie républicaine. Cette opposition s’est pérennisée depuis au fil des siècles et des régimes, opposant dans la République une culture politique de gauche (valeurs associées à la justice sociale, l’égalité économique, le libéralisme culturel) et une culture politique de droite (ordre social et efficacité économique), se traduisant clairement en préférences partisanes jusqu’à la fin des années 1980.

Aujourd’hui, cette corrélation est de moins en moins établie, du fait des hésitations grandissantes des électeurs. Nous analyserons ce phénomène successivement sous l’angle d’un recul sociétal du clivage gauche-droite, d’une modification de la structure de l’offre électorale et de l’adaptation des électeurs à ces mutations.

  1. Le recul sociétal du clivage gauche-droite

  2. Le recul des idéologies collectives

- La décennie des année 1980 a été le théâtre d’une transformation profonde des sociétés capitalistes et démocratiques : la fin des « Grands récits » (Jean-François Lyotard), c’est-à-dire des grandes idéologies collectives, ouvre la voie à des sociétés post-modernes (déhiérarchisées et fondées sur la circulation de la connaissance).

- C’est dans ce contexte intellectuel, en phase avec la montée en puissance du néolibéralisme économique, que s’impose la thématique de la fin de l’Histoire (Francis Fukuyama) et de la victoire présentée comme définitive depuis la chute du mur de Berlin de la globalisation capitaliste. Dès lors, la référence au clivage gauche-droite apparaît peu à peu comme obsolète. On entre dans un « nouveau monde »…

  1. Les mutations sociétales des sociétés post-industrielles

- On nomme ainsi le stade de développement des sociétés capitalistes démocratiques caractérisé par une tertiarisation poussée de la production, des emplois et des modes de vie ;

- ce processus de fond s’accompagne d’un déclin des institutions partisanes, syndicales et religieuses, d’une fragmentation de la population moins affiliée à des groupes sociaux traditionnels et d’une moindre pertinence de la lutte des classes qui constituait l’un des ressorts du clivage gauche-droite.

 

  1. Le recul du clivage gauche-droite dans l’offre électorale

  2. Le déclin des partis traditionnels et la montée des populismes

- face à la complexification des politiques publiques et à la perception de risques inédits liés à de nouveaux enjeux (accroissement des inégalités économiques, déclassement, pression migratoire, impact « disruptif » du progrès technique), l’offre politique se fragmente (34 listes en France lors de l’élection européenne de 2019, Doc.2) et les partis traditionnels liés au clivage gauche-droite sont concurrencés par ceux portant des programmes populistes.

- Les résultats aux élections nationales et européennes de ces partis traditionnels s’érodent de plus en plus, comme leurs nombres d’adhérents.

  1. La substitution de nouveaux clivages au traditionnel clivage gauche-droite

- Le clivage ouverture/ fermeture face aux dangers inhérents à la mondialisation ou encore celui opposant développement durable/ productivisme fragmentent les partis politiques.

- Simultanément, une convergence des valeurs (la gauche s’ouvre au libéralisme économique depuis la « troisième voie » de Tony Blair et Gerhard Schröder dans les années 1990 ; la droite s’ouvre au libéralisme politique et culturel) rend la distinction idéologique moins pertinente pour les électeurs.

  1. La construction de nouvelles alliances électorales

- Dans l’Europe d’avant les élections de mai 2019, on comptait pas moins de 11 « grosses coalitions » au pouvoir, associant parfois des partis politiques idéologiquement éloignés.

- Trois types de logiques peuvent mobilisées, augmentant la fragmentation de l’offre politique au niveau européen : la recherche d’un consensus, la résistance à une crise ou la logique atypique et émotionnelle de « tous contre… » (par exemple Jean-Claude Junker au Luxembourg).

- L’émergence de l’idée d’un Centre (initiée par VGE dans les années 1970), revisitée dans une version « de gauche et de droite » contre les populismes par Emmanuel Macron.

 

  1. La volatilité électorale comme adaptation des électeurs aux mutations de l’offre politique

  2. Le constat du déclin de l’identification partisane

- La volatilité électorale prend plusieurs formes et augmente. Depuis l’élection présidentielle de 2012, plus de 50% des électeurs ont changé d’avis pendant la campagne. Au cours des quatre derniers scrutins nationaux, la part du vote intermittent est passée de 40% à 50% et en longue période, note le politiste Georges Lavau, les 2/3 des électeurs ont changé de préférences partisanes.

Au final, on observe façon synthétique une augmentation de l’indice de volatilité. Mais les travaux menés depuis 30 ans par Gérard Grunberg ont montré que si l’instabilité concerne un électeur sur deux elle se traduit essentiellement par l’hésitation entre participation et l’abstention, alors que l’ensemble des transferts entre la gauche et la droite ne concerne qu’environ 5% des électeurs inscrits.

- Par exemple, traditionnellement ancré à Gauche, le vote ouvrier d’une part bascule majoritairement à droite partir des élections nationales de 1995, mais surtout apparaît aujourd’hui extrêmement fragmenté.

  1. Les causes d’une moindre identification partisane

- la montée de l’individualisme et le déclin des appartenances collectives expliquent largement la fragmentation de l’électorat.

- la montée en puissance de « l’électeur stratège » qui, dégagé des déterminismes sociaux du vote et à distance de l’affiliation partisane, est capable d’un « vote sur enjeux » qui met à mal le clivage gauche-droite (doc.1).

- Il est de plus en plus en mesure de mettre en cohérence la volatilité de ses choix ; ainsi, les électeurs du centre gauche qui ont quitté le PS pour rejoindre En Marche! n’ont pas eu le sentiment d’être inconstants, mais au contraire de se rapprocher de leurs convictions en restant fidèles au libéralisme culturel et à l’engagement européen du PS tout en exprimant un désaccord sur ses positions économiques et sociales. Ainsi s’explique le « paradoxe français », d’un autopositionnement à gauche ou à droite qui reste majoritaire (en valeurs) et d’un rejet du clivage droite-gauche de l’offre politique jugé obsolète.

Approfondissement

Facile

=> 10 liens vers des contenus approfondissant ce chapitre, à partie de courtes vidéos regroupées en 4 rubriques.

=> Consignes :

1) ouvrez les liens ci-dessous, étudiez- en le contenu en vous aidant des repères fournis.

2) retrouvez dans le cours Melchior les passages, notions ou focus qui ont été approfondis.

  • Analyse des résultats de l’élection présidentielle de 2017

 

1. PUBLIC SÉNAT 24 avril 2017/ 4 :43 : Thierry VEDEL + Laurent BOUVET : Présidentielles 1er tour (avril 2017) : les variables explicatives

Présidentielles 2017 1° tour: T. VEDEL + L. BOUVET

=>Résumé : principales variables explicatives mentionnées :

- EST# Ouest

- Villes # campagnes

- Différences de PCS

- Gagnants # perdants de la mondialisation

 

2. Science Po/ Pascal PERRINEAU  5 janvier 2018/ 2 :56/ analyse du « vote disruptif » durant l’année électorale 2016-2017

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le vote disruptif (1)

=>Résumé : les caractéristiques d’un « vote disruptif »

- Le clivage Gauche/ Droite se délite

- E. Macron a incarné un nouveau clivage : société ouverte VS recentrage national

- Renouvellement des personnels politiques

- Nouvelle organisation horizontale d’un parti (LREM) qui découvre la verticalité quand il arrive au pouvoir

 

3. Science Po/ Pascal PERRINEAU  15 février 2018/ 3 :15/ analyse du « vote disruptif » durant l’année électorale 2016-2017 (2)

 

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le vote disruptif (2)

=> Résumé : le concept de « vote disruptif », E. Macron vainqueur de Condorcet et la V° République:

- bouleversement des primaires

- jeux judiciaires ; on parle peu des véritables enjeux

- explosion de l’abstention ; déclin des grands électorats de gauche et de droite

- clivage entre société ouverte # recentrage nationale

- L’après élection : E. Macron renoue avec l’esprit de la V° République

  • Analyse de l’élection législative de juin 2017

 

4. Bernard DOLEZ/ FR3/ analyse du 2° tour des élections législatives 2017/ 18 juin 2017

Législatives 2017- 2° tour Bernard DOLEZ

=> Résumé : analyse du taux de participation et du succès du parti présidentiel, qui bénéficie des institutions de la V° République

- faiblesse de la participation

- encore plus faible au 2° tour !

- succès de la LREM= faiblesse de la Gauche et de la Droite

 

5. Le Monde : la nouvelle Assemblée nationale après le 2° tour des élections législatives de mai 2017

Les décodeurs du Monde: analyse en cartes de la nouvelle Assemblée (2017)

=> Résumé : analyse en cartes des principales données relatives à la nouvelle assemblée parlementaire

- abstention record : 57,35%

- succès pour l’alliance électorale LREM + MODEM (308 + 42 = 350 sièges), score très supérieur à la majorité absolue de 289 sièges

- à droite : déroute de LR et UDI (25% des suffrages)

- à gauche : déroute plus vive encore. PS + RG + EELV = 6,17% des suffrages

- les partis populistes augmentent leurs scores : LFI obtient 17 députés et est en situation de créer un groupe parlementaire ; le FN obtient 8 députés (en hausse)

- un double record : un taux de renouvellement de 75% et 38,6% de femmes à l’Assemblée.

  • Analyse des élections européennes de mai 2019

 

6. Pascal PERRINEAU/ 26 nov. 2019/ 2 :45/ le contexte politique français à mi-mandat présidentiel des élections européennes de mai 2019

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le contexte des européennes 2019

=> Résumé : parle de son livre : « le grand écart » :

- mouvement des gilets jaunes : haine des représentants (la souveraineté du peuple ne peut pas se représenter)

- le grand débat national : démocratie délibérative

- mai 2019 : élection au parlement européen : LREM derrière le RN. Effondrement des LR et PS.

 

7. Élections européennes 2019 : les résultats en France/ Le Monde 27 mai 2019/ 5 :02

Le Monde. Résultats européennes 2019 en France

=> Résumé :

En France :

- participation la plus élevée depuis 1994

- 1ère place : RN

- 2° place : liste « Renaissance », majorité présidentielle

- 3° place : EELV avec 13,5%

- 4° place LR s’écroulent à 8,5%

- 5° : LFI= 6,3%

- 6° : Place publique

En Europe :

- Le PPE reste la 1° formation, l’alliance des partis sociaux-démocrates la 2° formation

- Le centre (ALDE) devient la 3° force en Europe

- L’extrême droite continue à progresser

 

8. La nouvelle configuration du Parlement européen/ 27 mai 2019/ 4 :22/ Le Monde

Le Monde mai 2019: nouvelle configuration du Parlement européen

=> Résumé : la logique des groupes parlementaires et des alliances relativise la portée politique de la montée en puissance des partis populistes

- 751 membres

- taux de participation : 51% en moyenne : les plus élevés depuis 1994

- percée de trois partis populistes : ENLL/ ECR/ EFDD=> 171 sièges= 2° force politique. Mais divisés

- une première depuis 40 ans : les grands partis de droite (PPE, -41 sièges) et (socio-démocrates, -45) perdent leur majorité absolue

- percée des verts et de l’union des centres et libéraux pro-européens (ALDE : 109 sièges)

  • Analyse des comportements électoraux : les modèles explicatifs

 

9. Le modèle holiste de la sociologie politique « géographique »/ Youtuber SocioloQuick/ 17 juin 2017/ 5 :46

Le modèle géographique d'André Siegfried

=> Résumé: présentation de l’évolution de l’utilisation de la carte électorale de 1913 à 2017 :

- La carte électorale est une représentation socialement construite résultant de l’utilisation d’un modèle holiste nommé « géographique » ou « écologique » de l’explication du vote, appliqué pour la première fois en 1913 par l’historien, géographe et sociologue français André Siegfried dans on ouvrage Tableau de la France de l’Ouest sous la III° république

- Cette enquête célèbre, menée durant 6 ans dans 14 départements de l’ouest sur la période 1870-1910, a mis en relief le rôle corrélé joué par quatre variables dans le vote:

* la nature des sols

* la structure de l’habitat

* la structure de la propriété foncière

* les relations sociales

- Le résultat de cette enquête, pour la Vendée prise comme idéal-type a été synthétisé ainsi : « la granit vote à droite, le calcaire vote à gauche ». En effet :

* au Nord : le sol granitique imperméable, comporte de nombreux points d’eaux, donc les exploitations agricoles sont très espacées et de grande taille, et l’habitat rural et isolé place les électeurs sous l’influence de l’Église et des notables propriétaires fonciers, d’où un vote conservateur, ancré à droite.

* Au sud : le sol calcaire perméable comporte peu de points d’eau et favorise les petites propriétés foncières et des habitats regroupés, solidaires, dont les habitants résistent au pouvoir d’influence de l’Église et des propriétaires fonciers, d’où un progressiste républicain, ancré à gauche.

- cette opposition Nord/Sud en Vendée a fonctionné jusqu’à l’élection présidentielle de 2017, dont le résultat a été une distribution des suffrages entre les deux composante de la majorité présidentielle (MODEM et LREM), remettant en cause une tendance historique lourde.

- Les travaux plus récents du démographe et sociologue Hervé Le Bras depuis les années 1990 ont montré – prolongeant ce modèle holiste « géographique » :

* qu’une équation quasi-mathématique reliait le vote FN au nombre d’immigrés en proximité

* qu’on peut opérer une superposition entre la carte des inégalités et celle di vote FN.

 

10 Le principe du « vainqueur de Condorcet » questionne la contradiction entre le vote majoritaire et l’agrégation rationnelle des préférences individuelles

 

10a. Le paradoxe de Condorcet face à la règle majoritaire comme norme démocratique/ Grain de philo #9/ 24 mai 2017/ 13 :38

Le paradoxe de Condorcet face à la règle majoritaire

=> Résumé :

Le paradoxe de Condorcet dit qu'il est possible, lors d'un vote où l'on demande aux votants de classer trois propositions (A, B et C) par ordre de préférence, qu'une majorité de votants préfère A à B, qu'une autre préfère B à C et qu'une autre préfère C à A. L’unique vainqueur (le « vainqueur de Condorcet ») sera le candidat qui, comparé tour à tour à chacun des autres candidats s’avèrerait à chaque fois être le candidat préféré. Les décisions prises à une majorité populaire ne sont donc pas, dans ce cas, cohérentes avec celles que prendrait un individu supposé rationnel, car le choix entre A et C ne serait pas le même selon que B est présent ou non. 

C'est le mode d'expression des préférences de chaque votant, sous la forme de relations (de type A > B > C) qui mène à ce résultat paradoxal.

Pour les élections réelles, la méthode de Condorcet (complexe, car elle décompose le choix opéré par l’électeur en comparaisons simultanées, comme pourrait le faire aujourd’hui un ordinateur) n'est pas appliquée, et donc, le problème ne s'est jamais posé. Par exemple, si on l’appliquait en France, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours pourrait faire arriver en troisième place un candidat qui battrait en duel les deux qualifiés du second tour.

 

10b. Application du paradoxe de Condorcet. E. Macron a-t-il été mal élu ?/ Grain de philo #9/ 2 juillet 2017/ 15 :58

Application du paradoxe de Condorcet à l'élection d'E. Macron

=> Résumé:

Suffit-il d’un calcul arithmétique des suffrages pour qu’on puisse affirmer que le vote est bien la source de la volonté générale ? Selon le paradoxe, sur un plan strictement logique, la préférence collective exprimée peut contredire les préférences individuelles agrégées ; tout dépend du mode d’expression des préférences structuré par un mode de scrutin. Ainsi, François Bayrou a été le « vainqueur de Condorcet » des élections présidentielles de 2007 et 2012 (il aurait vaincu deux à deux chacun des autres candidats) sans passer le cap du second tour, principalement à cause du mode de scrutin majoritaire à deux tours, et Emmanuel Macron a été le « vainqueur de Condorcet » en 2017, malgré ce mode de scrutin.

En effet, le mode de scrutin majoritaire à deux tours, qui privilégie les gros partis clivants, pousse vers un système d’alliances (report de voix) et vers un « vote utile » au deuxième tour, tendant à faire perdre les vainqueurs de Condorcet.

E. Macron a cependant bien été un vainqueur de Condorcet à l’élection présidentielle de 2017, en dépit d’un sentiment largement partagé qu’il a été mal élu, car nous sommes habitués sous la V° République au scrutin majoritaire à deux tours, qui impose et régule une logique d’affrontement gauche/ Droite.

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Message aux Professeurs

 

 10 liens vers des contenus approfondissant ce chapitre, à partie de courtes vidéos regroupées en 4 rubriques.

=> Rappel des consignes données aux élèves pour travailler en autonomie:

1) ouvrez les liens ci-dessous, étudiez-en le contenu en vous aidant des repères fournis.

2) retrouvez dans le cours Melchior les passages, notions ou focus qui ont été approfondis.

 

=> Possibilité pour le professeur d’accompagner cet approfondissement en explicitant les résumés des documents audiovisuels fournis

 

=> Cette rubrique à vocation à être régulièrement actualisée et organisée par sous-thèmes

 

 

  • Analyse des résultats de l’élection présidentielle de 2017

 

1. PUBLIC SÉNAT 24 avril 2017/ 4 :43 : Thierry VEDEL + Laurent BOUVET : Présidentielles 1er tour (avril 2017) : les variables explicatives

Présidentielles 2017 1° tour: T. VEDEL + L. BOUVET

=>Résumé : principales variables explicatives mentionnées :

- EST# Ouest

- Villes # campagnes

- Différences de PCS

- Gagnants # perdants de la mondialisation

 

2. Science Po/ Pascal PERRINEAU  5 janvier 2018/ 2 :56/ analyse du « vote disruptif » durant l’année électorale 2016-2017

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le vote disruptif (1)

=>Résumé : les caractéristiques d’un « vote disruptif »

- Le clivage Gauche/ Droite se délite

- E. Macron a incarné un nouveau clivage : société ouverte VS recentrage national

- Renouvellement des personnels politiques

- Nouvelle organisation horizontale d’un parti (LREM) qui découvre la verticalité quand il arrive au pouvoir

 

3. Science Po/ Pascal PERRINEAU  15 février 2018/ 3 :15/ analyse du « vote disruptif » durant l’année électorale 2016-2017 (2)

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le vote disruptif (2)

=> Résumé : le concept de « vote disruptif », E. Macron vainqueur de Condorcet et la V° République:

- bouleversement des primaires

- jeux judiciaires ; on parle peu des véritables enjeux

- explosion de l’abstention ; déclin des grands électorats de gauche et de droite

- clivage entre société ouverte # recentrage nationale

- L’après élection : E. Macron renoue avec l’esprit de la V° République

  • Analyse de l’élection législative de juin 2017

 

4. Bernard DOLEZ/ FR3/ analyse du 2° tour des élections législatives 2017/ 18 juin 2017

Législatives 2017- 2° tour Bernard DOLEZ

=> Résumé : analyse du taux de participation et du succès du parti présidentiel, qui bénéficie des institutions de la V° République

- faiblesse de la participation

- encore plus faible au 2° tour !

- succès de la LREM= faiblesse de la Gauche et de la Droite

 

5. Le Monde : la nouvelle Assemblée nationale après les élections législatives de juin 2017

Les décodeurs du Monde: analyse en cartes de la nouvelle Assemblée (2017)

=> Résumé : analyse en cartes des principales données relatives à la nouvelle assemblée parlementaire

- abstention record : 57,35%

- succès pour l’alliance électorale LREM + MODEM (308 + 42 = 350 sièges), score très supérieur à la majorité absolue de 289 sièges

- à droite : déroute de LR et UDI (25% des suffrages)

- à gauche : déroute plus vive encore. PS + RG + EELV = 6,17% des suffrages

- les partis populistes augmentent leurs scores : LFI obtient 17 députés et est en situation de créer un groupe parlementaire ; le FN obtient 8 députés (en hausse)

- un double record : un taux de renouvellement de 75% et 38,6% de femmes à l’Assemblée.

  • Analyse des élections européennes de mai 2019

 

6. Pascal PERRINEAU/ 26 nov. 2019/ 2 :45/ le contexte politique français à mi-mandat présidentiel des élections européennes de mai 2019

Sc. PO. Pascal PERRINEAU Le contexte des européennes 2019

=> Résumé : parle de son livre : « le grand écart » :

- mouvement des gilets jaunes : haine des représentants (la souveraineté du peuple ne peut pas se représenter)

- le grand débat national : démocratie délibérative

- mai 2019 : élection au parlement européen : LREM derrière le RN. Effondrement des LR et PS.

 

7. Élections européennes 2019 : les résultats en France/ Le Monde 27 mai 2019/ 5 :02

Le Monde. Résultats européennes 2019 en France

=> Résumé :

En France :

- participation la plus élevée depuis 1994

- 1ère place : RN

- 2° place : liste « Renaissance », majorité présidentielle

- 3° place : EELV avec 13,5%

- 4° place LR s’écroulent à 8,5%

- 5° : LFI= 6,3%

- 6° : Place publique

En Europe :

- Le PPE reste la 1° formation, l’alliance des partis sociaux-démocrates la 2° formation

- Le centre (ALDE) devient la 3° force en Europe

- L’extrême droite continue à progresser

 

8. La nouvelle configuration du Parlement européen/ 27 mai 2019/ 4 :22/ Le Monde

Le Monde mai 2019: nouvelle configuration du Parlement européen

=> Résumé :: la logique des groupes parlementaires et des alliances relativise la portée politique de la montée en puissance des partis populistes

- 751 membres

- taux de participation : 51% en moyenne : les plus élevés depuis 1994

- percée de trois partis populistes : ENLL/ ECR/ EFDD=> 171 sièges= 2° force politique. Mais divisés

- une première depuis 40 ans : les grands partis de droite (PPE, -41 sièges) et (socio-démocrates, -45) perdent leur majorité absolue

- percée des verts et de l’union des centres et libéraux pro-européens (ALDE : 109 sièges)

  • Analyse des comportements électoraux : les modèles explicatifs

 

9. Le modèle holiste de la sociologie politique « géographique »/ Youtuber SocioloQuick/ 17 juin 2017/ 5 :46

Le modèle géographique d'André Siegfried

=> Résumé: présentation de l’évolution de l’utilisation de la carte électorale de 1913 à 2017 :

- La carte électorale est une représentation socialement construite résultant de l’utilisation d’un modèle holiste nommé « géographique » ou « écologique » de l’explication du vote, appliqué pour la première fois en 1913 par l’historien, géographe et sociologue français André Siegfried dans on ouvrage Tableau de la France de l’Ouest sous la III° république

- Cette enquête célèbre, menée durant 6 ans dans 14 départements de l’ouest sur la période 1870-1910, a mis en relief le rôle corrélé joué par quatre variables dans le vote:

* la nature des sols

* la structure de l’habitat

* la structure de la propriété foncière

* les relations sociales

- Le résultat de cette enquête, pour la Vendée prise comme idéal-type a été synthétisé ainsi : « la granit vote à droite, le calcaire vote à gauche ». En effet :

* au Nord : le sol granitique imperméable, comporte de nombreux points d’eaux, donc les exploitations agricoles sont très espacées et de grande taille, et l’habitat rural et isolé place les électeurs sous l’influence de l’Église et des notables propriétaires fonciers, d’où un vote conservateur, ancré à droite.

* Au sud : le sol calcaire perméable comporte peu de points d’eau et favorise les petites propriétés foncières et des habitats regroupés, solidaires, dont les habitants résistent au pouvoir d’influence de l’Église et des propriétaires fonciers, d’où un un progressiste républicain, ancré à gauche.

- cette opposition Nord/Sud en Vendée a fonctionné jusqu’à l’élection présidentielle de 2017, dont le résultat a été une distribution des suffrages entre les deux composante de la majorité présidentielle (MODEM et LREM), remettant en cause une tendance historique lourde.

- Les travaux plus récents du démographe et sociologue Hervé Le Bras depuis les années 1990 ont montré – prolongeant ce modèle holiste « géographique » :

* qu’une équation quasi-mathématique reliait le vote FN au nombre d’immigrés en proximité

* qu’on peut opérer une superposition entre la carte des inégalités et celle di vote FN.

 

10. Le principe du « vainqueur de Condorcet » questionne la contradiction entre le vote majoritaire et l’agrégation rationnelle des préférences individuelles

 

10a. Le paradoxe de Condorcet face à la règle majoritaire comme norme démocratique/ Grain de philo #9/ 24 mai 2017/ 13 :38

Le paradoxe de Condorcet face à la règle majoritaire

=> Résumé :

Le paradoxe de Condorcet dit qu'il est possible, lors d'un vote où l'on demande aux votants de classer trois propositions (A, B et C) par ordre de préférence, qu'une majorité de votants préfère A à B, qu'une autre préfère B à C et qu'une autre préfère C à A. L’unique vainqueur (le « vainqueur de Condorcet ») sera le candidat qui, comparé tour à tour à chacun des autres candidats s’avèrerait à chaque fois être le candidat préféré. Les décisions prises à une majorité populaire ne sont donc pas, dans ce cas, cohérentes avec celles que prendrait un individu supposé rationnel, car le choix entre A et C ne serait pas le même selon que B est présent ou non. 

C'est le mode d'expression des préférences de chaque votant, sous la forme de relations (de type A > B > C) qui mène à ce résultat paradoxal.

Pour les élections réelles, la méthode de Condorcet (complexe, car elle décompose le choix opéré par l’électeur en comparaisons simultanées, comme pourrait le faire aujourd’hui un ordinateur) n'est pas appliquée, et donc, le problème ne s'est jamais posé. Par exemple, si on l’appliquait en France, le scrutin uninominal majoritaire à deux tours pourrait faire arriver en troisième place un candidat qui battrait en duel les deux qualifiés du second tour.

 

10b. Application du paradoxe de Condorcet. E. Macron a-t-il été mal élu ?/ Grain de philo #9/ 2 juillet 2017/ 15 :58

Application du paradoxe de Condorcet à l'élection d'E. Macron

=> Résumé:

Suffit-il d’un calcul arithmétique des suffrages pour qu’on puisse affirmer que le vote est bien la source de la volonté générale ? Selon le paradoxe, sur un plan strictement logique, la préférence collective exprimée peut contredire les préférences individuelles agrégées ; tout dépend du mode d’expression des préférences structuré par un mode de scrutin. Ainsi, François Bayrou a été le « vainqueur de Condorcet » des élections présidentielles de 2007 et 2012 (il aurait vaincu deux à deux chacun des autres candidats) sans passer le cap du second tour, principalement à cause du mode de scrutin majoritaire à deux tours, et Emmanuel Macron a été le « vainqueur de Condorcet » en 2017, malgré ce mode de scrutin.

En effet, le mode de scrutin majoritaire à deux tours, qui privilégie les gros partis clivants, pousse vers un système d’alliances (report de voix) et vers un « vote utile » au deuxième tour, tendant à faire perdre les vainqueurs de Condorcet.

E. Macron a cependant bien été un vainqueur de Condorcet à l’élection présidentielle de 2017, en dépit d’un sentiment largement partagé qu’il a été mal élu, car nous sommes habitués sous la V° République au scrutin majoritaire à deux tours, qui impose et régule une logique d’affrontement gauche/ Droite.

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