Les analyses économiques du chômage sont nombreuses et mettent en évidence différentes causes. En économie, deux grandes catégories d’analyses du chômage peuvent être présentées, d’une part celles des néoclassiques qui met en évidence les dysfonctionnements du marché du travail tel qu’il existe dans la réalité, d’autre part, celles des keynésiens qui montrent que l’insuffisance de la demande globale peut limiter le niveau de l’emploi et contribuer à augmenter celui du chômage.
L’approche néoclassique standard du marché du travail permet de comprendre comment lorsque le marché concret s’éloigne du mode de fonctionnement d’un marché en concurrence pure et parfaite, des situations de chômage peuvent apparaître. Pour comprendre le chômage, les économistes néoclassiques construisent donc un modèle théorique du marché du travail qui repose sur les hypothèses de la concurrence pure et parfaite. Sur le marché du travail, se rencontrent l’offre de travail des salariés et la demande de travail des entreprises en fonction du taux de salaire réel, leur comportement étant supposé rationnel. Sur ce marché, l’offre de travail dépend d’un arbitrage entre travail et non travail et est donc une fonction croissante du salaire réel : plus le taux de salaire réel augmente, plus le salarié est incité à travailler et à renoncer au loisir pour augmenter sa consommation de biens. En revanche, la demande de travail est une fonction décroissante du taux salaire réel. Ainsi, l’employeur embauche aussi longtemps que le coût marginal du travail est inférieur à sa productivité marginale. D’après la loi de l’offre et la demande, c’est donc la flexibilité salariale qui permet le retour spontané à l’équilibre sur le marché du travail qui correspond à l’égalité entre l'offre globale et la demande globale de travail, là où se détermine le salaire d'équilibre et le niveau optimal de l'emploi. Cet équilibre est de plein emploi et stable.
Cependant, des situations de chômage peuvent apparaître, notamment si les situations concrètes de marché se caractérisent par des rigidités salariales et des problèmes informationnels ou d’adaptations du marché du travail.
Les rigidités salariales résultent de l’intervention de l’Etat et de l’action des syndicats qui peuvent être à l’origine de réglementations du travail qui empêchent à la flexibilité salariale, par exemples l’existence d’un salaire minimum, d’une législation protectrice de l’emploi, ou encore de systèmes de protection sociale qui pèsent sur le coût du travail etc. Le niveau de salaire réel dans le marché concret devient alors supérieur au salaire d’équilibre, créant un excès d’offre de travail relativement à la demande. Il s’agit dans ce cas d’un chômage classique qui s’explique par des obstacles à la baisse des salaires induisant un coût excessif du travail par rapport au salaire d’équilibre d’un marché parfaitement concurrentiel.
L’imperfection de l’information peut également faire apparaître un chômage frictionnel. Celui-ci est une forme de chômage liée à la recherche d’emploi et au délai d’adaptation du marché du travail. Il résulte d’un arbitrage entre le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire par rapport au gain supplémentaire retiré d’un jour supplémentaire de recherche. Dans le cadre de ce raisonnement, une indemnité chômage généreuse peut allonger la durée de recherche d’emploi car cela réduit le coût marginal d’une journée supplémentaire de recherche et augmente le salaire attendu pour accepter un emploi. Le chômage est ici considéré comme volontaire, car il résulte de choix d’acteurs économiques rationnels.
En outre, des problèmes d’appariement entre offres et demandes peuvent être à l’origine du chômage frictionnel. En effet, la mise en relation entre le demandeur d’emploi et l’employeur peut être compromise par des problèmes d’information sur les offres d’emplois vacants mais également par des problèmes d’inadéquations spatiales et de qualifications entre l’emploi vacant et le demandeur d’emploi. La plus grande transparence du marché, la mobilité géographique et une meilleure adéquation entre la qualification personnelle des chômeurs et la qualification requise pour l’emploi vacant permettraient de réduire le chômage.
Le manque de transparence des marchés concrets sont également à l’origine de politiques salariales généreuses qui visent à pallier aux problèmes d’asymétrie d’information entre employeurs et travailleurs. En effet, l’employeur peut être incité à proposer un salaire d’efficience, nettement supérieur au salaire d’équilibre, dans le but d’éviter les problèmes d’antisélection (mauvais recrutements) et d’aléa moral (démissions, flânerie salariale). Or, se faisant, ils contribuent à augmenter les salaires au-delà du salaire d’équilibre et alimente le chômage.
Contrairement à l’analyse néoclassique qui adopte une approche micro-économique en analysant le marché du travail de manière isolée et ses dysfonctionnements à l’origine du chômage, l’analyse keynésienne privilégie une approche macro-économique qui accorde une place centrale à l’insuffisance de la demande sur le marché des biens et services. En effet, selon J.M. Keynes les périodes de récession sont propices à l’augmentation de l’épargne de précaution entraînant un cercle vicieux cumulatif qui limite les débouchés des entreprises et alimentent la récession et le chômage. Ainsi, le chômage résulte donc d’une insuffisance de la demande globale de biens et de services. Dans ce cadre théorique, le salaire minimum n’est pas l’ennemi de l’emploi. Au contraire, il alimente le pouvoir d’achat des catégories qui ont une propension importante à consommer et donc la demande effective qui déterminera à son tour le niveau de production et de l’emploi
Introduction Q2
INTRODUCTION
« Je veux baisser le coût du travail : ça permet d’embaucher davantage, de redonner de la vitalité à nos territoires. » twittait Emmanuel Macron sur les réseaux sociaux, pendant la campagne présidentielle, le 25 février 2017. Le coût excessif de la main-d’œuvre est-il l’unique facteur explicatif du chômage ? Quels sont les facteurs à l’origine du chômage et de sa persistance ?
Document 1 : Une relation entre croissance et chômage ?
Une baisse du chômage récente mais fragile…
Au premier trimestre 2019, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) diminue à 8,4% de la population active en France métropolitaine et 8,7% DOM inclus et hors Mayotte (…), soit – 0,5 point sur un an. Selon Pôle emploi, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) en F rance (hors Mayotte) s’établissait à 3 649 300 au premier trimestre 2019, soit une baisse de 1,5 point sur un an.
… qui demeure à des niveaux très élevés…
Le taux de chômage reste proche des niveaux records qui n’avaient pas été observés depuis 1997. La proportion d’actifs sans emploi dépasse encore le minimum atteint avant la crise (7,1% au premier trimestre 2008). L’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) est prudente dans ses estimations : ce taux pourrait se stabiliser autour de 8,5% d’ici fin 2020.
…depuis le ralentissement de l’activité de 2011
En 2008-2009, la crise économique avait provoqué des difficultés sur le front de l’emploi, qui avaient été résorbées en partie avec le retour de la croissance en 2010. Mais le nouveau ralentissement de l’activité en 2011, lié à la crise des dettes souveraines, avait provoqué une brusque remontée du chômage de 9,1% à 10,3% entre le début 2011 et le début 2014.
Source : La Documentation française, France 2020, Les données clés, septembre 2019, Col. Doc en poche, Entrez dans l’actu, La documentation Française
Questions :
1) Quelle relation y a-t-il entre la croissance et le chômage ?
2) Discuter : La croissance est-elle la solution au chômage ?
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Corrigés :
1) Quelle relation y a-t-il entre la croissance et le chômage ?
Les variations du chômage semblent corrélées négativement aux variations de l’activité économique.
En effet, le taux de chômage augmente en période de crise. Ainsi la crise économique de 2008-2009 en provoquant une récession a provoqué une brusque remontée du chômage qui a été stoppée en 2010 par la reprise. Mais le ralentissement de la croissance due à la crise des dettes souveraine de la zone euro de 2011 a favorisé sa remontée. Toutefois, le taux de chômage français semble ne pas baisser en dessous de 7% depuis la fin des années 1980 malgré les reprises économiques qui scandent la période.
2) Discuter : La croissance est-elle la solution au chômage ?
Quand la conjoncture économique est bonne, le chômage diminue mais au-delà d’un certain niveau, le chômage ne semble plus baisser. Il y a en effet d’autres facteurs qui expliquent le chômage comme le coût excessif du travail, l’inadéquation entre offre et demande etc. La reprise économique n’est pas la seule solution au chômage.
Document 2 : La loi de l’offre et de la demande de travail
Depuis plusieurs années, des entreprises comme Aliments Asta peinent à combler leurs besoins de main-d'œuvre.
Pour garder les employés actuels et pour en trouver d'autres plus facilement, les dirigeants ont proposé d'augmenter le salaire de tout le personnel. Le salaire d'embauche augmente ainsi d'un dollar l'heure. D'autres augmentations sont également offertes aux 400 employés de l'entreprise.
Source : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1100101/hausse-salaire-penurie-main-doeuvre-emploi
Photo : radio-canada / patrick bergeron
Questions :
1. En quoi consiste une pénurie de main-d’œuvre sur un marché du travail ?
2. Comment l’entreprise Aliments Asta entend-elle résoudre la pénurie de main-d’oeuvre ?
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Questions :
1. Quelle relation y a-t-il entre la croissance et le chômage ?
Réponse : Les variations du chômage semblent corrélées négativement aux variations de l’activité économique.
En effet, le taux de chômage augmente en période de crise. Ainsi la crise économique de 2008-2009 en provoquant une récession a provoqué une brusque remontée du chômage qui a été stoppée en 2010 par la reprise. Mais le ralentissement de la croissance due à la crise des dettes souveraine de la zone euro de 2011 a favorisé sa remontée. Toutefois, le taux de chômage français semble ne pas baisser en dessous de 7% depuis la fin des années 1980 malgré les reprises économiques qui scandent la période.
2. Discuter : La croissance est-elle la solution au chômage ?
Réponse : Quand la conjoncture économique est bonne, le chômage diminue mais au-delà d’un certain niveau, le chômage ne semble plus baisser. Il y a en effet d’autres facteurs qui expliquent le chômage comme le coût excessif du travail, l’inadéquation entre offre et demande etc. La reprise économique n’est pas la seule solution au chômage.
Document 3 : Les déterminants de la demande de travail
La seule question qui [préoccupe l’employeur] (…) est de savoir quelle quantité de travail il achètera demain sur le marché. [Dans la théorie néoclassique qui postule une situation de concurrence pure et parfaite1, l’employeur est contraint] d’accepter les conditions du marché. (..) [D’un côté, le] taux de salaire est une donnée du marché qui s’impose [à l’employeur]. [D’un autre côté] (..), les rendements du travail sont décroissants, comme les disent les économistes, la productivité marginale du travail est décroissante. Ce qui signifie que lorsque l’on ajoute progressivement des heures de travail à un équipement donné, il arrive un moment où l’augmentation de la production résultant d’une heure de travail devient plus faible que celle obtenue en ajoutant l’heure précédente. (…) Dès lors, passé un certain seuil, lorsque le nombre d’heures de travail augmente (lorsque le collectif de travail s’agrandit), il se glisse un peu de désorganisation dans le processus de production, qui fait que le travail perd de son efficacité. La production continue certes à augmenter, mais de moins en moins vite à mesure que l’on ajoute des heures de travail. Ce que l’on résume en disant que la productivité marginale (le supplément de production apporté par une heure de travail supplémentaire) décroît.
Sous cette hypothèse, la décision d’embauche devient un problème extrêmement simple à résoudre. [L’employeur], qui cherche à réaliser un profit maximum, embauchera… tant que la productivité marginale reste supérieure au salaire horaire ayant cours sur le marché. Comme la productivité marginale décroît à mesure qu’il augmente l’embauche, il arrive forcément un moment où une embauche supplémentaire ne lui ferait plus gagner d’argent, le produit de cette dernière heure embauchée ne compensant plus le salaire déboursé. Quel que soit le niveau de salaire, [l’employeur] clôt sa liste d’embauche au moment où la productivité marginale est égale (ou encore très légèrement supérieure) au salaire. (…) La demande de travail est donc décroissante par rapport au niveau de salaire.
Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition
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Note 1 : Le marché du travail est supposé en concurrence pure et parfaite. Sur ce marché, les hypothèses d’atomicité, d’homogénéité, de transparence, de libre entrée/sortie et de mobilité du facteur travail sont supposées respectées.
Questions :
1. De quel type d’agent économique émane la demande de travail ?
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue la demande de travail lorsque le prix augmente ?
3. Comment expliquer cette relation ?
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Questions :
1. De quel type d’agent économique émane la demande de travail ?
Réponse : La demande de travail correspond à la quantité de travail (nombre d’heures de travail) achetée par les employeurs.
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue la demande de travail lorsque le prix augmente ?
Réponse : Selon l’approche micro-économique de base du modèle néoclassique, la demande du travail baisse quand le taux de salaire réel augmente. Le taux de salaire réel correspond au salaire horaire corrigé de l’inflation. Il représente pour l’employeur le coût du travail.
3. Comment expliquer cette relation ?
Lorsque le taux de salaire réel augmente, le coût de travail augmente, sa demande de travail diminue. L’employeur compare le coût du travail à ce que rapporte le salarié nouvellement embauché. En langage économique, il compare le taux de salaire réel du dernier salarié embauché à sa productivité marginale. Plus le taux de salaire réel augmente moins il est incité à embaucher. En effet, la différence coût marginal et productivité marginal se réduisant, le profit que rapportent les salariés décroît au fur et mesure que leur nombre augmente. (Loi des rendements factoriels décroissants, la productivité marginale est supposée décroissante).
Document 4 : Les déterminants de l’offre du travail
Il convient (…) dans un second temps de se faire une idée aussi exacte que possible de la manière dont le travailleur se comporte sur le marché du travail, en tant qu’offreur de marchandise. Ne l’oublions pas, ce dernier est une être parfaitement rationnel (au sens économique du terme) (…)
[P]ourquoi le travailleur réclame-t-il un salaire [ ?] (…) Le travailleur est certes attiré par la consommation, qui lui procure une certaine utilité, mais il est aussi farouchement attaché au loisir (qui se définit simplement comme le temps de non-travail). Le travailleur a donc un difficile problème à résoudre :(…) il aime la consommation et il aime en même temps le loisir, mais pour consommer il doit travailler, c’est-à-dire sacrifier des loisirs. Eh bien, c’est le prix de ce sacrifice qu’il va réclamer à l’employeur. Plus exactement, le travailleur va arbitrer entre l’utilité que lui procurent la consommation et l’utilité que lui procurent les loisirs. Il va les mettre en balance, et c’est cette savante pesée qui va lui indiquer, pour un taux de salaire donné, quelle quantité de travail il est prêt à offrir (en vue d’atteindre un certain niveau de consommation) et, corrélativement, quelle quantité de loisirs il désire conserver. (…) Il doit renoncer au loisir (offrir des heures de travail), tant que la consommation qu’il peut s’acheter avec son salaire horaire excède ce qui lui paraît nécessaire pour compenser le sacrifice d’une heure de loisir supplémentaire. (…) Tel est le processus de la décision rationnelle du travailleur concernant le nombre d’heures de travail à offrir, pour un niveau de salaire donné. (…) Plus le salaire sera élevé (demain), plus il offrira d’heures de travail. (…) Son offre de travail est croissante avec le salaire. (…)
Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition
Questions :
1. De quel type d’agent économique émane l’offre de travail ?
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue l’offre de travail lorsque le prix du travail augmente ?
3. Comment expliquer cette relation ?
Voir la correction
Questions :
1. De quel type d’agent économique émane l’offre de travail ?
Réponse : L’offre de travail correspond à la quantité de travail offerte par les travailleurs sur le marché du travail.
2. Selon cette approche microéconomique, comment évolue l’offre de travail lorsque le prix du travail augmente ?
Réponse : Selon l’approche micro-économique de base du modèle néoclassique, l’offre du travail augmente quand le taux de salaire réel augmente. Le taux de salaire réel correspond au salaire horaire corrigé de l’inflation.
3. Comment expliquer cette relation ?
Réponse : Dans l’approche néoclassique du marché du travail, les salariés sont supposés rationnels et arbitrer entre travail (travailler pour consommer) et loisir (oisiveté, non travail) en fonction du salaire réel proposé sur le marché du travail. Ainsi, lorsque le coût du sacrifice du loisir (appelé « coût d’opportunité » du loisir) est inférieur au gain retiré par le travail (salaire réel qui permet de consommer), le salarié augmente son offre de travail. Et inversement.
Réponse : 1) forte, 2) plus, 3) faible, 4) augmente
Document 5 : L’équilibre sur le marché du travail
Les offreurs de travail et les demandeurs de travail (…) [se rencontrent] sur le marché. (…) Bien entendu, le jour de marché, il y a une multitude d’employeurs qui se pressent pour l’embauche, et une multitude de salariés candidats à l’embauche. (…) Un observateur omniscient1 [regroupe] toutes les demandes de travail (…), et toutes les offres (…). Il [construit] ainsi ce qu’il est convenu d’appeler l’offre totale de travail (…). Et il [fait] de même pour la demande de travail totale, en calculant pour chaque taux de salaire, des quantités demandées par les différents employeurs. Concernant la demande, il observerait que plus le salaire est élevé, plus la quantité de travail demandée est faible. Concernant l’offre, ce serait l’inverse (…). Du fait même que l’offre et la demande travail fonctionnent en sens inverse, il existe forcément un taux de salaire pour lequel les souhaits des uns et des autres sont compatibles. (…) le prix de marché est celui qui « équilibre » l’offre et la demande.
A la question « pourquoi le salaire s’établit-il au niveau qui égalise l’offre et la demande (le salaire comme n’importe quel autre prix d’ailleurs) ? », l’économiste répond « parce que c’est le prix d’équilibre ». Equilibre dans un sens qui n’est pas métaphorique : lorsqu’on n’y est pas (à ce prix), on tend à y revenir, et lorsqu’on y est… on y reste. Il existe en conséquence une « force » qui ramène le taux de salaire à ce niveau. Cette force n’est pas une force de la nature, c’est la concurrence.
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Note 1 : syn. : parfaitement informé
Source : Laurent Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage, 2000, Le Seuil, 6ème édition
Questions :
1. A partir des données ci-après, construisez les courbes d’offre et de demande dans un repère orthonormé en reportant les quantités de travail sur l’axe des abscisses, et les prix du travail sur l’axe des ordonnées.
2. Pourquoi l’offre de travail est-elle nulle pour 10 unités monétaires ? Pour ce prix, à combien s’élève la demande de travail. Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.
3. Que se passe-t-il au point de rencontre de la courbe d’offre et de demande de travail ?
3. Si le salaire horaire s’élève à 70 unités monétaires, que se passe-t-il ? Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.
4. Si le salaire s’élève à 20 unités monétaires, que se passe-t-il ?
5. Par quels mécanismes économiques le salaire tend-il à se rapprocher de 40 unités monétaires ? Expliquer pourquoi.
6. Dans le cadre d’une situation de chômage, quelle solution offre la théorie néoclassique ?
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2. Pourquoi l’offre de travail est-elle nulle pour 10 unités monétaires ? Pour ce prix, à combien s’élève la demande de travail. Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.
Réponse : Pour un salaire de 10 unités monétaires, personne ne veut travailler. D’après la théorie néoclassique, les travailleurs adoptent le raisonnement suivant : cela ne vaut pas la peine de sacrifier une seule de loisir. En revanche, à ce prix faible, la demande de travail des employeurs est très élevée.
3. Que se passe-t-il au point de rencontre de la courbe d’offre et de demande de travail ?
Réponse : Pour un salaire horaire de 40€, la demande de travail est égale à l’offre de travail. Il s’agit du point d’équilibre de ce marché.
3. Si le salaire horaire s’élève à 70 unités monétaires, que se passe-t-il ? Expliquer ces données en vous appuyant sur un raisonnement néoclassique.
Réponse : Si le salaire horaire s’élève à 70 unités monétaires, la demande travail est inférieure à l’offre de travail (30 000< 50 000). A ce taux de salaire, les employeurs diminuent leur embauche à 30 000 heures de travail, tandis que d’anciens salariés oisifs se portent volontaires pour travailler faisant grimper l’offre de travail à 50 000 heures. Ce qui crée un déséquilibre (Offre > Demande) qui signifie qu’à ce prix certains salariés sont rationnés et doivent faire face à une situation de au chômage.
4. Si le salaire s’élève à 20 unités monétaires, que se passe-t-il ?
Réponse : Si le salaire baisse à 20 unités monétaires, la demande de travail est supérieure à l’offre de travail (60 000> 20 000). A ce taux de salaire, les employeurs augmentent leur embauche à 60 000 heures de travail, tandis que certains salariés ne se portent plus volontaires pour travailler faisant diminuer l’offre de travail à 20 000 heures. Ce qui crée un déséquilibre (Offre < Demande) qui signifie qu’à ce prix, les employeurs sont rationnés et doivent faire face à une pénurie de travailleurs.
5. Par quels mécanismes économiques le salaire tend-il à se rapprocher de 40 unités monétaires ? Expliquer pourquoi.
Réponse : Les deux situations de déséquilibre ne peuvent pas durer si le marché du travail fonctionne en concurrence pure et parfaite. En effet, la flexibilité salariale (la variation des salaires en fonction des quantités offertes et demandées) permet un retour à l’équilibre, c’est-à-dire au prix de 40 unités monétaires qui équilibre les quantités d’heures offertes et demandées (40 000 heures).
En effet, s’il y a pénurie de salariés au prix de 20 unités monétaires, certains employeurs rationnés vont augmenter le salaire horaire afin d’embaucher des salariés dont la productivité marginale est suffisante pour compenser ce qu’il coûte. Se faisant, la concurrence entre entrepreneurs va progressivement conduire le prix du marché vers le niveau qui équilibre l’offre et la demande.
En revanche, s’il y a du chômage comme au prix de 70 unités monétaires, certains salariés au chômage vont accepter de travailler à un salaire horaire plus faible, ce niveau compensant le sacrifice consenti en temps de loisirs perdus. Se faisant, la concurrence entre salariés sur le marché du travail va progressivement conduire le prix du marché vers le niveau qui égalise l’offre et la demande.
On en déduit qu’il existe une force inhérente au fonctionnement du marché qui ramène le taux de salaire vers le salaire horaire d’équilibre. Cette force, c’est la concurrence. On peut donc dire que si le marché du travail fonctionne parfaitement (CPP), le marché est auto-régulateur, il résorbe de lui-même les déséquilibres grâce à la flexibilité salariale.
6. Dans le cadre d’une situation de chômage, quelle solution offre la théorie néoclassique ?
Réponse : La flexibilité salariale et un marché qui fonctionne suivant les hypothèses de la CPP résolvent le chômage.
Document 6: Rigidités salariales et chômage classique
Si le marché du travail est parfaitement concurrentiel et libre de toute entrave réglementaire, la libre négociation des salaires implique que les salaires s’adaptent tant que l’équilibre entre l’offre et la demande n’est pas établi. Dans ces conditions, une économie confrontée à une réduction d’activité ne devrait pas connaître le chômage. […]
Comment peut-on alors expliquer l’existence d’un chômage durable ? Le chômage ne peut persister que parce qu’il existe des institutions ou des réglementations qui empêchent la libre négociation des salaires. Le développement du pouvoir syndical, les législations sur le salaire minimum, les conventions collectives, le droit du travail en général limitent les possibilités d’ajustement instantané des salaires. C’est donc la rigidité des salaires qui est principalement responsable du chômage [dans l’approche néoclassique]. Ne pouvant librement négocier les salaires, les entreprises privilégient les ajustements de l’emploi pour s’adapter aux récessions. Les jeunes sans qualification ne peuvent trouver d’emploi parce que la loi contraint les entreprises à leur payer un salaire minimum trop supérieur à leur productivité.
Jacques Généreux, Introduction à l’économie, (1992), Seuil, coll. Points Economie, 2014
1. Conventions collectives : accords et contrats portant sur les garanties sociales de l’emploi et sur les conditions du travail.
Questions :
1. Expliquer la phrase en caractère gras ?
2. D’où viennent ces rigidités salariales ?
3. En vous appuyant sur un raisonnement néoclassique, expliquer l’origine du chômage.
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Questions :
1. Expliquer la phrase en caractère gras ?
Réponse : Le marché du travail n’est pas parfaitement concurrentiels car les prix ne sont pas flexibles et peuvent être rigides. En effet, des institutions et des réglementations peuvent empêcher la flexibilité salariale et donc l’ajustement par les prix sur le marché du travail.
2. D’où viennent ces rigidités salariales ?
Réponse : Les rigidités salariales sont la conséquence de l’intervention de l’Etat et de l’action des syndicats qui peuvent être à l’origine de réglementations du travail qui empêchent à la flexibilité salariale : législation nationale sur le salaire minimum, législation protectrice de l’emploi, système de protection sociale, conventions collectives qui définissent des règles de progression de salaire à l’ancienneté, des grilles salariales en fonction des professions etc.
3. En vous appuyant sur un raisonnement néoclassique, expliquer l’origine du chômage.
Réponse :
Le niveau de salaire réel dans le marché concret supérieur au salaire d’équilibre résulte donc de l’action d’’institutions politiques (l’Etat) et syndicales. A ce niveau, l’offre de travail augmentent car certains travailleurs sont incités à rentrer sur le marché du travail du fait du salaire plus élevé- par exemple, ou des jeunes individus qui seraient autrement restés étudiants à plein temps tandis que la demande de travail diminue du fait d’un niveau de salaire excessif relativement à la productivité marginale. Il en résulte un excès d’offre par rapport à la demande donc une situation du chômage.
Il s’agit ici d’un chômage classique qui résulte d’un niveau de salaire réel supérieur au salaire d’équilibre, en raison des obstacles à la baisse des salaires qui induisent un coût excessif de travail.
Document 7 : L’existence d’un chômage frictionnel
Le cadre du raisonnement de la théorie du job search est celui de la concurrence pure et parfaite, dont a été ôtée l’hypothèse de perfection de l’information : il est supposé à présent que l’information est imparfaite sur le marché du travail. […] Sur le marché du travail, l’acquisition d’information sur le marché du travail a un coût, assimilable au temps de recherche nécessaire pour « visiter » les différents postes offerts. Ne connaissant pas la totalité des postes disponibles, le demandeur d’emploi reste volontairement au chômage un certain temps, afin de développer une activité de prospection. Dans une optique microéconomique, son comportement est rationnel puisqu’il demeure au chômage jusqu’à ce que le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire (équivalent à la perte journalière du salaire qu’il aurait perçu en occupant le premier emploi venu) soit égal au bénéfice marginal espéré d’un jour de recherche supplémentaire (probabilité de trouver un emploi mieux rémunéré). [...] L’intérêt essentiel de la théorie du job search réside dans son explication du chômage frictionnel, défini comme le chômage résultant des temps imperfections informationnelles sur le marché du travail : le laps de temps entre la démission d’un emploi et l’acception d’un nouveau poste correspond à une activité de prospection des différents postes.
Source : Emmanuel Combe, Précis d’économie, PUF, 13ème édition, 2014
Questions :
1. Donnez un exemple d’information imparfaite sur le marché du travail pour le demandeur d’emploi.
2. Qu’est ce que le chômage frictionnel ?
3. Pourquoi une indemnisation chômage généreuse peut-elle allonger la durée de recherche d’emploi ?
4. En quoi ce chômage peut-il être considéré comme du chômage volontaire ?
5. Comment Pôle Emploi peut-il contribuer à réduire ce chômage frictionnel ?
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1. Donnez un exemple d’information imparfaite sur le marché du travail pour le demandeur d’emploi.
Réponse : les demandeurs d’emploi ne connaissent pas toutes les offres d’emploi disponibles sur un territoire.
2. Qu’est ce que le chômage frictionnel ?
Réponse : Un chômage frictionnel est une forme de chômage liée à la recherche d’emploi et au délai d’adaptation du marché du travail. Il résulte d’un arbitrage entre le coût marginal d’un jour de recherche supplémentaire (perte journalière de salaire lié au refus du premier emploi trouvé) par rapport au gain supplémentaire retiré d’un jour supplémentaire de recherche (salaire journalier plus élevé de l’emploi nouvellement trouvé). Tant que le coût marginal d’une journée de plus de recherche d’emploi est inférieur au bénéfice marginal d’un jour de recherche de plus, le chômeur continue de prospecter et reste au chômage.
3. Pourquoi une indemnisation chômage généreuse peut-elle allonger la durée de recherche d’emploi ?
Réponse : Une indemnité chômage généreuse peut allonger la durée de recherche d’emploi car cela réduit le coût marginal d’une journée supplémentaire de recherche et augmente le salaire attendu pour accepter un emploi. L’individu se fixe un « salaire de réservation » qui est le salaire minimal acceptable à partir duquel il accepte l’emploi proposé. L’indemnité chômage peut augmenter le salaire de réservation défini par le demandeur d’emploi.
4. En quoi ce chômage peut-il être considéré comme du chômage volontaire ?
Réponse : Le chômage peut être considéré comme volontaire car il résulte de choix d’acteurs économiques rationnels, autrement dit d’un calcul coût-avantage.
5. Comment Pôle Emploi peut-il contribuer à réduire ce chômage frictionnel ?
Réponse : Pour réduire ce chômage frictionnel, il est possible d’améliorer l’information disponible sur les offres d’emplois, mais aussi de réduire l’indemnité chômage pour inciter le chômeur à reprendre le travail.
Document 8 : Des problèmes d’appariements : frictions, inadéquations spatiales et de qualifications
1- Suffit-il de traverser la rue pour trouver un emploi ?
Séquence audio (durée 1’35) : https://www.francebleu.fr/infos/societe/au-lieu-de-traverser-la-rue-pour-trouver-du-travail-jonathan-a-traverse-le-pays-1568648301
Source : Par François Guéroult, France Bleu Orléans, France Bleu, France Bleu Pays de Savoie, « Au lieu de "traverser la rue" pour trouver du travail, Jonathan a traversé le pays ! », Jeudi 19 septembre 2019 à 5:37
2- Des problèmes d’appariement sur le marché du travail
L’appariement sur marché du travail correspond à la mise en relation entre l’offre et la demande de travail, c’est-à-dire entre un travailleur et un emploi. Pour parler d’appariement, l’anglais utilise le mot « match », tandis que « mismatch » désigne un mauvais appariement. […]
Sur le marché du travail, la vitesse à laquelle s’effectuent les appariements et la qualité du résultat dépendent des efforts de recherche entrepris par les demandeurs d’emploi et par les recruteurs, mais aussi de l’adéquation qui existe ou non, entre les caractéristiques des offres vacantes1 et celles des candidats potentiels. […] Sur les les 3,2 millions d’offres déposées à Pôle emploi en 2017, 300 000 n’ont pas été pourvues, alors même que l’on comptait près de 3,5 millions de chômeurs sans emploi. Pour 150 000 de ces offres, les employeurs ont abandonné le projet de recrutement faute de candidats adéquats ; 97 000 autres ont été retirées, parce que le besoin ou le budget avaient disparu avant que le poste ne soit pourvu ; 53 000 restaient à pourvoir l’année suivante.
On pourrait penser que les offres non pourvues faute de candidats adéquats sont un indicateur clair d’un décalage structurel de compétences ou de localisation géographique entre l’offre et la demande. Pourtant, il se peut que des candidats appropriés existent, mais que les recruteurs n’aient pas pu ou su identifier, ou bien qu’ils n’aient pas réussi à les attirer. Symétriquement, il se peut que les chômeurs ne soient pas informés de toutes les offres auxquelles ils pourraient prétendre ou que les conditions d’offres à pourvoir ne leur conviennent pas. Le problème provient alors d’un manque d’information, d’inefficiences dans les pratiques de recrutement ou de recherche d’emploi, ou encore d’un défaut d’ajustement des salaires. Dans tous les cas, la coexistence d’offres non pourvues et d’un chômage de masse signale des difficultés d’appariement.
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Note 1 : offres d’emploi n’ayant trouvé preneurs.
Alexandra Roulet, Améliorer les appariements sur le marché du travail, Sécuriser l’emploi, Ed. SciencesPo Les Presses. 2018
Questions :
1. En quoi le cas de Jonathan présenté dans le document 1 illustre-t-il un problème d’appariement sur le marché du travail ?
2. Quelles les trois facteurs à l’origine de problème d’appariement sur le marché du travail ?
Voir la correction
Questions :
1. En quoi le cas de Jonathan présenté dans le document 1 illustre-t-il un problème d’appariement sur le marché du travail ?
Réponse : Jonathan est demandeur d’emploi, il habite dans le Loiret et a une formation en horticulture. Or il semblerait que les offres d’emplois dans l’hôtellerie restauration soient plus nombreuses que dans son domaine de formation initiale.
Pour trouver du travail, il a dû accepter des emplois dans un autre domaine que sa qualification personnelle et être plus mobile. Il a trouvé des emplois précaires dans le domaine de la restauration en Bretagne, et à la montagne. Initialement, sa localisation géographique et sa qualification personnelle ne coïncident pas avec les offres d’emplois vacants. Il y donc bien un problème d’appariement puisque dans le cas de Jonathan, il existe une inadéquation entre le travailleur et les emplois vacants.
2. Quelles sont les trois facteurs à l’origine de problème d’appariement sur le marché du travail ?
L’appariement sur le marché du travail correspond à la mise en relation entre l’offre et la demande de travail autrement dit entre le demandeur d’emploi et l’employeur.
Des problèmes d’appariement résultent de trois facteurs :
inadéquation spatiales : incompatibilité entre la zone géographique du chômeur et celle des emplois vacants
inadéquation de qualification : la qualification personnelle du chômeur est différente de celles requises pour les emplois vacants.
friction : l’imperfection de l’information sur les offres d’emplois vacants, sur les demandeurs d’emploi allongent le délai, voire compromet la mise en relation entre offreurs et demandeurs.
Document 9 : Asymétrie d’information, salaire d’efficience et chômage
Questions :
1. Pourquoi les entreprises proposent-elles parfois un salaire supérieur à la productivité des travailleurs ?
2. Montrer que ce salaire d’efficience a des effets ambivalents sur le niveau du chômage.
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Questions :
1. Pourquoi les entreprises proposent-elles parfois un salaire supérieur à la productivité des travailleurs ?
Réponse : Les problèmes d’asymétrie d’information entre employeur et travailleur peuvent inciter les entreprises à proposer un salaire d’efficience supérieur au salaire d’équilibre sur le marché du travail. En effet, cela permet d’une part d’éviter les problèmes d’antisélection, c’est-à-dire les mauvais recrutements en attirant les meilleurs candidats, et d’autre part d’éviter les problèmes d’aléa moral, c’est-à-dire les démissions et les salariés tire-au-flanc qui flânent dans l’entreprise.
2. Montrer que ce salaire d’efficience a des effets ambivalents sur le niveau du chômage.
Réponse : Le salaire d’efficience favorise de meilleurs appariements entre l’offre et la demande, les ruptures de contrats pour mauvais appariements sont donc moins fréquentes. Cependant, en fixant les salaires au-dessus du salaire d’équilibre, les employeurs génèrent un déséquilibre entre l’offre et la demande. En effet, des salaires attractifs augmentent l’offre de travail relativement à la demande, ce qui crée du chômage.
Document 10 : L’existence d’un chômage keynésien
Allocution radio-diffusée de l’économiste John Maynard Keynes en 1931 suite au marasme économique généré par la crise de 1929 :
« Il y a aujourd'hui beaucoup de gens bien intentionnés, attachés à leur pays, qui s'imaginent que la chose la plus utile qu'ils puissent faire et que puissent faire leurs semblables pour remédier à la situation [de récession et de chômage], c'est d'économiser plus que d'habitude (…) Or, dans d'autres conditions, tout ceci pourrait être fort bien, mais malheureusement dans les conditions actuelles, (…) c'est exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire. Car le but de l'épargne doit être de rendre de la main-d’œuvre disponible pour pouvoir l'employer à exécuter des travaux de rapport tels que la construction de maisons, d'usines, de routes, de machines, etc.
Mais s'il se trouve déjà un excédent important de main-d’œuvre disponible pour pareil emploi, alors le résultat de l'épargne est d'accroître cet excédent, et par conséquent de grossir les rangs des chômeurs. De plus, lorsqu'un homme est privé de travail, d'une façon ou d'une autre, la diminution de son pouvoir d'achat a pour effet de réduire au chômage ceux qui produisaient ce qu'il ne peut plus acheter. Et ainsi la situation s'aggrave de plus en plus, et l'on ne sort plus d'un véritable cercle vicieux (…)
Par conséquent, ô ménagères patriotiques, sortez dès demain matin dans les rues, et dirigez-vous vers ces ventes réclames miraculeuses qui se trouvent annoncées à tous les coins. Vous vous ferez du bien à vous-mêmes car jamais les choses ne furent aussi bon marché, (…) Et réjouissez-vous par surcroît à la pensée que vous favorisez la main-d'oeuvre, que vous enrichissez le pays, car vous redonnez de la vie à de grands centres d'activités et l'espoir au Lancashire, au Yorkshire et à Belfast. »
Source originale : Allocution radio-diffusée de l’économiste John Maynard Keynes, 1931. Source numérique: « Les classiques des sciences sociales »
Questions :
1. Quelle est la cause du chômage pour J.M. Keynes dans les années 1930 ? Développez à l’aide d’un schéma d’implication les mécanismes économiques.
2. Quelle solution au chômage est proposée dans cet extrait ?
Document 11 : Le SMIC est-il l’ennemi de l’emploi ?
Faisons justice, pour commencer, du point de départ de la théorie sur laquelle s’appuie le discours libéral. Les smicards, dit-on, sont les salariés qui ont la productivité (marginale) la plus faible. La raison pour laquelle ces salariés sont au chômage, au moins pour certains d’entre eux, est que le SMIC est supérieur à la productivité (marginale) correspondant au plein-emploi de cette catégorie de travailleurs. Si les entrepreneurs sont rationnels, ils ont arrêté l’embauche des salariés non qualifiés au moment où leur productivité (marginale) tombe en dessous du SMIC. (…)
Si l’on voulait bien faire place un instant à la possibilité d’une limitation des débouchés, la nécessité et l’efficacité d’une institution comme le SMIC se justifierait […] plus facilement. Ce qui deviendrait intelligible, dès lors, est que le SMIC, loin d’être fauteur de chômage, est un dispositif de la plus grande utilité lorsqu’il existe du chômage, lequel s’explique par ailleurs par une insuffisance de la demande effective1. (…)
Le problème n’est pas que ce salaire minimum soit trop élevé par rapport à la productivité marginale des salariés les moins qualifiés. (…) Lorsqu’il existe du chômage, le problème n’est pas de baisser le prix du travail pour en accroître les quantités demandées, il est de déplacer la demande de travail… c’est-à-dire d’augmenter la quantité de travail demandée à chaque prix, en sorte que même au niveau du SMIC, tout le monde trouve du travail. Ce qui implique d’augmenter l’activité économique. Or c’est bien là le point aveugle de la théorie économique contemporaine, dont on peut dire que le rituel préféré, quasi obsessionnel, consiste à célébrer tous les jours que Dieu fait les obsèques du vieux Keynes, un des seuls économistes qui se soit penché sincèrement sur la question de l’insuffisance des débouchés. Mais ceci est une autre histoire.
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Note 1 : Demande effective : demande de biens et services anticipée par les entreprises qui déterminera le niveau de production.
Source : L. Cordonnier, Pas de pitié pour les gueux. Sur les théories économiques du chômage. Raison d’agir, Le Seuil, 2000 (extraits du chapitre « à bas le SMIC »)
Questions :
1. En quoi l’augmentation du SMIC pourrait-elle réduire le chômage ?
2. Quelle est la cause principale du chômage selon J.M. Keynes ?
Voir la correction
Questions :
1. En quoi l’augmentation du SMIC pourrait-elle réduire le chômage ?
Réponse : L’augmentation du SMIC augmente les débouchés des entreprises et donc le niveau de l’emploi, ce qui contribue à la réduction du chômage.
2. Quelle est la cause principale du chômage selon J.M. Keynes ?
Réponse : La cause principale du chômage est donc l’insuffisance de la demande effective, c’est-à-dire de la demande de biens et services anticipés par les chefs d’entreprises.
A l’échelle macroéconomique, le mécanisme économique à l’œuvre est le suivant : hausse de la demande anticipée par les entreprises => hausse du niveau de production => hausse du niveau de l’emploi => réduction du chômage à l’échelle du pays.
Exercice 1 : Complétez le tableau
Compléter le tableau suivant à l’aide des mots qui conviennent : offre d’emploi, demande d’emploi, offre de travail, demande de travail.
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Réponse :
Exercice 2 : Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse quand la proposition est fausse.
Justifiez votre réponse quand la proposition est fausse.
1. Un coût excessif du travail est à l’origine d’un chômage keynésien.
2. Le chômage peut être dû à une insuffisance de la demande (chômage keynésien).
3. Les rigidités salariales favorisent à la réduction du chômage classique.
4. Le chômage classique résulte d’un excès d’épargne.
5. Le salaire d’efficience est la solution au chômage.
6. Le chômage frictionnel résulte des rigidités salariales.
7. Les mauvais appariements entre employeurs et demandeurs d’emplois créent du chômage.
8. Il peut coexister des emplois vacants et du chômage.
9. Le chômage keynésien est un chômage volontaire.
10. Le salaire minimum crée du chômage.
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Réponses :
1. Un coût excessif du travail est à l’origine d’un chômage keynésien.
2. Le chômage peut être dû à une insuffisance de la demande (chômage keynésien).
3. Les rigidités salariales favorisent à la réduction du chômage classique.
4. Le chômage classique résulte d’un excès d’épargne.
5. Le salaire d’efficience est la solution au chômage.
6. Le chômage frictionnel résulte des rigidités salariales.
7. Les mauvais appariements entre employeurs et demandeurs d’emplois créent du chômage.
8. Il peut coexister des emplois vacants et du chômage.
9. Le chômage keynésien est un chômage volontaire.
10. Le salaire minimum crée du chômage.
Réponse :
1. Un coût excessif du travail est à l’origine d’un chômage keynésien. -> Faux, il crée du chômage classique
2. Le chômage peut être dû à une insuffisance de la demande (chômage keynésien). -> vrai
3. Les rigidités salariales favorisent à la réduction du chômage classique. -> Faux, c’est la flexibilité salariale qui réduit ce type de chômage.
4. Le chômage classique résulte d’un excès d’épargne. -> Faux, c’est le chômage keynésien résulte d’un excès d’épargne.
5. Le salaire d’efficience est la solution au chômage. -> Faux, il crée du chômage involontaire en imposant un salaire supérieur au salaire d’équilibre.
6. Le chômage frictionnel résulte des rigidités salariales. -> Faux, il résulte des problèmes d’information et des délais d’adaptation du marché du travail
7. Les mauvais appariements entre employeurs et demandeurs d’emplois créent du chômage. -> vrai
8. Il peut coexister des emplois vacants et du chômage. -> vrai
9. Le chômage keynésien est un chômage volontaire. -> Faux, c’est un chômage involontaire
10. Le salaire minimum crée du chômage. -> Vrai pour les néoclassiques si son niveau est supérieur à la productivité du travailleur, Faux pour les Keynésiens, car il est un revenu qui alimente la demande globale.