Même si "la société moderne est la société du risque" (U. Beck), non seulement tous les individus ne sont pas exposés aux différents risques de la même façon, mais en plus, ils n’adoptent pas tous la même attitude face aux risques.
L’exposition au risque
L’exposition au risque diffère selon deux critères :
- Les caractéristiques intrinsèques des personnes : hérédité, genre, niveau de diplôme, âge… qui peuvent constituer des facteurs aggravant le risque dans certaines circonstances. Par exemple, si le risque de chômage existe dans nos sociétés, on sait bien que le risque lié au chômage diffère selon des paramètres que l’on peut facilement identifier (niveau de diplôme, âge, genre, niveau d’expérience…).
- Les comportements plus ou moins risqués des individus qui peuvent ne pas être délibérés mais contraints (par exemple, l’exercice d’une profession qui conduit l’individu à être davantage exposé). Il s’agit de la conduite à risque.
Tous les individus ne subissent pas le même contexte et donc la même exposition au risque. Ainsi, les sociétés ont pu construire des modèles sociaux différents qui vont également agir sur la perception du risque par les individus : par exemple, la peur de perdre son emploi varie en fonction de l’existence d’un système d’indemnisation des chômeurs ou pas.
L’attitude face au risque
Dans un deuxième temps, l’attitude des individus face au risque diffère. Plusieurs éléments permettent de comprendre ces différences d’attitude :
La perception du risque: La perception d’un risque ne se réduit pas au produit de sa probabilité d’occurrence et de la gravité de ses conséquences, il faut également prendre en compte les dimensions sociales et psychologiques de la perception des risques. Pour comprendre que la perception du risque diffère d’un individu à l’autre, il faut distinguer deux types de risque : le risque objectif et le risque perçu.
- Risque objectif : risque mesurable à l’aide d’indicateurs et d’évaluation régulière, ce risque est calculable
- Risque perçu : vécu par les gens sur le mode de l’émotion.
Le risque perçu peut être supérieur ou inférieur au risque objectif : la perception du risque ne repose pas sur la rationalité mais sur le registre de l’émotion et sur des biais cognitifs.
Plutôt que de perception du risque, il vaudrait donc mieux parler de représentation du risque : les risques sont construits, nous en élaborons des représentations.
L’aversion au risque
L’aversion au risque est une notion relative. Nous sommes tout plus ou moins averses aux risques, c’est une notion subjective, qui relève de la psychologie de l’individu, mais aussi de son état de richesse, du contexte, de l’attitude des autres…Globalement les enquêtes révèlent que les individus préfèrent un gain certain moins élevé à un gain aléatoire plus important.
D’autres enquêtes permettent également de montrer que les individus ne se comportent pas de la même façon face à des gains potentiels ou des pertes potentielles. Les individus sont en moyenne plus averses à un risque de perte qu’à un risque de gain de même montant, c’est l’aversion à la perte. Ainsi, si face à un choix risqué conduisant à des gains, les individus affichent une forte aversion au risque. En revanche, face à un choix risqué conduisant à des pertes, les individus préfèrent le risque.
Les conduites à risque
On constate également que certains individus adoptent des conduites à risques, c’est-à-dire qu’ils optent pour des comportements qui vont mettre en danger leur santé ou leur risque d’accident. Ce type de comportement peut être effectué de manière délibérée ou pas : il y a parfois une méconnaissance des risques encourus par les individus.
D’autres conduites à risque sont prises délibérément par les individus dans une attitude de défi face au risque. Cet individu défiant le risque insouciant est statistiquement plutôt un individu de moins de 25 ans de sexe masculin, lors d’activité sportive, de loisirs ou sur la route.
Documents et exercices :
Document 1. L’aversion au risque
Les économistes ont coutume de dire qu’il n’y a pas de « repas gratuit ». Autrement dit, toute rentabilité élevée d’un placement s’accompagne d’un risque important, et tout placement sûr est assorti d’une faible rentabilité.
Les investisseurs ne sont prêts à prendre plus de risques qu’en échange d’un rendement attendu supérieur. Symétriquement, un investisseur souhaitant améliorer la rentabilité de son portefeuille doit accepter de prendre plus de risques.
Chaque investisseur est plus ou moins « risquophobe », il a sa propre appréciation de l’équilibre « optimal » risque/rendement.
Le comportement vis-à-vis du risque dépend aussi du montant à épargner. Si le montant de l’épargne est important, l’investisseur peut consacrer une partie du montant total à des placements risqués. En revanche, si le niveau de l’épargne est faible, les placements à faible rendement mais sûrs sont à privilégier.
Source : La finance pour tous, décembre 2017
-
Qu'est-ce qu'un individu "risquophobe"?
-
Expliquez le passage en italique
-
Tous les individus ont-ils la même aversion pour le risque ? De quoi dépend-elle?
Voir la correction
1. Qu’est ce qu’un individu « risquophobe » ?
Un individu risquophobe est un individu qui n’aime pas le risque qui a une aversion pour le risque.
2. Expliquez le passage en italique
Le passage souligné montre qu’il existe une prime de risque, c’est à dire que les individus averses au risque accepteront de prendre des risques moyennant une rémunération plus importante. La prime de risque correspond au montant à verser aux individus averses aux risques pour qu’ils acceptent de le prendre. Les investisseurs effectuent donc un arbitrage entre risque et rentabilité.
3. Tous les individus ont-ils la même aversion pour le risque ? de quoi dépend-elle ?
Tous les individus ont une aversion pour le risque mais celle-ci est plus ou moins forte, comme le montre le texte, elle dépend
- de son niveau de richesse (ici d’épargne) : on peut en effet prendre le risque de perdre 100 euros lorsque l’individu a une richesse suffisante, lorsque cela constitue la seule richesse de l’individu, l’aversion au risque sera beaucoup plus marquée.
- de facteurs psychologiques
- l’histoire personnelle de l’individu
- …
Document 2. Le paradoxe de Saint Petersburg
Vidéo : "Would you take this bet ?"
-
L’attitude des individus est-elle rationnelle ?
-
Distinguez aversion au risque et aversion à la perte.
-
Que montre l’expérience par rapport à l’aversion à la perte ?
Voir la correction
1. L’attitude des individus est-elle rationnelle ?
L’attitude rationnelle consisterait ici à prendre les options qui rapportent le plus, c’est-à-dire en appliquant le principe de maximisation. Ce choix optimal se calcule à partir de l’utilité espérée, c’est à dire en multipliant la valeur de chaque option possible pas sa probabilité et en joutant les produits obtenus. L’attitude des individus n’est pas toujours rationnelle car sur certains paris le gain espéré est beaucoup plus élevé que la perte et pourtant les individus ne veulent pas prendre le pari
2. Distinguez aversion au risque et aversion à la perte.
L’aversion au risque correspond à la crainte de supporter un risque. L’aversion à la perte correspond à un biais comportemental qui montre que les individus attachent plus d’importance à une perte qu’à un gain du même montant.
3. Que montre l’expérience par rapport à l’aversion à la perte ?
Quand il est question d’un gain, les individus préfèrent des choix certains et ont une aversion au risque mais quand il est question de perte, les gens préfèrent le risque.
Document 3. Introduction à l’économie comportementale.
http://www.google.fr/url?q=https://sciencetonnante.wordpress.com/2016/09/16/aversion-aux-pertes-effet-de-dotation-et-dependance-a-la-reference/&sa=U&ved=2ahUKEwi3ysL_3K7jAhXF8eAKHR9FChUQFjAKegQIBBAB&usg=AOvVaw22LMTgBHJk5C5JGXymrsh5
1/ Quel paradoxe est mis en évidence en ce qui concerne le billet de concert ?
2/ Qu’est ce que l’effet de dotation ?
3/ Remplissez le tableau suivant correspondant à l’expérience mise en œuvre pour mesurer l’effet de dotation
4/ Montrez en quoi cette expérience conforte l’effet de dotation
5/ Quel est l’élément supplémentaire apporté par la variante de l’expérience ?
6/ Quelles sont les explications apportées par les économistes pour comprendre l’effet de dotation ?
7/ Recensez les exemples permettant d’illustrer l’effet de dotation et l’effet de dépendance
8/ L’individu est-il irrationnel ?
Voir la correction
1/ la place de billet de concert révèle que l’individu n’est pas prêt à payer la place de concert 200 euros estimant que cela est beaucoup trop cher mais n’est pas prêt à vendre la place à 200 euros, estimant que le prix est trop faible!
2/ L’effet de dotation est le fait d’attribuer plus de valeur à une chose si on la possède que si on la possède pas
3/ Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie en 2002) met en place cette expérience :
4/ Ceux qui sont en possession du mug lui attribue plus de valeur que ceux qui ne l’avaient pas
5/ On peut refaire un tableau :
Le second groupe préfère l’argent au mug alors que le premier groupe préfère garder le mug qu’avoir la somme d’argent. L’effet de dotation est donc important.
6/ Deux explications sont apportées par les économistes pour comprendre cet effet de dotation : :
- La perte est toujours plus douloureuse que le gain n’est agréable (c’est l’aversion à la perte)
- L’effet de dépendance : la dépendance à la référence (qui est en général la situation actuelle) conduit à établir des jugements relatifs et non absolus
7/ Différents exemples sont mobilisés pour comprendre ces deux effets :
- Médaille aux jeux olympiques : satisfaction du médaillé de bronze et mécontentement du médaillé d’argent parce que le point de référence est différent pour les deux individus : pour le médaillé de bronze, le point de référence est 4ème et donc il est content et pour l’e médaillé d’argent, le point de référence est la médaille d’or, donc il est déçu.
- Les bonus des salariés : le bonus peut être distribué de deux manières aux salariés soit comme un gain ou comme une perte (le est bonus distribué puis repris si l’objectif n’est pas atteint). Comme l’aversion à la perte est plus forte, la deuxième possibilité est plus efficace du point de vue des résultats.
- Les salaires : l’individu préfère une augmentation de salaire de 2% face à une inflation de 3% qu’une baisse de salaire de 1% face à une inflation nulle (remarque : en toute rigueur, le calcul précis montre que l’augmentation est ici plus intéressante que la perte)
- Inscription à une conférence : les individus ont le choix entre 195$ et réduction de 50$ si inscription avant le 1er mai ou prix de 145$ et pénalité de 50$ si inscription après le 1 er mai. La majorité est plus encline à s’inscrire au plus tôt dans le deuxième cas.
- La détention provisoire incite à plaider coupable ou à dénoncer pour regagner sa liberté : la détention provisoire change le point de référence et donc modifie le comportement de l’individu
- Une remise de 5$ n’est pas perçue de la même façon selon qu’elle soit attachée à un bien
- de 15$ ou à un bien de 120$ (le point de référence est différent)
- L’individu est prêt à repayer sa place à 10 $ si il perd un billet de 10$ mais pas si il perd le ticket d’entrée qui a également une valeur de 10$
- L’individu est prêt à payer 200 $ pour être soigné mais 10000 dollars pour ne pas tomber malade
8/ L’individu subit des biais cognitifs qui influencent effectivement sa prise de décision et deux choix jugés équivalents du point de vue la rationalité ne le seront pas selon les individus.
Document 4. Genre et prise de risque
Les différences d’exposition des hommes et des femmes ne suffisent pas à expliquer les écarts entre sexe dans l’accidentologie : les prises de risque et les infractions aux règles routières expliquent mieux les différences de sexe dans la mortalité routière que le nombre de kilomètres parcourus […]
Les observations en situation naturelle ou en laboratoire montrent que les garçons s’engagent dans des comportements plus risqués que les filles […] Les jeunes conducteurs mâles rapportent plus de comportements risqués au volant […] et plus d’attitudes risquées […]. Ainsi, près d’un-tiers des jeunes hommes prennent des risques pour le plaisir pendant la conduite, près de quatre fois plus que les femmes […]. Le type d’accident lui-même varie en fonction du sexe, les hommes étant davantage impliqués dans des accidents consécutifs à des prises de risque, comme ceux comprenant un dépassement ou une perte de contrôle en courbe […].
De façon générale, cette différenciation sexuée dans la conformité se manifeste déjà dès la petite enfance, les filles étant plus conformes aux demandes et aux exigences des parents, des enseignants et des autres figures d’autorité […].
[L]es différences de sexe dans la conduite sont l’expression de différences dans les rôles de sexe, le rôle féminin étant passif, non compétitif et prudent alors que le rôle masculin est risqueur, compétitif, agressif et non-conforme. Cette interprétation est cohérente avec les normes de sexe à l’égard de la prise de risque […].Les stéréotypes de sexe posent ainsi la prise de risque comme un comportement typiquement masculin
Marie-Axelle Granié. « Genre et rapport au risque dans l’espace routier : de la compréhension au levier pour l’action », Questions Vives, 2013
1/ Quel est l’effet du genre sur la prise de risque ?
2/ Quelles explications permettent de comprendre ces écarts ?
3/ Les hommes sont-ils plus irrationnels que les femmes ?
Voir la correction
1/ Le genre joue un rôle dans la prise de risque puisque l’on constate que les hommes adoptent au volant des comportements plus risqués que les femmes, par exemple, les hommes roulent plus vite ou dépassent plus facilement que des femmes. Cela ne s’explique pas par le nombre de kilomètres parcourus mais par des écarts de comportement.
2/ Ces écarts comportementaux peuvent s’expliquer par des différences de socialisation entre filles et garçons dès le plus jeune âge. Les garçons sont incités dès l’enfance à être plus compétitifs, à adopter des comportements plus risqués que les filles dont on attend davantage de passivité et de douceur. Cette socialisation différenciée est établie de manière plus ou moins consciente par des agents de socialisation (famille, école, groupes de pair…) qui ont intériorisé les rôles masculins et féminins de la société à laquelle ils appartiennent.
3/ La rationalité devrait conduire les individus à adopter le comportement optimal face à chaque situation. Au volant, la rationalité devrait permettre à chaque individu de percevoir correctement les dangers et les risques et donc d’opter pour des comportements plus prudents.
Document 5. Risque objectif et risque subjectif
Le risque objectif renverrait aux menaces, aux dommages corporels, à tous les dangers répertoriables concrètement par des discours, des chiffres ou des statistiques. Il est l’objet de recherches de type descriptif telles que l’épidémiologie, qui s’attache à présenter des taux ou des fréquences d’accidents, de dommages, de mortalité recensés, et qui recherche les facteurs objectifs (le mode de vie, le milieu ambiant ou social, etc.) pouvant contribuer à l’émergence du risque. Le risque subjectif renverrait quant à lui à l’imaginaire, aux phobies, aux craintes de l’individu, et font du concept de risque une notion non pas figée mais construite : il est alors objet de représentation, qui est l’« acte de pensée par lequel l’individu se rapporte à un objet (et qui) comporte une part de re-construction, d’interprétation de l’objet » […]
Reflet de la subjectivité de l’individu, la représentation du risque devient alors un concept central pour aborder les conduites à risque dans une perspective compréhensive. Là où la seule prise en compte de facteurs relatifs à un défaut d’information, à la méconnaissance du risque encouru, ou à un défaut de raisonnement ne permet d’attribuer qu’irrationalité et dérèglement aux conduites à risque des individus, [on peut montrer] que la notion de représentation redonne du sens et de la rationalité aux comportements. Quand un individu se représente un risque, il ne se contente pas de le percevoir mais l’assimile à son schéma de pensées, à ses croyances, à ses valeurs ou celles de son groupe social, afin de donner de la cohérence entre ses pensées et ses actes passés ou à venir.
Cécile Martha, « Etude du sens des conduite à risque actuelle », Sociétés, 2002/3, N°77
1/ Qu’est ce qui distingue le risque objectif et le risque subjectif ?
2/ Donnez un exemple de situation où le risque subjectif est supérieur au risque objectif.
3/ Donnez un exemple de situation où le risque subjectif est inférieur au risque objectif.
4/ En quoi peut-on dire que le risque résulte d’une construction sociale ?
Voir la correction
1/ Le risque objectif est celui que l’on mesure statistiquement grâce à l’expérience passée et à la prise en compte des facteurs de risque.
Le risque subjectif est le risque perçu par l’individu, ce risque subjectif repose sur des facteurs psychologiques, des biais cognitifs. Ce risque subjectif est propre à chaque individu. Il ne s’appuie donc pas forcément sur des critères scientifiques mais sur du vécu, du ressenti. Les facteurs cognitifs jouent un rôle dans la formation des croyances individuelles. Les effets de dotation, de dépendance peuvent influencer l’évaluation du risque subjectif. Les travaux en économie comportementale ont également montré que les individus ont tendance à surestimer des événements à faible probabilité.
2/ Le risque subjectif peut être supérieur au risque objectif, c’est le cas par exemple pour certaines campagnes de vaccination. On peut penser à l’hiver 2009-2010, pour faire face au virus de la grippe aviaire (virus H1N1), les pouvoirs publics ont proposé rapidement et à grande échelle un vaccin sur le marché. Peu de Français ont accepté de se vacciner, estimant que ce vaccin, mis sur le marché trop rapidement, présentait des risques importants d’effets secondaires.
3/ Le risque subjectif peut être inférieur au risque objectif par exemple lors de l’explosion de la centrale de Tchernobyl, les habitants de Pripiat, ville la plus proche de la centrale sont sortis observer les événements sans avoir conscience du danger.
4/ Le risque résulte d’une construction sociale car il est évalué en fonction d’un contexte historique et sociologique donné. L’évaluation des risques, objectifs et subjectifs, évoluent au cours du temps, en fonction des données scientifiques, des connaissances des individus, des outils de mesure, mais aussi des événements.
Document 6. Les conduites à risque
La prolifération des facteurs de risque en général et des conduites à risque en particulier est favorisée par le fait qu’un résultat statistique suffit à « découvrir » un facteur de risque, sans qu’il soit nécessaire pour cela d’avoir compris comment ce facteur agit sur la santé. Cette prolifération est facilitée par des méthodes d’analyse qui traquent ces facteurs tous azimuts grâce à la puissance des outils informatiques. Par exemple, lorsqu’une étude épidémiologique est menée en vain pour établir une relation statistique entre cancer du pancréas et usages du tabac et de l’alcool, il est toujours possible d’explorer de façon systématique les liens possibles entre ce cancer et les autres données collectées, jusqu’à débusquer une relation avec la consommation de café et conclure que plus d’un cancer du pancréas sur deux serait imputable au café. Boire du café est devenu une conduite à risque pour le cancer du pancréas, mais sans que l’on sache pourquoi.
Patrick Peretti-Watel et Jean- Paul Moatti,
Le principe de prévention, La république des idées, Seuil, 2009
1/ Qu’est ce qu’un facteur de risque ? Comment est il découvert ?
2/ Qu’est ce qu’une conduite à risque ?
3/ Peut-on facilement distinguer une conduite à risque d’une conduite adaptée ?
4/ Peut-on dire que si un individu est risquophile, il adoptera des conduites à risque ?
Voir la correction
1/ Un facteur de risque est un élément qui vient accroitre la probabilité d’un risque. Il est découvert par des travaux scientifiques et les outils informatiques qui permettent de croiser des données.
2/ Une conduite à risque c’est l’adoption d’un comportement (effectué de manière consciente ou inconsciente) qui contribue à accroitre le risque pour un individu.
3/ Si boire du café est reconnu comme un facteur de risque alors boire du café devient une conduite à risque et pourtant tous les buveurs de café ne cherchent pas forcément à dépasser leurs limites. La plupart de nos actes, même les plus anodins sont des conduites à risque. Par exemple manger de la viande grillée au barbecue accroit le risque de cancer.
4/ Un individu qui aime le risque pourra adopter des conduites à risque face à des placements financiers, à des activités de loisirs, de sport…mais cela ne signifie pas pour autant que toutes ses conduites à risque soient mises en œuvre par goût du risque car l’individu peut adopter des conduites à risque sans le savoir, ou tout simplement parce que cette conduite lui apporte une satisfaction plus importante que la prise de risque.
Document 7 : les risques liés au coronavirus
Des inégalités d’exposition qui se cumulent souvent
Le risque de contamination a été plus élevé dans certains emplois, exposés au contact avec les malades (personnel soignant, majoritairement féminin, et relativement âgé pour les médecins) ou en contact avec le public et dont l’activité a été maintenue en présentiel. Cela concerne en premier lieu le secteur de la santé et action sociale, mais aussi ceux de l’industrie agroalimentaire, du commerce et de l’industrie. Lorsque leur activité était maintenue, la quasi-totalité des ouvriers et les trois quarts des employés ont été contraints de travailler en dehors de chez eux ; par contraste, c’était seulement le cas d’un tiers des cadres. Cette inégalité face au télétravail s’est souvent cumulée avec le fait de devoir se déplacer en transports en commun, car les ouvriers et employés habitent plus souvent que le restant de la population en zone périurbaine. Les conditions de vie et la promiscuité accentuent le risque de contamination pour les personnes vivant dans des logements collectifs, en établissements fermés et dans des logements surpeuplés. L’accès aux mesures de protection dépend quant à lui des conditions matérielles, mais aussi des comportements préventifs, dont il est établi dans la littérature qu’ils sont inégalement adoptés dans la population. (…)
Développer une forme grave de la maladie : un risque marqué par un gradient social
Les premières analyses menées par la DREES sur les données médico-administratives et les enquêtes de santé indiquent qu’au-delà du facteur lié à l’âge, les comorbidités sont inégalement reparties sur le territoire : dans les Hauts-de-France, la Normandie, le Grand-Est, la Réunion et la Corse (et dans une moindre mesure dans les départements du Centre et du pourtour méditerranéen), la population est plus atteinte par les pathologies susceptibles de conduire à des formes graves de Covid-19. Les cadres, les professions intermédiaires et les agriculteurs y sont moins exposés que les employés et les ouvriers. Les personnes appartenant au cinquième de la population ayant les revenus les plus faibles ont, toutes choses égales par ailleurs, une fois et demie plus de risques d’avoir une de ces comorbidités que les personnes appartenant au cinquième de population ayant les revenus les plus élevés. Ces inégalités sont les plus fortes pour l’obésité, mais elles s’observent aussi pour les autres pathologies facteurs de vulnérabilité face au Covid-19.
Les disparités territoriales de surmortalité relevées par l’Insee, qui indiquent non seulement que le Grand-Est et l’Ile-de-France sont les régions les plus touchées, mais aussi que l’excédent de mortalité n’est pas homogène à l’échelle infrarégionale (avec les excès de mortalités départementales les plus élevés à Mayotte et en Seine- Saint Denis, et communales à Saint-Denis, Mulhouse, Strasbourg, Argenteuil, Paris et Montreuil) doivent aussi s’analyser en prenant en compte les inégalités sociales qui les sous-tendent.
Dossier coordonné par Claire-Lise Dubost, Catherine Pollak, et Sylvie Rey , « Les inégalités sociales face à l’épidémie de Covid-19 », Les dossiers de la DREES n° 62, juillet 2020,
Questions :
1/ Quels sont les facteurs aggravants le risque lié au coronavirus ? Distinguez les variables liées aux caractéristiques intrinsèques des individus et les conduites à risque.
2/ Comment expliquer que la PCS joue un rôle face aux vulnérabilités liées au coronavirus ?
3/ Pourquoi observe-t-on des disparités géographiques ?
Voir la correction
1/ Les caractéristiques intrinsèques des individus conduisant à accroitre les risques liés au coronavirus sont l’âge, les comorbidités…
Les conduites à risques indiquées dans le texte correspondent à l’emploi occupé, aux conditions de travail, de déplacement, de logement, de ressources… De nombreuses conduites à risques sont donc contraintes.
2/ Certaines PCS sont davantage en contact avec des malades et du public et donc plus exposées.
Les cadres et Professions intellectuelles supérieures ont pu, plus que les ouvriers ou les employés, bénéficier du télétravail et ne pas utiliser les transports en commun et donc ont pu être mieux protégées.
Les conditions de vie, fortement corrélées aux niveaux de rémunération et donc aux PCS expliquent également les inégalités face aux risques liés à cette pandémie.
3/ Les disparités géographiques s’expliquent souvent par le fait que ces zones regroupent des individus issus des milieux les plus fragiles (soit des populations plus âgées que la moyenne, soit des populations plus défavorisées que la moyenne)
Exercice 1. Indiquez si les propositions suivantes sont vraies ou fausses :
Indiquez si les propositions suivantes sont vraies ou fausses :
-
La perception du risque est la même pour tous les individus d’une société donnée.
-
Nous sommes tous égaux face aux risques
-
Tout le mode a une aversion pour le risque
-
Avoir une conduite à risque est irrationnelle
-
Les conduites à risques varient avec l’âge.
Voir la correction
1/ Faux car la perception des risques est subjective
2/ Faux, compte tenu de multiples facteurs (genre, âge, …) l’exposition au risque varie
3/ Vrai, tout le monde a une aversion pour le risque, néanmoins cette aversion est plus ou moins marquée
4/ Vrai mais il est parfois difficile de modifier ses comportements parce que ceux-ci résultent d’une socialisation, d’une addiction…nous ne sommes pas des homo-oeconomicus.
5/ Vrai, les jeunes sont souvent plus disposés à prendre des risques.
Exercice 3. Aversion au risque et économie expérimentale
Pour mesurer l’aversion au risque les économistes utilisent un protocole expérimental qui se présente comme un enchainement de choix de loteries.
« la méthode d’évaluation de l’attitude face au risque proposé (…) repose sur deux loteries binaires : la loterie A dont l’étendue des conséquences est faible (40 dollars ou 32 dollars) et la loterie B (77 dollars ou 2 dollars) dont l’étendue des conséquences contient celle de la loterie A. La méthode consiste à accroitre la probabilité du gain élevé pour les deux loteries simultanément afin de déterminer la décision pour laquelle le choix du sujet « bascule » de la loterie A (la loterie sûre) vers la loterie B (la loterie « risquée »)
D’après ce tableau, il est clair que l’individu neutre au risque passe de la loterie A à la loterie B dès le choix 5 alors que l’individu averse au risque ne « bascule « qu’au choix 7 ».
D’après Nicolas Eber, Marc Willinger, l’économie expérimentale, La découverte, 2012.
-
Qu’est ce que l’économie expérimentale ?
-
Pourquoi les individus averses au risque « basculent-ils » plus tard ?
-
Faites le test pour votre classe et évaluez l’aversion au risque des individus de votre classe.
Voir la correction
1/ L’économie expérimentale vise à mener des expérimentations comme on le ferait en laboratoire en comparant un échantillon test et un échantillon témoin. L’objectif est de faire varier certains paramètres de l’échantillon test afin d’observer les variations de comportements des individus.
2/ Les individus averses aux risques vont préférer des gains inférieurs mais certains (c’est ce qu’offre la loterie A) plutôt que des gains plus élevés mais aléatoires (loterie B). A partir du choix 7, la probabilité d’obtenir un gain plus élevé devient suffisante (70%) pour rassurer des individus averses au risque.
Exercice 4. aversion au risque et aversion à la perte
« Prenons ces deux problèmes :
Problème 1 : Que choisissez-vous ?
Vous êtes sûr d’obtenir 900 euros (choix A), ou vous avez 90% de chances de toucher 1000 euros (choix B)
Problème 2 : Que choisissez-vous ?
Vous êtes sûr de perdre 900 euros (choix A), ou vous avez 90% de chances de perdre 1000 euros (choix B)».
Posez ces questions autour de vous et notez les réponses obtenues sous la forme d’un tableau :
1/ Quel est le choix majoritaire du problème 1 ?
2/ Quel est le choix majoritaire du problème 2 ?
3/ Que montre cette expérience ?
Voir la correction
1/ Face au problème 1, comme la grande majorité des gens éprouve une aversion au risque, le choix majoritaire va être le gain certain de 900 euros.
2/ Face au problème 2, comme la grande majorité des gens éprouve une aversion à la perte, le choix majoritaire sera plutôt pour le choix B. Dans ce cas là, la certitude la perte est repoussée et incite les individus à accroitre le risque.
3/ Cette expérience révèle que face à un gain, les individus éprouvent une aversion au risque, mais face une perte, l’aversion à la perte est telle que les individus son prêts à prendre des risques pour éviter une perte.
Exercice 5. Sommes nous tous égaux face au risque du chômage ?
-
Quelles sont les variables qui influencent le taux de chômage ?
-
Comparez à l’aide d’un calcul approprié le taux de chômage des sans diplôme avec le taux de chômage des diplômés de bac+2 ou plus.
-
Dressez à partir de ces documents, le portrait type de la personne exposée au risque du chômage
-
Dressez, à partir de ces documents, le portrait type de la personne la plus protégée par rapport au risque du chômage.
-
Montrez que nous ne sommes pas égaux face au risque du chômage
Exercice 6. Représentation de l’aversion au risque et de l’aversion à la perte.
1/ Que montre la comparaison du point A et du point B ?
2/ Que montre la comparaison du point A et du point C ?
3/ Que montre la comparaison du point B et du point D ?
Voir la correction
1/ La comparaison du point A et du point B montre qu’un gain de 100 euros apporte un supplément de satisfaction à l’individu (point A) qui est plus faible en valeur absolue que la perte de satisfaction liée à une perte de 100 euros (point B): c’est l’aversion à la perte.
2/ La comparaison du point A et du point C montre que la valeur psychologique des gains est une fonction croissante à taux décroissant, conformément à la théorie de l’utilité marginale : chaque gain supplémentaire apporte une satisfaction de plus en plus faible à l’individu. La forme de la partie verte de la courbe confirme donc l’aversion au risque des individus quand il est question de gains. Les individus préfèrent des gains certains à des gains risqués, même s’ils sont équivalents en moyenne.
3/ La comparaison du point B et du point D montre que dans un premier temps, chaque perte entraine une valeur psychologique négative de plus en plus forte à l’individu. Cette partie rouge de la courbe correspond à l’aversion à la perte des individus et révèle que face à une perte les individus dans l’espoir de minimiser leurs pertes, sont prêts à prendre des risques.
Exercice 7 : la défiance face au risque
Questions :
1/ Les manifestant qui refusent de porter le masque sont-ils inconscients des risques ?
2/ Quels sont les arguments mobilisés par les manifestants contre le port du masque ?
Voir la correction
1/ Les individus qui refusent de porter le masque peuvent être
-
des individus qui sous estiment le risque
-
des individus qui savent parfaitement que le risque encouru est faible compte tenu de leur âge et de leur état de santé.
-
Des individus qui estiment que nous n’en savons pas assez sur cette maladie pour prendre des mesures aussi contraignantes.
-
…
2/ Dans le monde occidental en particulier, de nombreuses manifestants récalcitrants au port du masque se sont opposées aux mesures imposées par les gouvernements au nom de la liberté individuelle. Les gouvernements ont pris des mesures plus ou moins contraignantes pour endiguer la pandémie, les représentations du risque diffèrent d’une société à l’autre mais aussi d’un individu à l’autre. La représentation du risque est bien une construction sociale.