La monnaie fait partie de notre vie quotidienne et nous l’utilisons de manière spontanée à travers différents supports, sans nous poser la question de son existence.
Pourtant, si l’on imagine une économie sans monnaie, le troc devient le seul moyen d’échanger ce que nous produisons contre ce que les autres produisent. Comment échanger des cours de sciences économiques et sociales contre une voiture par exemple ? La double coïncidence des désirs est particulièrement difficile à envisager. Ainsi la monnaie rend possible et facilite l’échange commercial. Elle a permis l’approfondissement de la division des tâches, chacun pouvant se consacrer à des activités très différenciées et complémentaires. Chaque agent économique est donc amené à accepter la monnaie en échange de son activité productive car il est possible de se procurer l’ensemble des richesses produites par les autres agents économiques de sorte à satisfaire ses propres besoins.
Une première approche de la définition de la monnaie consiste donc à en cerner les fonctions économiques. Elle est unité de compte, instrument de paiement et réserve de valeur. En tant qu’unité de compte, elle réduit considérablement le nombre de rapports d’échange, c’est-à-dire de prix relatifs (prix d’un bien exprimé en la quantité d’un autre). Pour une économie de troc de 5 biens, il faudrait établir 10 prix mais pour 1000 biens, il faudrait établir 499 500 prix. Dans une économie monétaire, le nombre de prix à déterminer est égal au nombre de biens présents dans ladite économie. En ce sens encore, elle facilite les échanges marchands. Elle rend les comparaisons possibles. En tant qu’intermédiaire des échanges, elle est considérée comme l’ « équivalent général », c’est-à-dire comme le bien échangeable contre tous les autres. Elle peut éteindre une dette instantanément et définitivement. On dit qu’elle a un pouvoir libératoire illimité. Enfin, comme réserve de valeur, elle donne la possibilité de transférer la richesse dans le temps, tout en gardant sa liquidité c’est-à-dire son pouvoir libératoire de toute dette immédiatement.
On peut également essayer de mieux cerner ce qu’est la monnaie au travers de l’examen des différentes formes qu’elle a pris dans l’histoire. En effet, son existence est très ancienne. Les sociétés ont monétisé c’est-à-dire choisi comme monnaie des marchandises très diverses : Plumes, coquillages (cauris par exemple), bétails, colliers, barres de sel (Baruyas), rochers (Ile de Yap)… mais surtout l’or, l’argent, le cuivre, le bronze… autant d’éléments qui étaient, en eux-mêmes, des marchandises pour ces sociétés, c’est-à-dire des biens ayant une valeur et une utilité autre que celles de monnaie, mais auxquelles ces sociétés avaient choisi de donner un rôle particulier. Ce faisant, elles ont monétisé ces marchandises ; elles les ont donc transformées et légitimées comme monnaie. Ainsi, la monnaie n’existe-t-elle pas à l’état naturel. C’est une création humaine, une convention.
Le métal précieux, du fait de ses qualités d’inaltérabilité et de divisibilité, a longtemps été privilégié ; c’est la monnaie métallique. Celle-ci est une monnaie-marchandise en ce que le support monétaire (le métal précieux pour une monnaie métallique) a une valeur équivalente à la valeur des biens et services qu’il est possible d’acquérir. On dit que sa valeur intrinsèque est quasiment égale à sa valeur faciale. C’est tout particulièrement vrai pour les métaux précieux tels que l’or, l’argent, le cuivre ou le bronze. C’est d’ailleurs le fait que le support monétaire ait autant de valeur que la monnaie elle-même qui fonde la confiance que les agents ont dans leur utilisation et leur acceptation de cette monnaie.
Cependant, à partir du moment où les économies se sont élargies et ont cru plus rapidement, il est devenu difficile de trouver suffisamment de ces marchandises spécifiques ou en tout cas, d’en trouver une qui pourrait croître aussi vite que la production des richesses. Or, l’insuffisance de monnaies limite la croissance et peut engendrer des déséquilibres. Il a donc fallu trouver autre chose pour fonder la monnaie dans des économies modernes et donc monétiser autre chose, quelque chose dont la quantité ne viendrait pas limiter la production de richesses et les échanges. Le système mis en place a donc consisté à monétiser les créances. Un crédit n’est pas de la monnaie en soi. Il le devient lorsque nous décidons collectivement d’en faire de la monnaie. La monnaie devient donc une dette (puisqu’elle résulte de la monétisation d’une créance) qui permet de s’acquitter de toutes les autres dettes (c’est-à-dire de réaliser des paiements). De monnaie marchandise, la monnaie devient monnaie de crédit.
Les pièces que nous utilisons aujourd’hui sont appelées monnaie divisionnaire. Elles ne doivent pas être confondues avec la monnaie métallique qui était faite avec des métaux précieux. En effet, cette dernière procède de la monétisation de métal précieux. La monnaie divisionnaire procède de la monétisation de créances. La base qui les fonde n’est pas la même. Aujourd’hui, les monnaies métalliques n’existent plus parce que les métaux précieux, et en particulier l’or, ont été démonétisés. De même, les billets, appelés monnaie fiduciaire, procèdent également de la monétisation d’une dette. Ils ne sont plus les certificats de convertibilité en or qu’ils étaient au début de leur utilisation, qui étaient de simples contreparties de l’or. Monnaie divisionnaire et monnaie fiduciaire sont le résultat d’une monétisation de dettes sur la banque centrale. Nous y reviendrons. Mais la monnaie la plus utilisée de nos jours est la monnaie scripturale. Cette forme de monnaie est constituée à partir d’écritures sur les comptes bancaires des ANF, comptes qu’ils détiennent dans les banques commerciales, appelées aussi banques de second rang, lorsqu’ils réalisent des virements de compte à compte ou que ces banques leur accordent un crédit.
Avec le passage de la monnaie-marchandise à la monnaie de crédit, c’est le fondement de la confiance dans la monnaie et son usage qui s’est transformée. La première s’appuyait sur la valeur intrinsèque de la monnaie, celle-ci étant elle-même fondée sur une convention, un accord à l’échelle de la société selon lequel cette marchandise a de la valeur et ne peut être refusée tandis que la seconde est fondée sur la confiance dans le dispositif politique et institutionnel mis en place pour encadrer l’émission et le fonctionnement du système bancaire. Les monnaies de crédit ont pour caractéristique d’avoir une valeur intrinsèque quasiment nulle donc très inférieure à leur valeur faciale. Donc pour que cette monnaie circule alors qu’elle n’a plus de valeur en elle-même, il faut qu’elle fasse l’objet d’une forte confiance des agents économiques dans sa stabilité et dans sa pérennité.
Le passage de la monnaie marchandise à la monnaie de crédit se caractérise par un processus de dématérialisation. Progressivement le support matériel s’allège puis disparaît pour ne laisser place qu’à des écritures sur les livres de compte des banques. La monnaie scripturale, qui représente aujourd’hui 95% des paiements réalisés en France, n’a en fait aucune consistance : elle a donc besoin de supports pour circuler, supports avec lesquels il ne faut pas la confondre : chèques, virements, paiements par cartes, prélèvements automatiques… ne sont pas de la monnaie scripturale, ils ne sont que des outils qui permettent aux ANF de faire circuler la monnaie scripturale qu’ils détiennent sur leurs comptes dans les banques vers les comptes d’autres ANF, c’est-à-dire de réaliser des paiements.
Mais la monnaie, quelle que soit sa forme, n’a pas que des fonctions économiques. Elle recèle une forte dimension sociale. Les sociologues nous apprennent que l’usage que les individus font de l’argent est souvent déterminé par son origine. Autrement dit, selon qu’il a été gagné par le travail ou dans le cadre d’une activité illégale ou encore hérité, offert en cadeau… il ne sera pas dépensé de la même façon. La monnaie a aussi une dimension politique et symbolique. Aglietta et Orléan mettent en évidence qu’elle a permis et permet encore d’exorciser la violence inhérente à toutes les sociétés. Elle remplace le vol et pacifie les échanges.
La construction européenne, qui remonte à l’après seconde guerre mondiale, s’est largement appuyée sur la mise en œuvre d’une monnaie unique à partir de la fin des années 1990, pariant sur le fédéralisme monétaire plus que sur le fédéralisme politique. En effet, la monnaie unique devait permettre la mise en cohérence d’un vaste marché à partir des trois fonctions économiques de la monnaie mais aussi la consolidation d’une identité européenne et d’un sentiment d’appartenance à cet ensemble. La mise en œuvre de l’euro est une expérience originale et inédite : quelques pays décident d’abandonner leur monnaie nationale et donc de renoncer à leur souveraineté monétaire pour adopter une monnaie commune et unique. Cependant l’absence d’abandon de souveraineté dans les autres domaines pose le problème de la confiance et de la capacité à faire face aux chocs économiques inévitables. C’est pourquoi l’euro connait des crises régulièrement. Cet écueil a été souligné dès le début de cette expérience. Récemment, la crise des dettes souveraines et le Brexit en sont des manifestations.
Documents et exercices
Document 1. Monnaie
Lorsque vous rentrez dans un restaurant pour commander un repas, vous recevez quelque chose qui a de la valeur : le plaisir de la dégustation associé à l’agrément de dîner dans un environnement plaisant et le fait d’être servi. Pour payer pour cette prestation, vous tendez peut-être au restaurateur plusieurs morceaux de papier colorés portant des symboles étranges, des monuments, des cartes d’Europe (ou même le portrait d’un monarque). Vous pouvez alternativement lui tendre une carte rectangulaire en plastique sur laquelle est incrustée une bande magnétique ou même une puce électronique qu’il vous rendra plus tard. Enfin, il est aussi possible que vous lui donniez un morceau de papier avec le nom de votre banque et votre signature. Que vous payiez en liquide, par carte de paiement ou par chèque, le restaurateur est content de travailler dur pour satisfaire vos envies gastronomiques soit en échange de morceaux de papier qui n’ont pas de valeur intrinsèque, ou bien en échange de la détention temporaire de votre carte en plastique. Pour quelqu’un qui a vécu dans une économie moderne, cette coutume sociale n’est pas du tout étrange. Bien que la monnaie-papier n’ait pas de valeur intrinsèque, le restaurateur est confiant du fait que, dans le futur, une troisième personne l’acceptera en échange de quelque chose qui a de la valeur pour lui. Et cette troisième personne fait confiance à une quatrième personne pour l’accepter, qui sait aussi qu’une cinquième personne l’acceptera, etc. Pour le restaurateur et pour les autres membres de la société, vos liquidités représentent un droit sur les biens et services futurs (…) La coutume sociale de l’utilisation de la monnaie pour solder les transactions est extraordinairement utile dans une société vaste et complexe. Imaginez un instant qu’il n’y ait rien dans l’économie qui soit accepté en échange de biens et services. Les individus seraient obligés de recourir au troc – à l’échange d’un bien ou service contre un autre bien ou service – afin d’obtenir ce dont ils ont besoin. Pour que l’on vous serve votre repas, par exemple vous devez donner au restaurateur quelque chose qui a une valeur immédiate. Vous pourriez par exemple faire la vaisselle, nettoyer sa voiture ou bien lui donner la recette secrète du plat favori de votre famille. Une économie qui repose sur le troc aura des difficultés à allouer les ressources efficacement. Dans une telle économie, l’échange nécessite la double coïncidence des besoins – l’improbable concordance des désirs des deux parties de l’échange. L’existence de monnaie facilite le commerce (…). A mesure que la monnaie passe d’une personne à l’autre dans l’économie, elle facilite la production et l’échange commercial, permettant à chacun de se spécialiser dans ce qu’il ou elle fait le mieux, ce qui fait augmenter le niveau de vie de tous.
Gregory N. Mankiw, Mark P. Taylor, Principes de l’économie, De Boeck, 2010.
Questions :
1) Pourquoi un commerçant accepte-t-il, en échange du bien ou du service que vous lui achetez, du papier-monnaie qui n’a aucune valeur intrinsèque ?
2) Quel est le principal avantage de l’existence de la monnaie ?
3) Expliquez la dernière phrase du texte.
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- Parce qu’il sait pouvoir l’utiliser pour acquérir les biens et services dont il a besoin. La monnaie lui permet d’échanger plus facilement les biens et services qu’il produit contre des biens et services produits par d’autres et dont il a besoin.
- L’utilisation de la monnaie ne rend pas indispensable la double coïncidence des besoins (« l’improbable concordance des désirs des deux parties de l’échange »).
- La monnaie, en facilitant les échanges, rend possible la spécialisation de chacun dans la production de biens ou services. La division du travail peut alors s’approfondir.
Document 2. Les fonctions de la monnaie
La monnaie est l’un des instruments les plus utilisés dans notre vie quotidienne. En effet, dans une économie d’échange complexe et décentralisée comme la nôtre, la monnaie remplit une triple fonction de calcul économique, de paiement et de réserve de valeur.
La monnaie sert, en premier lieu, à évaluer le prix de tous les biens, c’est une unité de compte qui permet de mesurer la valeur de biens hétérogènes. Elle ramène les multiples évaluations possibles d’un bien en termes d’autres biens (prix réels ou relatifs) à une seule évaluation en monnaie (prix nominal ou absolu). L’utilisation de la monnaie permet une économie d’information et de calcul, grâce à la simplification du système de prix.
La monnaie est ensuite un bien directement échangeable contre tous les autres biens, un instrument de paiement qui permet d’acquérir n’importe quel bien ou service, y compris le travail humain. On dit qu’elle est un « équivalent général ». C’est, en effet, un instrument admis partout et par tout le monde, en toutes circonstances, et dont le simple transfert entraîne de façon définitive l’extinction des dettes. Nos économies sont monétaires dans la mesure où les produits ne s’échangent pas contre des produits, mais contre de la monnaie qui, à son tour, s’échange contre des produits. Cela suppose évidemment qu’il existe un consensus social et la croyance que l’on peut obtenir à tout moment n’importe quel bien en échange de monnaie. Cette confiance peut être renforcée par l’autorité de l’État et de la banque centrale qui oblige l’ensemble des acteurs économiques à accepter la monnaie en lui donnant un pouvoir libératoire et légal. […]
La monnaie, enfin, est une réserve de valeur, elle est une des formes de la richesse — un actif de patrimoine — qui présente la particularité de pouvoir à la fois être conservée et rester parfaitement liquide, c’est-à-dire de garder sa valeur et d’être immédiatement utilisable pour l’échange de biens et services.
D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017
1) Quelles sont les trois fonctions traditionnelles de la monnaie ?
2) Qu’est-ce qu’une économie dans laquelle « les produits s’échangent contre des produits » ?
3) Soit une économie de troc à 5 biens ou services. Combien de prix doit-on établir ?
4) Même question pour une économie monétaire.
5) Pourquoi dit-on que la monnaie est « un équivalent général » ?
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1) Quelles sont les trois fonctions traditionnelles de la monnaie ?
Unité de compte / instrument de paiement / réserve de valeur
2) Qu’est-ce qu’une économie dans laquelle « les produits s’échangent contre des produits » ?
C’est une économie de troc. A l’opposé des économies de troc, on trouve les économies monétaires.
3) Soit une économie de troc à 5 biens ou services. Combien de prix doit-on établir ?
Dans une économie de troc, les produits s’échangent contre des produits. Il faut donc établir autant de prix qu’il y a de possibilités d’échange.
Il est donc nécessaire dans ce cas d’établir 10 prix (il y a 10 relations entre les 5 points). Ces prix sont des prix relatifs puisqu’ils expriment le prix de chaque bien par rapport à chacun des autres biens.
Pour 6 biens, il faudrait établir 15 rapports d’échange et pour 10 biens, 45. Plus généralement, pour n biens, il faudrait établir prix relatifs (ou rapports d’échange). Pour 1000 biens, il faudrait donc , ce qui risque de devenir ingérable.
4) Même question pour une économie monétaire.
Dans une économie monétaire, les choses sont plus simples avec une unité de compte :
Pour 5 biens, il faut 5 prix et pour 1000 biens, il faut 1000 prix. Plus généralement, pour n biens, il faut n prix.
5) Pourquoi dit-on que la monnaie est « un équivalent général » ?
« C’est, en effet, un instrument admis partout et par tout le monde, en toutes circonstances, et dont le simple transfert entraîne de façon définitive l’extinction des dettes. ». Il est possible d’obtenir n’importe quel bien en échange de monnaie.
Document 3. Forme de monnaie
Historiquement, de nombreux objets ont été utilisés en tant que monnaie, y compris les pièces d’or et d’argent, des plumes, des coquilles et des colliers, ainsi que, sur l’île de Yap, de grands rochers impossibles à déplacer. Avant l’utilisation des pièces métalliques, le cowrie, un genre de coquillage du Pacifique Sud, était de loin la forme de la monnaie la plus commune. Les cowries étaient utilisées comme monnaie dans certaines zones de l’Afrique, jusqu’à très récemment, et étaient officiellement acceptés pour le règlement des impôts en Ouganda jusqu’au début du XXème siècle.
Robert H. Frank, Ben S. Bernanke, Principes d’économie, 4ème edition, Economica, 2009.
Source : Citéco, https://www.citeco.fr/10000-ans-histoire-economie/aux-origines/les-cauris-une-monnaie-de-coquillages
Relevez les différentes formes concrètes que la monnaie a pris dans l’Histoire.
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Plumes, coquillages (cauris par exemple), colliers, barres de sel (Baruyas), rochers (Ile de Yap)… mais surtout pièces d’or, d’argent, de cuivre, de bronze …
Document 4. Les formes historiques de la monnaie
Les premières formes de monnaie seraient apparues cinq mille ans avant notre ère. Au départ, la monnaie a pris la forme de biens ayant une valeur intrinsèque : c’est la monnaie-marchandise. Si l’on met à part les monnaies primitives (coquillages, étoffes, ou bétail qui se disait pecus en latin, ce qui a donné le mot « pécuniaire »), les monnaies-marchandises ont été constituées, dès la plus haute Antiquité, par des métaux précieux. […]
Les monnaies métalliques furent peu à peu frappées d’une inscription [valeur faciale] indiquant le poids de la pièce. La valeur de la pièce en unités de compte est fixée par son poids en métal. La fiabilité du système de paiement est garantie par la pérennité du métal. L’objectif des systèmes monétaires métalliques est de garantir la stabilité de la monnaie contre l’arbitraire politique en imposant des règles concernant la définition et l’usage de celle-ci. En France, [dans] le système de l’étalon-or, qui a disparu à la suite de la guerre de 1914, l’or circulait sous forme de lingots et de pièces d’or qui ont un pouvoir libératoire illimité, c’est-à-dire que ces instruments métalliques étaient acceptés pour payer toutes les transactions ; le franc, comme toutes les grandes monnaies (livre, dollar), était défini par un certain poids d’or, ce qui facilitait les rapports de change entre monnaies. […] Ainsi, sans être la forme exclusive de la circulation monétaire, l’or était-il la base du système monétaire international. L’abandon du rôle monétaire des pièces d’or fut décidé en France en 1914. Les pièces furent échangées contre des billets. […] La crise de 1929 et ses suites ont contraint l’ensemble des pays à abandonner toute convertibilité en or. L’or a continué de jouer un rôle monétaire à l’échelle internationale, la valeur du dollar étant définie au taux de 35 dollars l’once d’or (31 grammes) dans le cadre du régime de l’étalon de change-or (gold exchange standard) institué par les accords de Bretton Woods en 1944. Même si les banques centrales conservent de l’or dans leurs réserves de change, la démonétisation de l’or au niveau international est effective en 1976, lorsque toute référence à l’or est supprimée dans les statuts du Fonds monétaire international.
D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017
Questions :
1) Distinguez « valeur faciale » et « valeur intrinsèque » d’une monnaie ?
2) Qu’est-ce qu’une monnaie-marchandise ?
3) Qu’est-ce qu’une monnaie métallique ? Cela existe-t-il encore ?
4) Quels sont les avantages des monnaies métalliques ?
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1) Distinguez « valeur faciale » et « valeur intrinsèque » d’une monnaie ?
Valeur faciale = ce qui est écrit sur la pièce ou le billet, c’est-à-dire ce que l’objet-monnaie permet d’acheter.
Valeur intrinsèque = valeur réelle de l’objet-monnaie lui-même. Par exemple, la valeur intrinsèque d’une pièce d’or est la valeur de l’or dont elle est constituée.
2) Qu’est-ce qu’une monnaie-marchandise ?
Une monnaie-marchandise est une monnaie ayant une valeur intrinsèque.
3) Qu’est-ce qu’une monnaie métallique ? Cela existe-t-il encore ?
Ce sont des pièces en métaux précieux qui sont utilisées comme monnaie dans les échanges. Ces pièces existent mais ne sont plus de la monnaie ; ce sont des objets de collection. Dans les derniers temps des monnaies métalliques, l’or était central. Depuis 1976, l’or est démonétisé, ce qui signifie que les pièces d’or ne sont plus de la monnaie.
4) Quels sont les avantages des monnaies métalliques ?
Le métal est durable, inaltérable, et il est divisible à l’infini quasiment, ce qui permet de créer des supports de petite ou de grande valeur.
Document 5. Monnaie marchandise ou monnaie de crédit ?
La monnaie marchandise
Typiquement, la monnaie marchandise est caractérisée par le fait que le support monétaire présente une valeur intrinsèque égale à sa valeur monétaire [ou valeur faciale]. Elle est généralement considérée comme la forme la plus « primitive » ; on parle également de paléo-monnaie. Ainsi, de nombreuses sociétés marchandes antiques utilisent le bétail, des céréales, des coquillages ou encore des barres de sel, comme dans le cas des Baruya de Nouvelle-Guinée. Dans tous ces cas de figure, il s’agit de marchandises qui sont produites par le système économique : elles impliquent des coûts de production et disposent d’une valeur d’échange. Les paléo-monnaies sont utilisées pour remplir la fonction d’unité de compte et/ou celle d’intermédiaire des échanges. Compte tenu du caractère parfois périssable de la marchandise qui prend le statut de monnaie, la fonction de réserve de valeur était le plus souvent peu prise en compte.
De ce strict point de vue, la monnaie métallique peut être considérée comme une sorte particulière de monnaie marchandise. En effet, la monnaie métallique prend la forme de pièces de monnaie fondues à partir de métaux précieux (cuivre, bronze, argent, or, etc.) et, le cas échéant, frappées de symboles divers. Elle peut également prendre la forme de lingots ou de plaques de métal pour exprimer des valeurs plus importantes. Par conséquent, il ne faut pas confondre la monnaie métallique avec l’actuelle monnaie divisionnaire (les pièces de monnaie modernes, qui sont produites à partir d’alliages métalliques sans grande valeur intrinsèque) : la monnaie métallique est bien caractérisée par le fait qu’elle repose sur une marchandise singulière (le métal précieux) qui dispose d’une importante valeur intrinsèque dans la société considérée.
La monnaie de crédit
Le second type idéal de forme monétaire est celui de la monnaie de crédit. Selon la définition proposée par Pierre-Bruno Ruffini, la monnaie est dite de crédit « dès lors que le support du moyen de paiement est constitué par une créance sur une institution émettrice » (Ruffini, 1996, p. 21). En économie, une créance est un élément de l’actif du bilan d’un agent, c’est-à-dire une richesse qui a une valeur positive pour lui ; elle est nécessairement la contrepartie
d’une dette et elle donne le droit au créancier d’exiger auprès du débiteur, au terme prévu par le contrat passé entre les deux agents, le remboursement de cette dette. S’agissant de la monnaie, cette créance peut prendre diverses formes : soit être écrite sur du papier et devenir un billet de banque par exemple ; soit être écrite dans les livres de comptes de l’institution émettrice (on parle dans ce cas de monnaie scripturale) ; mais également être représentée par un symbole politique ou religieux apposé sur une pièce métallique. Ainsi, pour un agent économique, avoir un droit de propriété sur de la monnaie, comme c’est le cas avec la détention d’un billet de banque ou d’une somme inscrite sur un compte au nom de l’agent dans une banque de second rang, c’est être propriétaire d’une créance sur la banque centrale dans le premier cas (l’institution monétaire qui a le monopole de création des billets de banque aujourd’hui), sur une banque de second rang dans le second. Symétriquement, cela signifie que la banque centrale a une dette envers l’agent qui est propriétaire du billet qu’elle a émis : cette dette consiste à garantir au porteur la valeur inscrite sur le billet dès lors que celui-ci fera valoir son droit d’utiliser le billet comme moyen de paiement (la créance consiste pour le porteur à faire valoir ce droit pour la valeur inscrite sur le billet). De manière analogue, la banque de second rang a une dette envers l’agent qui est propriétaire de la somme inscrite sur le compte bancaire. La monnaie est toutefois une créance particulière, puisqu’elle est dotée d’un pouvoir libératoire général. Cela permet d’aboutir à une autre composante essentielle de la définition de la monnaie : c’est une dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes.
La différence entre monnaie marchandise et monnaie de crédit
[…] Il importe de préciser que le dispositif institutionnel qui produit la confiance dans la monnaie repose sur des bases radicalement différentes dans chaque cas. S’agissant de la monnaie marchandise, le socle de la confiance dépend d’une convention collective construite par la communauté de paiement selon laquelle la marchandise ou le métal précieux sélectionné est socialement reconnu comme digne de confiance : les agents acceptent l’actif choisi comme monnaie parce qu’ils savent que les autres agents, mais aussi les autorités politiques et monétaires ne peuvent s’affranchir de cette contrainte fondée sur la valeur intrinsèque de l’actif, ni influencer le volume de monnaie disponible du simple fait de leur volonté. S’agissant de la monnaie de crédit, le socle de la confiance repose sur un dispositif au sein duquel les institutions politiques et monétaires (État, banque centrale, banques de second rang notamment) occupent une place fondamentale : les agents acceptent la monnaie parce qu’ils sont convaincus du fait que les autorités politiques et monétaires ne peuvent s’affranchir des règles essentielles, c’est-à-dire des conventions, qui ont été élaborées au sein de la communauté de paiement (missions de la banque centrale, règles qui encadrent les opérations de monétisation de créances conduites par les banques de second rang, règles prudentielles pour encadrer le comportement des banques en matière d’activité financière, etc.).
[…] S’il existe bien un processus historique de marche [de la monnaie-marchandise] vers la monnaie de crédit, et donc de dématérialisation de la monnaie, celui-ci n’est en aucun cas linéaire et repose sur une évolution complexe du contexte institutionnel. Cette évolution a été émaillée de crises monétaires nombreuses qui ont parfois profondément affecté la confiance dans la monnaie. C’est notamment du fait de ces crises ainsi que des besoins croissants en liquidités afin de financer l’activité économique au début du XXe siècle que les systèmes monétaires reposant sur le socle de la monnaie-marchandise-métallique et en particulier sur la monétisation de l’or ont été progressivement abandonnés.
Beitone, Rodrigues, Economie monétaire : Théories et politiques, Cursus, Armand Collin, 2017
Questions :
1) La monnaie existe-t-elle à l’état naturel ? Quelle conséquence cela a-t-il ?
2) Rappelez ce qu’est une monnaie-marchandise.
3) Par quel processus une marchandise devient-elle une monnaie-marchandise ?
4) Pourquoi les métaux précieux ont-ils été préférés aux coquillages, bétails et autres barres de sel ?
5) Quelle différence doit-on faire entre monnaie métallique et monnaie divisionnaire alors qu’il s’agit dans les deux cas de pièces de monnaie ?
6) Quelles sont les deux sortes de banques dont il est question ici ?
7) Pourquoi définit-on la monnaie comme « une dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes » ?
8) Quelle est la différence fondamentale entre une monnaie-marchandise et une monnaie de crédit ?
9) Sur quoi est fondée la confiance dans les monnaies-marchandises ?
10) Sur quoi est fondée la confiance dans la monnaie de crédit ?
11) Pourquoi les monnaies-marchandises ont-elles été abandonnées au profit de la monnaie de crédit ? Cette évolution a-t-elle été linéaire ?
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1) La monnaie existe-t-elle à l’état naturel ? Quelle conséquence cela a-t-il ?
La monnaie n’existe pas à l’état naturel. Elle doit être créée.
2) Rappelez ce qu’est une monnaie-marchandise.
Cf. première phrase du texte
3) Par quel processus une marchandise devient-elle une monnaie-marchandise ?
Par le processus de monétisation qui consiste à transformer quelque chose en monnaie. Il s’agit alors, collectivement, de choisir un bien qui sera reconnu et accepté comme de la monnaie par tous. Précédemment, nous avons vu que divers biens ont pu faire l’objet d’une monétisation : coquillages, bétail, métaux précieux… pour les monnaies-marchandises.
4) Pourquoi les métaux précieux ont-ils été préférés aux coquillages, bétails et autres barres de sel ?
Parce qu’il s’agissait de denrées périssables, ce qui empêchait ces monnaies de remplir leur fonction de réserve de valeur.
5) Quelle différence doit-on faire entre monnaie métallique et monnaie divisionnaire alors qu’il s’agit dans les deux cas de pièces de monnaie ?
La monnaie métallique procède de la monétisation de métal précieux. La monnaie divisionnaire procède de la monétisation de créances. La base qui les fonde n’est pas la même. Aujourd’hui, les monnaies métalliques n’existent plus parce que les métaux précieux, et en particulier l’or, ont été démonétisés.
6) Quelles sont les deux sortes de banques dont il est question ici ?
Banques de second rang et banque centrale
7) Pourquoi définit-on la monnaie comme « une dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes » ?
La monnaie de crédit que nous utilisons aujourd’hui procède de la monétisation de dettes (et de son symétrique, de créances).
Détenir un billet aujourd’hui, c’est détenir une créance sur la banque centrale : la banque centrale a une dette vis-à-vis du détenteur du billet.
Détenir un solde créditeur sur un compte dans une banque de second rang, c’est détenir une créance sur cette banque : cette banque a une dette vis-à-vis du détenteur du compte, elle lui doit de l’argent ! Déposer de l’argent à la banque est assimilable à prêter cet argent à la banque. Elle le doit au déposant.
8) Quelle est la différence fondamentale entre une monnaie-marchandise et une monnaie de crédit ?
Dans le cas des monnaies-marchandises, comme leur nom l’indique, ce sont des biens, des marchandises qui sont monétisées c’est-à-dire choisies et définies comme des monnaies. Dans le cas de la monnaie de crédit, ce sont les créances qui sont monétisées. La monnaie de crédit est créée à partir d’un crédit qui a été octroyé à un agent non financier (ANF).
9) Sur quoi est fondée la confiance dans les monnaies-marchandises ?
Sur la valeur intrinsèque de la monnaie, celle-ci étant elle-même fondée sur une convention, un accord à l’échelle de la société selon lequel cette marchandise a de la valeur et ne peut être refusée.
10) Sur quoi est fondée la confiance dans la monnaie de crédit ?
Sur la confiance dans le dispositif politique et institutionnel mis en place pour encadrer l’émission et le fonctionnement du système bancaire.
11) Pourquoi les monnaies-marchandises ont-elles été abandonnées au profit de la monnaie de crédit ? Cette évolution a-t-elle été linéaire ?
Cf. dernière phrase du texte. La quantité de marchandises (monnaies) était insuffisante pour une économie en plein développement. Dans une économie en croissance, la quantité de monnaie nécessaire aux échanges doit croître approximativement au même rythme que la création de richesses. La quantité disponible limitée de ces biens particuliers rendait difficile leur utilisation comme monnaie. Il a donc fallu monétiser autre chose, quelque chose dont la quantité ne viendrait pas limiter la production de richesses et les échanges.
Document 6. La monnaie de papier
La monnaie de papier — c’est-à-dire les billets — constitue une étape importante dans le processus de dématérialisation des signes monétaires. C’est un instrument monétaire dont la valeur faciale est dissociée de sa valeur intrinsèque, à la différence de la monnaie métallique. Il est accepté en vertu de la confiance accordée à son émetteur, d’où le nom de monnaie fiduciaire donné aux billets (fiducia veut dire confiance en latin). Si la prééminence du billet apparaît après 1914, son développement a connu plusieurs étapes. Au départ, le billet est un certificat représentatif de métaux précieux, ces derniers étant laissés en dépôt dans les coffres des banques. Puis, dès le XVIIe siècle, les banques qui émettent les billets contre dépôt d’or comptent sur le fait que la totalité des porteurs ne réclameront pas ensemble leur conversion en or et émettent des billets « à découvert » à l’occasion de leurs opérations de crédits. Le volume des billets devient supérieur à l’encaisse métallique et les banques prennent un risque d’illiquidité. […] Les porteurs de billets peuvent être tentés, en certaines circonstances graves se traduisant par une crise de confiance (troubles politiques, guerres), de réclamer le remboursement en or de la totalité des billets. Si la valeur des billets en circulation est supérieure à l’encaisse-or, il y a un risque de faillite de l’institut d’émission. Pour éviter un tel risque, l’État […] autorise l’institut d’émission à ne plus accepter la conversion des billets contre des espèces métalliques. De plus, […] la loi […] oblige les agents économiques à accepter les billets au même titre que les espèces métalliques.
[…] L’émission de billets dépend désormais de la demande des agents économiques et de la politique monétaire. Dans cette ultime étape de l’évolution de la monnaie de papier, le billet ne tire plus sa valeur de sa convertibilité en or mais de son pouvoir libératoire imposé et garanti par les autorités monétaires.
D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017
Questions :
1) Pourquoi la monnaie-papier est-elle appelée monnaie fiduciaire ?
2) Expliquez la phrase soulignée.
3) En quel(s) sens peut-on parler de dématérialisation de la monnaie au fil du temps ?
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1) Pourquoi la monnaie-papier est-elle appelée monnaie fiduciaire ?
La monnaie-papier (les billets) est une monnaie dont la valeur intrinsèque est quasiment nulle. Contrairement aux monnaies métalliques, la valeur faciale de la monnaie-papier est bien supérieure à sa valeur intrinsèque. Donc pour que cette monnaie circule alors qu’elle n’a plus de valeur en elle-même, il faut qu’elle fasse l’objet d’une forte confiance des agents économiques dans sa stabilité et dans sa pérennité, d’où le nom de monnaie « fiduciaire ».
2) Expliquez la phrase soulignée.
A l’origine, la monnaie-papier n’était pas une véritable monnaie. C’était simplement un billet convertible : l’or étant particulièrement lourd, les transferts de monnaie étaient donc onéreux et dangereux. Il était donc plus simple de transférer des certificats permettant de retirer l’or là où l’on en avait besoin. Le certificat était simplement un support facilitant les paiements, la véritable monnaie était l’or, stocké dans les coffres des banques. Mais au fil du temps, l’habitude de payer avec de l’or et la commodité du certificat convertible en or ont amené les banques à émettre plus de « certificats » (qui n’en étaient plus vraiment donc) que d’or stocké : c’est la naissance du papier
monnaie. Dans ce cas, si, à la suite d’un événement ou d’un soupçon de laxisme sur la quantité de papier-monnaie créée, une crise de confiance se déclenche et que les agents viennent tous réclamer l’or correspondant au papier-monnaie en leur possession, alors la banque peut se trouver en situation de ne pas pouvoir honorer ses engagements et faire faillite. Ce risque a été surmonté grâce au « cours légal » (l’Etat oblige les agents économiques à accepter les billets au même titre que les espèces métalliques) et au « cours forcé » (l’Etat autorise l’institut d’émission à ne plus accepter la conversion des billets contre des espèces métalliques, ce qui revient à lever l’obligation de l’institut d’émission de convertir la monnaie-papier en or).
3) En quel(s) sens peut-on parler de dématérialisation de la monnaie au fil du temps ?
Le passage de la monnaie marchandise à la monnaie de crédit se caractérise par un processus de dématérialisation. Progressivement le support matériel s’allège puis disparaît pour ne laisser place qu’à des écritures sur les livres de compte des banques.
Document 7. Sur quoi repose la valeur de la monnaie fiduciaire ?
https://www.banque-france.fr/billets/analyser-et-anticiper/chiffres-cles-sur-les-billets-et-les-pieces
Questions :
1) Observez ces billets. Qu’y voyez-vous ? Sur quoi repose la valeur d’un billet ?
2) Faites la même observation pour des pièces.
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1) Observez ces billets. Qu’y voyez-vous ? Sur quoi repose la valeur d’un billet ?
Signature du président de la BCE, représentation de monuments européens, éléments destinés à le rendre infalsifiable…
Les billets, traditionnellement dénommés monnaie fiduciaire, sont émis par la banque centrale, institut d’émission qui en possède le monopole. Ces billets ont à la fois « cours légal » — ils ne peuvent être refusés comme moyens de paiement — et « cours forcé » — ils sont inconvertibles en or. … La valeur d’un billet repose sur la confiance dans les institutions monétaires qui en garantissent la valeur.
2) Faites la même observation pour des pièces.
Les « pièces de monnaie » que nous utilisons aujourd’hui portent le même type de signes que les billets. Aussi, de même que les billets, leur valeur faciale est bien supérieure à leur valeur intrinsèque. Elles ne sont plus faites en métal précieux. Pour les distinguer des monnaies métalliques, qui sont des monnaies-marchandises, on les appelle « monnaie divisionnaire ». Comme pour les billets, leur valeur est fondée sur la confiance dans les institutions monétaires et dans le potentiel économique du territoire sur lequel elles sont échangées. Attention, seuls les billets sont appelés monnaie fiduciaire mais force est de reconnaître le caractère fiduciaire de la monnaie divisionnaire.
Document 8. La monnaie scripturale
La monnaie scripturale est ainsi dénommée parce qu’elle est inscrite sur les livres des établissements émetteurs, essentiellement les banques. Historiquement, les formes initiales de monnaie scripturale sont apparues avec les premières banques, donc bien avant les billets de banque dont l’invention ne date que du XVIIe siècle. Mais ce n’est qu’à une période récente que s’est effectuée la diffusion de la monnaie scripturale dans le public, sous forme de virements de compte à compte, en même temps que se développent et se diversifient les échanges.
D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017
Questions :
1) Qu’est-ce que la monnaie scripturale ?
2) La monnaie scripturale est-elle une forme récente de monnaie ?
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1) Qu’est-ce que la monnaie scripturale ?
Il s’agit d’écritures sur les comptes bancaires détenus par les agents économiques.
2) La monnaie scripturale est-elle une forme récente de monnaie ?
Non, la monnaie scripturale est apparue avec les premières banques, bien avant les premiers billets.
Document 9. Il faut distinguer la monnaie scripturale des supports qui en rendent possible l’usage
Un chèque n’est pas de la monnaie, il sert seulement de véhicule pour le transport de la monnaie inscrite dans un compte bancaire. Si le compte est à sec, il est impossible de tirer un chèque. Le carnet de chèque n’est alors rien de plus qu’un portefeuille vide. Quant à la carte de débit, elle ne constitue pas de la monnaie non plus : elle joue le rôle de véhicule, comme le chèque. En fin de compte, seul le montant inscrit dans le compte bancaire constitue la monnaie.
R. Bouret, A. Dumas, Economie globale, à l’heure de la mondialisation, ERPI, 2009.
Pourquoi un chèque ou un virement ne sont-ils pas de la monnaie scripturale ? Que sont-ils en réalité ?
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Pourquoi un chèque ou un virement ne sont-ils pas de la monnaie scripturale ? Que sont-ils en réalité ?
La monnaie scripturale est une écriture sur un compte bancaire. Les chèques et virements – etc. – ne sont que des ordres transmis aux banques et destinés à réaliser des paiements en monnaie scripturale. Il en est de même des opérations réalisées avec les cartes bancaires : elles ne servent qu’à transmettre des ordres de réalisation d’écritures sur ces comptes.
Document 10. L’usage des cryptomonnaies peut-il supplanter celui des monnaies actuelles ?
La réponse de Patrick Artus : le lien vers la vidéo
Poussant à l’extrême le décrochage entre valeur faciale et valeur intrinsèque, la monnaie divisionnaire / fiduciaire / scripturale, qui est une simple écriture sur les comptes bancaires, est la forme dominante de monnaie dans nos économies. En effet, elle représente 80% / 90% / 95% des paiements réalisés aujourd’hui. Les chèques, les virements ou les cartes bancaires ne sont que des supports permettant de faire circuler la monnaie scripturale. Ils sont / ne sont pas de la monnaie en eux-mêmes. Ces dernières années, on constate le recul de l’utilisation des cartes bancaires / chèques / virements au profit des cartes bancaires. Le développement des nouvelles technologies rend possible de nouvelles évolutions vers des formes de décloisonnement / dématérialisation / désintermédiation des paiements encore plus poussées. Reste à savoir, par ailleurs, si les crypto-monnaies sont de véritables monnaies capables de supplanter les monnaies actuelles ou si elles sont de simples actifs financiers offrant aux spéculateurs de nouveaux moyens de prendre des risques (voir la réponse de Patrick Artus).
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La réponse de Patrick Artus : le lien vers la vidéo
Poussant à l’extrême le décrochage entre valeur faciale et valeur intrinsèque, la monnaie divisionnaire / fiduciaire / scripturale, qui est une simple écriture sur les comptes bancaires, est la forme dominante de monnaie dans nos économies. En effet, elle représente 80% / 90% / 95% des paiements réalisés aujourd’hui. Les chèques, les virements ou les cartes bancaires ne sont que des supports permettant de faire circuler la monnaie scripturale. Ils sont / ne sont pas de la monnaie en eux-mêmes. Ces dernières années, on constate le recul de l’utilisation des cartes bancaires / chèques / virements au profit des cartes bancaires. Le développement des nouvelles technologies rend possible de nouvelles évolutions vers des formes de décloisonnement / dématérialisation / désintermédiation des paiements encore plus poussées. Reste à savoir, par ailleurs, si les crypto-monnaies sont de véritables monnaies capables de supplanter les monnaies actuelles ou si elles sont de simples actifs financiers offrant aux spéculateurs de nouveaux moyens de prendre des risques (voir la réponse de Patrick Artus).
Document 11. La dimension sociale de la monnaie
Dans son livre intitulé La production des grands hommes, l’anthropologue Maurice Godelier nous fait découvrir les pratiques d’échanges et d’initiation des Baruyas de Nouvelle-Guinée. Cette tribu, découverte seulement en 1951, utilise une monnaie constituée de barres de sel de potassium. Ce sel est produit à partir des cannes à sel cultivées dans ce but.
Sa fabrication implique la participation du groupe entier à la culture, à la récolte et à la fabrication. Ce sel est à la fois un bien de consommation cérémoniel et un moyen d’échange (monnaie). Il n’est pas utilisé de manière courante (car il est mauvais pour le foie), mais au cours des cérémonies, par exemple les initiations. Ce sel sert également de principal moyen d’échange avec d’autres tribus pour se procurer des moyens de production (herminettes), des armes (casse-têtes, bois pour la fabrication des arcs). Godelier insiste sur le fait qu’on ne l’échange que contre du nécessaire et non du superflu. La monnaie participe à la structuration de la société et à ses relations avec les autres groupes : elle permet la création de liens.
Les sociologues contemporains confirment la permanence de ces observations dans nos sociétés. Ils montrent en particulier que la monnaie n’a pas toujours le même usage et que ceux qui l’emploient opèrent des distinctions. […] Les utilisateurs font des différences selon l’usage ou l’origine de l’argent. William Thomas et Florian Znaniecki, relevant les comportements des paysans polonais en Amérique au début du XXe siècle, observent « que le paysan qui mettait de l’argent de côté dans un but précis, puis qui devait faire une autre dépense, préférait emprunter la somme, plutôt que toucher à cet argent ». L’argent épargné l’est pour des usages appropriés, et sa fongibilité remettrait en cause l’ordre.
De même, pour Marty, gangster de Philadelphie, l’argent provenant des trafics était impropre à faire des dons à l’église de son quartier, car seul l’argent liquide acquis honnêtement pouvait être offert à Dieu !
L’exemple des cadeaux est également éclairant. L’argent donné témoigne d’un lien social et d’une relation : souvent le donateur précise l’usage qui est fait de la somme. La pratique des chèques-cadeaux, utilisables seulement dans certains magasins, oriente l’usage qui est fait de l’argent. Généralement, le donataire justifie l’emploi de la somme qui lui est versée. Ainsi, la monnaie est aujourd’hui encastrée dans un jeu de relations sociales dont elle constitue l’un des instruments pour resserrer les liens ou créer des dépendances. La monnaie n’est pas socialement neutre, les hommes en font un instrument de leur système d’échange.
Montoussé, Voisin, Monnaie et politiques monétaires, Coll. Thèmes et Débats, Bréal,
Question :
Pourquoi peut-on dire que l’argent est socialement marqué ? (Vous pouvez utiliser également le document 1)
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Pourquoi peut-on dire que l’argent est socialement marqué ? (Vous pouvez utiliser également le document 1)
Il existe des règles sociales qui encadrent l’utilisation de la monnaie : Les utilisateurs font des différences selon l’usage ou l’origine de l’argent.
- les barres de sel
- les paysans polonais
- Marty
Dans l’extrait coupé de ce texte, on trouve une référence à « Viviana Zelizer, professeur de sociologie à Princeton, dans son livre La signification sociale de l’argent. Elle considère, en effet, que l’argent n’est pas uniquement un équivalent universel. » L’un des exemples qu’elle donne est relatif à l’usage d’une somme d’argent reçue en héritage. Celle-ci ne sera pas dépensée de la même manière que l’argent gagné au loto ou dans le cadre du travail. Les individus donnent une signification différente à l’argent et n’en font alors pas usage de la même façon selon son origine.
Document 12. Violence, politique et monnaie
« Ce que dit la violence de l’édifice social, c’est son caractère problématique et fondamentalement instable ; ce sont les difficultés permanentes que rencontrent les liens sociaux dans leur reproduction. Par définition, en effet, la violence est ce danger sourd qui menace toutes les institutions et les ronge. Les sociétés tentent de s’organiser pour la conjurer, la dompter. Elles essaient constamment d’ordonner cette folie communicative qui peut se propager brutalement à l’ensemble du corps social et le mettre en péril ». Alors, nous expliquent Michel Aglietta et André Orléan, dans leur livre La violence de la monnaie, la monnaie est l’un des moyens d’exorciser cette violence fondatrice, de substituer l’échange à la prédation et au rapt. Ainsi, derrière le monnayage se trouvent les conflits de propriété, la lutte pour l’accaparement des produits de l’activité des autres. L’existence de la monnaie est déterminée par la confiance que lui témoignent les membres de la communauté où elle circule.
Montoussé, Voisin, Monnaie et politiques monétaires, Coll. Thèmes et Débats, Bréal,
Question :
Quel fondement André Orléan et Michel Aglietta donnent-ils à la monnaie ?
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Quel fondement André Orléan et Michel Aglietta donnent-ils à la monnaie ?
La monnaie est l’un des moyens par lesquels la violence fondatrice des sociétés est exorcisée, c’est-à-dire contenue et apaisée, pacifiée.
Document 13. La dimension sociale et politique de la monnaie
En tant que bien public et institution sociale, la monnaie renvoie à l’organisation politique de la société. L’histoire montre, en effet, que la monnaie entretient des relations étroites avec les formes successives prises par le pouvoir politique. Le pouvoir de « battre monnaie »1 est ainsi passé successivement des mains de l’aristocratie féodale à celles des monarques avant d’être exercé par la bourgeoisie et l’État républicain. Pendant longtemps, la frappe des monnaies a procuré des ressources aux souverains. Et, ce qui est plus important, la monnaie a été utilisée par le pouvoir politique comme un instrument d’intégration. L’histoire de France montre que notre pays a été politiquement unifié et s’est constitué en un véritable espace économique au moment où ont existé une monnaie et un système de paiement uniques sur l’ensemble du territoire. Car la monnaie renforce le développement pacifique des échanges marchands et elle constitue un élément de référence commun pour la communauté qui l’utilise.
L’euro apporte une illustration de ce que la monnaie est une institution politique et sociale. La monnaie européenne a été présentée par ses défenseurs comme une pièce maîtresse de la construction européenne. Selon le rapport de la Commission européenne au titre évocateur, Marché unique, monnaie unique (1990), la monnaie unique est nécessaire au fonctionnement du grand marché intérieur européen, institué par l’Acte unique (1987). On retrouve l’idée selon laquelle la monnaie donne sa cohérence au marché en homogénéisant l’espace des produits par un système de prix unifié. L’euro apparaît également comme un vecteur d’intégration sociale en Europe. Son utilisation par l’ensemble des citoyens européens à partir de 2002 donne à ceux-ci un sentiment d’appartenance à une même société, avec ses règles et son langage communs. L’euro contribue à la création d’une identité européenne, permettant aux Européens de se différencier des sujets appartenant à d’autres communautés de paiement. L’expérience de l’euro illustre pleinement que la monnaie est un fait social et politique. Ces dimensions sociologiques et identitaires de l’euro ont été largement sous-estimées par les fondateurs de l’Union monétaire européenne, faisant de celle-ci uniquement un instrument économique et financier. Ainsi s’explique pourquoi la construction européenne, découlant du traité de Maastricht, apparaît inachevée sur le plan politique : les pays de
Document 12 : violence, politique et monnaiel’Union monétaire européenne ont institué un pouvoir monétaire unifié, concentré entre les mains de banquiers centraux indépendants, sans se doter d’un pouvoir politique de même échelle territoriale. Ce déséquilibre institutionnel est intenable à terme, car l’Union n’est pas véritablement dotée des attributs démocratiques nécessaires pour qu’on la reconnaisse souveraine, ne serait-ce que dans le domaine monétaire.
D. Plihon, La monnaie et ses mécanismes, Repères, La Découverte, 2017
(1) fabriquer, émettre de la monnaie.
Questions :
1) Quels sont les atouts économiques, politiques et sociaux de l’euro ?
2) Pourquoi la construction européenne apparaît-elle inachevée sur le plan politique ?
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1) Quels sont les atouts économiques, politiques et sociaux de l’euro ?
- donne sa cohérence au marché en homogénéisant l’espace des produits par un système de prix unifié
- donne un sentiment d’appartenance à une même société
- contribue à la création d’une identité européenne
2) Pourquoi la construction européenne apparaît-elle inachevée sur le plan politique ?
La monnaie unique est constitutive d’un fédéralisme monétaire mais l’absence de fédéralisme politique est problématique.
Document 14. Une illustration, l’euro
L'existence même de la monnaie unique est fondée sur un consensus politique, exprimé par les traités fondateurs de l'Union. Les Quinze - donc les onze pays membres de la zone euro - s'engagent à respecter un certain nombre de « principes communs » (article 6-1 du traité d'Amsterdam). En cas de « violation grave et persistante » de ces principes, « le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, peut décider de suspendre certains des droits découlant de l'application du présent traité à l'Etat membre en question, y compris les droits de vote du représentant du gouvernement de cet Etat membre au sein du Conseil » (article 7-2).
Le traité forme un tout institutionnel : sont irréversibles non seulement la création de l'euro, mais aussi son adoption par chacun des pays concernés. Quelles seraient les conséquences de la mise en quarantaine, ou de la désertion volontaire, d'un de ces pays ? Déboucherait-on sur une lourde procédure de révision du traité, ou sur un risque de rupture de l'ensemble du système ? On entrerait, en tout cas, dans une zone de flou, ce que les marchés détestent par-dessus tout...
Imaginons, pour prendre un exemple, que parvienne au pouvoir dans l'un des 50 Etats américains un gouverneur aux opinions ouvertement racistes : ce serait affligeant et scandaleux, mais il est probable que le cours du dollar n'en serait pas directement affecté. Il n'en est pas de même pour l'euro, parce que la cohésion politique des pays qui l'ont adopté est une des conditions de son existence : toute faille dans cette cohésion suscite un doute existentiel. La monnaie comporte une dimension de souveraineté. Or la coexistence de onze souverainetés présente des incertitudes.
Une monnaie reflète la prospérité, la puissance et le dynamisme de la zone où elle est émise et où elle circule principalement. Les investisseurs ou les entreprises qui prêtent ou qui s'endettent en euros pour des durées longues savent quels pays, quelles économies l'euro représente aujourd'hui. Mais ils ignorent ce que seront les contours de la zone dans dix ans. Outre ses onze membres actuels, englobera-t-elle réellement des pays riches comme le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark ? Ou bien la Grèce (dont l'adhésion à l'euro est programmée), voire, dans la foulée de l'élargissement de l'Union, certains pays d'Europe centrale ? Les deux hypothèses sont sensiblement différentes. Le propre des marchés est d'anticiper. Quand ils ignorent le sens d'une évolution future, ils choisissent la prudence.
Cela dit, les mésaventures de l'euro depuis sa naissance ne sont peut-être que les symptômes d'une maladie de jeunesse, liée précisément aux contraintes politiques de sa mise en œuvre. Une de ses faiblesses est de ne pas encore exister concrètement : on peut parier que l'apparition des billets et des pièces, et surtout l'adoption par le public, dans chaque pays de la zone, des nouvelles références monétaires, scelleront son caractère d'irréversibilité et renforceront sa valeur. Elles pourraient même vaincre les résistances des outsiders britannique et scandinaves, encore hostiles à l'adhésion. La vraie période cruciale de la monnaie unique est celle qui nous sépare des premiers mois de 2002.
GERARD MOATTI, Les trois maladies « politiques » de la monnaie unique, Le Monde, Publié le 16 mai 2000.
https://www.lemonde.fr/archives/article/2000/05/16/les-trois-maladies-politiques-de-la-monnaie-unique_3715278_1819218.html
Questions :
1) En quelle année cet article a-t-il été publié ? A quel moment de l’histoire de la construction de la monnaie unique s’inscrit-il ?
2) Quel est le problème soulevé par l’auteur ?
3) Avec le Brexit, et même si la Grande-Bretagne n’a pas adopté l’euro comme monnaie, peut-on dire que l’auteur de cet article avait raison de s’inquiéter de la faiblesse de l’intégration politique en Europe ?
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1) En quelle année cet article a-t-il été publié ? A quel moment de l’histoire de la construction de la monnaie unique s’inscrit-il ?
L’article a été publié en 2000 après que l’euro est devenu la monnaie officielle de la zone euro mais avant le lancement de l’euro fiduciaire mettant les pièces et les billets en euros en circulation.
1er janvier 1999 : Fixation irrévocable et définitive des taux de change entre les pays de la zone euro. La monnaie officielle des 11 pays de la zone devient l’euro.
Janvier 2002 : Lancement de l’euro « fiduciaire » : les monnaies nationales sont remplacées par les billets et pièces libellés en euros.
2) Quel est le problème soulevé par l’auteur ?
L’euro est fondé sur un consensus politique entre 11 souverainetés, 11 pays différents qui conservent chacun leur souveraineté nationale, sans Etat fédéral. Un consensus est, par définition, fragile. La monnaie unique européenne est la première expérience de ce type. Auparavant, toutes les monnaies avaient été construites sur des communautés économiques et politiques identifiées. Pour l’euro, la démarche a été inverse. Les institutions politiques n’ont pas été mises en place préalablement.
3) Avec le Brexit, et même si la Grande-Bretagne n’a pas adopté l’euro comme monnaie, peut-on dire que l’auteur de cet article avait raison de s’inquiéter de la faiblesse de l’intégration politique en Europe ?
L’absence de fédéralisme et d’autorité institutionnelle supranationale est à l’origine des crises que traverse l’Europe. Le fédéralisme monétaire n’a pas suffi à entamer le processus du fédéralisme politique, au moins partiellement. La monnaie ne suffit donc pas à constituer une communauté politique assez forte pour faire face aux crises qui ne manquent pas de se présenter, surtout lorsque les acteurs économiques et financiers ont des doutes sur les capacités de réaction face à ce type d’évènements.
Exercice 1. Texte à trous
intermédiaire des échanges ; liquidité ; troc ; unité de compte ; double coïncidence des désirs ; division des tâches ; réserve de valeur ; équivalent général .
La monnaie fait partie de notre vie quotidienne et nous l’utilisons de manière spontanée à travers différents supports, sans nous poser la question de son existence. Pourtant, si l’on imagine une économie sans monnaie, le ………………………………………………………. devient le seul moyen d’échanger ce que nous produisons contre ce que les autres produisent. Comment échanger des de sciences économiques et sociales contre une voiture par exemple ? La ………………………………………………………. est particulièrement difficile à envisager. Ainsi la monnaie rend possible et facilite l’échange commercial. Elle a permis l’approfondissement de la ………………………………………………………., chacun pouvant se consacrer à des activités très différenciées et complémentaires.
Chaque agent économique est donc amené à accepter la monnaie en échange de son activité productive car il est possible de se procurer l’ensemble des richesses produites par les autres agents économiques de sorte à satisfaire ses propres besoins.
Une première approche de la définition de la monnaie consiste donc à en cerner les fonctions économiques.
Comme ………………………………………………………., elle réduit considérablement le nombre de rapports d’échange, c’est-à-dire de prix relatifs (prix d’un bien exprimé en la quantité d’un autre). Pour une économie de troc de 5 biens, il faudrait établir 10 prix mais pour 1000 biens, il faudrait établir 499 500 prix. Dans une économie monétaire, le nombre de prix à déterminer est égal au nombre de biens présents dans ladite économie. En ce sens encore, elle facilite les échanges marchands. Et elle rend les comparaisons possibles.
Comme ………………………………………………………., elle est considérée comme l’ « ……………………………………………………….», c’est-à-dire comme le bien échangeable contre tous les autres. Elle peut éteindre une dette instantanément et définitivement. On dit qu’elle a un pouvoir libératoire illimité.
Comme ………………………………………………………., elle donne la possibilité de transférer la richesse dans le temps, tout en gardant sa ………………………………………………………. c’est-à-dire son pouvoir libératoire de toute dette immédiatement.
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La monnaie fait partie de notre vie quotidienne et nous l’utilisons de manière spontanée à travers différents supports, sans nous poser la question de son existence. Pourtant, si l’on imagine une économie sans monnaie, le troc devient le seul moyen d’échanger ce que nous produisons contre ce que les autres produisent. Comment échanger des cours de sciences économiques et sociales contre une voiture par exemple ? La double coïncidence des désirs est particulièrement difficile à envisager. Ainsi la monnaie rend possible et facilite l’échange commercial. Elle a permis l’approfondissement de la division des tâches, chacun pouvant se consacrer à des activités très différenciées et complémentaires.
Chaque agent économique est donc amené à accepter la monnaie en échange de son activité productive car il est possible de se procurer l’ensemble des richesses produites par les autres agents économiques de sorte à satisfaire ses propres besoins.
Une première approche de la définition de la monnaie consiste donc à en cerner les fonctions économiques.
Comme unité de compte, elle réduit considérablement le nombre de rapports d’échange, c’est-à-dire de prix relatifs (prix d’un bien exprimé en la quantité d’un autre). Pour une économie de troc de 5 biens, il faudrait établir 10 prix mais pour 1000 biens, il faudrait établir 499 500 prix. Dans une économie monétaire, le nombre de prix à déterminer est égal au nombre de biens présents dans ladite économie. En ce sens encore, elle facilite les échanges marchands. Elle rend les comparaisons possibles.
Comme intermédiaire des échanges, elle est considérée comme l’ « équivalent général », c’est-à-dire comme le bien échangeable contre tous les autres. Elle peut éteindre une dette instantanément et définitivement. On dit qu’elle a un pouvoir libératoire illimité.
Comme réserve de valeur, elle donne la possibilité de transférer la richesse dans le temps, tout en gardant sa liquidité c’est-à-dire son pouvoir libératoire de toute dette immédiatement.
Exercice 2. Bien comprendre la distinction entre dette et créance :
Rayez les termes inappropriés quand un choix est proposé :
Les parents d’Hugo lui ont prêté 100€ pour financer les réparations de son vélo. Il compte travailler cet été pour les rembourser.
DONC :
Hugo a une créance/dette vis-à-vis de ses parents. On dit aussi qu’il est leur créditeur/débiteur.
Les parents d’Hugo détiennent une créance/dette sur Hugo. Ils sont les créanciers/débiteurs d’Hugo.
Plus généralement, la créance est le symétrique de la dette :
Le prêteur est le créancier/débiteur. Celui à qui l’on prête est le créancier/débiteur.
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Hugo a une dette vis-à-vis de ses parents. On dit aussi qu’il est leur débiteur.
Les parents d’Hugo détiennent une créance sur Hugo. Ils sont les créanciers d’Hugo.
La créance est le symétrique de la dette. Le prêteur est le créancier. Celui à qui l’on prête est le débiteur.
Exercice 3. Les coûts de fabrication des pièces et billets
A lire : https://bfmbusiness.bfmtv.com/monde/secrets-fabrication-nouveau-billet-5-euros-503918.html
Quel est le coût de fabrication d’un billet de 5 euros ?
https://www.lesechos.fr/2016/05/pourquoi-la-fabrication-de-pieces-rapporte-des-millions-a-letat-211091
Questions :
- Quel est le coût de fabrication d’une pièce de 2 euros ?
- Ce coût constitue-t-il une estimation de la valeur faciale ou de la valeur intrinsèque ?
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- Quel est le coût de fabrication d’une pièce de 2 euros ?
17 centimes d’euros.
2. Ce coût constitue-t-il une estimation de la valeur faciale ou de la valeur intrinsèque ?
Le coût de production d’un billet ou d’une pièce constitue une estimation de la valeur intrinsèque.
Exercice 4. Comment circule la monnaie scripturale
Quel était le support privilégié de la monnaie scripturale dans les années 1990 ? Quels sont les supports privilégiés de la monnaie scripturale aujourd’hui ? Choisissez les chiffres qui vous permettent d’illustrer votre réponse.
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Quel était le support privilégié de la monnaie scripturale dans les années 1990 ? Quels sont les supports privilégiés de la monnaie scripturale aujourd’hui ? Choisissez les chiffres qui vous permettent d’illustrer votre réponse.
Dans les années 90, le support privilégié de paiement en monnaie scripturale était le chèque. En effet, 56,6% des paiements en monnaie scripturale utilisaient le chèque pour transmettre les ordres de paiements. Aujourd’hui, les paiements se font majoritairement à partir des ordres transmis par l’utilisation de cartes bancaires : 51% des paiements se font par ce biais. Mais que soient utilisés les chèques, les virements ou les cartes bancaires, c’est toujours le même type de monnaie qui circule : la monnaie scripturale.