A quoi ressemble la mobilité sociale lorsqu'on l'observe à travers les revenus ?

Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de la note de l’INSEE, Une nouvelle mesure de la mobilité intergénérationnelle des revenus en France, publiée par Insee Analyses n°73 en mai 2022, afin que vous l’exploitiez en classe avec vos élèves.

Cette note de l'INSEE permet d’actualiser le thème de la mobilité sociale inclue dans les programmes de spécialité SES en terminale et de CPGE.

Les + de l'article :

  • Une actualisation de la mesure de la mobilité sociale
  • Des constats précis sur la corrélation entre mobilité sociale et des variables clés (diplômes, zone géographique, immigration, configuration familiale)

Résumé

L’Insee a mis en place une nouvelle approche de la mesure de la mobilité sociale, traditionnellement réalisées par tables de mobilité intergénérationnelle reliant les PCS des pères et des fils et, plus récemment, des mères et des filles. Ce nouvel outil méthodologique consiste à évaluer la mobilité intergénérationnelle sous l’angle des revenus. Ces nouvelles données de l’Insee permettent de relier directement les revenus des parents à ceux de leurs enfants de 28 ans. Cet outil est très riche d’enseignements.

Il permet de dégager un constat clair : les enfants ayant des parents aisés ont trois fois plus de chances d’être parmi les 20 % les plus aisés que ceux issus de parents modestes. Ce nouvel indicateur montre donc, lui aussi, que les inégalités se reproduisent largement d’une génération à l’autre.

Mais il permet aussi d’entrer plus finement dans cette reproduction sociale dans la mesure où l’Insee constate que l’effet-revenu n’est pas automatique. Pour un même niveau de revenu des parents, les revenus des enfants peuvent varier fortement. L’article met en avant plusieurs données chiffrées montrant que, bien qu’issus de familles appartenant aux 20 % les plus modestes, une part non négligeable des enfants (12 %) perçoivent des revenus situés parmi les 20 % les plus élevés de leur classe d’âge. D’autres variables sont confrontées à l’effet revenu pour expliquer la mobilité ascendante : le patrimoine, bien sûr, le niveau de diplôme des parents, le lieu de résidence (ici, l’Insee relève un « effet-région Île de France »). L’approche par les revenus permet ainsi de montrer que le niveau de qualification des parents joue plus que leur catégorie socioprofessionnelle. L’article insiste sur l’exemple des enfants d’immigrés qui ont une mobilité ascendante plus forte que la moyenne en montrant, toutes choses égales par ailleurs, que c’est la variable de la localisation géographique (plus grandes villes) qui joue ici un rôle important.

D’autres variables jouent, en revanche, un effet favorable à la mobilité descendante, l’appartenance à une famille monoparentale par exemple.

Les termes cles :

  • Immobilité sociale

 Transmission de la position sociale entre deux générations.

  • Mobilité sociale intergénérationnelle

Fait qu’un individu change de position sociale par rapport à ses parents

  • Reproduction sociale 

 Tendance à perpétuer les inégalités économiques et culturelles au sein d’une population et à transmettre les positions sociales d’une génération à une autre.

  • Revenus

Les revenus des individus comprennent les revenus d’activité (salaires et revenus d’indépendants), les allocations chômage et les pensions de retraite.

Lire la notion sur la mobilité sociale

Le point méthodologique : les quartiles

L’article de l’Insee mobilise la méthodes des quartiles

Les statistiques utilisent la méthodes des quartiles pour décrire la dispersion d’un indicateur. La méthode consiste à classer par ordre croissant une série de données (dans le cas de cet article, il s’agit des revenus) puis de diviser l’effectif total en quatre parts égales. Les quartiles correspondent alors à chacune des trois valeurs qui divisent les données ainsi triées en quatre parts égales (1/4 de l'échantillon).

  • Le 1er quartile est la donnée de la série qui sépare les 25 % inférieurs des données ;
  • Le 2e quartile est la donnée de la série qui sépare les 50 % inférieurs des données ;
  • Le 3e quartile est la donnée de la série qui sépare les 75 % inférieurs des données.

L’écart interquartile (différence entre le troisième quartile et le premier quartile) permet d’apprécier la dispersion de la série c’est-à-dire le niveau d’inégalité de la donnée observée.

Le graphique suivant utilise les quartiles pour montrer que plus les parents sont classés dans l’échelle des revenus, plus leurs enfants le sont également dans la mesure où on peut voit une corrélation entre le quartile de revenu des jeunes adultes de 28 ans et celui de leurs parents.  

 

Position des enfants à 28 ans dans l'échelle des revenus en fonction de celle de leurs parents

 

Retrouvez l'article complet :

L'extrait pour la classe de Terminale :

Cet extrait pour la classe de terminale (chapitre « Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ?») décrit les effets du diplôme des parents sur la mobilité intergénérationnelle des revenus.

« Le niveau de diplôme des parents influe davantage sur la mobilité ascendante que leur catégorie socioprofessionnelle La mobilité varie beaucoup selon le diplôme du parent ayant le plus haut revenu : la mobilité ascendante est de 17 % pour les enfants de diplômés de l’enseignement supérieur et les titulaires du baccalauréat, contre 11 % pour ceux de parents titulaires de diplômes inférieurs au baccalauréat et 10 % pour ceux de parents non diplômés. La mobilité ascendante est encore plus élevée pour les enfants d’immigrés diplômés : elle est de 20 %, contre 9 % pour les immigrés non ou peu diplômés. Toutes choses égales par ailleurs, les enfants de parents diplômés du baccalauréat ou du supérieur ont significativement plus de chances de faire une mobilité ascendante élargie (1,3 à 1,4 fois). À l’inverse, la mobilité varie peu selon la catégorie socioprofessionnelle, une fois prises en compte les autres caractéristiques. Les enfants d’ouvriers et d’employés ont une probabilité plus faible de réaliser une mobilité ascendante que ceux dont les parents exercent une profession intermédiaire, tandis que l’effet des autres catégories sociales n’est pas significatif. »

Les sujets qui font débat :

  • Comment expliquer la mobilité sociale ?
  • Quels sont les freins à la mobilité sociale ?

Pour compléter : Entretien avec Yann Coatanlem :

Retrouvez toutes les vidéos des Entretiens de Melchior avec Yann Coatanlem :

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