Croissance et décarbonation de l'économie

Melchior vous propose ce décryptage pédagogique de la Note de Trésor-Éco "Croissance et décarbonation de l'économie" pour l'exploiter en classe avec vos élèves. 
D'une clarté remarquable, elle permet de traiter très simplement de points du programme.

La publication de Pierre-Louis GIRARD, Claire LE GALL, William MEIGNAN, Philippe WEN, Croissance et décarbonation de l’économie, Trésor-Eco, n°315, octobre 2022, s’intéresse aux liens entre la croissance et l’émission de gaz à effet de serre et plus particulièrement à l’impact des mesures de décarbonation de l’économie. L’article revient sur la nécessité de mesures de politiques publiques visant une forte réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il rappelle les différents instruments que sont la tarification du carbone, la réglementation et le soutien financier public. Certains de ses instruments reposent sur une logique d’incitation, incitation à la réorientation des investissements notamment, d’autres sur la contrainte.

Les auteurs analysent les effets macroéconomiques de ces mesures visant la transition vers la neutralité carbone. D’une part, elles génèrent une hausse du coût relatif des émissions de carbone, et cet effet-prix est le but recherché. D’autre part, elles favorisent une forte augmentation des investissements dans la décarbonation.

Ces deux effets directs peuvent conduire à court terme à un ralentissement de la croissance économique et une hausse de l’inflation. Les auteurs montrent que l'effet macroéconomique de la transition est globalement difficile à mesurer mais que le coût de la transition resterait de toute façon inférieur au coût de l'inaction face au changement climatique.

La décarbonation de l’économie a deux types d’impacts. D’une part, elle peut s’analyser comme un choc d’offre négatif car la sortie des énergies fossiles nécessite un surcroît d’investissement générant des coûts élevés pour les acteurs économiques. D’autre part, ces investissements nouveaux peuvent aussi être analysés comme un choc de demande positif pouvant stimuler un surplus de demande dans certains secteurs. Globalement, dans un cas comme dans l’autre, l’effet est inflationniste.

L’article conclut sur la nécessité de politiques publiques d’accompagnement de la décarbonation de l’économie : accompagnement des acteurs les plus fragiles, ménages modestes et petites entreprises, soutien à la réallocation des emplois par les politiques de formation. La transition ne peut se faire sans faire évoluer les compétences.

Les termes clés

Croissance verte : l’OCDE la définit comme une croissance permettant une préservation de l’environnement. Il faut donc la distinguer de la décroissance qui désigne une transition écologique qui ne serait possible par une réduction de la production.

Equation de Kaya : Kaya et Yokobori ont formalisé en 1997 les déterminants économiques des gaz à effet de serre. Ceux-ci sont déterminés par la population (POP), le revenu par habitant (PIB/POP) et par l'intensité carbone de l'économie GES/ PIB. L’équation peut donc être formulée ainsi :

Neutralité carbone : appelée aussi « zéro émission nette », il s’agit de l’objectif de l'Union européenne et de la France d’amener d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre résiduelles à un niveau égal aux absorptions de gaz à effet de serre.

Le point théorique : la courbe environnementale de Kuznets :

Source : Grossman G. M. et Krueger A. B. (1995), "Economic Growth and the Environment", The
Quarterly Journal of Economics, 110(2):353-377.

Cette courbe en U inversé, inspirée à Grossman et Krueger par la courbe des inégalités de Kuznets, tend à montrer que la dégradation du capital naturel augmente avec la croissance jusqu’au moment où, les priorités des sociétés changeant du fait de leur niveau de vie élevé, elles diminuent leurs émissions polluantes.