Comment l’internationalisation des chaînes de valeur évolue-t-elle ?

• Les effets du contexte géopolitique sur la mondialisation
• Les mesures institutionnelles et leurs effets sur les chaînes de valeurs
• Des graphiques en indices illustrant l’évolution des échanges
• Des graphiques montrant la reconfiguration des exportations russes 

La croissance rapide des échanges internationaux depuis les années 1990 a été ralentie voire stoppée par différents épisodes récents :  la crise de 2008, d’une part, puis la pandémie de Covid en 2019 et 2020 et la guerre en Ukraine. Ces dernières crises ont révélé certaines fragilités dans l’organisation de la production mondiale et des chaînes de valeur.

Malgré ces difficultés, les échanges mondiaux ont repris leur croissance à un rythme élevé. Mais la structure des échanges s’est transformée. 

L'article s’interroge sur évolution future de l'organisation des chaînes de valeur et sur le poids de certains facteurs créant des éléments d’incertitude pour les entreprises dans leurs stratégies d’internationalisation. Ceux-ci concernent les questions géopolitiques, en particulier depuis l'invasion russe en Ukraine, mais aussi le changement climatique. Dans les deux cas, les entreprises recherchent une sécurisation de leurs échanges ce qui a et aura des effets sur les chaînes de valeur. 

Quels que soient les facteurs d’incertitude, la question de la trop grande concentration géographique de certaines productions est posée et l’étude de Trésor éco constate un mouvement de diversification. Il cite notamment le cas d’un secteur stratégique, celui des semi-conducteurs.

Malgré un ralentissement de la mondialisation, ces différents facteurs n’ont pas remis en cause la distance moyenne des échanges mondiaux et cela, du fait de la tendance à la hausse des importations venant la Chine. Globalement, les exportations chinoises ont retrouvé un niveau élevé. Elles représentent, en 2022, 21 % de l’ensemble des importations de l'Union européenne.

Finalement l’article interroge donc la capacité de résilience des chaînes de valeurs c’est-à-dire de l’organisation économique mondiale et les possibles tendances au protectionnisme. Du fait de tensions politiques, la Chine et les Etats-Unis ont mis en place des droits de douane sur plus de la moitié de leurs échanges bilatéraux, ce qui a des conséquences sur les chaînes de valeur mondiales. Sécuriser certaines chaînes de valeur devient donc un enjeu de politique économique, en particulier pour l’Union Européenne. Cela passe par une relocalisation de certaines productions au niveau national ou dans un pays proche. Ces orientations sont cruciales pour les branches en lien avec la transition écologique (minéraux et métaux). C’est l’un des axes de l'Inflation Reduction Act mis en place par le président Biden aux États-Unis mais aussi du Critical Raw Materials Act de l’Union Européenne.

• CHAINES DE VALEUR :

Cette expression désigne l’enchaînement des différentes étapes de la production qui ajoutent de la valeur à un produit final.

Les chaînes de valeur mondiales sont donc constituées de toutes les étapes de production, depuis la conception du produit jusqu’à sa distribution, réalisées dans des pays différents. Elles traduisent donc la fragmentation internationale de la production, source de gains de productivité.

• INFLATION REDUCTION ACT :

La loi américaine sur la réduction de l'inflation a été votée en août 2022. Son but est de freiner l'inflation et inclut, pour cela, des mesures protectionnistes. Ce texte consacre également un volet de dépenses publiques en faveur de l’énergie et du climat en promouvant la production d'énergie domestique et l'énergie propre. 

• CRITICAL RAW MATERIALS ACT :

La loi de 2023 sur les matières premières critiques de l’Union Européenne a pour but de sécuriser un certain nombre de chaînes de valeurs concernant les matières premières indispensables à l’économie de l’UE.  Elle vise un accès sûr et durable aux métaux des terres rares, telles que le lithium, ce qui est la condition des objectifs européens en matière climatique. 

• RESILIENCE D’UNE ECONOMIE :

Cette expression utilisée par l’article désigne la capacité d’une économie à résister à des chocs et à maintenir le niveau d’activité à un niveau proche de son potentiel malgré ces chocs. 

• Le Protectionnisme

Le protectionnisme a été prôné par Friedrich List au 19^ème siècle. Economiste appartenant à l'école historique allemande, List est l'un des théoriciens à l’origine du projet d’union douanière et commerciale entre les Etats allemands de l’époque, le Zollverein mis en place en 1834. 

Dans Le système national d'économie politique (1840), il présente une critique des théories libre-échangistes d'Adam Smith et de David Ricardo largement dominantes à l’époque. Il explique que si le libre-échange est adapté à la situation économique du Royaume-Uni, ce n’est pas le cas d’autres pays tels que l’Allemagne. Friedrich List pose les bases d’une théorie du protectionnisme à partir de la notion de "protectionnisme éducateur". Un pays dont l’industrie n’est pas suffisamment développée pour concurrencer les entreprises anglaises a intérêt, explique List, à instaurer des barrières sous la forme de droits de douane. Ce protectionnisme tarifaire doit durer tant que la compétitivité des entreprises nationales n’est pas acquise. C’est, selon List, la seule voir=e permettant l’émergence d'industries nationales.

L’analyse des vertus du protectionnisme a donné lieu à des travaux ultérieurs. Ainsi, Paul KRUGMAN a actualisé cette approche en préconisant des politiques commerciales stratégiques qui consistent à subventionner des secteurs présentant de fortes externalités positives pour un pays.

Ce graphique extrait de la note de Trésor éco permet de montrer, à partir d’indices, la relation entre les évolutions parallèles de la production industrielle et  du commerce mondial.

• Comment expliquer l’internationalisation des chaînes de valeurs ?
• Quels facteurs modifient l’organisation des chaînes de valeurs ?