L’état de l’école 2022– Depp (octobre 2022)
L’état de l’école présente une synthèse d’indicateurs statistiques permettant une analyse globale du système éducatif. Cette fiche propose un constat synthétique de la situation actuelle puis un focus sur le devenir des élèves aux moments clé de l’orientation : à la fin du collège, du CAP, de la seconde et après l’obtention du baccalauréat.
Mots clé : niveaux de diplôme, paliers d’orientation scolaire
Depuis 1950, l’enseignement secondaire général, technologique puis professionnel s’est ouvert à tous les milieux sociaux. La part de bacheliers dans une génération est passée de 5 % en 1950 à 79,2 % en 2022. A la rentrée 2020, 64,8 % des élèves venant de 3ème ont continué en seconde générale et technologique, 32,1 % en formation professionnelle en lycée ou en apprentissage, 2,2 % sont restés en collège.
Désormais 31 % des femmes et 21 % des hommes sortent de formation initiale avec comme diplôme le plus élevé un master, doctorat, une école d’ingénieur ou de commerce. La France a ainsi une des proportions de diplômés de l’enseignement supérieur les plus élevée en Europe (parmi les 25 à 34 ans) et simultanément un taux de sortie précoce du système éducatif parmi les plus bas.
Concernant les apprentissages, le niveau moyen en mathématiques a considérablement baissé depuis 30 ans, avec un rebond depuis 2019 en primaire (CP, CE1) mais une baisse au test de positionnement à l’entrée en seconde. Les résultats en français à ces tests augmentent depuis 2019. Les filles ont une meilleure réussite que les garçons en français tout au long de leur scolarité. A partir du CE1, les garçons ont une meilleure réussite en mathématiques. Les filles s’orientent davantage vers la voie générale ou technologique que les garçons, mais moins souvent que les garçons dans des formations scientifiques. Elles sont plus souvent diplômées du supérieur à la fin de leurs études initiales (55 % contre 45 % pour les garçons).
Si les inégalités sociales d’accès au baccalauréat en fonction de l’origine sociale se sont réduites depuis une vingtaine d’années, les résultats scolaires, les choix d’orientation et les parcours sont fortement marqués par l’origine sociale (voir tableau ci-dessous).
Niveau de diplôme dix ans après l’entrée en sixième selon le milieu social
On retrouve de forts écarts de composition sociale entre établissements scolaires. Trois quarts des élèves scolarisés en réseaux d’éducation prioritaire de type REP+ ont des parents ouvriers ou inactifs contre moins de 40 % dans les collèges publics hors éducation prioritaire.
De façon générale, il y a d’importantes disparités territoriales en termes de compétences. Si l’on s’intéresse à la lecture, près d’un jeune de 17 ans sur dix rencontre des difficultés. La moitié d’entre eux peut être considérée comme en situation d’illettrisme. Les difficultés de lecture en début de sixième sont plus marquées dans certains territoires, notamment le Nord et les départements et régions d’outre-mer (DROM).
La fin des classes de troisième, de terminale CAP et de seconde générale et technologique représentent des moments clé de l’orientation de la scolarité dans le secondaire.
En fin de 3ème, un élève sur trois s’engage dans la voie professionnelle (en 2019). Un tiers s’engage vers le CAP, deux tiers en baccalauréat professionnel. L’apprentissage est répandu, principalement en CAP (à 50 %). Il accueille moins de filles. Le passage des élèves de CAP en voie technologique ou professionnelle est très rare ; la plupart s’oriente vers des formations sociales ou vers le marché du travail (50 %) ou bien vers un diplôme de niveau 4 (baccalauréat professionnel), à 26 %.
A notes équivalentes, les élèves issus des milieux favorisés font beaucoup plus souvent des choix d’orientation vers la seconde générale et technologique que ceux issus des milieux populaires. Les filles passent plus souvent en seconde GT que les garçons.
Les élèves qui ont poursuivi en seconde générale et technologique (GT) en 2019 continuent aux deux tiers leur scolarité dans la voie générale et pour près de 25 % vers la voie technologique (en 2020). Les élèves en retard poursuivent plus souvent en série technologique. Les garçons poursuivent quatre fois plus souvent que les filles dans une des séries scientifiques technologiques (STI2D, STAV, STL). Dans les filières professionnelles et technologiques, les filles sont très majoritaires dans le domaine sanitaire et social. Les domaines tertiaires du management et du commerce sont paritaires. L’orientation en seconde générale et technologique dépend en partie des résultats scolaires des élèves et de leur milieu social, mais aussi également du contexte géographique. L’orientation en seconde GT est plus fréquente dans les communes urbaines denses où la proximité et la diversité des formations du supérieur favorisent les aspirations à des études longues.
Le taux de réussite au baccalauréat a fortement augmenté en 30 ans. En 2022, à la session de juin, il atteint 91,1 % (96,1 % en voie générale, 90,6 % en voie technologique, 82,3 % en voie professionnelle). La voie générale représente 54 % des bacheliers, la voie technologique 20 % et la voie professionnelle 26 % (en forte augmentation depuis 1990 où elle représentait 6 % des bacheliers). L’espérance d’obtenir le baccalauréat en sixième est particulièrement forte dans les académies d’Ile-de-France (83 %, contre 72 % dans l’académie de Montpellier par exemple).
Plus des trois quarts des néo-bacheliers poursuivent leurs études dans l’enseignement supérieur : 94 % pour les bacheliers du général, 80 % pour les bacheliers technologiques et 46 % pour les bacheliers professionnels. Ces derniers ainsi que les titulaires d’un bac technologique se retrouvent principalement en STS (à 38 % et 39 % respectivement). Quant aux titulaires d’un bac général, 52 % poursuivent à l’université et 10 % en CPGE.
Les orientations dans le supérieur se situent dans la cohérence du profil au lycée. Les filles s’orientent davantage vers les formations de santé et de lettres et les garçons vers les formations technologiques ou scientifiques. A niveau scolaire égal, l’ambition est supérieure chez les garçons, ainsi que leur présence dans les filières sélectives. Les filles étant plus présentes dans la voie générale, elles ont un taux de poursuite global dans le supérieur de 5 points plus important à celui des garçons (81 % contre 76 % en 2020).
Les parcours scolaires sont marqués par les inégalités sociales dans le secondaire mais aussi dans le supérieur. En 2018, 89 % des élèves de 15 ans déclarent qu’ils comptent obtenir un diplôme du supérieur lorsqu’ils appartiennent au quart des élèves au contexte socioéconomique le plus favorisé, contre 69% parmi le quart des plus défavorisés. Les jeunes des origines sociales les plus favorisées sont surreprésentés dans les filières les plus élitistes. Leur niveau de diplôme en sortie du système éducatif est plus élevé. Les plus diplômés ont plus souvent un emploi que les moins formés (voir tableau ci-dessous) et accèdent davantage aux catégories socioprofessionnelles supérieures. La formation continue est plus accessible aux diplômés du supérieur long. En 2019, 19 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont obtenu un diplôme plus élevé après leur formation ; 25 % pour les diplômés du supérieur long.
Situation d’activité des jeunes sortis de formation initiale depuis 1 à 4 ans, selon le diplôme, en 2021 (en%)
Les femmes sortent davantage diplômées à la fin de leur formation initiale, mais obtiennent moins souvent des diplômes dans des écoles d’ingénieur et sont sous-représentées parmi les docteurs en comparaison de leur présence dans les cursus de licence et de master.