Introduction
L'ouvrage de Jean-Luc Gaffard cherche à rompre avec l'idée traditionnelle de l'équilibre économique et de l'optimisation, en se penchant sur la viabilité des économies intrinsèquement instables. Il s'inscrit dans la lignée de penseurs tels que Keynes et Schumpeter, remettant en question le libéralisme classique du XIXe siècle. La réflexion explore la nécessité de repenser l'économie en reconnaissant l'instabilité inhérente résultant de changements structurels récurrents.
I. Libéralisme économique et libéralisme social
L'auteur analyse l'évolution du libéralisme, soulignant le passage du libéralisme économique du XIXe siècle à l'émergence du libéralisme social au XXe siècle. Ce dernier repose sur une organisation spécifique des marchés et des entreprises, visant à garantir aux acteurs la possibilité de se projeter à long terme. Cette transition a introduit de nouvelles institutions et formes d'organisation, comme les stabilisateurs automatiques, les règles du droit du travail, et la gouvernance des entreprises en tant que coalitions politiques.
II. Les fondements théoriques du libéralisme social
L'ouvrage évoque une théorie économique qui dépasse la simple science des échanges, mettant en lumière les mécanismes qui gouvernent la production et la répartition des ressources. Gaffard remet en question l'idée d'une théorie économique "pure" en soulignant son enracinement dans un environnement institutionnel et historique particulier. Les fluctuations économiques résultent non seulement des variations des prix de marché mais aussi de l'organisation industrielle de la production.
III. Trois questions en débat
Le libéralisme social offre des réponses renouvelées aux questions sociales, écologiques et politiques contemporaines. Sur le plan social, il propose une réorganisation des marchés et des entreprises pour garantir une répartition primaire des revenus équitable. En ce qui concerne l'écologie, le libéralisme social s'appuie sur une transition écologique considérée comme un développement qualitatif guidé par des comportements favorisant la durabilité. Enfin, sur le plan politique, l'auteur argue que les économies de marché, bien qu'intrinsèquement instables, peuvent résilier grâce à des institutions favorisant la coopération.
Conclusion
L'ouvrage défend la thèse selon laquelle l'esprit de mesure, défini comme la reconnaissance des contradictions et le choix de la lutte permanente pour y survivre, est essentiel au libéralisme social. La survie de la démocratie libérale dépend de la mise en œuvre de cet esprit de mesure, qui implique une gestion équilibrée des dimensions économiques, sociales et politiques.