Séance 6 : Comment les sociologues expliquent-ils les inégalités d’accès aux formations diplômantes ?

Durée : 1h30

Objectifs :

Comprendre que les inégalités d’accès aux formations diplômantes peuvent s’expliquer par des inégalités de capital culturel entre les familles et par des stratégies familiales différentes.

Document 1 : La sociologie de l'éducation

Facile

Ce sont surtout Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont fait de la sociologie de l'éducation une préoccupation importante de la sociologie contemporaine en publiant Les Héritiers (1964) et La Reproduction (1970). […] Leur thèse centrale est que l'école reproduit les inégalités sociales à travers des méthodes et des contenus d'enseignement qui privilégient implicitement une forme de culture propre aux classes dominantes. La pratique du cours magistral, qui se fonde sur l'usage d'un langage cultivé sans en dévoiler les mécanismes, induit une « complicité cultivée » entre les enseignants et les élèves des milieux culturellement favorisés, déjà accoutumés à ce type de rapport au langage. Sous couvert d'universalisme, l'école leur permettrait en fait de faire fructifier le « capital culturel » que leur transmettent leurs parents.

Source : Sciences Humaines n° 161, Juin 2005.

Questions 

1) Qu’est-ce qu’un cours magistral ?

2) En quoi favorise-t-il la réussite des enfants des classes dominantes ?

3) Expliquez la phrase sen caractère gras.

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1) Qu’est-ce qu’un cours magistral ?

Cours sans interactions avec les élèves : le professeur parle et les élèves notent.

2) En quoi favorise-t-il la réussite des enfants des classes dominantes ?

Les élèves des classes dominantes ont une culture qui leur permet de mieux comprendre le langage et les références culturelles de l’école.

3) Expliquez la phrase soulignée.

On peut introduire ici la notion de capital culturel chez Pierre Bourdieu : ensemble des ressources culturelles (savoirs, savoir-faire ou compétences, maîtrise de la langue et des arts) détenues par un individu et qu'il peut mobiliser.

Les enfants issus de milieu social favorisé héritent du capital culturel de leurs parents, ce qui favorise leur réussite à l’école car l’école utilise les codes culturels des milieux supérieurs (langage, références à des savoirs…).

L’école traite tous les enfants et s’adresse à tous de la même façon mais, de cette façon, elle privilégie les enfants des classes supérieures car elle utilise les mêmes codes culturels que leurs parents.

Document 2 : les inégalités sociales

Facile

Dans un livre intitulé L'Inégalité des chances (1972), […] R. Boudon part du postulat […] de l'acteur social rationnel, emprunté aux théories économiques. De son point de vue, les inégalités sociales observées dans les parcours scolaires sont le résultat de la juxtaposition de stratégies divergentes, adoptées consciemment par les familles en fonction des informations dont elles disposent et de leur manière d'évaluer les avantages et les coûts d'une poursuite d'études. « L'éventualité de devenir, par exemple, instituteur, écrit R. Boudon, n'est pas perçue de la même manière par le fils d'un ouvrier et par le fils d'un membre de l'académie des sciences. » Le fils d'ouvrier se satisfera d'un statut qui constitue pour lui une progression sociale notable, alors qu'il anticipera négativement le coût psychologique et financier d'études longues, ce qui ne sera évidemment pas le cas du fils d'universitaire.

Source : Sciences Humaines n° 161, Juin 2005.

Questions : 

1) Donnez des exemples d’avantages et de coûts de la poursuite d’étude.

2) Expliquez le passage  en caractère gras.

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1) Donnez des exemples d’avantages et de coûts de la poursuite d’étude.

Avantages de la poursuite d’étude : salaire plus élevé, moins de risques de chômage et de précarité, emploi qualifié.

Coûts de la poursuite d’étude : frais d’inscription, de logements, de transport, fournitures scolaires. De plus, les études retardent l’entrée dans la vie active et donc le moment de l’indépendance financière.

Pour décider de la poursuite d’étude de leurs enfants, les parents comparent ces coûts et ses avantages.

2) Expliquez le passage en caractère gras.

Les aspirations des parents pour leurs enfants ne sont pas les mêmes selon le milieu social : chaque parent se réfère à sa propre position sociale pour envisager celle de son enfant. Devenir instituteur pour une enfant d’ouvrier est considéré par sa famille comme une réussite sociale alors que ce peut être considéré comme un échec dans les familles de milieu supérieur.

Ainsi, les parents n’estiment pas de la même façon les coûts et les avantages de la poursuite d’études. Dans les milieux supérieurs, les avantages sont surévalués par rapport aux coûts et dans les milieux populaires, les coûts sont surestimés par rapport aux avantages. Les parents de milieux sociaux différents élaborent donc des stratégies scolaires différentes.

Synthèse : Complétez le texte ci-dessous :

Facile

Les statistiques montrent que plus le niveau de diplôme est élevé, plus le …………………….. est élevé. Toutefois, les gains liés à la poursuite d’étude ne se mesurent pas seulement en gains monétaires, mais aussi en facilités d’accès à l’emploi.

En effet, même si le diplôme ne garantit pas complètement d’obtenir un emploi, l’obtention d’un diplôme limite néanmoins le risque d’être au ………………………………………..

Par ailleurs, être titulaire d’un diplôme du supérieur limite la ………………………………. de l’emploi. Un emploi précaire est un emploi dont la durée est limitée dans le temps. Il peut s’agir par exemple de …………………………………………., ………………………………………………………………., …………………………………………... Ces emplois offrent des rémunérations incertaines, rendent plus difficile l’obtention d’un logement ou d’un prêt bancaire et ne donnent pas forcément accès aux assurances sociales comme l’assurance chômage.

 

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Les statistiques montrent que plus le niveau de diplôme est élevé, plus le salaire est élevé. Toutefois, les gains liés à la poursuite d’étude ne se mesurent pas seulement en gains monétaires, mais aussi en facilités d’accès à l’emploi.

En effet, même si le diplôme ne garantit pas complètement d’obtenir un emploi, l’obtention d’un diplôme limite néanmoins le risque d’être au chômage.

Par ailleurs, être titulaire d’un diplôme du supérieur limite la précarité de l’emploi. Un emploi précaire est un emploi dont la durée est limitée dans le temps. Il peut s’agir par exemple de contrats à durée déterminée (CDD), de contrats d’intérim, d’apprentissage ou de stages. Ces emplois offrent des rémunérations incertaines, rendent plus difficile l’obtention d’un logement ou d’un prêt bancaire et ne donnent pas forcément accès aux assurances sociales comme l’assurance chômage.

Exercice pour aller plus loin

Facile

Des parcours scolaires d’enfants de milieu populaire

C’est sur les conseils de ses professeurs du lycée que Mathieu, fils d’ouvrier, a suivi une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) et intégré HEC(1). Ce sont aussi des enseignants de lycée qui ont guidé Laura (Essec (1)), fille d’un ouvrier et d’une employée immigrés portugais, vers la CPGE. Ces élèves ne possèdent pas véritablement au départ d’informations sur l’orientation, leur famille ayant une faible connaissance du système scolaire. Ils profitent, en revanche, la plupart du temps, de circonstances et de rencontres avec des acteurs extérieurs à la famille pour s’informer et confirmer leurs orientations. La figure de l’enseignant comme aiguilleur scolaire est récurrente et patente. Si les conseils d’orientation peuvent être ponctuels pour certains, ils jalonnent, pour d’autres, l’ensemble de la scolarité. Erwan (qui fait Polytechnique(1)) déclare avoir eu des professeurs décisifs dans ses choix d’orientation tout au long de son parcours scolaire : à l’école primaire, une institutrice l’oriente vers un collège doté d’une classe européenne ; au collège, un professeur lui déconseille de prendre une option technologique tandis qu’un autre l’encourage notamment à s’inscrire dans un lycée renommé ; au lycée, il apprendra l’existence des CPGE ; enfin en CPGE, un enseignant lui donnera des conseils stratégiques pour augmenter ses chances d’atteindre l’X (école polytechnique).

Les orientations successives engagent inexorablement en fermant et en ouvrant des portes. Les enseignants éclairent le chemin vers la riuscita, la « bonne issue ». S’ils forment et informent, d’autres acteurs guident ces élèves de milieux populaires dans les carrefours de l’orientation scolaire. Par exemple, Stéphanie, normalienne(2), fille d’employés non diplômés, bénéficiera de l’intervention dans son orientation du père de sa meilleure amie : « Il m’a déjà fait part de l’existence des classes préparatoires, qu’évidement je ne connaissais pas, et que je n’aurais, sans doute pas, connues sans lui (…), il m’a dit qu’il fallait que j’aille à Henri IV. » […] Ces élèves, en se saisissant des informations absentes de leur cercle familial, maintiennent voire renforcent leur excellence au fil des épreuves scolaires.

(1)Grandes écoles de commerce ou d’ingénieur.

(2)Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure, école qui propose une formation en 4 ans de haut niveau, dans des domaines variés : lettres et langues, arts et design, sciences humaines et sociales, droit, économie et management, sciences et technologies, sport.

Source : « Parcours de réussite en milieu populaire », Castets-Fontaine Benjamin, Sciences Humaines, Octobre 2011.

Questions : 

1) A l’aide du texte, complétez le tableau ci-dessous :

2) D’après les statistiques étudiées dans ce chapitre, pourquoi peut-on qualifier les parcours de ces jeunes de trajectoires improbables ?

3) Comment l’auteur explique-t-il ces trajectoires ?

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1) A l’aide du texte, complétez le tableau ci-dessous :

 

2) D’après les statistiques étudiées dans ce chapitre, pourquoi peut-on qualifier les parcours de ces jeunes de trajectoires improbables ?

Les statistiques montrent que les enfants de milieu populaire ont moins de chances de faire des études longues, or ces jeunes sont tous issus de milieux populaires et font ou ont fait des études longues et prestigieuses.

3) Comment l’auteur explique-t-il ces trajectoires ?

L’auteur souligne l’importance des enseignants et de l’entourage non familial pour conseiller ces jeunes en matière d’orientation. Ces conseils leur ont permis d’exploiter au mieux leurs capacités scolaires et de compenser les faibles connaissances familiales du système scolaire.

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