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Compte-tenu des grandes tendances observées dans le passé, et des évolutions qui peuvent être anticipées, la publication Les Métiers en 2030 tente de répondre à trois questions : Combien d’emplois seront créés d’ici quelques années dans les différents métiers ? Quels seront les besoins de recrutement des différents secteurs d’activité ? Quels déséquilibres peut-on anticiper pour corriger l’écart entre l’offre et la demande de travail ?
Mots-clés : Marché du travail, métiers.
La recomposition projetée par Les Métiers en 2030 aboutit à la conclusion qu’au niveau global, dans le scénario de référence retenu, 1 million d’emplois seraient créés entre 2019 et 2030, ce qui conduirait à une diminution progressive du chômage structurel. Ces créations d’emplois continueront à être favorables aux diplômés du supérieur (poursuite de la tendance à la hausse des qualifications) qui occuperaient près d’un emploi sur deux en 2030 (47% contre 43% aujourd’hui) : au total, 1,8 million d’emplois occupés par des diplômés du supérieur seraient ainsi créés entre 2019 et 2030, alors que les emplois créés pour ceux qui n’ont pas dépassé le baccalauréat diminueraient de près de 800000. En ce qui concerne les créations d’emplois exercés par des diplômés du supérieur, elles seraient concentrées dans trois secteurs : les activités juridiques, comptables et de gestion ; les services administratifs et de soutien ; le commerce, avec pour chaque secteur une création nette d’emplois comprise entre 200000 et 300000. Viendraient ensuite, avec une augmentation des effectifs comprise entre 80000 et 150000, les activités informatiques, la construction, la santé, l’hôtellerie-restauration, les activités récréatives et culturelles, et la R-D. Et s’agissant des emplois dont la qualification requise ne dépasse pas le baccalauréat, la construction créerait près de 55000 postes entre 2019 et 2030, la santé et le médico-social gagneraient respectivement environ 120000 postes, essentiellement dans l’accompagnement des patients et des personnes fragiles.
Quand on examine maintenant les métiers comme ci-dessous (qui sont plus ou moins liés aux différents secteurs d’activité), les quatre métiers les plus créateurs d’emplois (entre 110000 et 115000 chacun) seraient les ingénieurs-informaticiens, les infirmières et les sages-femmes, les aides-soignants et les cadres commerciaux. Viennent ensuite les aides à domicile (+100000) et les ouvriers qualifiés dans la manutention (+80000), qui devanceraient les cadres des services administratifs et financiers ainsi que les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie (respectivement +75000).
Les métiers en plus forte expansion entre 2019 et 2030
Source : « Les métiers en 2030 », France-Stratégie, DARES.
Pour chaque métier, on peut obtenir les postes à pourvoir en additionnant les créations nettes d’emploi ci-dessus et les départs en fin de carrière (retraites). Dans l’ensemble, de 2019 à 2030, les postes à pourvoir s’établiraient à 760000 chaque année, les départs en fin de carrière représentant 90% du total.
Les métiers comptant le plus de postes à pourvoir entre 2019 et 2030
Source : France-Stratégie, DARES, op.cit.
Les 15 métiers avec le plus de postes à pourvoir peuvent être classés en 3 catégories. Il y a d’abord ceux qui créent peu d’emplois, et dont les postes à pourvoir correspondent avant tout aux remplacements des départs en fin de carrière (agents d’entretien ; enseignants ; conducteurs de véhicules ; vendeurs et ouvriers du second œuvre du bâtiment). Il y a ensuite ceux dont la dynamique des effectifs contribue à hauteur d’environ un quart des postes à pourvoir (cadres administratifs, comptables et financiers ; cadres commerciaux et technico-commerciaux ; aides à domicile ; aides-soignants ; infirmières et sages-femmes ; ouvriers qualifiés de la manutention ; médecins ; techniciens de la maintenance). Il y a enfin les ingénieurs de l’informatique et les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie où les créations d’emplois représentent au moins la moitié des postes à pourvoir.
Si maintenant pour chaque métier on confronte les postes à pourvoir avec le vivier de jeunes qui y débuteraient, on peut mettre en évidence des déséquilibres « potentiels » (potentiels parce que les déséquilibres dépendent des choix d’orientation, qui peuvent se trouver modifiés dans le temps pour diverses raisons) et partiels (partiels parce que ces déséquilibres peuvent être comblés en partie par une offre de travail provenant des mobilités professionnelles, des aller-retours emploi-chômage, des inactifs qui réintègrent le marché du travail, ou encore du solde migratoire).
Parmi les quinze métiers aux plus forts déséquilibres potentiels, neuf figurent dans les quinze métiers aux plus forts besoins de recrutement (voir graphique ci-dessous). Ces neuf métiers sont les agents d’entretien et les aides à domicile, les conducteurs de véhicules, les ouvriers qualifiés de la manutention, deux métiers de cadres (cadres commerciaux et de services administratifs et financiers), les aides-soignants, les ouvriers qualifiés du bâtiment, et enfin les enseignants. Et trois métiers, qui ne figurent pas dans les métiers aux besoins de recrutement les plus élevés, afficheraient des déséquilibres potentiels en raison d’un faible afflux de jeunes débutants : les employés de maison (dont font partie les personnels de ménage), les assistants maternels (respectivement 8% et 10% de jeunes débutants) et les professions intermédiaires de la fonction publique (13% de jeunes débutants). Tous les métiers à forts besoins de recrutement ne présenteraient pas des déséquilibres aussi élevés. Chez les enseignants, les cadres techniques de l’industrie ainsi que les ingénieurs de l’informatique, les jeunes débutants combleraient plus des trois quarts des besoins de recrutement. Quant aux infirmiers et sages-femmes, médecins, techniciens et agents de maîtrise, les besoins devraient être presque totalement couverts par les arrivées de jeunes débutants.
Les métiers où les déséquilibres potentiels sont les plus importants en valeur absolus entre 2019 et 2030
Source : France-Stratégie, DARES, op.cit.