Risque.

Définition :

Le risque est la possibilité de survenue d’un événement pouvant affecter le bien-être de l'individu, de façon négative mais aussi positive.

 

La question de l’information est centrale dans l'approche économique du risque. Dans le cas de l’approche néoclassique, le postulat de rationalité individuelle parfaite suppose une information complète sur le risque ; la décision économique est alors optimale. Le risque est donc intégré au calcul de l’homo oeconomicus.

L'essentiel :

Depuis les travaux de F. Knight (1885-1972), les économistes distinguent la notion de « risque » de celle d’incertitude. Dans une situation de risque, la probabilité est connue ou peut être estimée alors que, dans une situation d’incertitude, cette probabilité est inconnue. Si le risque est probabilisable, l’incertitude ne l’est pas. On peut donc distinguer les univers risqués des univers incertains et indéterminés. Dans le premier cas, les événements possibles sont connus, leur probabilité d'occurrence est connue elle aussi, à partir de données accumulées (risque de maladie, d’accidents, etc.). Dans le cas de risques incertains, les évènements futurs possibles sont connus mais pas leur probabilité (tempêtes, cyclone, éruptions volcaniques, etc.). Dans le cas des risques indéterminés, l’information est inconnue, il n’y a pas de données, on peut simplement les imaginer. F. Knight explique que souvent l’individu se trouve dans une situation dans laquelle il ne détient pas toute l’information requise, ce qui le place en situation d'« incertitude » plus ou moins importante. Selon Keynes (1883-1946), face à ce type de situations d’incertitude, l’individu, notamment l’entrepreneur, obéit à des comportements mimétiques. En effet, face aux difficultés à prévoir, les agents économiques imitent les autres de façon à réduire l'incertitude. Keynes illustre notamment ce type de comportements dans le cadre du marché financier.

Comme les économistes, les sociologues s’intéressent aux attitudes face au risque et à ses effets. En effet, l’attitude des individus peut être très variable. La sociologie montre que le risque est une notion qui varie dans le temps et dans l’espace social. Elle est culturelle et sociale et n’a rien d’universel. Une large part des individus ont une aversion au risque. N'aimant pas le risque et voulant se prémunir face à celui-ci, ils essaient de s’en protéger et sont donc prêts à payer une « prime de risque » pour cela. Cette prime de risque varie selon l’importance de l'aversion au risque. Au contraire, la prise de risque peut être bénéfique pour la société et celle-ci débouche sur des gains. C’est le cas de l’entrepreneur qui prend des risques en innovant ou en investissant.

La sociologie contemporaine décrit largement les sociétés modernes comme des sociétés du risque. Hans Jonas, Anthony Giddens et Ulrich Beck ont en commun de caractériser la modernité par cette place du risque. U. Beck montre ainsi que la notion de risque a évolué. Alors que dans les sociétés traditionnelles, le risque était d’origine naturelle (de mauvaises conditions météorologiques conduisant à de mauvaises récoltes et à des famines) et restait très local, dans la société moderne, le risque est le résultat de l’activité humaine. Les risques industriels, les risques nucléaires, les risques en matière de santé sont largement le produit d’activités de production. Les sciences et les techniques sont au cœur du risque et celui-ci est globalisé. U. Beck explique que dans nos sociétés modernes, le risque a  une probabilité plus faible mais des conséquences qui peuvent être désastreuses.

 

La société du risque, comme la nomme U. Beck, est donc conduite à se polariser sur la notion de sécurité.  La gestion collective des risques devient donc indispensable et repose largement sur leur mutualisation.

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