L'essentiel :
En lien avec la philosophie des lumières et l’Encyclopédie, le courant physiocrate met en avant la raison et la recherche de « lois » universelles mais en se plaçant dans un ordre divin. Il s’agit de connaître la nature pour s’y soumettre (et non pour la changer). Cet « ordre naturel » est constitué d’un ensemble de lois fondamentales propres à toute société. Ces lois doivent être connues et appliquées par les hommes ; c’est donc le rôle de l’économie que de les éclairer. Ces lois naturelles vont de la propriété privée, notamment celle de la terre, à la liberté de produire et de commercer. Cette connaissance des lois naturelles éclairant le « despote », son autorité de droit divin ne peut qu’être légitimée et respectée. L’économie est donc définie par Dupont de Nemours (De l'origine et des progrès d'une science nouvelle, 1768), comme l’application de l’« ordre naturel » au gouvernement des sociétés.
Le point de départ des physiocrates étant le fait que la nature est à l’origine des richesses, seule l’agriculture dégage un surplus de richesse. Les laboureurs, les agriculteurs constituent donc la « classe productive ». Les Physiocrates critiquent le colbertisme, politique économique française qui prône l'industrialisation et néglige le rôle de l’agriculture.
Quesnay identifie trois classes en raison de leur place dans le système productif : la classe productive (agriculteurs), les propriétaires fonciers et la classe stérile (artisans).
Il considère que les deux dernières ne créent pas de richesses : la classe stérile les transforme et les propriétaires reçoivent des rentes des terres que les agriculteurs travaillent. En revanche, les agriculteurs dégagent un « surplus » ou produit net, ce qui peut s’analyser comme une première réflexion en termes de VA.
Les physiocrates aboutissent donc à l’idée selon laquelle il faut favoriser l’agriculture et pour cela il est nécessaire de libérer le commerce de grain, reprenant ainsi la formule attribuée à Vincent de Gournay « Laissez-faire, laissez-passer ».
Dans cette perspective d’un système à trois classes, Quesnay introduit le raisonnement en circuit, au travers du « tableau économique » appelé aussi le « zig-zag » (1766). Il y représente l’interaction entre les trois classes (classe productive, classe des propriétaires, classe stérile). Ce tableau économique permet de comprendre comment l’économie se reproduit d’une période à l’autre dans la mesure où il y est montré qu’il faut que l’investissement dans l’agriculture (les « avances ») soit suffisant pour reproduire le capital et, ainsi, l’activité de production. Sans cet investissement, il n’y a pas de production possible. Ce tableau est une sorte de premier « modèle » macroéconomique simplifié, montrant les flux de production et de circulation de la richesse. En effet, le « zigzag » met en évidence un « multiplicateur » de dépense du fait de la circulation de monnaie.
De cette vision globale, les physiocrates tirent différents enseignements en matière de prix et d’impôt.
Les Physiocrates défendent la théorie du "bon prix ", celui qui doit procurer un gain supérieur au coût de production du producteur. C’est pourquoi la liberté de commercer et d'exporter est essentielle.
Concernant la fiscalité, les physiocrates critiquent la charge fiscale qui pèse sur la classe productive.