Oligopole

Définition :

Configuration de marché où seules un petit nombre d’entreprises se font concurrence.

L'essentiel

Sur un marché en concurrence pure et parfaite, les producteurs, ou offreurs sont preneurs de prix, ils sont nombreux et aucun n’est de taille suffisante pour avoir une influence sur les prix du marché ou les quantités échangées. Cette hypothèse d’atomicité des offreurs n’est plus vérifiée sur un marché en monopole, ou le nombre de producteurs qui se font concurrence est réduit, limité. Il n’y a pas de nombre précis de concurrents qui permette de dire que le marché est en oligopole. Le duopole, marché où deux producteurs se font face seulement est une forme spécifique de l’oligopole.

 

Ainsi, chaque producteur exerce une influence sur les autres : la quantité qu’il décide de produire est une variable importante pour les concurrents. Si le produit est homogène, le prix du marché s’impose à l’ensemble des producteurs : un producteur qui vendrait à un prix plus élevé n’aurait aucune part de marché, alors que celui qui vendrait pour un prix plus bas tendrait à prendre toutes les parts de marché. La concurrence se fait alors sur les quantités. En concurrence, un producteur qui produit plus ne joue pas sur la production des autres, ce qui ne joue pas ou très peu sur le marché. À l’inverse, en oligopole, si l’une des entreprises produit plus, les autres tendent à réagir en faisant de même, ce qui fait que la quantité offerte augmente, réduisant les prix et donc les profits pour toutes les entreprises.

Le marché en oligopole, quand les produits sont homogènes est donc marqué par une grande importance des comportements stratégiques, qui peuvent être étudiés par la théorie des jeux, et notamment le dilemme du prisonnier. On peut ainsi modéliser les comportements stratégiques de deux entreprises, A et B, qui ont à choisir entre une production faible (qui peut permettre d’avoir des marges importantes) et une production forte (qui peut permettre de prendre des parts de marché). La matrice des gains est la suivante :

La situation optimale pour le collectif formé des deux producteurs est celle où chacun produit peu. Le profit total est alors de 10. Pourtant, chacun, en fonction de ce que fait l’autre a intérêt à produire beaucoup. Prenons le producteur A : si B produit peu, il doit produire beaucoup pour conquérir des parts de marché, si B produit beaucoup, A doit également produire beaucoup. La situation où la production est forte pour les deux producteurs est alors « l’équilibre de Nash ». Ce modèle permet de comprendre les motivations d’une entente entre entreprises qui peuvent avoir une motivation à se mettre d’accord pour éviter de se faire concurrence. C’est ce qui peut conduire à l’existence de cartels tels que celui de l’OPEP.

Quand les produits sont différenciés, la situation est différente et se rapproche de celle de la concurrence monopolistique. Cette différenciation tend à se développer.  L’idée est que les variations des prix de chacun des producteurs ont des effets importants sur les concurrents. Quand l’entreprise augmente son prix, la demande pour son produit risque de diminuer vite, car les concurrents ne modifient pas leurs prix, ce qui conduit à ce que les consommateurs aillent vers ces concurrents. À l’inverse, quand un producteur baisse son prix, les concurrents réagissent de la même façon, ce qui fait que la demande varie peu. La demande adressée au producteur est donc « coudée » au prix d’équilibre : sa pente est faible en-dessous de ce prix d’équilibre, elle est forte au-dessus. Cette analyse explique que le prix de l’oligopole soit stable.

 

Le duopole est un oligopole à seulement deux producteurs. Les duopoles réels sont relativement rares (on peut citer le duopole Airbus-Boeing par exemple, ou celui constitué par Android et IOS sur le marché des systèmes d’exploitation sur téléphone mobile), mais leur analyse permet de comprendre de façon simple la concurrence sur les marchés oligopolistiques. Sur ces marchés, la concurrence peut se faire sur les quantités. C’est par exemple ce qu’on observe dans le modèle du « duopole de Cournot », modèle sur lequel la variable stratégique est la quantité, avec une situation d’interdépendance entre les deux producteurs : la production de l’un est une variable importante de la production de l’autre. Dans le modèle de Stackelberg, on ajoute le fait que chacun prend en compte ce qu’il pense être l’anticipation faite par l’autre producteur. Stackelberg raisonne aussi avec l’idée d’un producteur « leader ». Dans d’autres modèles, comme le « duopole de Bertrand », la concurrence se fait par les prix.

 

De nombreux marchés peuvent être étudiés grâce aux modèles d’oligopole et de duopole. Le modèle de « l’oligopole à franges », par exemple est utile pour comprendre les marchés des produits culturels. Ces derniers sont souvent dominés par quelques acteurs (par exemple, les « majors » de la production musicale ou cinématographique) qui concentrent une très grande partie des parts de marché, alors que de très nombreux producteurs ont des stratégies de niche.

Lire à ce propos :

Voir le cours de Première : Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

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