Mondialisation.

Définition :

La mondialisation désigne un processus qui tend vers la circulation accrue des biens, des capitaux, des hommes, mais aussi des informations, des valeurs, et des normes entre les pays. Elle n’est donc pas qu’économique, financière ou commerciale mais aussi culturelle.

L'essentiel :

Le processus de mondialisation des économies est généralement identifié à un mécanisme d’intégration des économies à différents niveaux :

intégration commerciale avec l’ouverture des marchés de biens et services,

intégration financière avec les trois D d’Henri Bourguinat (déréglementation, décloisonnement, désintermédiation= Le terme doit être entendu ici non pas au sens d’un recul du poids des banques dans l’économie, mais plutôt d’une redéfinition de leur rôle : l’intermédiation de bilan – consacrée à la distribution de crédits à l’économie – tend à reculer en termes relatifs au profit d’une intermédiation de marché, c’est-à-dire d’un poids de plus en plus important des intermédiaires financiers sur les marchés financiers)

intégration productive avec la multinationalisation des firmes.

intégration culturelle et technologique avec l’internationalisation des formations dans l’enseignement supérieur et la diffusion des connaissances par les médias (radio, télévision, internet).

La mondialisation est synonyme d’intégration et donc de constitution de grands ensembles et d’homogénisation au niveau global mais aussi de fragmentation notamment dans le processus de production. C’est ce que Robert Feenstra expliquait dans un article de 1998 en montrant que la mondialisation actuelle était une combinaison originale d’un phénomène d’intégration internationale des marchés combiné à une dynamique de désintégration des processus de production.

Plus largement, le concept de globalisation a été popularisé par l’économiste Théodore Levitt dans un article de la Harvard Business Review de 1983, intitulé « Globalization of Markets ». Il y expliquait que les avancées technologiques et les nouveaux comportements sociaux permettent aux entreprises de vendre les mêmes produits à travers le monde. Émerge de cette «globalisation» des produits standardisés, vendus à bas prix, une convergence des marchés dans le monde entier et un commerce international dominé par des firmes globales définissant leur stratégie au niveau mondial.

Le phénomène d’internationalisation des échanges n’est pas nouveau puisque dès le IIème siècle avant J.C., les Chinois avaient mis en place un réseau commercial pour exporter la soie vers l’Occident. Sans remonter aussi loin, avant la révolution industrielle plusieurs villes avaient connu un essor considérable grâce au commerce extérieur : Bruges (1200-1350), Venise (1350-1500), Anvers (1500-1560), Gênes (1560-1620), Amsterdam (1620-1788). Plus récemment, pendant la Belle Epoque, les taux d’ouverture des pays européens étaient presque aussi élevés qu’à la fin du XXème siècle. Suzanne Berger distingue (dans Notre première mondialisation : leçons d’un échec oublié, 2003) la première mondialisation survenue entre les années 1860 et 1914 de la seconde mondialisation démarrée dans les années 1980, décennie au cours de laquelle un nouveau terme a été élaboré, celui de mondialisation.

Si les mondialisations des XIXème et XXème siècles sont comparables par leur ampleur, elles se différencient par les processus d’intégration à l’œuvre : pour celle du XIXème, il y avait eu une intensification des relations économiques internationales, une extension des marchés à l’échelle de la planète dans le cadre d’une « croissance moderne » centrée sur l’Europe et le nouveau monde (Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande). Alors que pour la seconde mondialisation, on observe une fragmentation des processus de production avec le développement des chaines de valeurs qui stimule l’industrialisation de l’Asie, de l’Amérique latine et d’une partie de l’Afrique, un effacement relatif des frontières et une perte d’autonomie de la décision politique.

On peut ainsi distinguer trois phases dans la dynamique de mondialisation actuelle.

- La première peut être datée approximativement de la fin des années 1970 à la récession industrielle mondiale de 2000-2001. Elle se caractérise par l’extension de l’économie de marché (Europe de l’Est, URSS, Chine), par une ouverture commerciale croissante, notamment des pays en développement (PED) et une intégration financière. Elle a pour corollaire un affaiblissement relatif de l’emprise des États sur le devenir de leurs économies. À la fin de cette première phase, les analyses explicatives de la dynamique de mondialisation ont, elles aussi, évolué : on met en avant des technologies de l’information et de la communication qui accélère le ryhtme des échanges, il y également une remise en cause des effets globalement positifs sur la croissance et sur le développement de la mondialisation. Enfin, cette première phase est aussi le moment d’une prise de conscience que les politiques économiques nationales jouent un rôle majeur dans la localisation des activités et que le libre-échange n’est pas toujours positif pour tous et que son impact dépend des conditions de mises en pratique.

- La deuxième étape a lieu dans la décennie 2000. L’idée de la division du travail comme stimulant de la croissance et que l’ouverture des marchés est positive si l’on arrive à surmonter les problèmes d’adaptation est mise en avant.  Ces problèmes d’adaptation seront d’autant plus faciles à supporter qu’ils sont anticipés et intégrés dans les politiques structurelles des pays. Cette deuxième phase est surtout caractérisée par l’expansion accélérée des pays émergents, avec en particulier la Chine et l’Inde qui imposent de nouvelles concurrences et développent de nouvelles interdépendances financières en accumulant des réserves de change, en remboursant leur dette souveraine, en internationalisant leurs marchés financiers. On assiste donc à un durcissement de la concurrence internationale : les pays émergents sont présents sur une grande variété de produits et de services.

- Enfin, depuis 2008, on est entré dans une nouvelle étape de la mondialisation avec une rupture de la croissance du commerce mondial d’autant plus marqué avec la crise de la COVID-19.  C’est une période qui jusqu’à aujourd’hui se traduit par une croissance tendancielle plus lente du commerce international. L’enjeu est de savoir si ce ralentissement est de nature cyclique ou structurel. La CNUCED a plaidé pour le caractère structurel de ce ralentissement. Les interrogations portent aussi sur l’ampleur de l’inflexion concernant l’organisation des chaînes de valeur mondiales, la dynamique des investissements directs étrangers, la capacité des émergents à échapper à des phénomènes de désindustrialisation précoce (Rodrik D., 2015), la prise de conscience de l’accroissement des inégalités à l’intérieur des économies (OCDE, 2015), la montée des tensions avec les catastrophes climatiques, la propagation du terrorisme, les risques sanitaires bien illustrés par la crise de la COVID-19.

Cette troisième vague de mondialisation est aussi source d’interrogations en ce qui concerne la sphère financière. Loin de conduire à une réduction marquée des flux internationaux de capitaux, les évolutions récentes de la sphère financière continuent même plus d’une décennie après la crise des subprimes sur les risques de crises financières systémiques. 

Voir le dossier Mondialisation

 

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Voir le chapitre de Terminale : Quels sont les fondements du commerce international et de l'internationalisation de la production ?

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