Définition :
Une crise économique est une dégradation plus ou moins durable de la conjoncture économique, dans laquelle la croissance de la production est plus faible que le trend, tendance à long terme de la croissance.
L'essentiel
Une crise économique est une dégradation plus ou moins durable de la conjoncture économique, dans laquelle la croissance de la production est plus faible que le trend, tendance à long terme de la croissance. Quand il s’agit d’un simple ralentissement de l’activité, où la production ne diminue pas forcément, mais croît faiblement, on parle de récession (d’après une définition communément admise, on dit qu’un pays est en récession quand il connaît pendant deux trimestres consécutifs une baisse du PIB). Quand il s’agit d’une diminution durable de la production, comme lors des grandes crises du XIXème siècle ou lors de la période des années 1930, on parle de dépression économique.
Au moment de la révolution industrielle, et au fur et à mesure du développement industriel, les crises agricoles, dont l’origine est une succession de mauvaises récoltes (choc d’offre négatif) réduisent le pouvoir d’achat des paysans et celui des travailleurs urbains par le biais de la hausse des prix des denrées alimentaires, ce qui finit par affecter l’industrie : c’est ce que l’on appelle une « crise mixte » dont le dernier exemple est la crise qui frappe la France et l’Angleterre en 1847-1848.
Avec le développement économique, les crises mixtes vont disparaître. A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, les mécanismes des crises se ressemblent. Elles commencent par une crise financière qui se manifeste par un Krach boursier et des faillites bancaires dus à une bulle spéculative, crise qui gagne ensuite l’économie réelle. La « Grande dépression » de 1873 qui se termine dans la seconde moitié des années 1890 démarre par un Krach boursier et la faillite de la banque Kreditanstalt en Autriche qui touchent la sidérurgie et les chemins de fer. La crise de 1929 commence par le fameux « Jeudi noir » du 24 octobre, qui se traduit par de lourdes pertes pour les épargnants et les banques, celles-ci réduisant alors leurs prêts à l’économie, et créant le point de départ d’un cercle vicieux déflationniste (voir plus bas).
Seules les crises des années 1970 et 2008 échappent à ce schéma. La crise des années 1970 débute par un choc d’offre négatif (le choc pétrolier de 1973) et se poursuit par une stagflation inédite jusqu’alors et une croissance qui ne sera jamais négative, ce qui fait que certains préfèrent parler de « rupture de tendance » plutôt que de crise pour qualifier cette période. La crise de 2008, ou crise des subprimes, est une crise financière qui ne gagne pas l’économie réelle ou peu grâce à l’action conjointe des Etats et des Banques centrales qui ont tiré les leçons de la crise de 1929.
A la différence de la crise de 1929 ou de la crise de 2008, la crise actuelle liée au Covid-19 n’est pas une crise bancaire ou financière qui affecte ensuite l’économie réelle. C’est une crise de l’économie réelle de nature exogène qui affecte l’offre et la demande de biens et de services. La crise du Covid-19 produit un choc d’offre négatif, qui a des aspects nationaux et internationaux. Sur le plan national, les confinements condamnent à la fermeture un certain nombre d’activités jugées non essentielles. Sur le plan international, les approvisionnements de bon nombre d’entreprises ont été ralentis du fait de l’organisation mondiale des chaînes de valeur. Cette crise produit aussi un choc de demande négatif du fait de la baisse des revenus des salariés mis au chômage et des difficultés des travailleurs indépendants, et aussi de la préférence pour l’épargne des ménages dans un contexte de crise (voir ci-dessous les trois questions posées à Patrick Artus). L’ampleur de ce choc de demande négatif risque de créer une situation déflationniste qui serait très préjudiciable pour les économies. Et la déflation, en augmentant le poids réel des dettes, implique une moindre capacité à investir pour les entreprises et à consommer pour les ménages, ce qui réduit à nouveau les prix et alourdit encore les dettes, conduisant ainsi à la formation d’un cercle vicieux qui s’autoentretient, dont le mécanisme a été bien décrit par Irving Fisher sous le nom de déflation par la dette en 1933.
Lire à ce propos :
3 questions à Patrick Artus...(à venir)
1) Quelle est la situation actuelle en matière de dette des entreprises et de dette publique ?
2) Pendant la crise, comment la composition de l’épargne des ménages évolue-t-elle ?
3) Comment faire pour que la hausse de l’épargne privée à laquelle on assiste actuellement soit orientée vers les besoins de l’économie ?