Définition :
Principe selon lequel des variations de la demande engendrent des variations plus fortes de l’investissement.
L'essentiel :
Le principe de l’accélérateur a été mis en évidence par Albert Aftalion en 1909, puis par John Clark en 1917. Il montre que la demande joue un rôle essentiel dans la décision d’investir des entreprises, qui vont avoir besoin de produire plus pour répondre à cette demande. Plus précisément, une augmentation de la demande (ou une diminution) entraîne sous certaines conditions une variation plus que proportionnelle de l’investissement.
I= vΔY où I est l’investissement, v le coefficient de capital (rapport entre le stock de capital et la production), et ΔY la variation du revenu global (donc de la demande). Plus v est élevé, c’est-à-dire plus il faut de capital pour produire, plus l’effet accélérateur est important.
L’accélérateur est un élément d’explication des cycles économiques. Pour faire comprendre cette idée, Aftalion utilise la métaphore du chauffage à charbon pour illustrer les conséquences de la non-proportionnalité entre la variation de l’investissement et celle de la consommation : « La vie économique ressemble à une pièce qui contient un poêle à charbon. Ayant froid, l’occupant de la pièce allume le poêle et le bourre de plus en plus tant qu’il n’a pas assez chaud. L’occupant cesse alors d’alimenter le poêle jusqu’à ce qu’il ait de nouveau froid. Mais alors, il aura froid pendant un certain temps, et ainsi de suite (Les Crises périodiques de surproduction, 1913).
Le principe de l’accélérateur comporte cependant certaines limites, à la fois théoriques et empiriques.
Sur un plan théorique, il repose en effet sur trois hypothèses particulièrement restrictives. La première d’entre elles est que le taux d’utilisation des capacités de production soit proche de 100%. Dans le cas contraire, une entreprise pourrait répondre à une augmentation de la demande en utilisant son capital de manière plus intensive sans forcément investir. Cela explique la corrélation observée entre taux d’investissement et taux d’utilisation des capacités productives. La deuxième hypothèse est que le coefficient de capital soit stable. En effet, si ce coefficient change grâce notamment au progrès technique, une entreprise pourrait être capable d’augmenter sa productivité, c’est-à-dire de produire plus avec la même quantité de capital. Enfin, la dernière hypothèse est que les entreprises réagissent à une augmentation de la demande par une hausse de leur production, et non par une augmentation de leurs prix. Un marché monopolistique ou même tout simplement imparfaitement concurrentiel peut nuire à l’effet accélérateur.
Sur le plan empirique, les vérifications de l’effet accélérateur ont souvent été décevantes. Cela a conduit Koyck à développer en 1954 une version plus élaborée de l’accélérateur : l’accélérateur flexible. Cette version complète l’accélérateur simple en introduisant les anticipations de l’entrepreneur. Tout d’abord, dans l’accélérateur simple, en cas de ralentissement de la demande, le taux de variation de l’investissement est négatif, ce qui veut dire que l’entreprise diminue son stock de capital, ce qui est peu réaliste au regard des coûts que cela représente. Dans le modèle de l’accélérateur flexible, l’entreprise préfère conserver ses capacités de production inutilisées, ce qui signifie qu’en cas de reprise de la demande, elle n’investira pas forcément, mais utilisera ces capacités de production inexploitées (ce qui rejoint la première hypothèse évoquée plus haut). Ensuite, le chef d’entreprise n’investira pas s’il pense que l’augmentation des débouchés n’est que transitoire, d’autant plus que l’investissement représente toujours des coûts d’ajustement (réorganisation de la production, formation des salariés, …). Cela rejoint l’analyse de Keynes dans laquelle les anticipations des entrepreneurs qui ne s’inscrivent pas forcément dans le champ de la rationalité pure jouent un rôle crucial dans la décision d’investir.
Malgré toutes ces limites, le principe de l’accélérateur permet de comprendre la grande volatilité de l’investissement. Or, ce dernier, qui a à la fois des effets sur l’offre (car il augmente les capacités productives) et sur la demande (voir le multiplicateur) est une variable essentielle dans l’activité économique. La volatilité de l’investissement induit celle de la croissance économique.