L'ouvrage
Ecologie et gouvernance mondiale rencontre notre actualité la plus brûlante, à l'heure où s'achèvent tout juste les travaux du Grenelle de l'Environnement et où le GIEC et Al Gore viennent de recevoir le prix Nobel de la paix. Pourtant, l'ouvrage a été rédigé bien avant ces événements, avant même la campagne présidentielle de 2007. Il développe une thèse qui se vérifie ces derniers temps : l'écologie devient non seulement un sujet politique, mais le sujet politique majeur du siècle qui s'annonce.
Politique, l'écologie ne l'est pas depuis très longtemps. Jusqu'à très récemment, l'environnement était une affaire de spécialistes. Les premiers cris d'alarmes datent certes des années 70, mais il faudra attendre beaucoup plus longtemps pour que cette priorité occupe le premier plan sur l'agenda des politiques. Petit à petit, les organisations internationales ont développé une littérature et une méthodologie pour fournir des outils de gouvernance environnementale aux Etats et pour accroître la prise de conscience. C'est le cas du Global Compact, proposé par Kofi Annan en 2000, lors du sommet de Davos rassemblant de très nombreux décideurs économiques et politiques. Par la voix de son secrétaire général, l'ONU encourage ainsi les Etats et les sociétés civiles à intégrer ce que l'on commence à appeler le développement durable dans leur prise de décision. A leur tour, la Banque mondiale et l'OCDE inscrivent l'environnement à leur ordre du jour. La Banque mondiale lie désormais très étroitement les enjeux du développement des pays pauvres à ceux de la lutte contre le réchauffement climatique et de la préservation des écosystèmes. L'OCDE, quant à elle, « élabore un forum permanent d'échanges entre experts et responsables, et agences nationales et internationales. Elle se livre à diverses études afin d'aider les pays pauvres à améliorer leur gouvernance, tout en augmentant l'efficacité de nouvelles politiques environnementales permettant de soutenir les politiques de développement » (p. 67).
Les collectivités locales ne sont pas en reste dans le relais politique des préoccupations environnementales. En 2005, alors que le gouvernement américain n'a toujours pas ratifié le protocole de Kyoto, le maire de Seattle Greg Nickels adresse une lettre à 400 maires américains, leur proposant d'engager des politiques municipales de réduction des émissions de CO2. Une initiative couronnée de succès, puisque deux ans plus tard, 284 maires ont répondu présents. Les Etats américains ne sont pas en reste, comme l'atteste l'action d'Arnold Schwarzenegger à la tête de la Californie, qui est pourtant le berceau de la « car culture » américaine.
Si les institutions internationales et les autorités locales et régionales engagent des actions volontariste dans le champ de l'écologie, les Etats peuvent sembler en retrait. Le gouvernement américain n'a toujours pas pris conscience de l'urgence. En France, les discours officiels sont trop souvent en décalage avec les actions effectivement engagées, cantonnant l'écologie à un ministère de la parole. La thèse de Jean-Michel Valantin est que nous sommes à l'orée d'un « grand basculement », marqué par le développement d'une conscience environnementale planétaire. C'est évident aux Etats-Unis, qui ont réservé au film d'Al Gore sur le réchauffement climatique Une Vérité qui dérange un accueil triomphal, rare pour un documentaire remettant en cause bien des aspects du mode de vie américain. Ce film n'est d'ailleurs pas le seul à traiter des enjeux environnementaux. Hollywood intègre de plus en plus dans ses productions cinématographiques la question écologique, contribuant à une mobilisation accélérée de l'opinion. Au niveau étatique, il semble également que la donne soit sur le point d'être bouleversée. L'opinion publique française a réservé un tel accueil au Pacte écologique de Nicolas Hulot que le gouvernement peut se croire autorisé au courage sur l'environnement. En Grande-Bretagne, le Premier ministre Tony Blair a commandé, l'an dernier, un rapport à l'économiste Nicholas Stern, chiffrant très précisément le coût financier du réchauffement climatique. Aux Etats-Unis, tout se jouera après l'élection présidentielle de 2008. Les démocrates, parti dont est issu l'ancien vice-président Al Gore, ont d'ores et déjà hissé cette question en tête de leur agenda politique. Les républicains ne seront très certainement pas en reste, incités à agir par la réélection facile d'Arnold Schwarzenegger en Californie sur un programme vert. En Chine même, pourtant le premier pollueur de la planète, la conscience écologique fait son chemin, grâce notamment au ministre en charge de ce dossier Pan Yue.
Car l'environnement pourrait bien devenir le sujet politique majeur du 21ème siècle. Tout d'abord parce que la gestion des ressources naturelles devient une source croissante de conflits entre Etats. Mais surtout parce que nos sociétés arrivent à l'heure de choix majeurs qui nécessiteront de sortir du cercle des spécialistes. C'est en particulier le cas en matière énergétique. Mais l'agriculture, la protection de la biodiversité, la gestion durable de l'eau, ainsi que le développement de nouvelles technologies susceptibles de limiter l'impact de l'activité humaine sur le climat et l'environnement, résulteront à l'évidence d'arbitrages politiques.
Dans cette nouvelle donne, le monde économique pourrait s'avérer un précieux allié. Ces dernières années, de nombreuses entreprises ont développé des programmes d'action en faveur de l'environnement. C'est le cas, par exemple, de Richard Bronson, PDG de Virgin, qui a versé plusieurs milliards de dollars à la Fondation William Clinton pour soutenir des actions écologiques. Mais au-delà des initiatives de mécénat, le monde des affaires a pris conscience des enjeux économiques majeurs soulevés par les bouleversements environnementaux. En termes de coût, tout d'abord, avec les factures colossales dont on dû s'acquitter les compagnies d'assurance et de réassurance ces dernières années, suite à plusieurs catastrophes naturelles (en France, la tempête de 1999, mais aussi l'ouragan Katrina aux Etats-Unis ou encore les nombreux incendies de forêt qui ravagent chaque année le sud de l'Europe). Mais également en termes d'opportunité, puisque l'évolution des mentalités et des attentes ouvre des perspectives économiques considérables pour les entreprises qui sauront proposer des solutions et des services innovants.
L'ouvrage de Jean-Michel Valantin aborde l'écologie sans catastrophisme et sans présupposé idéologique. Il est illustré de nombreux exemples pratiques qui permettent de mieux comprendre l'ampleur des défis auxquels nous serons collectivement confrontés dans les prochaines années.
L'auteur
Jean-Michel Valantin, docteur en études stratégiques et spécialiste des questions de développement durable et d'environnement, a publié chez Autrement Hollywood, l e Pentagone et Washington en 2003 et chez Lignes de Repères Menaces climatiques sur l'ordre mondial en 2005.
Table des matières
Introduction
Le temps des paradoxes
Une crise politique – L'écosystème en danger
Au temps du réchauffement global – La situation aujourd'hui
Katrina ou le Nouveau Monde – L'ouragan Katrina, le 30 août 2005
Le « choc du futur » - L'illustration d'un avenir possible
La dimension financière – L'augmentation des coûts d'assurance
Le Global Compact – Une charte de l'ONU pour la société civile et pour l'environnement
Le temps du paradoxe – La contradiction entre les attentes et la réalité
Le fait urbain et la crise globale
Villes et écologie – Penser la crise de l'environnement dans le cadre urbain
L'impact écologique – L'influence internationale de l'environnement chinois
Aggravation des conditions de vie – Aggravation de l'empreinte écologique
Le grand renversement – La mobilisation urbaine contre la dégradation environnementale
Le grand basculement
Les pôles de promotion de la lutte contre le réchauffement – Les villes et la Californie se mobilisent
L'environnement et la médiasphère – Le cri d'alarme d'Al Gore
Hollywood, du nouveau – L'environnement devient acteur de cinéma
La NASA et le gouvernement – Le réchauffement global au centre des tensions politiques
La communauté internationale et la protection de l'environnement
Ecologie et capitaux – La biosphère comme gisement de ressources
Les limites de l'environnement – L'exemple du peak oil
Du pétrole au nucléaire – Dépendance et diversification des énergies
Vers de nouvelles alliances ? – Gaïa et le big business
Renouveler l'approvisionnement en énergie – démarches européennes et américaines
Aménager le futur
La question de l'eau – Gaspillage, mauvaise gestion et danger humain
La mort d'une mer – La mer d'Aral : une vision du futur ?
Guerre et mise sous pression – La dislocation de l'environnement, créatrice de tensions
« Notre dernier siècle ? » - Un diagnostic scientifique commun
Attentisme ou réaction – La nécessité du développement durable
La géo-ingénierie – Recherches pour le sauvetage de la planète
La France, la politique et la promotion de l'écologie
L'écologie à coups de marteau – La France à l'heure du développement durable
L'évolution de l'environnement en France – Prévisions alarmistes et outils d'anticipation
L'environnement dans le cadre urbain – Changements dans les usages et les pratiques écologiques
Vers de nouvelles alliances ? – Gaïa et le big business
L'acculturation environnementale française – Incompréhension et sensibilisation
Le facteur 4 – Combat contre les gaz à effet de serre
Du Contrat social au Pacte écologique – Evolution des mentalités françaises sur l'environnement
Conclusion provisoire
Annexes
Quatrième de couverture
L'ouragan Katrina a détruit la Nouvelle-Orléans le 30 août 2005, la mer d'Aral disparaît, un nuage de pollution recouvre l'Asie du Sud… Les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, la biodiversité s'effondre, les conflits politiques autour de l'eau s'intensifient.
Dans le même temps, un mouvement international se dessines pour réagir car il est urgent d'éviter de proposer un avenir hostile à l'humanité en épuisant la planète. Les questions climatiques, environnementales, énergétiques ont pris place dans les discussions du sommet du G8 en 2005, dans la campagne électorale californienne en 2006, dans le rapport Stern qui établit le coût du réchauffement global à 5 500 milliards de dollars par an en 2006, dans la proposition de créer une Organisation des Nations-Unies de l'Environnement par la conférence de Paris en février 2007.
La "globalisation", cette nouvelle étape de l'histoire humaine, a permis de découvrir le caractère limité des ressources de la planète, qui doivent être entretenues de manière à conserver le tissu du vivant, dont l'humanité n'est qu'une des composantes. Les années à venir seront celles où la créativité humaine, politique, scientifique et technique, culturelle et éthique, s'investira dans le projet global de perpétuation de nos sociétés en préservant l'environnement. L'écologie est devenue la clé de la gouvernance du 21ème siècle.