Seconde partie : Raisonnement appuyé sur un dossier documentaire (10 points)
Sujet : À l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous montrerez que le partage du risque maladie (le risque maladie s’entend par le fait d’avoir le risque de contracter une maladie) a des effets positifs et négatifs pour l’individu et la société.
Document 1 :
Les personnes qui bénéficient d’une couverture maladie ont des dépenses de santé plus élevées que les personnes non assurées. Dans le domaine de l’assurance, on parle de « risque moral » lorsque le risque que l’on cherche à assurer est aggravé du fait du comportement des personnes qui se savent couvertes. A partir de cette définition, les économistes de la santé ont répertorié deux catégories de risque moral :
− le risque moral ex ante : n’ayant pas à assumer les coûts liés à leur maladie, les assurés adoptent des comportements à risque et font moins de prévention. Cependant, comme la maladie n’a pas que des coûts financiers, mais entraîne aussi des conséquences que l’assurance ne couvre pas (douleur, années de vie perdues, incapacité …), on considère que l’ampleur de ce phénomène est limitée en santé ;
− le risque moral ex post : pour une pathologie donnée, un assuré va dépenser plus qu’un non-assuré. Ceci est a priori l’effet recherché par l’assurance. Cependant, certains économistes soutiennent qu’une partie de cette augmentation de la dépense correspond à une mauvaise allocation des ressources collectives. En ce sens, le risque moral peut être jugé néfaste. (…)
Le cas le plus simple est celui d’un assuré, qui, parce qu’il ne paie pas l’intégralité de la dépense, va consommer des soins d’un prix plus élevé mais à qualité égale. On se rapproche ici de l’acception traditionnelle du terme « risque moral » en assurance : à cause du manque de transparence du marché, l’assureur ne va pas être en mesure (à un coût raisonnable) de vérifier si l’assuré a fait l’effort nécessaire pour trouver le producteur de soins qui proposait les meilleurs prix.
A titre d’exemple, une personne dont le contrat d’assurance complémentaire couvre les dépassements et qui a besoin d’une prescription de simples lunettes ne va pas avoir d’incitation particulière à téléphoner à tous les ophtalmologues de son quartier pour chercher lequel (…) propose le dépassement le moins élevé.
David Bardey, Agnès Couffinhal, Michel Grignon, « Trop d’assurance peut-il être néfaste ? Théorie du risque moral ex post en santé », CREDES, juin 2002.
Document 2 :
Part de la consommation de soins et de biens médicaux dans le PIB (en %) et gain en espérance de vie (en années)