Exercice 2 : la théorie schumpetérienne de la croissance par l’innovation

Modéré

Les deux idées principales qui sous-tendent la théorie schumpetérienne de la croissance par l’innovation, ont chacune des implications sur la relation entre croissance et inégalités.

Selon la première idée, l’innovation résulte d’activités entrepreneuriales motivées par la perspective de rentes de monopole. Ces rentes dépendent à leur tour de l’environnement institutionnel, en particulier des droits de propriété intellectuelle. Comme le dit très bien Abraham Lincoln, cité par Joël Mokyr (2005) : « Le système des brevets a ajouté le carburant des incitations au feu du génie ». Ces rentes de l’innovation augmentent la probabilité qu’a l’innovateur de grimper dans l’échelle des revenus, et en particulier la probabilité d’accéder au fameux « top 1% ». Tout comme Steve Jobs qui a fait fortune en créant Apple, ou Bill Gates en créant Microsoft, l’un des inventeurs de Skype, Niklas Zennsröm, est devenu l’un des personnages les plus fortunés de Suède grâce à cette invention.

Plus généralement, chaque nouvelle innovation permet à l’innovateur d’accroître la qualité de sa production par rapport à celle de ses concurrents effectifs ou potentiels.  Elle lui permet également de réduire ses coûts, notamment salariaux. Cela contribue à augmenter les profits réalisés par l’innovateur-donc son revenu- par rapport aux salaires. Ainsi, une première prédiction du paradigme schumpetérien est que l’innovation induit une augmentation de l’inégalité en haut de l’échelle des revenus. Plus un pays ou une région est innovant, plus la part du « top 1% » dans le revenu de ces pays ou régions devrait être importante.

La deuxième idée qui sous-tend la théorie schumpétérienne, paradoxale en apparence, selon laquelle l’innovation augmente à la fois la part des revenus du top 1%, ce que nous appelons l’inégalité « au top » (en anglais, « top income inequality »), et la mobilité sociale, trouve une illustration assez claire dans la comparaison entre Etats américains. En particulier, si on compare la Californie, qui est actuellement l’un des Etats les plus innovants aux Etats-Unis, et l’Alabama qui est parmi les moins innovants, on s’aperçoit que la part du « top 1% » dans le revenu californien est sensiblement supérieure à celle du « top 1% » dans le revenu de l’Alabama. Dans le même temps, la mobilité sociale est sensiblement plus forte en Californie que dans l’Alabama.

Le Pouvoir de la destruction créatrice,
de Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel
© Odile Jacob, 2020
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation des Editions Odile Jacob ;

Questions :

1) Qu’est-ce que la théorie schumpetérienne de la croissance ?

2) A quoi correspond la rente de monopole ?

3) Pourquoi l’innovation accroît-elle la mobilité sociale ?

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