Il se trouve en effet que les consommateurs ont le pouvoir d’influer sur les choix des entreprises (Aghion, Bénabou, Martin et Roulet, 2020). Ainsi, dans les pays où les consommateurs expriment une véritable préoccupation pour l’environnement, une concurrence accrue sur le marché de l’automobile conduit les entreprises à innover davantage dans les technologies vertes, par exemple les moteurs électriques. L’idée, ici, est intuitive. Nous avons vu que la concurrence incitait les entreprises à innover davantage pour améliorer leur rapport qualité-prix et échapper à la concurrence des entreprises rivales. Considérons à présent une économie où les consommateurs valorisent l’environnement et où l’innovation est orientée. Dans une telle économie, une concurrence accrue incite les entreprises à innover pour faire baisser le rapport entre prix et contenu environnemental du produit, autrement dit à innover dans la découverte de nouveaux produits plus écologiques pour échapper à la concurrence. A l’inverse, dans une économie où les consommateurs se soucient davantage du prix des biens que de leur contenu environnemental, une concurrence exacerbée ne va pas inciter à l’innovation verte et accentuera le problème environnemental. C’est le « syndrome chinois » : une concurrence accrue fait baisser les prix et augmente la demande des consommateurs ; la production augmente et, partant, la pollution.
Le Pouvoir de la destruction créatrice,
de Philippe Aghion, Céline Antonin et Simon Bunel
© Odile Jacob, 2020
Extrait reproduit avec l’aimable autorisation des Editions Odile Jacob ;
Questions :
1- Qu’est-ce que le « syndrome chinois » ?
2- La concurrence à laquelle se livrent les producteurs sur un marché donné ne porte-t-elle que sur le prix des marchandises ?
2- Quels sont les facteurs qui influent sur l’arbitrage des consommateurs entre le prix et le contenu environnemental des produits ?