Exercice 2. Effet « bandwagon » et effet « underdog »

Modéré

Quels sont les effets des sondages sur une élection ?

Les études sociologiques menées aux Etats-Unis indiquent que les sondages peuvent avoir deux effets. D’abord, un effet bandwagon qui renforce le candidat donné en tête. Auréolé de son statut de leader, celui-ci parvient à attirer de nouveaux électeurs qui, par conformisme, veulent suivre le plus fort [...]. Mais il existe aussi l’effet inverse avec l’effet underdog. Là, le candidat qui est donné battu suscite la compassion de certains électeurs qui vont alors rallier son camp.

Les sondages influencent donc bien le comportement des électeurs ?

En théorie. Mais ces effets bandwagon et underdog ne sont pas mesurables... De plus, le fait d’aller consulter un sondage suppose un intérêt pour la politique, ce qui est assez minoritaire en France. Les électeurs qui s’intéressent le plus à la politique sont ceux qui sont le moins susceptibles de changer d’avis. En revanche, les sondages influencent énormément les hommes politiques et les journalistes. Prenons le cas d’Alain Juppé [NDLR : à l’époque de l’entretien, il était pressenti pour se présenter à la primaire de la droite et du centre] : les multiples ralliements opportunistes qu’il enregistre ces derniers jours ont beaucoup à voir avec la place qu’il occupe dans les sondages, où il dépasse largement Nicolas Sarkozy. Les journalistes, quant à eux, se basent sur les enquêtes pour opérer inconsciemment un « cercle des éligibles ». La majorité de leurs articles sera focalisée sur les favoris, réduisant de fait la portée médiatique des autres candidats. Les sondages influencent avant tout le cercle politico-médiatique qui, lui, va influencer les électeurs. Le processus est tout à fait indirect.

Source : entretien avec Patrick Lehingue, professeur de science politique spécialiste des sondages, « Les sondages font de l’élection un simple casting présidentiel », Marianne, 24 octobre 2016, https://www.marianne.net/politique/les-sondages-font-de-l-election-un-simple-casting-presidentiel [consulté le 10/10/2019]

1-En quoi consiste l’effet « bandwagon » ?

2-En quoi consiste l’effet « underdog » ?

3-Comment Patrick Lehingue nuance-t-il l’impact des effets « bandwagon » et « underdog » sur les résultats des élections ?

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1-En quoi consiste l’effet « bandwagon » ?

 

Il s’agit d’un effet de mobilisation des électeurs en faveur d’un candidat ou d’un parti désigné par les sondages comme favori. 

 

2-En quoi consiste l’effet « underdog » ?

 

Il s’agit d’un effet de mobilisation des électeurs en faveur d’un candidat ou d’un parti désigné par les sondages comme perdant.

 

3-Comment Patrick Lehingue nuance-t-il l’impact des effets « bandwagon » et « underdog » sur les résultats des élections ?

 

Pour Patrick Lehingue, les sondages n’ont pas de réels effets directs sur le positionnement des électeurs car peu de citoyens se préoccupent, dans la réalité, des résultats des sondages publiés. Ceux qui le font sont souvent les mieux dotés en compétences politiques, soit, les moins influençables. Par contre, Patrick Lehingue montre que les résultats des sondages sont scrutés de très près par le personnel politique et les médias. Or, quand un candidat ou un parti est en tête des sondages, cela peut générer des ralliements et une meilleure exposition médiatique. En quelque sorte, les sondages impriment une certaine dynamique, notamment médiatique, qui peut avoir in fine des effets sur les électeurs (un candidat ou un parti mieux exposé médiatiquement est susceptible d’engranger plus de soutiens).  

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