Document 1. Comment expliquer le décrochage scolaire ?
Âgés en moyenne de 18 ans, les décrocheurs et décrocheuses proviennent principalement des classes sociales défavorisées : 19 % ont un père et 34 % une mère qui n’exercent pas de profession. 65 % ont un père ouvrier ou employé et moins de 10 % un père cadre supérieur ou exerçant une profession libérale. À titre de comparaison, ces deux ensembles socioprofessionnels représentent respectivement 46 et 14 % des ménages de la région en 2012 (source : INSEE). 35 % des pères (37 % des mères) n’ont pas de diplôme et 39 % (33 % des mères) un diplôme professionnel de l’enseignement secondaire. Soulignons par ailleurs que 40 % ont des parents séparés ou divorcés. […] Qu’est-ce qui différencie les décrocheuses des décrocheurs sur le plan des caractéristiques sociodémographiques ? Globalement, les filles sont dans un environnement social plus précaire que les garçons. Certes, il n’y a pas de différences significatives selon la profession des deux parents, mais davantage de filles ont une mère sans emploi ou au foyer (33 % vs 23,6 %) et ignorent la situation de leur père (13,2 vs 7,7 %). Soulignons également que 31 % des décrocheuses (24 % des décrocheurs) ont un frère ou une soeur ayant également interrompu leurs études.
Source : Pierre-Yves Bernard, Christophe Michaut, « Chapitre 1. Filles et garçons face au décrochage scolaire », dans : Hélène Buisson-Fenet éd., École des filles, école des femmes. L’institution scolaire face aux parcours, normes et rôles professionnels sexués, De Boeck Supérieur, « Perspectives en éducation et formation », 2017
Questions :
1/ Quelles catégories sociales sont surreprésentées parmi les élèves décrocheurs ?
2/ Comment la situation professionnelle des parents peut-elle jouer sur les chances de réussite à l’école ?
3/ Quelle influence semble avoir la configuration familiale sur le risque de décrochage pour les élèves ?
4/ Comment le décrochage peut-il jouer sur le risque de déclassement des individus ?
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Réponses :
1/ Les élèves dont les parents appartiennent aux catégories populaires (ouvriers et employés) sont surreprésentés parmi les élèves décrocheurs puisque deux tiers d’entre eux ont un père employé ou ouvrier alors que ces catégories représentent moins d’un ménage sur deux.
2/ La situation professionnelle est liée aux ressources culturelles, qui peuvent avoir une influence sur la réussite scolaire. De plus, elle peut jouer sur la dotation en ressources économiques, qui peuvent aussi influer sur la scolarité (possibilité de suivre des cours de soutien scolaire, stratégies résidentielles, lieu de travail scolaire au domicile et équipement pour l’élève).
3/ Les enfants dont les parents sont divorcés sont nombreux parmi les élèves décrocheurs (40%), tout comme ceux et celles qui ignorent la situation de leur père et sont donc éloignés de ce dernier. Le fait d’avoir un frère ou une sœur décrocheur est également assez fréquent, ce qui renforce l’idée selon laquelle les ressources et la configuration familiale semblent avoir une influence sur le parcours scolaire.
4/ Le décrochage scolaire réduit les chances d’obtenir un diplôme élevé et donc d’accéder à une profession qualifiée.